chirurgie thoracique et cardio-Vasculaire - 2012 ; 16(1) : 3-4 3
éditorial
« Un comité d’éthique ?
Qu’est-ce que c’est que cette c……… ?! »
Pr Pascal Thomas,
hôpital Nord,
AP-HM, Marseille,
France.
Le docteur X est chirurgien thoracique dans un centre hospitalo-universitaire. Il est par-
ticulièrement impliqué dans le développement de la chirurgie vidéo-thoracoscopique.
Depuis quelques mois, il pratique dans le cadre des soins courants l’abord uniportal du
thorax, conformément à quelques expériences préalablement publiées dans la littérature
scientifique. Pour cela, il utilise un trocart conçu pour la chirurgie cœlioscopique dont
il souhaite rapporter rétrospectivement l’intérêt en chirurgie thoracique. Chaque patient
reçoit une information spécifique orale et écrite sur la chirurgie qu’il va avoir, compor-
tant une analyse du rapport risque/bénéfice. La saisie prospective des informations cli-
niques est facilitée par le fait que le docteur X collige son activité dans le registre national
Epithor. L’article est rapidement accepté pour publication dans une revue nord-améri-
caine sous réserve de modifications mineures.
À la dernière étape du processus éditorial, le rédacteur en chef lui demande de bien
vouloir fournir l’avis favorable de son « Institutional Review Board ». Le docteur X est
surpris, car le dispositif réglementaire en France n’impose pas de soumission préalable
au Comité de Protection des Personnes (CPP) des études de cohortes. Il envisage de
répondre en toute bonne foi en ce sens à l’éditeur, mais ce serait alors reconnaître im-
plicitement l’absence d’évaluation préalable de son projet, et s’exposer de fait au rejet de
l’article. Il se souvient alors de la création récente du Comité d’éthique de la recherche
clinique (CERC) de la SFCTCV. Il n’avait alors pas bien perçu l’intérêt de cette nou-
velle « usine à gaz ». En deux clics sur le site Internet de la SFCTCV, il obtient toute
l’information nécessaire. La soumission en ligne de son projet est gratuite et ne lui prend
que quelques minutes. Il reçoit l’avis favorable du CERC seize jours plus tard, ce qui
permet finalement la publication de son travail.
Le docteur X ne se doute probablement pas de la nature du débat qui a eu lieu au sein
du CERC à propos de son projet. Certes, le traitement avait été administré dans le cadre
des soins courants, dans des indications conformes aux recommandations de pratiques,
après une information adéquate comme il a pu en être jugé sur la base des documents
transmis au CERC. Cependant, il faisait appel à un dispositif médical conçu pour une
utilisation en chirurgie abdominale. Le projet pouvait dès lors être considéré comme
une recherche interventionnelle, dans le champ de compétence d’un Comité de Pro-
tection des Personnes. Le fait qu’il n’y ait eu à l’évidence aucune intention de recherche
au moment où les malades avaient été opérés, renforcé par le caractère rétrospectif du
travail, en a fait retenir la nature observationnelle.
L’identification des sujets par le biais du registre Epithor, fichier informatif autorisé par
la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), permettait l’utilisa-
tion des données cliniques et leur exploitation à but scientifique. Le docteur X informe