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L’amplification du cycle gel/dégel et la modification du régime des vents et des marées s’ajouteraient à
ces autres facteurs susceptibles de contribuer à l’érosion des falaises meubles et rocheuses (Ouranos,
2004). D’ici une quarantaine d’années, on peut s’attendre à ce que les épisodes de débordement du
fleuve dans des secteurs comme celui de la traverse entre Québec et Lévis soient de plus en plus
fréquents, et ce, toujours en raison de l’augmentation du niveau de la mer (Proulx, 2009). Bien qu’aucune
autre donnée précise ne soit disponible pour la zone d’étude, il est à prévoir que la modification des
zones inondables et des zones d’érosion entrainera une augmentation de l’occurrence de glissements de
terrain.
Ainsi, dans la zone d’étude, la combinaison de la hausse du niveau moyen des océans prévue par les
modèles climatiques et de la baisse anticipée du débit et des niveaux du fleuve dans l’estuaire fluvial sont
susceptibles de provoquer de larges modifications de la dynamique actuelle du Saint-Laurent. Ainsi, ces
deux phénomènes combinés causeraient une augmentation graduelle de la salinité de certains secteurs
du Saint-Laurent et de l’embouchure de ses tributaires où l’eau est actuellement saumâtre ou douce
(Giguère et Gosselin, 2006). En effet, la zone de transition entre l’eau salée et de l’eau douce commence
à l’est de l’île d’Orléans, mais ce front salin pourrait progresser vers l’ouest et compromettre en partie
l’approvisionnement en eau potable de la région métropolitaine de Québec, notamment celles
s’approvisionnant directement au fleuve (Sainte-Foy, Lauzon, par exemple) (Proulx, 2009). Toutefois,
l’ampleur du déplacement du front salin varie selon les études. À cette situation complexe, le niveau
relatif de l’océan sera modulé par les ajustements isostatiques. La croûte terrestre enregistre un
soulèvement dans la partie fluviale du fleuve Saint-Laurent alors qu’elle s’enfonce dans le secteur des
Iles-de-la-Madeleine, partie du Golf du Saint-Laurent (Ouranos 2014).
En effet, selon M. Bourgault, professeur à la Memorial University de St.John à Terre-Neuve, les
modifications du régime d’écoulement du fleuve causées par les changements climatiques pourraient
déplacer le front salin de 15 km à l’ouest, ce qui ne serait pas suffisant pour nuire aux prises d’eau de
Lévis et de Québec (Proulx, 2009). Selon un autre chercheur, M. Lefaivre de Pêches et Océans Canada,
le front salin pourrait remonter de 27 km vers l’ouest, ce qui le situerait à près de 20 km de la prise d’eau
de Lauzon (Proulx, 2009). Toutefois, advenant une situation d’étiage extrême sur le fleuve, le front salin
pourrait vraisemblablement atteindre les prises d’eau de Lévis et de Sainte-Foy, et compromettre
l’approvisionnement en eau potable (Rousseau et autres, 2004). Les changements climatiques sont
susceptibles d’occasionner d’autres impacts sur l’approvisionnement en eau potable dont, notamment, la
détérioration de la qualité de l’eau en certains points d’approvisionnement, la diminution de la capacité de
certaines prises d’eau situées trop près de la surface et la diminution de la recharge des aquifères
(Mailhot et autres, 2008).
HAUSSE DES PRÉCIPITATIONS
La hausse des précipitations engendrée par les changements climatiques pourrait également provoquer
de nombreux bouleversements. En effet, on s'attend à ce que l’augmentation des précipitations varie
selon le temps de l'année et soit plus marquée vers le nord du Québec, sans pour autant représenter des
changements drastiques. En effet, une augmentation de la quantité des précipitations hivernales est
envisageable alors que la quantité des précipitations estivales resterait plutôt stable. La diminution de
l’accumulation de la neige au sol est cohérente avec le raccourcissement de la saison de gel ainsi
qu'avec les redoux hivernaux plus fréquents. Les projections suggèrent une prolongation de la saison
propice aux orages et une augmentation de l'intensité des épisodes de pluie (Ouranos, 2014).
Ces épisodes anticipés de précipitations plus intenses par les modèles climatiques sont susceptibles
d’affecter la qualité de l’eau, notamment en augmentant l’érosion des sols. En effet, le ruissellement lié à
de fortes pluies entrainera le décrochement de matériaux meubles en creusant des ravins et en érodant
les rives. La charge sédimentaire et les matières en suspension augmenteront affectant ainsi davantage
la qualité des eaux et la dynamique sédimentaire (Giguère et Gosselin, 2006). Également, l’accentuation
du ruissellement pourra augmenter le transport de pesticides, de déjections animales et de fertilisants