© Carhop – Les ouvrière de la FN changent l’histoire - Revue n° 0, décembre 2016 2
hommes est resté relativement stable avec une légère diminution suite à la crise de 2008. Il
s’élevait en 2015 à 71.3 % contre 75.9 % de moyenne européenne [1].
L’augmentation du taux d’emploi des femmes est un défi majeur que notre pays doit relever
s’il veut atteindre (ou approcher) les objectifs fixés par la Stratégie EU 2020 en matière
d’emploi [2]. C’est aussi une condition pour retrouver le chemin de la croissance. Enfin,
renforcer la présence des femmes sur le marché du travail est indispensable pour leur
permettre d’être indépendantes économiquement et ainsi réaliser l’égalité de genre. Cette
augmentation du taux d’emploi des femmes ne peut néanmoins pas se faire à n’importe quel
prix. En effet, certains États membres qui connaissent des taux d’emploi des femmes parmi
les plus élevés de l’Union européenne [3], comptent également les taux d’écart salarial les
plus élevés. C’est le cas de l’Autriche (23 %), de l’Allemagne (21.6 %), du Royaume-Uni
(19.7 %) du Danemark (16.4 %) ou des Pays-Bas (16 %) [4].
Le rapport 2016 de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (IEFH) sur l’écart
salarial montre qu’en Belgique, l’écart salarial ne s’élevait plus, en 2013, qu’à 8 %. Il s’agit
d’un écart salarial calculé sur base horaire. Autrement dit, une femme gagne 8 % de moins
qu’un homme de l’heure. La bonne nouvelle est que cet écart calculé sur base horaire est bien
moins élevé que la moyenne européenne (16.2 %) et qu’il est en constante diminution : il
s’élevait en effet à 17 % en 1999. Plusieurs études font l’analyse que notre système de
négociation des salaires, très centralisé, est un des facteurs qui favorisent un faible écart de
salaire entre hommes et femmes. Mais attention, ce chiffre qui a le mérite de permettre la
comparaison notamment au niveau européen, ne dit pas tout. Il ne prend notamment pas en
compte les avantages extra-légaux. Le rapport de l’Institut montre ainsi que les femmes
bénéficient nettement moins de ces avantages perçus en sus du salaire. C’est le cas par
exemple des pensions complémentaires payées par certains employeurs : les travailleuses ne
seraient que 9 % à en bénéficier contre 12 % des travailleurs. C’est également le cas de
l’indemnité trajet domicile/travail qui serait 14 % moins élevée pour les femmes.
Le temps partiel : principal facteur de l’écart salarial
L’écart salarial calculé sur base horaire ne prend pas non plus en compte l’effet du temps
partiel. Si l’on calcule l’écart salarial sur base annuelle, c’est-à-dire en tenant compte du
travail à temps partiel, il s’élève à 21 %. Le travail à temps partiel, souvent de moindre qualité
que le travail à temps plein, est l’un des principaux facteurs de l’écart salarial. Aujourd’hui,
45 % des travailleuses, soit presqu’une sur deux, sont employées à temps partiel contre
seulement 10 % des travailleurs, soit seulement un sur dix. L’analyse des chiffres nous amène
à la conclusion qu’aujourd’hui, l’écart qui se creuse est davantage celui qui existe entre les
travailleurs à temps plein et les travailleurs à temps partiel, parmi lesquelles les femmes sont
surreprésentées. À titre d’exemple, une femme employée à temps partiel gagne 17 % de
moins qu’une femme employée à temps plein (ETP) et un homme employé à temps partiel
gagne lui 16 % de moins qu’un homme ETP. Par contre l’écart salarial entre un homme et une
femme tous deux employés à temps partiel ne s’élève qu’à 6 %. Au-delà de l’écart salarial, la
question qui se pose est donc celle, plus large, de la qualité des emplois et en particulier des
emplois à temps partiel (contrats précaires, peu de perspectives d’évolution, moins de
formations, ...) et de la surreprésentation des femmes parmi ceux-ci.