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Communiqué de presse
Paris, le 08 juillet 2015
Licences télécoms en Afrique : vers une rationalisation de la
méthode de détermination du prix ?
Les marchés des télécoms connaissent un développement sans précédent en Afrique
depuis une vingtaine d’années ; surtout depuis l’arrivée de la technologie GSM. Ce secteur
constitue, pour une majorité des pays africains, un vecteur incontournable de production de
richesse, atteignant parfois jusqu’à 10 % du PIB national.
Cette opportunité économique a attiré de nombreux opérateurs télécoms en Afrique. Lors
de la naissance de ces marchés, les attributions de licences se sont faites dans un contexte
d’incertitude sur le succès des services télécoms sur le continent, les modèles d’affaires des
opérateurs ou encore la rentabilité des investissements de ces derniers. En conséquence, les prix
des licences étaient difficiles à quantifier. Les opérateurs télécoms ont obtenus des licences à des
tarifs très variables selon les pays.
A l’heure où ces licences arrivent à expiration dans plusieurs pays, la question de la
valorisation de ces dernières se repose. Basés sur des critères peu objectifs lors des premières
attributions, en lien avec le contexte de l’époque, les gouvernements possèdent aujourd’hui des
données empiriques sur lesquelles ils sont en mesure de fonder une hypothèse de prix plus juste.
Le cabinet Microeconomix, appelé récemment pour mener une étude pour un régulateur
télécom d’Afrique d’Ouest dans un cas de négociation de prix de licence, revient sur le processus
que devrait engager un Etat africain pour déterminer un prix de licence télécom rationnel.
Les attributions de licence en Afrique : une rationalité jusqu’ici limitée
L’analyse des attributions des licences lécoms attribués depuis la libéralisation de ce secteur dans
les économies africaines montre une très forte disparité dans les prix fixés et conduit à s’interroger
sur la rationalité dans les décisions de détermination de ces prix. A titre d’exemple, le prix de la
licence 3G attribuée au Nigéria à MTN a atteint 110 millions d’euros, soit plus de 10 fois les prix de la
licence 3G en Côte d’Ivoire pour les opérateurs Orange, MTN et MOOV. Ces derniers prix étaient eux-
mêmes cinq fois supérieurs aux prix constatés pour les opérateurs de licence 3G au Burkina Faso.
« Certains critères pourraient expliquer ces variations de prix : le nombre
d’habitants du pays (prix proportionnel à la densité de la population), la
durée de la licence (le prix croit avec le nombre d’années) ou encore le niveau
de richesse du pays (le prix croit avec le niveau du PIB par habitant), indique
Sidy Diop, Vice-président de Microeconomix. Pourtant, les exemples des prix
de licences au Bénin ou au Sénégal sont contre intuitifs. Ils sont tous les deux
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très élevés alors même que le PIB par habitant de ces pays est inférieur à des pays plus riches qui
présentent des prix 5 fois moins élevés (Ghana ou Mauritanie par exemple). L’analyse de données
empiriques sur les liens entre niveau de prix des licences et facteurs économiques objectifs nous ont
permis de conclure que la détermination des prix des licences télécoms n’a pas été basée sur des
données et réflexions rationnelles mais résulte probablement de négociations pures entre Etats et
opérateurs. Les prix des licences peuvent ainsi varier fortement selon le pouvoir de négociation des
acteurs, l’importance de la licence pour l’opérateur ou encore les besoins financiers des Etats. »
A l’heure actuelle, plusieurs licences sont sur le continent africain en négociation pour
renouvellement ou nouvelle attribution (attribution des premières licences 4G, renouvellement des
licences 2G et 3G). Par exemple, le Cameroun a attribué en 2015 une licence 3G/4G à MTN
Cameroun à 125 millions d’euros pour une durée de 15 ans.
Les gouvernements et opérateurs ont aujourd’hui l’opportunité de fonder leurs négociations et
décisions sur des éléments plus rationnels que par le passé. Ils disposent désormais de données et
statistiques détaillées sur la rentabilité de l’exploitation d’une licence de téléphonie mobile et
l’industrie des télécoms de façon générale pour permettre des décisions efficaces en matière de
tarification des licences.
Dans ce contexte, des méthodes plus rigoureuses de calcul des prix de licence sont à la disposition
des régulateurs et gouvernements. La sélection d’une méthode en particulier relève de l’arbitrage
voulu entre, d’une part, la précision et la rationalité économique de la méthode, et, d’autre part, sa
simplicité de construction.
Une méthode rationnelle de fixation du prix d’une licence télécoms
De façon théorique, trois objectifs peuvent être poursuivis par les Etats dans la détermination du prix
des licences télécoms :
1) fixer un prix permettant de maximiser les recettes de l’Etat : les licences payées par les opérateurs
permettent aux Etats de disposer de recettes non négligeables pour leur budget annuel ;
2) fixer un prix permettant de favoriser les investissements et les innovations des opérateurs : le
titulaire de la licence ne doit pas être pénalisé dans ses investissements qui permettent d’assurer
l’accessibilité technique des télécoms sur le territoire ;
3) fixer un prix de licence permettant d’avoir des tarifs faibles sur les marchés de détail : le titulaire
de la licence doit offrir aux consommateurs des services à des prix abordables (accessibilité tarifaire).
« Une analyse des données empiriques sur les prix des services télécoms en
Afrique Subsaharienne permettent déjà de montrer qu’il n’existe pas de lien
entre le niveau des prix de licence et le caractère abordable des tarifs, précise
Sebastien Douguet Economiste chez Microeconomix. En effet, dans certains pays
comme le Sénégal ou le Burkina Faso, le poids des dépenses télécom dans le
panier des ménages dépasse 20% alors même que les prix de licence y sont très
bas (inférieurs à 5 millions d’euros). A l’opposé, des pays comme le Ghana et le
Nigeria sont caractérisés par un poids modéré des dépenses télécom malgré des
prix de licence élevés. Fixer des prix de licence faibles ne garantit pas d’avoir des tarifs faibles aux
consommateurs.»
Les objectifs de l’Etat dans la fixation des prix des licences se résument alors en la maximisation de
recettes de l’Etat et l’accessibilité technique des services lécoms. Autrement dit, la fixation d’un
prix optimal de licence doit répondre à l’optimisation suivante : le prix doit permettre de maximiser
les recettes de l’Etat sous contrainte que l’impact sur la rentabilité du titulaire de la licence soit
raisonnable, c'est-à-dire que sa rentabilité lui permette toujours de réaliser les investissements et
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innovations nécessaires. Il est en effet vital d’intégrer le fait que les décisions des prix des licences
restent toujours une prérogative des décideurs politiques.
Contact presse
Agence Fargo / www.agencefargo.com
Vicktrin Gerald / vgerald@agencefargo.com / 01 44 82 66 91
A propos de Microeconomix
Cabinet de référence en France et au niveau européen, Microeconomix réalise des travaux de
recherche et d’expertise économique en mobilisant les outils de la microéconomie appliquée et de
l’économétrie.
Fondé par François Lévêque, professeur d’économie à Mines ParisTech et dirigé par Gildas de
Muizon, Microeconomix réunit une vingtaine d’économistes et intervient sur des sujets variés tels
que l’évaluation des effets des fusions, l’évaluation des préjudices et du dommage à l’économie
causée par une pratique anticoncurrentielle, l’analyse économique des secteurs régulés et
l’économétrie appliquée aux stratégies d’entreprises.
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