Plan gardes : peut-être est-il temps d`aller un pas plus loin (ABSyM

DOSSIER : Syndicats de médecin
Plan gardes : peut-être est-il temps d’aller un pas plus loin (ABSyM)
BRUXELLES 22/11 - Madame Onkelinx a présenté ce
mercredi 20 novembre son plan de garde à la presse. Il
s’inspire largement des suggestions que nous lui avions
faites. Il était temps. La révolte succédait au mécontentement
chez les médecins généralistes. L’enlèvement, la
maltraitance, les menaces dont a fait l’objet un médecin
généraliste de Peruwelz au cours de sa garde, non seulement
représentait la pointe de l’iceberg mais a constitué un déclencheur d’
action de grève prête à
s’étendre comme une traînée de poudre.
L'insécurité est, en effet, devenue le problème n°1. Si, la
trousse du médecin généraliste représentait dans le
temps un sauf-conduit plus efficace qu'une mallette diplomatique, elle fait à présent l'effet d'une cible.
Le
médecin généraliste est amené à se rendre dans les quartiers les plus menaçants, chez des inconnus et
seul. Les policiers, eux, sont toujours au moins deux et armés !
Bien sûr, cette insécurité ne concerne pas
que la garde mais, le médecin, de plus en plus souvent une
femme, est, à ce moment-là, plus vulnérable. Cela entraîne un stress qui, à la longue devient insupportable.
Si au moins c'était utile … mais le deuxième
sentiment du médecin de garde est l'inutilité de sa tâche. Bien
sûr, il reste quelques visites indispensables (dans les MRS, en soins palliatifs, …) mais la
plupart des appels
où le médecin généraliste était utile ont disparu. Les
patients qui sont conscients qu'ils ont toutes les chances
d'être envoyés à l'hôpital s'y rendent directement. La décompensation des patients chroniques est
plus rare.
Les cardiaques sont stentés et sous médicaments utiles, les asthmatiques ont leurs aérosols, …
appelle ? Les patients négligents
qui auraient pu appeler en journée et ceux qui estiment qu'un médecin de
garde est à leur service et corvéable et taillable à merci et de surcroît, ne voient
pas pourquoi il faudrait en
plus le payer.
Dévoués, les médecins
généralistes le sont toujours mais au moins pour la bonne cause, pas pour
rencontrer les exigences sans limite et méprisantes de la partie de la population la moins respectueuse.
Sans compter, que le luxe de
possibilités offertes à la population pendant la garde peut se retourner contre
elle. La population a, en effet, le choix entre aller à la garde de l'hôpital de
son choix, appeler l'ambulance ou
appeler le médecin généraliste mais le choix
qu'elle fait n'est pas toujours judicieux. Appeler le MG en cas de
douleurs dans la poitrine qui s'avèrent provenir d'un infarctus retarde le moment le
patient peut recevoir
une thrombolyse où chaque minute perdue signifie du tissu
cardiaque altéré de manière irrécupérable. Un tri
des appels peut guider les patients vers la solution la plus adaptée.
Enfin, la récurrence des gardes qui s'ajoutent à un travail de semaine particulièrement lourd,
conduit à
un épuisement du médecin généraliste et fait croître le nombre de médecins en burn-out ; c'est-à-
dire de
médecins dont les capacités à soigner correctement les patients faiblissent.
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La garde en médecine
générale n'est plus ce qu'elle était avant, un service rendu entre médecins pour
assurer la continuité des soins à leurs patients mais bien un service public
imposé et dont l'utilité peut être
remise en question et dont la sécurité et le fonctionnement ne sont pas assurés par l'autorité.
Devant la lame de fond issue des généralistes de terrain et la volonté des organisations
professionnelles
dont l'ABSYM s'est faite le relai et le leader, la Ministre a décidé un certain nombre de mesures :
- L'extension du tri des appels dont elle chiffre le coût à 3 millions d'euros, somme dérisoire dans le
budget
des soins de santé.
- L'extension du nombre de postes de garde
qui ne couvrent pas encore l'ensemble du pays, ces postes de
garde ont été financés jusqu'ici à hauteur de 17 millions d'euros ; ce qui ne constitue
pas un budget excessif
même en riode de crise d'autant plus qu'une partie (6
millions) a été financée au dépend de l'indexation
des honoraires et que ces
postes de garde, même quand ils comporte une voiture avec chauffeur,
s'autofinance dans la mesure un moins grand nombre de médecins de garde est
nécessaire ce qui
engendre une économie sur les honoraires de disponibilité et
80% des visites sont transformées en
consultations (au poste de garde). Ces dernières sont de l'ordre de 30% moins chères.
Il serait cependant temps d'aller un pas plus loin et d'organiser une garde sur la base d'un volontariat
et
d'une professionnalisation, c'est-à-dire de confier la garde à des médecins
généralistes qui veulent la faire et
à ceux qui veulent en faire un métier, ne fût-
ce que pendant une partie de leur carrière. C'est parfaitement
organisable à condition de le vouloir et de ne pas exclure de la médecine nérale et de cette
possibilité de
carrière, tous ceux qui ne se conforment pas à une pratique traditionnelle, c'est-à-
dire près de 6.000
médecins (actuellement angoissés sur
leur sort). Il ne faut pas non plus pleurer tous les jours sur la pénurie
et se priver d'une bonne partie des forces vives de la médecine générale.
Dr. Roland Lemye, Président ABSyM
22/11/2013 Source: Communiqué de presse de l'ABSyM
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