La diffusion du bouddhisme au Japon

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ALBERT-KAHN MUSÉE ET JARDINS
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LA DIFFUSION DU BOUDDHISME AU JAPON
Les trois grandes écoles du bouddhisme sont :
– Le bouddhisme ancien (Théravada appelé aussi Hinayana, le Petit Véhicule) :
Pour atteindre l’Éveil, il faut de l’effort, de l’étude et de la discipline que l’on ne peut pratiquer que dans les
monastères. Il faut devenir disciple de Bouddha (Luohan en Chine et Arakan au Japon).
– Le bouddhisme Mahayana, (appelé aussi le Grand Véhicule) : pour atteindre l’Éveil, il faut se faire
aider par des bodhisattvas, des futurs bouddha qui reculent leur nirvana pour aider le commun des mortels à
l’Éveil. Cette forme de bouddhisme met l’Éveil à la portée de tous sans obligation monastique.
– Le bouddhisme ésotérique ou tantrique (Vajrayana, le Véhicule de Diamant ou de la Foudre) est
tibétain : l’Éveil est considéré comme une illumination brusque et pour l’atteindre, il faut utiliser entre autres la
magie.
La diffusion du bouddhisme en Extrême-Orient
La diffusion du bouddhisme en Extrême-Orient et en Asie Centrale, suit les routes commerciales ou diplomatiques. Au fil des contrées, le bouddhisme s’adapte aux différentes croyances et concepts des populations.
Aux Ier et IIe siècles, le bouddhisme passe par la Chine pour arriver au Vietnam. C’est le bouddhisme Mahayana
qui est adoptée. Aux IIIe et IVe siècles, il passe de la Chine à la Corée pour arriver au Japon au
VIe siècle.
À partir du IIe siècle, les lettrés chinois traduisent les textes bouddhiques en utilisant des concepts taoïstes et
confucéens (en particulier par le culte des ancêtres) qui se transmettent au bouddhisme japonais. Aux IIIe et
IVe siècles le courant du Bouddha Amitabha (Amida au Japon) se développe en Chine. Dans cette doctrine,
il existe une dernière incarnation au « paradis de l’ouest » avant d’atteindre le nirvana.
La secte chinoise Tiantai est fondée au VIe siècle, elle porte le nom de la montagne où vécut un de ses fondateurs. L’enseignement de cette école est basé sur le Sutrâ du Lotus, texte suffisamment vague qui permet
l’intégration des concepts taoïstes et confucéens sans contradiction.
La secte Chan apparaît en Chine au VIe siècle, elle aurait été fondée par Boddhidarma, moine originaire d’Inde
du sud (Daruma au Japon), et prône l’éveil par la méditation et la contemplation. Dans le Chan, l’éveil est
instantané, comme dans le bouddhisme tantrique et doit se produire de manière spontanée. L’enseignement
du maître est plus important que l’étude des textes sacrés.
Le bouddhisme au Japon
Le bouddhisme japonais trouve son origine dans le bouddhisme chinois, souvent via la Corée.
En 592, le bouddhisme est déclaré religion d'État par le prince impérial Shotoku Taishi (574-622). Le prince
fait adopter l’écriture chinoise et ses caractères (kanji) pour transcrire la langue japonaise qui était jusqu’alors
une langue orale.
Les plus anciennes sectes bouddhiques japonaises existent encore, mais ont quasiment disparu.
Deux sectes de l’école Vajrayana apparaissent à l'époque Heian (794-1192), toutes deux inspirée de
l’enseignement la secte chinoise Tiantai : la secte Tendai, et la secte Shingon, dont les moines fondateurs
étaient rivaux.
Albert-Kahn, musée et jardins est une propriété
du Département des Hauts-de-Seine
La secte Tendai, fondée par le moine Saichô (767-822) qui apprit la doctrine Tiantai en Chine, est soutenue
par la famille impériale et prône la triple méditation : la contemplation de l’illusion (le monde concret), la contemplation du vide et la contemplation de la voie médiane (conciliant matière et esprit).
La secte Shingon enseigne des mantra (paroles magiques secrètes à réciter), les mudra (positions symboliques des mains de Bouddha) et la méditation sur des mandala (représentation symbolique du monde, inscrit
dans un cercle). Elle se divise au fil du temps en de multiples écoles. Le moine fondateur du Shingon, Kobo
Daishi (774-835), invente une nouvelle écriture, inspirée du sanskrit, pour transcrire le japonais de manière
syllabique avec de nouveaux caractères (kana).
Les deux premières sectes zen (méditation silencieuse) naissent à l'époque Kamakura (1192-1333) où les
shoguns* soutenus par des forces militaires dirigent alors le pays à la place de l’empereur, elles privilégient la
posture en zazen*. Eisai (1141-1215), un moine japonais de la secte Tendai, étudia en Chine le Chan et fonde
la première secte zen au Japon en 1191, la secte Rinzai. Elle est basée sur la pratique des koan*, la méditation
et l'étude pour atteindre l’illumination (satori qui signifie « compréhension »). Elle est liée aux arts martiaux.
Quelques années plus tard, un disciple de Eisai, Dôgen (1200-1253) fonde la deuxième secte zen en 1227,
la secte Soto. Dans la secte Soto, l’illumination est progressive et se fait au bout de nombreuse méditations.
Tombeaux (fin XVIIe s.) avec statues du Bouddha Amida, cimetière du
temple Konkaikômyô-ji, Kyôto, Roger Dumas, 1926-1927. Inv. A 55 076
Ces tombes abritent les cendres d’un couple de grands bourgeois de
l’époque d’Edo. À gauche, celle de l’homme, décédé en 1694 ; à droite,
celle de la femme, disparue en 1699. Le temple, entouré d’un immense
cimetière, appartient au courant de la Terre pure, bouddhisme populaire
fondé sur la foi en l’infini compassion du bouddha Amida, qu’il suffit
d’invoquer avec ferveur pour renaître dans son paradis, la Terre pure de
l’Ouest. Amida est représenté ici formant deux mudra (signes des mains)
différents.
À gauche, il est en Vitarka-Mudrâ (signe de l’enseignement, lié aux grands
bouddhas) : main droite levée, pouce et index en cercle ; main gauche
paume vers le haut, dans le même geste. À droite, il forme une variante
japonaise du Dhyâni-Mudrâ (sceau de la méditation) : mains dans le giron,
pouces réunis, avec en outre les autres doigts relevés. Cette attitude est le
mudra d’accueil d’Amida dans sa Terre pure. Les inscriptions comportent
les noms donnés aux défunts pour l’autre monde, une formule de la
célébration des âmes et l’année de décès. Les bavettes rouges sont des
hommages aux défunts.
Lexique :
*zazen : position de méditation assise « en lotus » les jambes croisées.
*shôgun : voir fiche n°3, « Au temps des samouraïs et des châteaux-forts ».
*koan : sorte de devinette absurde pratiquée par les maîtres zen pour enseigner. C’est l’ancêtre des haïkus*.
*haïku : sorte de poème très court. Le moine bouddhiste Basho Matsuo (1644-1694) en est l’inventeur car il
transforma un style littéraire familier et comique en art.
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