La croissance mondiale, cinq ans après la crise brutale qui a frappé l’ensemble des pays et des marchés mondiaux, se redresse, mais à l’horizon 2018, elle pourrait rester proche de sa tendance de long terme avec un taux annuel estimé à 3,3 %. Cette progression tendancielle masque un ralentissement modéré de l’activité dans les économies émergentes au profit des économies de l’OCDE sous stimulant monétaire, même si les deux tiers de la croissance mondiale proviendront des économies émergentes, confirmant le basculement majeur des années 2000. Toutefois, à quelques exceptions près, (Japon, Mexique, Allemagne ou Philippines…), la trajectoire de chaque économie serait inférieure aux références antérieures au choc de 2008-2009. Outre une nouvelle phase de la mondialisation, un fléchissement des potentiels de croissance est attendu. Partout, la population en âge de travailler ralentit, mais également les gains de productivité. Toutefois, les défis à relever à moyen terme sont peu modifiés. En Chine, en Indonésie, en Turquie ou encore au Brésil, ils consistent en la maîtrise d’une accumulation de dettes privées qui a permis une vive croissance récente de leur demande interne. Les QUELLE CROISSANCE A L’HORIZON 2018 ? enjeux que la Chine doit relever sont Juillet 2014 N°282 L’INDICATEUR AVANCE EST également ceux de la consolidation de sa PRESENTE DANS UN ENCART JOINT compétitivité extérieure, alors que la progression des salaires tend à s’accélérer. Le rythme de croissance de l’économie chinoise fléchirait graduellement pour n’atteindre que 6 % en 2018. De même, la Russie ou les pays exportateurs de matières premières ne seraient pas en mesure de retrouver leurs rythmes de croissance observés antérieurement dans la mesure où une croissance mondiale seulement tendancielle ne crée pas les conditions propices à une nouvelle envolée des cours des matières premières comparable à celle intervenue de 2004 à 2007. D’ici 2018, la croissance américaine serait de 2,4 % l’an sur fond de réduction des déséquilibres. Au Japon, les réformes devraient assurer un rythme annuel de 1,4 % au prix d’une dette publique qui s’accroît. En zone euro, une croissance positive de 1,4 % l’an serait retrouvée, mais la hiérarchie nationale des rythmes de croissance s’estomperait avec une Allemagne dont la croissance ne dépasserait plus en 2018 celle de la zone euro prise globalement. Le retour de la croissance serait lent en Italie, en Espagne et en France. L’économie française, avec un taux de 1,1 % l’an, afficherait des performances en retrait de l’ensemble européen. Le retour à une croissance de 1,5 % en 2018 suppose un redémarrage de l’investissement. La cible d’un déficit budgétaire à 3 % du PIB serait à peine atteinte en 2016 et le poids de la dette publique serait stabilisé en 2017 à 97 % du PIB. A la même date, la dette publique allemande serait revenue à proximité des 65 % du PIB. A l’horizon des cinq prochaines années, les divergences intra-européennes de croissance devraient s’atténuer, mais les écarts de niveaux de vie ne se réduiront pas. Mais ce cheminement vers un horizon de moyen terme n’est pas sans risques. Si de vives tensions sur les prix sont peu probables, des interrogations subsistent. La rivalité de la Chine avec les Etats-Unis comme première puissance économique mondiale d’ici 2020 peut fragiliser la mondialisation, sinon entrainer des tensions. La sortie des politiques monétaires adoptées dans les économies développées exige un pilotage très fin qui doit prendre en compte les répercussions internationales. Les banques doivent respecter des règles plus exigeantes, mais les problèmes de fond révélés par la crise n’ont toujours pas été réglés, seulement cachés par l’abondance de liquidités. Par ailleurs, la gouvernance mondiale pourrait être fragilisée. Face aux risques de fermeture relative des économies et de la résurgence du protectionnisme doit être consolidée la construction d’ensembles pluri-nationaux, et notamment l’édifice européen. Cette conjecture à l’horizon 2018 qui prévoit une croissance tendancielle sans exubérance ni heurts marqués, qui n’envisage ni des déséquilibres macroéconomiques fondamentaux dans certaines économies émergentes, ni des crises sociales profondes en Europe, écarte d’autres scénarios qui pourraient faire dévier les différentes économies de cette trajectoire. Une remontée incontrôlée des taux d’intérêt, en particulier des obligations d’Etat, une montée des créances douteuses dans les bilans bancaires, la guerre des monnaies visant au renforcement de la compétitivité, la réapparition de bulles sur le marché immobilier, les déséquilibres macroéconomiques fondamentaux dans plusieurs économies émergentes ou des crises sociales profondes en Europe sont des risques non retenus dans le scénario central. Au sommet européen des 26 et 27 juin dernier, Jean-Claude Junker a été Dossier du mois désigné pour présider la Commission européenne en novembre. Dans ce LA DUREE EFFECTIVE DU TRAVAIL EN FRANCE ET contexte, il a approuvé le programme stratégique des principales priorités EN EUROPE Source Coe-Rexecode page 6 pour les cinq prochaines années et entamera son mandat par un délicat exercice d’évaluation de la gouvernance économique. Si le risque systémique n’est désormais plus un sujet, la modération et le caractère disparate de la reprise entre les économies membres de la zone pourraient fragiliser l’édifice. Conjoncture n° 282 – Juillet 2014 -1- Environnement international Les tensions géopolitiques en Irak, deuxième producteur et exportateur de l’OPEP, ont provoqué une hausse du prix du pétrole qui semble s’atténuer. Le baril de Brent oscille autour des 110 dollars, s’éloignant de la ligne des 115 dollars (109,5 $ le 9 juillet). La mise sur le marché de stocks stratégiques par les pays membres de l’AIE, la production américaine et l’augmentation significative de l’offre de la Libye ont permis une baisse des cours. en un an) rogne le pouvoir d’achat des ménages et menace la consommation. La poursuite de la réduction du déficit commercial en mai soutient le yen. Aux Etats-Unis, l’économie s’est finalement contractée de 2,9% en rythme annualisé au premier trimestre 2014, la pire performance depuis cinq ans, mais les derniers indicateurs confirment un rebond modéré de l’activité. La production industrielle a augmenté de 0,6 % en mai et de 4,3 % en un an BRE NT 116 P R O D U C TI O N I N D U S TR I E L L E 105 $ / B AR I L 114 2007 = 100 100 112 110 95 108 106 90 104 102 100 85 JUL AUG SEP OCT NOV DEC JAN FEB MAR APR MAY JUN JUL 2013 2014 Les prix en dollar des autres produits ne sont pas impactés par les récents évènements, mais l’once d’or a rebondi au-dessus de la ligne des 1320 dollars. Au niveau international, l’activité en Asie paraît se renforcer. En Chine, l’indice PMI-Markit dans le secteur manufacturier, au-dessus des 50 en juin, suggère une réaccélération de la croissance, confirmée par l’indice manufacturier du NBS La production industrielle connaît une hausse de 8,8 % en glissement annuel fin mai et les ventes au détail en valeur de 12,6 %. La politique monétaire se desserre. Les nouveaux crédits bancaires accélèrent leur progression. Au Japon, Shinzo Abe vient de détailler les réformes structurelles de sa troisième flèche pour soutenir l’économie qui semble résister à la hausse de la TVA. L’enquête Tankan montre une baisse modérée du climat des affaires pour les grandes sociétés nippones. E N Q U E TE TA N K A N : c l i m a t d e s a f f a i r e s 40 S o l d e s d' o p i n i o n s e n % 20 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 La déception en mai est venue des commandes de biens durables qui se sont repliées de 1 % et de la consommation des ménages qui a baissé de nouveau de 0,1 %. L’inflation reste sous contrôle malgré une hausse des prix à la consommation de 2,1 % en un an fin mai et de 3,3 % l’an durant les trois derniers mois. Aussi, le gain horaire réel a reculé pour le troisième mois de suite de 0,2 % en un an, mais de 1,7 % l’an au cours des trois derniers mois. En zone euro, les indices PMI Markit dans l’industrie comme dans les services signalent un ralentissement de l’activité économique en juin, tout en restant au-dessus des 50. De même les enquêtes Eurostat montrent un nouveau repli du climat de confiance dans le secteur de la construction et un tassement de celui concernant l’industrie. En juin, le taux d’inflation annuel est stable à 0,5 %. Les prix à la consommation ont augmenté en juin de 0,1 % en Allemagne, en Italie et en Espagne. L’inflation salariale ralentit en zone euro. Le salaire moyen par tête a progressé de 1,4 % en un an au premier trimestre après 1,6 % en 2013. Secteur non manufactur i er Coût de l’heure de travail 0 -20 -40 Secteu r man u factu r i er -60 -80 80 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 La production industrielle a rebondi de 0,5 % en mai, après une chute de 2,8 % en avril, mais les mises en chantier de logements continuent de se replier. Dans ce contexte, si le PIB a progressé à un rythme de 6,7 % l’an au premier trimestre, une contraction semble inévitable au deuxième. Le Japon est en situation de quasi-plein-emploi. Le taux de chômage est tombé à 3,5 % en mai, son niveau le plus bas depuis 1998. L’accélération de l’inflation (+0,5 % en mai et 3,7 % -2- Zone euro Allemagne Belgique Espagne France Italie Pays-Bas 2000 2004 2008 2014-1 20,78 26,34 26,68 14,22 24,42 18,99 22,99 24,44 27,76 30,33 16,25 28,67 22,81 27,23 26,13 29,34 35,70 18,94 32,19 24,86 29,23 29,27 33,15 41,55 20,85 35,63 28,56 32,39 23,85 21,62 21,22 22,25 Hors Zone euro Royaume-Uni Le coût horaire de la main d’œuvre dans l’ensemble de l’industrie et des services marchands est estimé en moyenne à 29,3 euros. Il a progressé de 1,2 % en un an. En France, la hausse est de 1,8 % et en Allemagne de 1,1 %. Conjoncture n° 282 – Juillet 2014 Conjoncture française L’Insee attend une croissance du PIB de 0,7 % cette E C N A R F M A R C H E D U TR A V A I L 3400 3500 E N MI L L I E R S D E M A N D E S D' E M P L O I 3200 3400 E N G A M E L L A année et non pas de 1 % comme prévu lors de la loi de finances initiale. Le produit intérieur brut, qui avait augmenté de 4,1 % en deux ans de 2009 à 2011, a été presque stationnaire les années suivantes (+0,8 % en deux ans), entraînant un recul du PIB en volume par habitant. toutes catégories confondues a été franchi, mais l’Insee espère une stabilisation au second semestre 2014 qui limiterait le taux de chômage à 9,8 % en 2014 en France métropolitaine. 3300 3000 FRANCE : P I B E N V O LUM E 6 3200 2800 3100 Vari ati on annuel l e en % 2600 4 3000 2400 2 2200 0 2900 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2800 -2 -4 -6 Sour ce: I NSEE 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 La politique de choc fiscal n’a atteint ni l’objectif de croissance, ni l’objectif de réduction du déficit. La plupart des indicateurs plafonnent ou ont rechuté depuis le début de l’année. Une progression du PIB en volume en 2014 de 0,6 % - 0,7 % est plus probable. La dégradation de la situation économique touche l’industrie, le commerce, les services, mais aussi le bâtiment. La production industrielle manufacturière a baissé de 2,3 % en mai et au rythme de 10,3 % l’an durant les trois derniers mois. Les stocks se gonflent, mais ils sont jugés normaux. Les carnets de commandes globaux et à l’export se détériorent. Les perspectives générales continuent de reculer, mais les perspectives personnelles restent stables, un peu audessous de la normale. E N Q U E T E D A N S L' I N D U S T R I E M A N U F A C T U R I E R E (s o l d e d' o p i n i o n s e n %) Ce constat a limité l’augmentation des salaires du secteur privé à 1,7 % en France contre 2,6 % outreRhin en 2013. Si le revenu disponible brut (RDB) des ménages a progressé en début d’année de 5 % l’an du fait d’une baisse mécanique du montant des impôts sur le revenu et le patrimoine versés, l’augmentation en glissement annuel n’est que de 1,2 % en termes nominaux. Elle est plus lente que celle observée dans l’ensemble de la zone euro où le RDB des ménages progressait de 1,4 % en un an fin 2013, et probablement de près de 2 % au premier trimestre 2014. Aussi, les dépenses des ménages en produits manufacturés ont encore reculé de 0,4 % en mai et de 0,3 % en un an. Pourtant l’Insee pense que le pouvoir d’achat renouerait avec la croissance en 2014 (+0,7 %). Le ralentissement des prélèvements obligatoires et le dynamisme des revenus d’activité l’emportent sur la décélération des prestations et l’inflation reste contenue, inférieure à 1 % depuis l’été dernier. Par ailleurs, l’investissement des ménages continue de baisser pour le neuvième trimestre consécutif (-2,4 % au 1er trimestre 2014 après -2,3 %). 40 Per specti ves per sonnel l es 20 0 -20 -40 -60 -80 Per specti ves génér al es 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Si en début d’année, le déficit commercial s’est réduit grâce à l’amélioration des termes de l’échange, il reste cependant le plus élevé des grands pays de la zone euro. Le recul des exportations en valeur (-2,6 % l’an durant les trois derniers mois) est dû à la fois à la baisse des prix à l’exportation et à une progression de faible ampleur des volumes exportés. Aussi, les parts de marché restent rivées à leur plancher. Les exportations françaises à destination des économies situées hors de la zone euro, qui représentent un peu plus de la moitié des exportations, s’érodent. Le chômage a connu une nouvelle augmentation en mai. Le seuil symbolique des 5 millions de chômeurs Conjoncture n° 282 – Juillet 2014 Le secteur de la construction connaît depuis la fin 2007 sa plus longue phase récessive. En ressortant à 297 400 fin mai, le nombre de mises en chantier est loin du seuil invoqué des 500 000 constructions de logement par an. Ce seuil n’a plus été atteint depuis 1975. Les dernières indications ne laissent pas anticiper un redressement de l’investissement des ménages. Les mises en vente et les ventes d’appartements neufs s’inscrivent à un niveau bas. La sortie de la stagnation risque d’être longue. L’espoir se reporte sur les effets de la politique nouvelle de baisse des impôts qui suppose des économies de dépenses bien supérieures à la seule réforme régionale. Les dépenses totales des régions sont de 27 milliards d’euros, dont 6 milliards de fonctionnement. L’effet du regroupement de régions portera surtout sur les économies de moyens. Du côté des prélèvements sur les entreprises, si les annonces sont mises en œuvre sans retard, les baisses effaceront, vers la fin 2015, les hausses de 2011 à 2013, sous réserve d’une stricte stabilité de la pression fiscale locale. -3- Changes Le taux de change de l’euro face au dollar est stable à 1,36 (le 9 juillet). L’euro reste insensible aux mesures exceptionnelles prises par la BCE qui n’est pas en mesure d’infléchir sensiblement la tendance haussière de sa devise, alors que les anticipations d’inflation demeurent faibles. Le cours de l’euro reste une préoccupation pour la BCE qui tente de rendre l’économie européenne plus compétitive et de limiter l’effet déflationniste d’un euro fort. 102 yens pour un dollar. Face à l’euro, le yen est aussi relativement stable, s’échangeant à 138,1 yens (le 9 juillet). Dans les pays de l’Est, le forint hongrois est sous pression baissière, chutant depuis le début de l’année de 6 % contre le billet vert et de 5 % contre l’euro. L’élargissement du champ d’application du projet visant à éliminer du système les prêts en devises étrangères a entraîné un recul de la devise. P A R I TE E U R O - D O L L A R 1.40 P A R I TE D O L L A R - F O R I N T 240 euro = ... $ 1.38 1 $ = ...f o r i n t 235 1.36 230 1.34 225 1.32 1.30 220 1.28 215 1.26 JUL AUG SEP OCT NOV DEC JAN FEB MAR APR MAY JUN JUL 2013 2014 La dépréciation de la couronne suédoise est un élément défavorable pour la compétitivité de la zone. Le change contre l’euro a glissé de plus de 2 %, portant son recul à plus de 10 % depuis son point haut de mars 2013. Le change du yen, soutenu par la réduction du déficit commercial, varie peu. Il oscille autour de la ligne des P A R I TE D O L L A R / Y E N 106 1 $ = . . .Y e n s 104 102 100 98 96 94 JUL AUG SEP OCT NOV DEC JAN FEB MAR APR MAY JUN JUL 2013 2014 Taux d’intérêt La Réserve fédérale (Fed) poursuit son programme de rachats d’actifs et maintient le taux des Fed Funds à leur niveau plancher, entre 0 % et 0,25 %. Pour Janet Yellen, les développements récents ne comportent pas de risque pour la stabilité financière à court terme. Ils ne semblent pas être suffisants pour interférer avec le maintien des taux Fed Funds bas pour une période prolongée de temps. L’embellie de l’emploi américain ne permet pas encore à la Fed de changer de discours. La Banque centrale européenne (BCE), qui s’est réunie le 3 juillet dernier a maintenu le statu quo sur l’ensemble de ses taux directeurs qui devraient rester bas sur une période étendue. Le taux refi est inchangé à 0,15 %. La BCE est passée aux détails de son programme décidé le mois dernier pour relancer le -4- 210 JAN FEBMARAPRMAYJUNJULAUGSEPOCTNOVDECJAN FEBMARAPRMAYJUNJUL 2013 2014 Les déséquilibres des paiements courants dans l’économie mondiale restent prononcés, demeurant une source potentielle de secousses sur les devises. Ils devraient cependant être contenus autour de leurs niveaux récents. Dans les pays émergents d’Asie, les devises sont maintenues en position de sous-évaluation de sorte que malgré une croissance économique plus forte que celle de leur environnement extérieur, ces pays dégagent des excédents commerciaux et courants importants. Pour corriger ces déséquilibres, il faudrait une forte réévaluation des monnaies de ces pays. D’autres déséquilibres viennent des rentes dont bénéficient certains pays exportateurs de produits énergétiques comme la Russie et surtout les pays du Golfe. Face aux pays créditeurs (la Chine et les six tigres asiatiques) les pays débiteurs notamment anglosaxons (Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle Zélande) nourrissent des positions débitrices de plus en plus impressionnantes. % crédit bancaire. Les opérations de TLTRO d’un montant maximum de 1000 milliards d’euros ont été détaillées. En outre, deux nouvelles opérations de refinancement des banques à long terme, qui se tiendront en septembre et en décembre, permettront aux banques d’emprunter jusqu’à 7 % de leurs encours de prêts non hypothécaires. De son côté, la Banque d’Angleterre (BoE), dont le taux directeur est maintenu à 0,5 %, ne semble pas d’être en mesure de freiner la hausse des prix du marché immobilier. La Banque du Japon (BoJ) poursuit sa politique monétaire pour atteindre son objectif d’inflation fixé à 2 %. La BoJ assouplira de nouveau sa politique monétaire si les mesures prises se révélaient insuffisantes. Conjoncture n° 282 – Juillet 2014 Le marché monétaire européen s’adapte au nouveau paradigme dicté par la BCE. Si la liquidité excédentaire a augmenté moins fortement que prévu, le taux Eonia oscille depuis le 12 juin entre 0,01 % et 0,04 %. L’Euribor à trois mois a atteint la ligne des 0,2 %. En Suède, la chute du taux à trois mois de l’euro est une conséquence de la décision de la Riksbank d’abaisser son principal taux directeur de 0,75 % à 0,25 % face au risque latent de déflation. Sur le marché américain, le taux des bons du Trésor à trois mois est remonté à 0,03 % (le 8 juillet) et le taux à 2 ans est repassé au-dessus de la ligne de 0,5 %. Par ailleurs, la publication des statistiques de l’emploi largement supérieures aux attentes a provoqué une légère hausse des taux des Treasuries à 10 ans avant de se replier à 2,54 % (le 9 juillet). La tension, qui avait atteint 8 points de base depuis le 1er juillet, diminue. Son écart positif (136 points de base) avec le taux allemand a cessé d’augmenter. E M P R U N T S D' E T A T A 1 0 A N S 5 En % 4 I tal i e 3 France 2 1 Al l e m a g n e 0 JUL AUG SEP OCT NOV DEC JAN FEB MAR APR MAY JUN JUL 2013 2014 nouveau. La moyenne reste sous les 2 % (1,72 % le 9 juillet). Le taux allemand à dix ans est tombé à 1,18 %. Il s’approche de ses plus bas historiques de l’été 2012 ou du printemps 2013, entraînant avec lui les taux des pays du cœur de la zone euro, mais non ceux des pays périphériques. En France, le taux à dix ans est passé sous les 1,6 % (1,55 % le 9 juillet) Les opérateurs semblent entrevoir au plan mondial la poursuite de la désinflation malgré le maintien des prix du pétrole, associée à une croissance qui ne réaccélère pas. E TA TS - U N I S E M P R U N T S D' E T A T A 1 0 A N S Tau x d ' i n t ér êt à 10 an s et à 2 an s 12 3.5 En % En % T a u x à 10 a n s 3.0 10 2.5 8 2.0 Gr èce 1.5 6 1.0 Ta u x à 2 a n s 4 0.5 0.0 Portugal JAN 2012 APR JUL OCT JAN 2013 APR JUL OCT JAN 2014 APR JUL Au Japon, le taux à 10 ans s’éloigne de la ligne des 0,6 % (0,55 % le 9 juillet). En zone euro, les taux d’intérêt européens baissent de 2 JUL AUG SEP OCT NOV DEC JAN FEB MAR APR MAY JUN JUL 2013 2014 Les taux à dix ans en Italie (2,75 %) ou en Espagne (2,76 %) ont interrompu leur baisse. Au Portugal ils se sont tendus à 3,78 % et en Grèce à plus de 6 % Les marchés boursiers Alors que les marchés obligataires doutent, les marchés d’actions restent orientés à la hausse, confiants dans la poursuite de la croissance. L’indice agrégé des quarante-deux places boursières au monde reste orienté à la hausse. exceptionnelles, mais reposaient sur les espoirs d’accélération de la croissance aux Etats-Unis et plus encore en Europe. BOURS E DE FRANCFORT 10000 Dax 31-12-2007 = 1000 9500 I NDI CE BOURS I E R M O NDI AL 155 9000 En d o l l a r 4 2 P L A C E S ( 1 0 0 = 2 0 0 5) 8500 150 145 8000 140 7500 135 7000 130 JAN FEB MAR APR MAY JUN JUL AUG SEP OCT NOV DEC JAN FEB MAR 2013 2014 125 120 BOURS E DE P ARI S 4600 JAN 2013 MAR MAY JUL SEP NOV JAN 2014 MAR MAY JUL Le marché boursier américain enchaîne des records avant la saison des résultats. L’indice Dow Jones oscille autour du seuil symbolique des 17 000 points, qu’il n’avait jamais franchi et Tokyo poursuit son rebond depuis la mi-mai dernier. L’Europe, qui n’était pas en reste, vient de cesser de progresser. En Allemagne l’indice DAX 30 est revenu sous les 10 000 points et à Londres, le FTSE 100 s’est éloigné des 6 800 points. Les sommets atteints récemment n’étaient pas dus à des performances économiques Conjoncture n° 282 – Juillet 2014 ( C A C 4 0 - 3 1. 1 2. 1 9 8 7 = 1 0 0 0 ) 4400 4200 4000 3800 3600 3400 JAN 2013 MAR MAY JUL SEP NOV JAN 2014 MAR MAY JUL Le CAC 40, qui s’était réorienté à la hausse, devrait évoluer durant l’été entre les 4300 et 4600 points. -5- Le dossier du mois Coe-Rexecode avait déjà publié en 2012 une étude montrant que la France avait la durée du travail la plus faible de tous les pays européens, à l’exception de la Finlande. Les dernières données jusqu’en 2013 confirment l’ensemble des conclusions antérieures. La durée effective de travail des salariés à temps complet est de 1 661 heures en France en 2013, soit 186 heures de moins que l’Allemagne, 120 heures de moins que l’Italie et 239 heures de moins que le Royaume-Uni. A l’inverse, les salariés à temps partiel travaillent plus longtemps que leurs homologues allemands ou britanniques. Le temps de travail des travailleurs indépendants à temps complet est quant à lui dans le haut de la fourchette. L’écart de durée de travail entre non-salariés et salariés à temps plein est ainsi notablement plus fort en France que dans les autres pays européens. L’écart entre durée de travail habituelle et durée effective est lié aux congés et aux RTT. En France, en 2013, la durée habituelle ressort à 39,2 heures par semaine et annuellement à 2 044 heures. C’est aussi en France que cette durée du travail a le plus diminué au cours des quinze dernières années. LA DUREE EFFECTIVE ANNUELLE DU TRAVAIL EN FRANCE ET EN EUROPE Source: Coe-Rexecode En 2013, la durée effective annuelle de travail des salariés à temps complet reste en France la plus basse d’Europe, après la Finlande. De 2010 à 2013, la durée a légèrement diminué en France (1 661 heures en 2013 contre 1 679 heures en 2010). Elle a un peu plus diminué en Allemagne et en Italie, mais elle a revanche augmenté en Espagne ou aux Pays-Bas. Au Royaume-Uni, la durée effective moyenne est passée de 1856 heures en 2010 à 1900 heures en 2013 malgré la flèche d’Eurostat qui indique une baisse de la durée effective des salariés à temps plein. Les écarts entre catégories de travailleurs La durée effective de travail des salariés à temps complet était de 1 661 heures en France en 2013. Ce résultat place la France au deuxième rang des pays qui travaillent le moins en Europe. Pour les salariés à temps partiel, la durée moyenne du travail effectif était en France en 2013 de 993 heures par an, contre 851 heures pour un salarié moyen à temps partiel allemand, 1 012 heures pour un salarié à temps partiel en Italie, 864 heures au RoyaumeUni. Si on regroupe l’ensemble des salariés, à temps complet et à temps partiel, la durée effective annuelle moyenne de travail est 1 536 heures en France en 2013, 1 580 heures en Allemagne, 1 636 heures en Italie, 1 637 heures au Royaume-Uni. -6- Conjoncture n° 282 – Juillet 2014 Comparaison de la durée effective du travail des salariés En France et en Allemagne en 2013 Année 2013 Temps complet Temps partiel Ensemble T. complet (non-salariés) France 1 661 heures (81 % des salariés) 993 heures (19 % des salariés) 1 536 heures 2 372 heures Allemagne 1 847 heures (72 % des salariés) 851 heures (28 % des salariés) 1 580 heures 2 399 heures Ecart France/Allemagne -186 heures (+8 points) +142 heures (-8 points) -44 heures -27 heures Source : Enquête « Forces de travail », Eurostat Une baisse significative de la durée en quinze ans Entre 1999 et 2013, la durée effective annuelle moyenne de travail des salariés à temps complet a diminué dans l’ensemble des pays européens. Les résultats bruts de l’enquête donnent des diminutions de 15 % en France, 10 % en Espagne, 9 % en Allemagne, 8 % en Italie, 3 % au Royaume-Uni. Ces variations sont toutes surestimées d’environ 5 % du fait du passage de l’enquête au début des années 2000 d’une seule interrogation en mars à une enquête en continu. Les modifications qui concernent l’ensemble des pays ne modifient pas à priori la hiérarchie des évolutions. C’est bien en France que la diminution de la durée est la plus forte (environ 10 % après correction du changement de méthode). Elle est concentrée sur les salariés à temps complet, les durées des autres catégories ayant assez peu bougé. C’est en effet sur les salariés à temps complet que les lois sur les 35 heures ont concentré leur impact. La durée du travail par secteurs d’activité en France La durée effective annuelle de travail des salariés à temps complet est la plus élevée dans les secteurs de l’agriculture et des services marchands. Elle est proche de la moyenne de 1 661 heures dans l’industrie et la construction. Elle est sensiblement plus faible dans les services non marchands (1 589 heures, soit 72 heures de moins que la moyenne de l’économie). 2010 France 1 751 Agriculture 1 678 Industrie 1 688 Construction 1 755 Services marchands 1 606 Services non marchands Allemagne 2 091 Agriculture 1 861 Industrie 1 912 Construction 1 968 Services marchands 1 872 Services non marchands Source : Enquête « Forces de travail », Eurostat 2011 2012 2013 1 792 1 693 1 701 1 753 1 603 1 802 1 676 1 695 1 751 1 611 1 767 1 662 1 667 1 729 1 589 2 071 1 856 1 930 1 941 1 843 2 082 1 828 1 900 1 920 1 825 2 047 1 813 1 873 1 904 1 807 On retrouve en Allemagne, une hiérarchie des durées par secteurs analogue à celle de la France, mais l’écart entre la France et l’Allemagne est le plus accentué dans le secteur des services non marchands (218 heures d’écart). Un écart de plus de 3 heures entre durée habituelle et durée collective La durée habituelle ressort en France en 2013 en moyenne à 39,2 heures par semaine. La durée collective, moyenne déclarée par les employeurs, est en revanche de 35,8 heures par semaine dans le secteur marchand non agricole, une différence de 3,4 heures par semaine. Une partie de l’écart peut s’expliquer par la définition de la durée collective de travail qui intègre en moins les RTT dans la durée hebdomadaire. Par ailleurs, une partie de l’explication tient aux heures supplémentaires. L’écart pourrait être dû aussi à des dépassements d’horaires et peut-être à une sur-estimation par les salariés de leur durée habituelle de travail. En Allemagne, la durée habituelle est de 40,6 heures en moyenne hebdomadaire. Les absences pour maladie, formations et diverses sont très similaires dans les deux pays. Conjoncture n° 282 –Juillet 2014 -7- STATISTIQUES ECONOMIQUES ET MONETAIRES ECONOMIE Période Prix à la consommation Production industrielle (hors BTP CVS) Consommation prod. manufacturés (CVS) Commerce extérieur (FAB-FAB CVS) Exportations Importations Demandeurs d’emploi (CVS) catégories A Juin 14 Mai 14 Mai 14 Valeur ou Indice 128,1 96,5 36,3 Mai 14 Mai 14 Mai 14 36,1 40,9 3388,9 Variation en % sur 1 mois 12 mois 0,0 0,5 -1,7 -3,7 -0,4 -0,3 0,3 2,2 0,7 0,3 -1,5 4,1 Taux d’épargne des ménages : T1 2014: 15,9 % Taux d’épargne financière : T1 2014: 7,1 % BANQUE DE FRANCE (encours en milliards d'euros) Mai 2014 M3 1849 Dépôts à vue Comptes sur livrets Dépôts à terme > à 2 ans Dépôts à terme < à 2 ans 619 628 n.c 150 Mai 2014 n.c 822 Crédits au secteur privé Crédits des étab. de crédit aux sociétés non financières Crédits des étab. de crédit aux particuliers Taux de croissance annuel -0,9 4,2 -0,2 n.c -3,9 Taux de croissance annuel n.c 0,9 1 003 3,0 TAUX ET CHANGES (en moyenne) TAUX COURTS (à 3 mois) 04/14 05/14 06/14 9/7/14 2013 Etats-Unis (euro dollar) Japon (euro yen) Euribor Royaume-Uni (libor) 0,24 0,14 0,33 0,53 0,24 0,14 0,33 0,53 0,24 0,13 0,24 0,54 0,25 0,13 0,20 0,56 0,24 0,16 0,22 0,51 TAUX LONGS 04/14 05/14 06/14 9/7/14 2013 Etats-Unis Japon Allemagne France Espagne Italie Royaume-Uni 2,68 0,62 1,53 2,02 3,14 3,14 2,68 2,55 0,60 1,39 1,85 2,95 3,02 2,62 2,60 0,59 1,30 1,72 2,71 2,80 2,70 2,54 0,55 1,18 1,55 2,76 2,75 2,66 2,35 0,71 1,59 2,18 4,57 4,26 2,28 CHANGES 04/14 05/14 06/14 9/7/14 2013 0,724 102,5 1,382 0,825 0,728 101,8 1,374 0,816 0,736 102,1 1,359 0,804 0,735 101,5 1,360 0,795 0,75 97,6 1,33 0,85 $/euro $/yen euro/$ euro/£ 2014(p) 0,2 0,1 0,3 0,5 0,3 0,1 0,3 0,8 2014(p) 2,8 0,6 1,5 2,1 3,0 3,1 2,9 2015(e) 3,3 1,1 1,9 2,3 3,0 3,0 3,5 2014(p) 0,74 103,0 1,36 0,83 2015(e) 2015 (e) 0,77 110,0 1,30 0,80 Documents reçus ou envoyés JEAN PISANI-FERRY INSEE BIPE Quelle France dans 10 ans ? La croissance revient, mais ne décolle pas Observatoire dynamiques sectorielles Juillet 2014 Juin - Juillet 2014 Juillet 2014 Rédigé le 10 juillet 2014 CONJONCTURE, édité par la Direction Gestion-Finance de la Confédération Nationale du Crédit Mutuel - 88-90 rue Cardinet 75017 PARIS Responsable de la publication : Dominique-Marie DUVERGER – Tél : 01.45.96.80.94 –[email protected]