– même les plus récents5. Les « réseaux » se retrouvent cependant conjugués plus ou
moins explicitement par les paradigmes de l’ethnologie sociale, culturelle, symbolique,
structurale-systémique ou dynamique6, sur le plan théorique de la définition de la
« structure sociale ».
Dans un premier temps, nous verrons comment, à travers deux interprétations
classiques, celle-ci est de fait conjuguée avec le concept de réseau : d’un côté, celle
d’Alfred Reginald Radcliffe-Brown, tenant d’une anthropologie « concrète » et
« naturaliste », étayée par une méthode « aristotélicienne » (I) ; de l’autre, celle de
Claude Lévi-Strauss, défenseur d’une anthropologie structuraliste « formelle » et
symbolique, qu’il qualifie de « galiléenne » (II). Qu’en est-il précisément pour cet objet
« moins beau » peut-être que les mythes, mais au cœur tout de même des structures
élémentaires et complexes de la parenté ?
Dans un second temps, nous apprécierons l’apport de tels débats aux diverses
disciplines concernées par la problématique de la parenté dans son articulation avec les
mécanismes d’élargissement des réseaux sociaux en œuvre dans les processus de
construction du politique dans les sociétés complexes, « à écriture ».
Première Partie
Réseau et structure sociale : deux approches inversées
I. Radcliffe-Brown : des réseaux à la structure
Après la période des pères fondateurs (Henry Maine, J. F. Mac Lennan, John
Lubbock, James Frazer), c’est Alfred Reginald Radcliffe-Brown, unique étudiant d’un
professeur venu de la psychologie à Cambridge (W. H. R. Rivers), qui, dès 1904,
orienta les recherches de l’anthropologie sociale anglaise sur les relations de parenté, de
mariage et d’affinité, suivant d’ailleurs en cela les travaux pionniers de l’Américain
Lewis Henry Morgan7.
5 C’est le cas du moins des ouvrages classiques d’initiation : J. A. Mauduit, Manuel d’ethnographie,
Paris, Payot, 1960 ; Robert Lowie, Traité de sociologie primitive, Paris, Payot, 1969 ; E. E. Evans-
Pritchard, Anthropologie sociale, Paris, Payot, 1969 ; Georges Balandier, Anthropologie politique, Paris,
PUF, 1969 ; Marcel Mauss, Manuel d’ethnographie, op. cit. ; Michel Panoff et Michel Perrin,
Dictionnaire de l’ethnologie, Paris, Payot, 1973 ; Norbert Rouland, Anthropologie juridique, Paris, PUF,
« Droit fondamental », 1988 ; Christian Ghasarian, Introduction à l’étude de la parenté, Paris, Éditions
du Seuil, 1996 ; Robert Deliège, Anthropologie de la parenté, Paris, Armand Colin, col. « Cursus »,
1996 ; Marc Abelès et Henri-Pierre Jeudy, Anthropologie du politique, Paris, Armand Colin, col. « U »,
1997 ; Claude Rivière, Introduction à l’anthropologie, op. cit., et Anthropologie politique, Paris, Armand
Colin, col. « Cursus », 2000 ; Abécédaires de Claude Lévi-Strauss, Paris, Vrin, 2008.
6 Nous empruntons cette différenciation des courants théoriques de l’anthropologie à François Laplantine,
L’Anthropologie, Paris, Payot, 1995.
7 Sur l’histoire de l’anthropologie anglaise, cf. Evans-Pritchard, Anthropologie sociale, op. cit.