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Rédaction © Ghislain Abraham intervenant pédagogique Orchestre National de Lille
Crédits Photos Portrait-photo du jeune Rachmaninov (1892) © D.R.
Portrait-photo de Chostakovitch (1941) © Library of Congress.
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Orchestre National de Lille Place Mendès France, Lille (licence n°2-1083849)
Association subventionnée par le Conseil régional des Hauts-de-France, le Ministère de la Culture et de la Communication,
la Métropole Européenne de Lille et la Ville de Lille
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ZOOM
L’ESPRIT RUSSE
MER 8 FÉV. 20h et VEN 10 FÉV. 20h / Lille, Auditorium du Nouveau Siècle
& à Amiens le 9 V. 20h30
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RACHMANINOV Concerto pour piano n°1
CHOSTAKOVITCH Symphonie n°11
Direction Vladimir Verbitsky
Piano Varvara
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AUTOUR DES CONCERTS
EN BORD DE SCÈNE avec Vladimir Verbitsky et Varvara
Mer. 8 Fév. et Ven. 10 Fév. à l’issue des concerts
RETROUVEZ DAUTRES COMPOSITEURS RUSSES TOUT AU LONG DE LA SAISON
KHATCHATURIAN
BIENVENUE MAESTRO ! Jeu. 29 Sept. 20h et Ven. 30 Sept. 20h
PROKOFIEV
ROMÉO ET JULIETTE Jeu. 1er Déc. 20h
TCHAÏKOVSKI
SYMPHONIE PATHÉTIQUE Mer. 1er Fév. 20h
onlille.com
+33 (0)3 20 12 82 40
Le premier concerto de Rachmaninov
L’art de la fougue
Encouragé dans la voie de la composition par Tchaïkovski, le jeune et déjà très répu
pianiste Serge Rachmaninov va concevoir son premier concerto pour piano à l’âge de 16
ans ! Il inclut dans l’écriture ses propres capacités virtuoses et même s’il est encore élève au
Conservatoire de Moscou, ses Maîtres sentent déjà dans cette première grande œuvre à la
fois une maîtrise totale de l’écriture orchestrale et une personnalimusicale immédiatement
identifiable. Non-satisfait de cette première version, Rachmaninov effectuera quelques
modifications vingt-huit ans plus tard pour aboutir à la version que l’on joue désormais. On
sent que le Concerto pour piano d’Edvard Grieg (1868) et le Concerto pour piano n°1 de
Tchaïkovski (1875) ont servi de modèle au jeune compositeur russe. D’excellentes
références pour ce premier essai ! Les thèmes lyriques et aériens ainsi que les échappées
fougueuses du piano classe « cette œuvre de jeunesse » parmi les grands concertos
romantiques. Dans la continuité de celle de ses Maîtres, l’écriture de Rachmaninov, aussi
bien dans sa période russe qu’américaine, n’aura jamais rien d’avant-gardiste. On peut
parler avec lui de post-romantisme avec ses belles mélodies passionnées, sa ligne de piano
tantôt en dentelle, tantôt en bouillonnements et sa texture orchestrale soyeuse. Ce premier
concerto n’est pas le plus joué des quatre quil composa mais il permet de plonger aux
sources de la musique envoûtante de Rachmaninov.
EN BREF
Titre : Concerto pour piano n°1, op.1
Compositeur : Serge Rachmaninov (1873-1943), russe
Dates de création : Version originale (premier mouvement seulement) 17 mars 1892,
Moscou/ (complète) 1900 Londres // Version révisée 28 janvier 1919, New York
Genre : concerto en 3 mouvements
Durée : 26’
Serge Rachmaninov
Serge Rachmaninov est en Russie en 1873 dans une famille
aristocratique. Il étudie au Conservatoire de Saint-Pétersbourg et
de Moscou en piano et composition. Il est encouragé par
Tchaïkovski. Son premier concerto pour piano connaît un vif
succès à Moscou et Rachmaninov acquiert rapidement la
réputation de pianiste-compositeur le plus brillant de sa génération.
Il devient également un chef d’orchestre renommé. Il dirige entre
autres l’orchestre du Bolchoï de 1904 à 1906 et l’orchestre de la
société philharmonique de Moscou de 1910 à 1913.
En 1917, il émigre en Suisse et en 1935, il s’installera
définitivement aux Etats-Unis. Rachmaninov choisit la voie facile
et royale du virtuose nomade, allant stupéfier partout dans le
monde, hormis la Russie, le public énamouré de ses talents extraordinaires de pianiste.
Il aura beaucoup apporté à la littérature pianistique de son temps (Préludes, Etudes-
Tableaux, Sonates...) et ses concertos feront jaillir des torrents d'émotion. Jusqu’à la fin de
sa vie, le compositeur souffrira à la fois d’un tempérament introverti et tourmenté ainsi que
de la nostalgie, du mal du pays. Ceci explique son style post-romantique exacerbé mais
toujours tonal ainsi que les nombreuses références au folklore russe et aux cantiques
religieux orthodoxes (Par exemple, au début de sa Troisième symphonie). Continuateur et
porteur de flambeau de la fin du romantisme russe, il semble prolonger naturellement la
tradition de Rimski-Korsakov et de Tchaïkovski avec ces éclats de timbres et ces sanglots à
peine contenus.
Cependant au niveau de l’instrumentation, le contact direct avec la musique américaine
influencera fortement le compositeur. Ses œuvres des années 30 et 40 révèlent un lyrisme
post-romantique presque hollywoodien. Rachmaninov restera célèbre surtout pour ses
quatre concertos pour piano. Il n’en demeure pas moins un excellent symphoniste * avec des
chefs-d’œuvre comme la Deuxième Symphonie, L’Ile des morts et les Danses symphoniques.
Rachmaninov meurt à Beverly Hills en 1943.
La Onzième de Chostakovitch
Une épopée révolutionnaire
Pour bien entrer dans l’univers particulier de cette symphonie* majeure de Chostakovitch qui
obtint le Prix Lénine en 1958, commençons par un peu d’Histoire russe : l’année 1905
correspond à une période de révolte du peuple russe Saint-Pétersbourg, Moscou, Bakou
et Odessa notamment) contre le régime du Tsar Nicolas II. Dix mois de révolte et de grèves,
de janvier à octobre, dont le fameux épisode du Cuirassé Potemkine qui se range aux côtés
des révolutionnaires et désobéit aux ordres du Tsar, aboutissent à une constitution appelée
Manifeste d’Octobre.
Alors que le Régime Soviétique, dirigé par Khrouchtchev, commande à Chostakovitch une
symphonie pour le 40ème anniversaire de la Révolution de 1917, celui détourne légèrement la
demande en se focalisant sur la révolution avortée de 1905. Chacun des quatre
mouvements va donc évoquer un élément de la chronologie de 1905 mais pour le
compositeur, cette œuvre a une portée plus universelle : « Elle se rapporte à un phénomène
actuel : il y est question du peuple qui a perdu la foi car trop de crimes ont été commis… ».
Il s’agit donc d’une symphonie à programme, le compositeur nous donnant les clés grâce
aux sous-titres de chacun des mouvements.
« La Place du Palais » est un Adagio, mouvement lent, sombre et tendu, évoquant le
décor dans lequel eut lieu la tragédie du « Dimanche Rouge ». Par un froid matin de janvier,
à Saint-Pétersbourg, la Place du Palais d’Hiver va voir se regrouper entre 50 000 et 100 000
habitants pour une manifestation pacifique. Chostakovitch donne donc à entendre de la
musique glaciale : harmonies creuses des cordes dans des mouvements lents et sinueux,
sans direction précise, roulements lointains de timbales interrompus par des sonneries de
trompette (référence aux mouvements de l’Armée mobilisée pour contenir la foule) et par des
chants de lutte populaire. Le deuxième mouvement sous-titré « Le 9 janvier », relate la
tragédie en elle-même : d’abord la foule ondulante, agitée sous la forme d’une superposition
de différentes lignes mélodiques mouvantes. Ensuite se joue la répression sanglante de
l’Armée (tambours, trompettes) créant un chaos énorme, souligné par les percussions
tonitruantes. Le mouvement se termine par une désolation totale qui annonce le suivant,
« Mémoire éternelle ». Ce troisième mouvement est une des pages symphoniques les plus
poignantes. Les cordes entament seules ce long chant de deuil avant d’être rejointes, au
milieu du mouvement par les vents* de registre grave qui sonnent le glas. Le tutti* évolue
vers la lumière du dernier mouvement ce cette épopée intitulé « Tocsin* » : les forces
révolutionnaires galvanisées par un chant patriotique « Enragez, Tyrans ! » énon de
manière virulente par un unisson* de cuivres et auquel répond un orchestre survolté ! On
retrouve ici des séquences orchestrales caractéristiques de Chostakovitch : agitations
sarcastiques ponctuées de roulements de caisse claire *, course-poursuite de piccolo* et
mouvement ‘motorique’ des cordes. Sur les harmonies glaciales du début de la symphonie,
un long solo de cor anglais * vient apaiser la colère avant un final triomphal avec sonneries
de cloches.
EN BREF
Titre : Symphonie n°11 dite ‘1905’ op.103
Compositeur : Dmitri Chostakovitch (1906-1975), soviétique
Date de création : 30 octobre 1957, Moscou
Genre : symphonie en quatre mouvements
Durée : 55’
Dmitri Chostakovitch
Né à Saint-Pétersbourg, Dmitri Chostakovitch étudie le
piano et la composition au Conservatoire de cette capitale
musicale. Alors étudiant, il compose, à l’âge de 19 ans, sa
première symphonie : démonstration magistrale de sa
science de l’orchestration et de la densité de son univers
sonore.
Sa musique novatrice et sa forte personnalité lui valurent
quelques condamnations du régime soviétique. Très
habile avec les Puissants, il entreprend une forme de
résistance pacifique au travers de son art en dénonçant
subtilement les aberrations de la dictature stalinienne. Il
est sans conteste le plus grand compositeur russe du
XXème siècle. Il est nommé professeur au Conservatoire de
Saint-Pétersbourg (Leningrad) puis au Conservatoire de
Moscou. Il compose énormément dans tous les genres :
de la musique de chambre (entre autres 15 quatuors à
cordes), 6 opéras et plus de 30 musiques de films. Pour l’orchestre, il compose notamment
15 symphonies*, 6 concertos pour différents instruments (piano, violon, violoncelle…) et des
suites orchestrales dont la fameuse Suite de Jazz n°2.
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PETIT DICTIONNAIRE MUSICAL
(retrouvez ici tous les mots signalés*)
Bocal : (de l’italien ‘bocca’ = la bouche) accessoire de certains instruments à anche double constitué
d’un tube de laiton qui relie l’anche à l’instrument.
Caisse claire : instrument de la famille des tambours dont la peau du dessous est munie de fils qui
entrent en vibration et donne au tambour un son plus clair.
Cor anglais : le cor anglais n’est pas, comme on pourrait le croire, un instrument en cuivre mais bien
un instrument de la famille des bois. Il est le grand frère du hautbois et sonne plus grave que lui. On le
reconnaît à son bocal* courbe et à son pavillon* en forme de poire. Son timbre* est voilé et sombre.
Pavillon : extrémité d’un instrument à vent par laquelle le son « sort ». De plus souvent de forme
évasée, il sert en quelque sorte de porte-voix au son de l’instrument permettant une projection sonore.
Piccolo : de l'italien 'petit', il s'agit de l'autre nom de la petite flûte, le plus aigu des instruments à vent
de l'orchestre.
Symphonie : pièce d’envergure écrite pour que les instruments de l’orchestre ‘sonnent ensemble’.
Symphoniste : compositeur qui excelle dans l’écriture de symphonies*.
Tocsin : Sonnerie de cloches qui donne l’alerte dans la ville en cas de danger imminent ou afin de
rassembler la population.
Timbre : il s’agit du son de l’instrument, avec les caractéristiques sonores qui lui sont propres.
Tutti : moment musical au sein d’une pièce où tous les musiciens de l’orchestre jouent.
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