Le secteur de l`électricité affecte la totalité de l`activité économique

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Le secteur de l’électricité affecte la totalité de l’activité économique
LIBAN - RAPPORT
La Banque mondiale a souligné dans son rapport annuel que le secteur de l'électricité en crise au Liban ralentissait la
croissance économique.
Pierre Sawaya | OLJ
04/05/2015
Avec des transferts à Électricité du Liban (EDL) totalisant plus de 50 % du déficit fiscal, le secteur de l'électricité au
Liban est en crise depuis plusieurs décennies, exigeant une action urgente pour tenter de limiter son impact sur les
finances publiques. C'est en ces termes que la Banque mondiale résume l'état de ce secteur dans le pays.
Si les besoins en électricité avoisinent les 3 165 MW, EDL n'en produit que 2 019, ne satisfaisant pas 34 % de la demande
totale. Cette proportion pourrait atteindre les 50 % si « rien n'est fait d'ici à 2018 » et l'approvisionnement en électricité
pourrait tomber à 12 h en moyenne par jour contre 17 h en 2013, souligne la Banque mondiale.
Mais c'est au niveau des finances publiques et de l'activité économique en général que les conséquences se font le plus
sentir. Selon le rapport de l'institution internationale, les transferts à EDL ont représenté 2,3 % du PIB de 1992 à 2003, et
ont augmenté depuis de façon régulière. Durant la période 2006-2013, les transferts à EDL ont représenté annuellement
4,4 % du PIB et 55 % du déficit fiscal. Depuis 2012, ces transferts ont dépassé les deux milliards de DOLLARS annuels.
Avec un ratio dette/PIB de 143,1 % en 2013, près de 40 % de la dette publique libanaise peut être attribuée aux transferts
à EDL. Ce ratio aurait été de 87,8 % si les transferts à EDL n'avaient pas lieu, toujours selon la Banque mondiale.
Le rapport note aussi que le rationnement électrique ralentit l'activité économique. « Lorsque l'approvisionnement
électrique est chaotique et que ce service est excessivement cher, la croissance économique tend à ralentir voire à se
contracter », souligne la Banque mondiale qui rappelle que le Liban est classé avant-dernier dans le rapport 2014-2015 sur
la compétitivité du Forum économique mondial.
De même, 75 % des entreprises libanaises estiment que l'électricité est le principal obstacle à la compétitivité et à la
croissance, selon un sondage effectué par la Banque mondiale. Ainsi, plus de 92 % des ménages sont connectés à un
générateur privé, le marché étant devenu très lucratif avec des revenus estimés à 1,7 milliard de dollars annuels, soit 3,7 %
du PIB. Et près de 91 % des entreprises possèdent ou partagent un générateur privé. En dehors de Beyrouth, les
générateurs privés assurent 50 % de la consommation en électricité des entreprises. À Nabatiyé, cette proportion atteint
les 69 %.
La Banque mondiale met dans ce cadre en garde contre une application partielle du plan de redressement de 6,5 milliards
de dollars du secteur de l'électricité adopté par le gouvernement en juin 2010. Ce plan prévoit le renforcement de la
production électrique dans le pays à travers plusieurs volets tels que la construction ou la réhabilitation de centrales
électriques, l'évolution du mix énergétique ou la réévaluation de la tarification. « Si les investissements pour renforcer la
production électrique ne sont pas accompagnés de réformes visant à une concomitance entre ce volet, une baisse du prix
du brut et une meilleure collecte des factures, la situation financière du secteur ne fera qu'empirer », souligne l'institution
qui rappelle que la plupart des réformes promises n'ont pas été mises en œuvre en raison du caractère « hautement
politisé » du secteur.
La Banque mondiale appelle ainsi à une accélération des travaux d'extension de la centrale de Deir Ammar, qui devrait
produire 540 MW supplémentaires, soit une augmentation de 20 % de sa capacité actuelle. Les travaux à Zouk et Jiyeh
doivent aussi se faire rapidement. Si le rapport souligne les avantages financiers (300 millions de DOLLARS
d'économie par an) et environnementaux du passage à des centrales à gaz, il rappelle l'urgence de revoir à la hausse les
tarifs pratiqués par l'office public pour assainir ses finances.
Les tarifs pratiqués par EDL remontent à 1996 et ont été fixés sur la base du prix du baril de brut de 23 dollars (il oscille
autour de 55 dollars actuellement). La Banque mondiale indique aussi, citant un sondage, que plus de la moitié des
Libanais interrogés sont prêts à payer le double de leur facture actuelle à EDL pour avoir du courant de façon continue.
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