Le rapport ESDE 2015 relève effectivement l’existence d’une segmentation des marchés du travail, qui
s’exprime par l’u tilisation largement répandue de contrats temporaires, qu’ils soient souhaités ou non,
l’alternance de brèves périodes de travail avec des périodes de chômage, le faible taux de transition
d’un emploi temporaire à un emploi régulier permanent, les proportions élevées de contrats à temps
partiel non choisis par le travailleur et les faibles niveaux de formation sur le tas. En outre, les chiffres
montrent une augmentation récente du «travail économiquement dépendant», ou travail indépendant
non souhaité, dans le cadre duquel les travailleurs n’ont pas de contrat de travail mais fournissent des
biens ou des services à un client principal ou unique dont ils dépendent pour leur activité et la source
de leurs revenus. Si certains nouveaux contrats placent tant l’employeur que le salarié dans une
situation avantageuse, d’autres sont particulièrement préoccupants car ils sont source d’i ncertitude
quant à l’emploi et représentent moins d’heures de travail, une protection sociale au rabais et moins
d’autonomie dans la prise de décision professionnelle. La souplesse est nécessaire, certes, mais aussi
la sécurité.
Quel est le rôle de la législation en matière de protection de l’emploi?
La législation en matière de protection de l’emploi est généralement définie comme l’ensemble des
règles et procédures juridiques qui délimitent la capacité des entreprises à embaucher et licencier dans
le secteur privé. Elle est inscrite dans le droit du travail, les conventions collectives et les contrats de
travail individuels. Son objectif est de protéger les travailleurs contre l’ arbitraire de l’employeur, ainsi
que les travailleurs et la société contre les coûts et les risques liés au licenciement, en particulier dans
un contexte où les autres moyens de se protéger contre les risques de chômage sont limités.
D’une part, la législation en matière de protection de l’emploi peut contribuer à la stabilité de l’emploi,
au bénéfice, en principe, de la motivation et de la productivité des travailleurs. Elle peut en revanche
induire une augmentation des coûts à l’e mbauche et au licenciement, susceptibles de réduire la
capacité des entreprises à s’adapter aux chocs économiques ou technologiques, et, partant, ne pas
contribuer à résorber le chômage.
Les différences de législation sur la protection de l’emploi entre les différents types de contrats peuvent
être source de segmentation, les entreprises étant en général plus enclines à opter pour des contrats
plus souples, parfois moins coûteux pour elles. Il peut cependant en résulter des conséquences
négatives sur les transitions vers l’emploi permanent, la motivation, le capital humain, la productivité
et la croissance.
2. L’efficacité du marché du travail
Chômage de longue durée:
Qu’est-ce que le chômage de longue durée?
Le chômage de longue durée concerne les personnes qui ont été sans emploi pendant plus d’un an et
frappe quelque 11,4 millions de personnes (soit 5 % de la population active de l’Union). Près des deux
tiers d’entre elles (7 millions) n’ont plus de travail depuis plus de deux ans. De plus amples
informations sont disponibles dans ce communiqué de presse: IP/15/5565.
Pourquoi une action ciblée sur le chômage de longue durée?
Plus le chômage perdure, plus il est difficile de retrouver un emploi et plus la probabilité augmente de
faire partie de la population inactive. Et l’inactivité est problématique dans un contexte de
vieillissement de la population, étant donné que la population en âge de travailler commence à
diminuer. Le chômage de longue durée et l’inactivité peuvent également faire baisser les revenus et
conduire à la pauvreté, voire l’exclusion.
La reprise économique va-t-elle, à elle seule, faire reculer le chômage de longue durée?
Même si la croissance économique poursuit son rétablissement, les améliorations en ce qui concerne le
chômage de longue durée ont été très modestes. La raison en est que les taux de sortie du chômage
de longue durée sont généralement moins sensibles à l’a mélioration de la conjoncture économique
que dans le cas des chômeurs de courte durée, du fait d’un profil parfois défavorable sur le marché du
travail (par exemple s’il s’agit de travailleurs peu qualifiés) et, par conséquent, d’une employabilité
moindre. Le chômage de longue durée devient dès lors un problème plus structurel que cyclique,
entraînant un risque de découragement qui pousse les personnes concernées vers l’inactivité, à un
moment précisément où la population européenne en âge de travailler commence à s’amenuiser; il
devient dès lors de plus en plus important pour l’économie de l’Union de tirer parti dans toute la
mesure du possible de son potentiel de ressources humaines.
Voilà pourquoi il est fondamental de ne pas s’en remettre uniquement à la relance de l’économie pour
faire reculer le chômage de longue durée. Dans sa recommandation relative à l’intégration des
chômeurs de longue durée adoptée le 7 décembre dernier, le Conseil appelle les États membres à
renforcer leur action dans ce domaine (voir IP/15/5565).