Séquence 10-SE11 205
Régulation
et cohésion sociale
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Sommaire séquence 10-SE11 207
Introduction
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
209
Chapitre 1 > Régulation sociale et vie en société
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
210
A
Définition
B
Les attentes du groupe par rapport à l’individu
Chapitre 2 > Régulation sociale, sanctions, institutions
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
212
A
Contrôle et sanctions
B
Contrôle et institutions
Chapitre 3 > Conformité, déviance et délinquance
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
214
A
Définition
B
L’analyse de la déviance et de la délinquance
Chapitre 4 > Régulation sociale et conflits sociaux
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
218
A
Les différentes conceptions de la régulation sociale
dans la vie de l’entreprise
B
Le rôle des syndicats dans la régulation sociale
Travaux dirigés
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Séquence 10-SE11 209
ntroduction
Les échanges économiques se développent grâce aux initiatives des acteurs (producteurs et deman-
deurs) et au jeu des mécanismes régulateurs, qu’ils soient issus du marché ou de l’intervention des
pouvoirs publics. A la complexité du tissu des activités économiques répond la complexité des méca-
nismes de coordination. Mais, cette complexité des échanges économiques n’épuise pas l’ensemble
des interactions sociales, loin de là. La vie en société ne se réduit pas à sa seule dimension économique
et sociale. Des relations s’établissent sur d’autres modes et ne sont pas régulées par les mécanismes
de coordination économique. C’est cet ensemble très vaste de relations non régulées par le marché ou
par l’État qu’il convient d’examiner dans cette séquence.
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Séquence 10-SE11
210
Régulation sociale
et vie en société
ADéfinition
L’homme est parfois défini comme un animal social, c’est-à-dire un être incapable de vivre en ermite,
seul et à l’écart de ses semblables. Cette nature sociale de l’individu induit une multiplicité de contacts
et une présence au sein de multiples groupes plus ou moins vastes. L’individu fait partie d’une famille,
d’une entreprise, d’un club de sport, d’un groupe de campeurs, d’une nation… Au sein de ces différents
groupes, des manières de vivre ensemble se développent, parfois communes à l’ensemble des groupes,
parfois spécifiques à certains d’entre eux. Le contrôle social (ou régulation sociale si l’on veut donner
une traduction correcte du terme anglais « Control ») désigne l’ensemble des processus par lesquels
les membres d’un groupe entraînent les acteurs sociaux à respecter et reproduire les modèles de com-
portements conformes aux valeurs et aux normes en vigueur.
Les mécanismes de la régulation sociale exercent une certaine contrainte sur les manières de penser,
de sentir et d’agir des individus mais créent des liens sociaux indispensables à la pérennité du groupe
concerné. Grâce à eux, les différents individus s’intègrent dans les groupes en répondant aux attentes
dont ils sont l’objet de la part des autres membres de ce groupe.
Le club de football qui accepte l’adhésion d’un nouveau membre attend de lui qu’il participe aux
entraînements et qu’il ne s’absente pas inopinément. Une certaine forme de solidarité est espérée de
chacun des membres du groupes et celui qui s’y conforme, voire adopte des comportements non prescrits
mais qui témoignent des valeurs et des normes du groupe (par exemple organisation du co-voiturage
pour les déplacements de l’équipe, participation à l’encadrement et à l’entraînement des équipes de
jeunes…) facilite son intégration dans le groupe.
BLes attentes du groupe par rapport à l’individu
Dans un groupe social, les attentes qui s’expriment à l’égard des individus ne sont pas toutes de même
nature. Certaines sont impératives, d’autres traduisent simplement des souhaits. Le sociologue français
Henri Mendras distingue trois types d’attentes très différentes :
Type d’attentes Description Sanction
Attentes obligatoires Règles fondamentales de la vie en société. S’imposent
à tous les groupes. S’imposent à tous les membres sous
peine d’une sanction forte (exemple : vol des maillots
du club de football par l’un des membres de l’équipe)
Punition en cas de violation de la norme
(exemple : sanctions pénales)
Attentes nécessaires Attentes dont la force est proche des attentes obligatoi-
res mais qui ne concernent que des groupes particuliers
(exemple : refus de respecter les consignes de sécurité
dans un club de tir à l’arc)
Sanctions fortes dans le groupe mais
sans influence sur la position dans la
société (exemple : exclusion du club de
tir à l’arc)
Attentes facultatives Règles facilitant la vie en société et partagées par les
membres du groupe (exemple : monopolisation du ter-
rain de tennis le samedi après midi par une personne
du club)
Désapprobation en cas d’infraction à la
règle (exemple : remarques désagréables
des autres joueurs privés de terrain)
La vie en société suppose que tous les individus se soumettent aux contraintes induites par le respect
des normes comportementales. On fera toutefois deux remarques sur l’attitude des individus face aux
attentes du groupe.
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Séquence 10-SE11 211
Des attentes réciproques
En premier lieu, il convient de remarquer que la notion d’attente obligatoire, nécessaire ou facultative,
ne doit pas se comprendre comme une relation à sens unique entre l’individu et le groupe. Le fonc-
tionnement du groupe donne naissance à un tissu d’attentes réciproques, chaque membre du groupe
attendant des autres qu’ils se conforment aux normes comme il s’attend à ce que ces comportements
soient exigés de lui. Les rapports sociaux sont fondés sur la réciprocité des attentes individuelles.
L’adhérent du club de tir à l’arc qui respecte les consignes de sécurité s’attend à ce que tous les autres
membres les respectent aussi. Si tel n’est pas le cas, les relations au sein du club vont se distendre,
voire se transformer en conflit. Le président sera saisi par les membres qui respectent les consignes
des infractions qui sont commises et il lui sera demandé de réprimander les contrevenants avant qu’un
accident ne se produise et que la responsabilité des dirigeants du club ne soit engagée.
Une certaine souplesse dans le jeu des attentes sociales
En second lieu, il convient de remarquer que les règles de vie en société sont souvent très nombreuses
et que toutes ne sont pas respectées sans que des conflits graves n’éclatent pour autant. Dans un film
célèbre,
les Ripoux
, le vieux commissaire de police joué par Philippe Noiret fait une ronde en voiture
avec son jeune collègue fraîchement émoulu de l’Ecole de police, Thierry Lhermitte. Celui-ci veut faire
respecter la loi, toute la loi, rien que la loi. Il est prêt à sévir à la moindre infraction. Le vieux commissaire
finit par s’énerver et lui faire remarquer que s’il devait appliquer les textes dans toute leur rigueur, il
n’arrêterait pas de dresser des contraventions, voire de mettre les gens en prison car ils sont tous ou
presque coupables de violer les règles inscrites dans les différents textes de loi : le cafetier a installé
une terrasse qui déborde un peu sur le trottoir, la mère de famille qui traverse avec ses enfants à dix
mètres d’un passage clouté, le cycliste dont le vélo ne comporte pas tous les accessoires de sécurité
et d’identification…
En bref, la vie en société suppose en permanence un jeu avec la règle, des accommodements qui ne
portent guère à conséquence et qui rendent la vie plus simple. Ce n’est que si ce jeu devient excessif
que des mécanismes de régulation sociale se mettent en œuvre. L’adhérent d’un club de tennis qui
dépasse de deux minutes l’heure qu’il a réservée pour terminer une balle de match palpitante s’ex-
cusera auprès des joueurs suivants et les remerciera d’avoir patienté. Ceux-ci répondront sans doute
qu’ils s’en seraient voulu d’interrompre le match à cet instant crucial et tout le monde se retrouvera
au « club house » pour savourer un jus de fruit à la fin de l’après midi. Mais, si un adhérent dépasse
systématiquement d’un quart d’heure le temps qui lui est alloué, il risque de s’attirer les remarques
désagréables des autres joueurs. Ceux-ci auront la tentation de pénétrer sur le terrain et de se préparer
(risque de conflit), voire se plaindront au responsable du club qui sera amené à prendre des sanctions
comme l’exclusion de celui qui abuse.
La vie en société doit donc se garder de deux attitudes porteuses de tensions entre les individus : la
violation systématique des normes qui détruit la cohésion du groupe et l’application excessivement
rigide de règles conçues comme des fins en elles-mêmes et non pas comme facilitatrices de la vie en
société.
La variabilité des attentes dans le temps et dans l’espace
En dehors de quelques normes qui constituent des invariants et qui correspondent à des prescriptions
morales fondamentales (ne pas tuer son voisin, ne pas voler ses biens…), la plupart des normes socia-
les sont variables dans le temps et dans l’espace. Telle attente à l’égard des membres du groupe est
progressivement délaissée. Ainsi, les joueurs de tennis ne sont plus obligés de porter des vêtements
blancs pour se présenter sur le court. A l’inverse, tel comportement qui faisait l’objet d’une indulgence
partagée devient plus fermement sanctionné. En matière de conduite sous l’emprise de l’alcool, l’opinion
publique a longtemps été très peu sensible au danger et aux conséquences catastrophiques pour les
conducteurs alcoolisés et leurs victimes. Le changement d’attitude de la société française est aujourd’hui
très net et la répression policière s’est très renforcée de manière très importante. Ce qui était de l’ordre
de la « tradition » est devenu un comportement socialement répréhensible et pénalement réprimé.
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