les neurosciences a l`universite de liege - Presse

LES NEUROSCIENCES A
L’UNIVERSITE DE LIEGE

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SOMMAIRE
Introduction
Neuroembryogenèse et cellules gliales radiaires
Cellules souches
Régénérer la moelle épinière
Briser le mur du silence
Les bloqueurs de serrures1
Orage éléctrique
Quoi de neuf sous les plumes?
Le poids des images
Les supports de l'apprentissage
Sur les traces de la conscience
Déconnexions cérébrales
La dégénérescence corticobasale
Le puzzle de la mémoire
Contacts

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INTRODUCTION
«L'encéphale de l'homme, écrit Jean-Pierre Changeux(1), le célèbre
neurobiologiste du Collège de France, se présente comme un gigantesque
assemblage de dizaines de milliards de toiles d'araignées neuronales
enchevêtrées les unes aux autres et dans lesquelles crépitent et se propagent
des myriades d'impulsions électriques, prises en relais ici et là par une riche
palette de signaux chimiques.» L'avancée des neurosciences a aboli les
derniers doutes, la pensée s'enracine dans des états d'activité métabolique
d'agrégats de neurones. «L'identité entre états mentaux et états
physiologiques ou physico-chimiques du cerveau s'impose en toute légitimité»,
indique encore Changeux.
Freud lui-même ne disait pas autre chose quand il écrivait: «On doit se
rappeler que toutes nos connaissances psychologiques provisoires doivent être
établies un jour sur le sol des substrats organiques.»
Cette plongée vers le matérialisme ne cautionne pas pour autant l'idée d'un
déterminisme génétique absolu, loin s'en faut. La construction du cerveau
marie genèse et épigenèse. Autrement dit, les gènes définissent la charpente
de l'édifice cérébral sans étendre leur action aux détails de l'organisation du
système. En l'occurrence, ils passent le relais à un mécanisme combinatoire de
nature épigénétique, lequel stabilise des réseaux neuronaux et synaptiques au
gré des expériences de l'individu. En quelque sorte, l'histoire de chacun se
grave dans sa matière cérébrale même.
Mais ce cerveau, que l'on commence à mieux cerner, recèle encore une
multitude d'inconnues relevant de la sphère de ses "mécanismes" intimes, des
fonctions qu'il sous-tend, de la pathologie et de la thérapeutique ou encore de
(1) Jean-Pierre Changeux, L'homme neuronal, Editions Fayard.

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la métaphysique. De nos jours, les neurosciences, en plein essor, ont trouvé
un allié de choix dans l'imagerie médicale. En ouvrant une fenêtre sur le
fonctionnement dynamique du cerveau, elle leur a notamment offert la
possibilité d'établir des liens précis entre états mentaux et états neuraux.
L'Université de Liège a fait des neurosciences une de ses priorités. Dans ses
laboratoires spécialisés, elle développe des recherches de pointe portant sur
des questions aussi essentielles que la conscience, le sommeil, la mémoire, le
comportement sexuel, les troubles moteurs, les apraxies, la surdité, les
affections dégénératives (Parkinson, Alzheimer...), les cellules souches du
système nerveux (SNC), la neuroembryogenèse cérébrale, l'excitabilité
neuronale, le traitement de l'épilepsie et de la sclérose en plaques, la
régénération de la moelle épinière. Ces thèmes de recherche, que nous allons
esquisser à grands traits, ne constituent cependant pas une liste exhaustive;
ils sont des facettes importantes d'un kaléidoscope d'activités.
En vue de favoriser les synergies humaines et matérielles, l'Université a
regroupé, en 1999, plusieurs de ses laboratoires au sein d'un Centre de
recherche en neurobiologie cellulaire et moléculaire (CRNCM), également
appelé Centre Theodor Schwann, du nom du père de la théorie cellulaire(2). Y
travaillent quelque 70 personnes, dont 45 chercheurs environ. Autre grand
pôle: le Centre de recherches du Cyclotron, centre multidisciplinaire
interfacultaire où les techniques d'imagerie médicale, telles la tomographie par
émission de positons et bientôt l'imagerie par résonance magnétique (IRM),
sont mises au service d'une approche plus systémique du fonctionnement
cérébral. D'autres entités, comme le département de neuropsychologie, par
exemple, participent aussi à l'œuvre commune.
(2) Theodor Schwann (1810-1882) fut le premier professeur de physiologie de
l'Université de Liège.

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Les recherches entreprises à ULg sur le système nerveux central bénéficient de
crédits émanant de diverses sources, dont, en particulier, la Fondation
médicale Reine Elisabeth et le FNRS.
NEUROEMBRYOGENESE ET CELLULES GLIALES RADIAIRES
L'heure est venue de distribuer les cartes et de commencer la partie par ce qui
en est le début obligé: la construction du cerveau. Au sein du CRNCM, et plus
précisément de l'équipe dirigée par le professeur Gustave Moonen,
Pierre Leprince, chercheur qualifié au FNRS, s'intéresse à un aspect particulier
de l'embryogenèse cérébrale.
Après avoir été générés dans le neuro-épithélium, les neurones doivent migrer
pour rejoindre leur position au sein des six couches du cortex. Comment
procèdent-ils? Ils "grimpent" le long d'une sorte d'échelle, empruntent la
direction indiquée par des guides: les prolongements d'un type particulier de
cellules nerveuses, les cellules gliales radiaires. Produits au niveau des corps
cellulaires de celles-ci, les neurones se déplacent verticalement en suivant
leurs fibres, qui s'étendent à travers tout le manteau cortical.
Un des sujets de recherche de Pierre Leprince et de ses collaborateurs
concerne le devenir des cellules gliales radiaires au terme de la migration
neuronale. Les unes meurent, d'autres se muent en astrocytes, cellules
nerveuses aux multiples fonctions (élimination des déchets, défense
immunitaire, etc.), mais également en d'autres types cellulaires, y compris des
neurones. D'où cette hypothèse: outre leur rôle de guides, les cellules gliales
radiaires seraient une variété de cellules souches neurales à l'origine des
différents types cellulaires que sont les neurones, les astrocytes et les
oligodendrocytes.