Le pétrole africain : source de développement ou de malédiction

Revue RA N°12 Page 66
Le pétrole africain : source de développement ou de malédiction pour le
continent
par le Docteur Seydou Mariko Ecole Normale Supérieure (ENSUP) de Bamako, Mali
Résumé
Larticle intitulé : « le pétrole africain : source de développement ou de malédiction pour le
continent ? » parait tout à fait original. Dans cet article, lon montre la part de lAfrique dans
la production mondiale de « lor noir » c'est-à-dire du pétrole.
Larticle fait ressortir la consommation annuelle de pétrole dun africain et cela
comparativement à celle dun occidental. Les grandes zones de production pétrolière en
Afrique sont citées. La production journalière ou annuelle moyenne de pétrole dans chaque
pays producteur africain y figure. Les réserves pétrolières du continent sont évaluées. Les
prévisions de production pétrolière du continent pour les années à venir sont données. Les
revenus monétaires que lAfrique tire chaque année du pétrole sont mis en évidence. Dans
larticle, les retombées positives du pétrole pour lAfrique sont décrites. Dans le cadre de la
production et de la commercialisation du pétrole, les pays avec lesquels lAfrique entretient
des relations partenariales sont évoqués. Le classement mondial des pays africains,
exportateurs de pétrole en 2004 se trouve établi dans le présent article. La croissance
économique que les Etats africains ont enregistré grâce à la production et à la
commercialisation du pétrole est mise en exergue. Aussi, les retombées négatives du pétrole
sur le continent africain sont décrites.
Abstract:
The article headed « African petroleum: source of development or curse for the continent? »
seem to be quite original. The author shows the share of Africa in world production of
Black gold in this item. That is to say that petroleum, is the item. The item points out
African yearly petroleum consumption, compared to the one of a westerner. The great
petroleum production areas in Africa are cited. The average yearly or daily petroleum
production of each petroleum producing country in Africa is mentioned. The continent
petroleum reserves are assessed. The petroleum production forecast of the continent for
coming years is given. The money profits that Africa makes every year from petroleum are
made obvious. In the item, the positive effects of petroleum for Africa are described within the
framework of petroleum production and its marketing, the countries with which Africa
maintains partnership relations are mentioned. The world ranking of African petroleum
exporting countries in 2004 is established in the current item. The economic growth that
African states have registered thanks to petroleum production and its marketing is
highlighted. The negative effects of petroleum on the African continent are described. At last
a general conclusion ends the item.
I. Méthodologie utilisée
Pour écrire cet article, des ouvrages, des communications dhommes de sciences et de
chercheurs ainsi que dautres articles ont été lus et analysés. Les données économiques
statistiques fournies par lOrganisation des Pays Exportateurs de Pétrole, de la Banque
Africaine de veloppement, du Fonds Monétaire International, de la Commission des
Nations Unies pour le Commerce, lEconomie et le Développement ont été exploitées et
utilisées. Des lectures sur « le pétrole en Afrique » ont été faites sur linternet. Aussi, dautres
données statistiques ont été cueillies, vérifiées, comparées, analysées, et introduites dans le
présent article.
Introduction
Peuplée de 913 000 000 dhabitants en 2010, lAfrique abrite 14% de la population du
monde. Sa part dans la production mondiale pétrolière sélève à 11%, mais sa consommation
de « lor noir » est fortement inférieure et ne représente seulement que 3% de lensemble des
Revue RA N°12 Page 67
pays du monde. Grand producteur de pétrole, mais faible consommateur, cela note bien
entendu que le continent africain connait une faiblesse de son industrialisation et très
certainement, ses mannes pétrolières sont fortement drainées vers dautres horizons du
monde.
I. Les zones et pays producteurs de pétrole en Afrique
Aux cinq grands pays producteurs de pétrole de la partie septentrionale de lAfrique à savoir :
le Maroc, la Tunisie, lEgypte, lAlgérie et la Lybie, à ceux-ci, nous pouvons leur adjoindre la
République dAfrique du Sud. Il est à signaler que le déséquilibre est encore plus profond
entre pays du Nord et ceux du Sud, car la consommation dénergie par africain est de lordre
de 0,5 tonne par an déquivalent pétrole si lon établit un parallélisme avec les 4 tonnes en
Angleterre, Allemagne, France et aux 8 tonnes par américain et par an des Etats-Unis.
Les grandes zones de production pétrolière en Afrique sont les suivantes: lAfrique du Nord,
le littoral atlantique et le reste du continent.
La partie Nord africaine et pétrolière comporte les Etats suivants: la grande
Jamahiriya Libyenne, la République Démocratique et Populaire dAlgérie, lEgypte et la
Tunisie.
Le littoral atlantique et trolier englobe la République de la Côte-dIvoire, le Nigéria,
lAngola, la Mauritanie, la Guinée Equatoriale, le Cameroun, le Congo-Brazzaville et la
République Démocratique du Congo.
Quant au reste pétrolier du continent, nous pouvons citer entre autres : le Tchad, lAfrique du
Sud, le Soudan, le détroit mozambicain et les bordures de la grande ile dAfrique, c'est-à-dire
les cotes malgaches.
II. Les productions africaines en «or noir »
Les exportations libyennes de pétrole ont commencé depuis les années 1957. Jadis, avec une
production de 1,5 Mbbls /j, aujourdhui, bien avant la rébellion, elle atteignait 2 Mbbls /j.
En Algérie, si la production pétrolière était de 1,86 Mbbls :j, elle a atteint 1,925 Mbbls/j en
2004. Elle produit non seulement le pétrole, mais également le gaz naturel. Sa production
journalière en « or noir » est de 445 kbep de condensats et de 250 kbep de liquide de gaz
naturel. La consommation journalière en pétrole dans ce pays sélève à 246kbbls/j.
Dans le «pays des pharaons», il faut dire que la production pétrolière a connu une forte
dégringolade depuis quelques années. Si dans les années 1996, sa production de « lor noir »
était 922 kbbls/j à lheure actuelle, cela se chiffre à 620 kbbls/j, soit 302 kbbls/j1.
Comparativement à ces deux voisins, il faut dire quen production pétrolière, la
Tunisie apparait comme un parent pauvre. Depuis deux cennies, la production de « lor
noir » dans ce pays a connu une véritable descendance avec 66 kbbls/j. La production
pétrolière tunisienne ne couvre pas le besoin national si bien que le pays est astreint
dimporter les 20% de sa consommation en vue de pallier à son déficit pétrolier.
En établissant un parallélisme entre les Etats maghrébins et ceux du littoral atlantique africain
en matière de production pétrolière, certes, ces derniers connaissent une avancée significative
par rapport aux premiers.
En te-dIvoire, la production de « lor noir » est récente par rapport à celle du
Nigéria ou de lAngola. Lexploitation pétrolière dans ce pays est sous la coupole des
compagnies nationales et canadiennes. En 2006, la production pétrolière du pays était estimée
à 89 000 barils/jour. En 2008, elle a atteint 110 000 barils/jour. On estime les réserves
pétrolières de la Côte-dIvoire jusquà 100 000 000 de barils. En 2007, la première ressource
financière du pays, loin dêtre le caou le cacao était exclusivement le pétrole. Sur le plan
commercial, le pays entretient détroites relations non seulement avec lEurope occidentale,
1
Google (Le pétrole en Afrique).
Revue RA N°12 Page 68
mais aussi avec la Chine et les Etats-Unis dAmérique. Les 50% du pétrole ivoirien sont
exportés en Europe. Le reste est draivers les Etats-Unis dAmérique et la Chine. Le pays a
quelques usines pétrolières comme la zone industrielle de Vindi et de Youpugon. Dans le pays
se construisent deux raffineries de pétrole. Il sagit de la raffinerie pétrolière dAbidjan qui
doit couter 700 000 000 000 de francs CFA et celle de San-Pedro sélève à 1 000 000 000 de
dollars américains2.
Au Nigéria, le potentiel pétrolier semble être dans lordre de 80 à 100 Gbbls, dont
lessentiel se situe dans quelques 200 gisements denvergure moyenne. Le pays détient
29,32% des réserves de pétrole en Afrique. Actuellement, il a 37 200 000 000 de barils de
réserves de pétrole du total des 126 847 000 000 de barils détenus par le continent africain. Le
Nigéria est le seul pays de lAfrique au Sud du Sahara dans lOuest africain à être membre de
lOrganisation des pays producteurs et exportateurs de pétrole. Fort malheureusement, ce
grand producteur africain de « lor noir » na pas de compagnies pétrolières nationales.
Cependant, il existe quelques compagnies nigérianes privées qui ont fait leur apparition et qui
bénéficient dailleurs des soutiens du gouvernement fédéral3.
En Afrique subsaharienne, lAngola demeure le deuxième producteur de pétrole après
le Nigéria. Connu depuis de longue date, le potentiel de « lor noir » de ce pays est élevé.
Mais, il a été peu exploité à cause de la guerre civile qui a longuement secoué le pays. En
2003, la production pétrolière angolaise était de 900 kbbls/j pour atteindre ainsi 2 Mbbls/j en
2008. En 2012, selon les perspectives, il est prévu une production de 26 Mbbls/j. En 2006,
selon une étude menée par le cabinet Wood Mackenzy, le pays avait à cette date, plus de
10 000 000 000 de barils de pétrole en réserve. En Angola, dans lexploitation pétrolière,
travaille la compagnie américaine Chevron Texaco qui fait présentement une production
journalière denviron 500 kbbls. En fin 2006, lAngola avait manifesté son désir de rejoindre
les pays de lOrganisation des Pays Exportateurs de Pétrole. Le pays demeure un des
principaux fournisseurs de pétrole sur le marché économique international.
La production pétrolière mauritanienne est encore récente. En 2006, elle a seulement
commencé. LOffshore de Mauritanie est lune des plus récentes provinces en Afrique à être
découverte.
La production pétrolière Equato-guinéenne a monté de façon spectaculaire. Dans les
années 1996, elle était si maigre, mais aujourdhui, elle de chiffre à 400 kbbls/j.
Au Cameroun, les réserves pétrolières sont modestes et se chiffrent à 400 Mbbls qui se
répartissent principalement dans trois zones de petite fraction du delta du Niger.
Au Congo-Brazzaville, la production pétrolière a commencé dès les années 1950 et
1960 dans de petits gisements côtiers. Le pays est lun des fournisseurs non
négligeable du marc économique mondial avec ses 220 kbbls/j qui sont à 97%
exportés vers dautres horizons. La production pétrolière congolaise est à moit
réalisée par la compagnie « Total » et fort malheureusement, pendant ces dernières
années, cette production a dégringolé.
Par contre le Congo-Kinshasa (ex-Zaïre), actuelle République mocratique du Congo,
comparativement à ses voisins peut être considérée comme un petit producteur africain de
« lor noir » avec seulement ses 45 kbbls/j. Depuis 2010, la RDC est considérée sur larène
économique africaine comme un futur grand producteur de pétrole.
En 1997, la production gabonaise de pétrole sélevait à 371 kbbls/j (dont 217 à Rabi). En
2003 et 2004, cette production a passé de 290 kbbls/j à 265 kbbls/j.
Le pétrole namibien, comme dailleurs sur toute la façade Ouest du continent, est peu
exploité. Cependant, la Namibie possède dimportants gisements pétroliers.
2
« Le choc pétrolier en 2011 » The economist, 3mars 2011.
3
« Pétrole et gaz en Afrique » (2009), Banque Africaine de Développement et lUnion Africaine, Oxford
University Press.
Revue RA N°12 Page 69
En 2011, le Ghana est devenu un pays africain exportateur de pétrole avec ses 120 kbbls/j.
Quant au reste du continent, la production pétrolière est domie par le Tchad, le Soudan et
lAfrique du Sud4.
En 2003 au Tchad, elle a commencé au Sud du pays. Les trois principaux gisements
pétroliers du pays produisent au total 900 Mbbls.
Jusquen 1998 au Soudan, la production de pétrole a été faible. En 2011, elle se chiffrait à
500 kbbls/j. Dailleurs, le pays envisage de rejoindre les pays de lOrganisation des Pays
Exportateurs de Pétrole.
Quant à la République Sud Africaine, elle demeure le véritable parent pauvre de la production
africaine de pétrole. La quantité de trole produite dans le pays est insuffisante et narrive
même pas dailleurs à satisfaire le besoin intérieur. Le pays produit 165 kbbls/j, soit
seulement le 1/3 de sa consommation totale nationale. Cest dire que lAfrique du sud est un
potentiel importateur de pétrole.
Les tes malgaches et le détroit du Mozambique .sont des régions productrices du
pétrole en Afrique. Madagascar à lui seul produit plusieurs milliards de barils de pétrole.
La majorité de la production et des réserves pétrolières africaines proviennent du Nigéria,
dAngola, dEgypte, dAlgérie, de la guinée Equatoriale, de la Libye et du Soudan. Ensemble,
ces Etats produisent environ 90% de « lor noir » du continent.
Cependant, dappréciables découvertes de gisements pétroliers sont en train dêtre
faites dans certains pays du continent tels quen Afrique du Sud, au Mozambique, en
Tanzanie.
« LAfrique de lOuest est lune des sources de croissance de la production de pétrole parmi
les plus rapides du monde », soulignait le département de lEnergie Américaine. Aussi, dans
les années à venir, le Mali, le Niger, la Mauritanie, la Somalie, le Botswana, la République
Centrafricaine, le Sahara Occidental, le Mozambique, Sao Tomé et Principe, le Rwanda
devraient figurer au rang des producteurs « dor noir » du continent. Le tableau suivant nous
montre lévolution de la production de pétrole en Afrique selon les régions.
Tableau N0 1 : Evolution de la production de pétrole en Afrique selon les régions
de 1965 à 2005.
Années 1965 1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
Millions
de barils
par jour.
Total des pays
dAfrique du
Nord
0,2 1 2,3 2,3 3 3,4 3,2 3,3 4,2
Total des pays
dAfrique
subsaharienne
1,9
5,0 2,2 2,2 2,0 2,7 3 3,5 4,0
Source : Honoré LE LEUCH, 2009
Le continent noir joue incontestablement un le non négligeable avec ses 10% de
production sur le marché mondial de pétrole. Entre 1990 et 2004, c'est-à-dire à lespace de
deux septennats, la production pétrolière africaine a été majorée de 40%, passant
substantiellement de 7 000 000 à 10 000 000 barils par jour. En 2010, elle a dailleurs
augmenté de 50%. Cette majoration de la production de « lor noir » africain sexplique
essentiellement par des mobiles non seulement économiques et aussi bien techniques.
Le continent africain, avec ses potentialités de réserves mondiales de pétrole est plus
que jamais au centre de toutes les attentions. Ses réserves sévaluent entre 80 000 000 000 et
100 000 000 000 de barils. Jadis, lAfrique produisait 9 000 000 de barils de pétrole par jour,
4
« Les prix du pétrole sautent de 2 dollars après les frappes américaines sur la Lybie » BBC Nouvelles 21 mars
2011, http// WWW BBC COUK.
Revue RA N°12 Page 70
dont prés de 5 000 000 de barils étaient produits dans la seule région du golfe de Guinée. En
2020, selon les prévisions, il est prévu que le continent produira près de 15% de la
production mondiale de pétrole. En 2010, si la production moyenne journalière de pétrole
était de 1 979 000 barils, en 2011, elle sélevait à 2 069 000 barils, soit une augmentation
90 000 barils.
Le Ghana demeure le principal moteur de la croissance de 2011 soutenue par le
développement pétrolier. Lapprovisionnement du continent en pétrole, sur une base
trimestrielle sélève à 275 000 000 de barils par jour en moyenne5. Le tableau N0 2 nous
édifie à plus dun titre sur lévolution de la production de pétrole en Afrique et de sa part dans
le monde de 1965 à 2005.
Tableau N0 2 : Evolution de la production de pétrole en Afrique et de sa part
dans le monde de 1965 à 2005.
Années 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005
Millions
de barils
par jour
2,1 6,0 4,5 6,5 5 6,1 6,2 6,8 8,2
Part (en
%) de
lAfrique
dans la
production
mondiale
6 11 8 9 8,1 9 9 8,9 10,9
Source : Honoré LE LEUCH, 2009.
III. Les recettes pétrolres et financières pour lAfrique :
Au Tchad, en 2011, les recettes fiscales issues de lexploitation pétrolière sévaluent à
quelques 600 000 000 dEuros. De 2002 à 2003, le commerce entre le continent noir et la
Chine a doublé pour atteindre le cap des 18,5 milliards de dollars. Entre 1999 et 2005, c'est-à-
dire à lespace de six ans, les revenus tirés de la production de pétrole étaient estimés à 2000
000 000 000 de dollars américains. En 2007, le commerce de pétrole entre lAfrique et la
République Populaire de Chine était évalué à 13 000 000 000 de dollars américains. Entre
1970 et 2008, lAfrique a donc transféré plus de 854 000 000 000 de dollars vers les pays du
Nord et cela grâce à sa production de pétrole. En 2009, le commerce de « lor noir » a donné
au continent une bagatelle financière de lordre de 10 000 000 de dollars par jour. En 2010, la
production africaine moyenne et journalière de pétrole sévaluait à 12 863 500 dollars
américains. En 2011, elle sélève à 13 448 500 dollars par jour6.
LAfrique tire de son pétrole des ressources financières extrêmement importantes en
partenariat avec lEurope, lAsie et lAmérique. Sur le plan partenarial, le continent entretient
détroites relations avec les Etats tels que la France, la Grande-Bretagne, le Portugal,
lAllemagne en Europe ; la Chine, le Japon en Asie ; les Etats-Unis et le Canada en Amérique.
Les mannes financières et pétrolières africaines servent essentiellement aux Etats dAfrique
pour leur veloppement économique, social et même politique. Aujourdhui la principale
question que les économistes, les sociologues et les hommes politiques africains peuvent se
poser est la suivante : « sans le pétrole, que deviendra lAfrique ? ».
IV. Les impacts positifs du pétrole africain pour le continent
Les ressources financières tirées du pétrole africain contribuent beaucoup pour le
développement des Etats dAfrique. Elles sont utilisées par les Etats africains pour bâtir les
5
Fonds Monétaire International (FMI), World Economic, 2011.
6
Google «Le pétrole en Afrique».
1 / 9 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !