ÉVÈNEMENT
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la première fois, en Algérie, qu’existe
une machine équipée des moyens
relatifs à la technique Rapidal. On a
pu, donc, traiter nos patients avec des
technologies identiques à celle celles
utilisées aux Etats Unis, ou en Europe.
Léquipe médicale est-elle algérienne ?
Notre équipe médicale est, totalement,
algérienne. Bien-sûr, on a bénéficié de
6 formations, programmées à l’étran-
ger, ainsi que sur site. Par ailleurs, des
experts étrangers sont venus nous
aider à mettre en place ces nouvelles
techniques sophistiquées et actuelle-
ment, nous sommes entièrement indé-
pendants et tout le sta est algérien.
Les rendez-vous, en radiothérapie,
sont-ils obtenus en temps voulu ?
Pour les rendez-vous, on n’est pas sa-
turé. Les malades sont pris en charge
dans la semaine; voire, dix jours. Ils
commencent leur traitement eectif et
ils sont satisfaits.
Quels sont les coûts des traitements
et sont–ils remboursés par la Sécurité
sociale ?
Les coûts s’élèvent à 30; voire, 50
millions de centimes, la cure de deux
mois. Cependant, la CNAS ne joue pas
le jeu et il n’y a pas, encore, de conven-
tion entre nos centres de soins et la Sé-
curité sociale. Alors, les malades bien
qu’assurés sociaux, par ailleurs, payent
de leur propre poche des traitements
forts coûteux et qui, malheureusement,
ne sont pas à la portée de tout citoyen
algérien.
Aussi, à partir de ce forum, organisé à
l’occasion de la Journée mondiale de
lutte contre le cancer, nous lançons
un appel aux autorités, pour penser
à mettre en place une convention.
Comme cela se fait dans d’autres pays;
en Tunisie et au Maroc, par exemple, où
les secteurs privé et public cohabitent,
en l’occurrence et le malade a la lati-
tude de choisir le centre de traitement,
qui lui convient. Ainsi, lorsque la situa-
tion est saturée, au niveau des centres
de soins publics; alors, le malade sera
orienté vers le privé sans aucune di-
culté, puisque les procédures conven-
tionnelles existent. C’est la moindre
des choses
* Dr M.S Bali,
Medical Physicist, au centre privé
anti-cancer ‘’Athena’’,
de Constantine
Propos recueillis par Tanina Ait
Pr Kamel Bouzid*, à Santé Mag:
Santé Mag: Pouvons-nous dire que les
recommandations, que vous ne man-
quez jamais l’occasion d’exprimer, aussi
bien au niveau administratif que médi-
cal, sont prises en charge, dans la mise
en place du plan cancer ?
Pr. K. Bouzid: Oui, ce plan cancer, dont
nous avons demandé sa mise en place,
depuis déjà une vingtaine d’années, voit
son lancement aujourd’hui, puisque les
plus hautes autorités de l’Etat s’y inves-
tissent et ce grâce, notamment, à l’action
coordinatrice, du Professeur Zitouni, des
eorts de tout un chacun. Ce plan a été
présenté au premier Ministre et au pré-
sident de la République. Il a été adopté
et maintenant, il faut l’appliquer. Aupa-
ravant, Il va falloir, nécessairement l’éva-
luer, parce que cela demande beaucoup
d’argent et le budgétiser, pour savoir où
iront les deniers publics; en l’occurrence.
Quels sont les principes de ce plan ?
Les trois grands principes de ce plan
sont:
premièrement, que les algériens at-
teints de cancer soient soignés de la
manière la mieux possible, sur tout le
territoire national;
deuxièmement, qu’ils soient soignés à
proximité de leur domicile;
troisièmement, il faut établir des
consensus, thérapeutiques, dans la prise
en charge.
De ce fait, la première conférence de
consensus aura lieu du 4 au 6 avril, à
Oran et elle réunira tous les acteurs,
impliqués dans la prise en charge des
malades atteints de cancer.
Pensez-vous que c’est le début de la fin
des disparités, en matière de prise en
charge des patients ?
Oui, c’est le début de la fin des disparités
et cela rejoint, donc, les deux principaux
grands axes de ce plan, qui sont: «que
les malades soient soignés de la même
manière possible, partout sur le territoire
national».
On peut, donc, être optimiste, pour une
application rigoureuse de ce plan ?
Oui, je rappelle, encore une fois, que
cela fait 20 ans depuis que nous nous
sommes attelés à ce travail et nous
avons demandé au chef de l’Etat de
s’impliquer, comme l’ont fait ses pairs du
reste du monde; notamment, en France,
aux Etats Unis, au Maroc, en Tunisie ….
On rejoint ces pays et on espère que
les choses iront mieux, dans un délai de
quelques mois; une année maximum.
Ceci est rassurant, pour le moyen et long
terme; mais, que faut-il faire, hic et nunc,
notamment, pour les malades qui n’ar-
rivent pas à obtenir un rendez-vous en
radiothérapie, dans le secteur public ?
Faute d’équipements, les rendez-vous en
radiothérapie sont ridicules. Je pèse mes
mots: donner un rendez-vous à deux ans,
c’est ridicule; il vaut mieux ne pas donner
de rendez-vous.
Pour le moment, nous
sommes, encore, dans la situation d’il y a
5, 6 ans et donner des rendez- vous dans
deux ans, comme c’est le cas à Oran,
c’est au-delà du ridicule; il vaut mieux ne
pas en donner.
Il y a deux structures privées, qui
viennent d’obtenir l’agrément et ont
commencé à exercer: une à Blida et une
autre à Constantine. Le problème de ces
structures privées est que les coûts des
traitements par radiothérapie sont à la
charge, entièrement, des patients, parce
"La CNAS doit nous donner les
raisons du non-remboursement
de la radiothérapie, dans les
centres privés"
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que la Caisse de sécurité sociale ne joue
pas le jeu.
Pour donner une idée, c’est entre
500.000 et 1 million de DA, pour un trai-
tement et l’algérien à revenu moyen ne
peut pas se le permettre. La CNAS ne
veut pas jouer le jeu, alors qu’elle a payé
des prises en charge dans des structures
privées à l’étranger. Je parle, en parti-
culier, en France, sans rechigner, pour
certains et lorsqu’il s’agit de traitement,
tout simplement, en Algérie, elle s’op-
pose - et c’est le comble! - au rembour-
sement des cures et des médicaments,
pour de simples citoyens, sous prétexte
que le cancer se soigne, exclusivement,
dans les hôpitaux; ce qui est faux !
On parle de prévention dans le plan can-
cer. Aussi, que peut assurer une bonne
prévention, quant à l’endiguement d’un
cancer; notamment, du sein ?
Pour le cancer du sein, c’est une préven-
tion secondaire. Il y a d’autres cancers,
qui peuvent se prévenir de manière
primaire. C’est, en particulier, le can-
cer du col de l’utérus, qu’on prévient
facilement, par la vaccination contre le
virus à l’origine de ce cancer, qui est le
HPV et dans le plan cancer, il est prévu
d'introduire et de rendre obligatoire ce
vaccin chez toutes les jeunes filles, entre
11 et 15 ans, avant le premier rapport
sexuel. L’autre aspect de prévention,
c’est la lutte contre le tabac. A cet eet,
des textes de loi ont été promulgués et
l’Algérie a adhéré, en outre, à la conven-
tion internationale pour la lutte contre le
tabac; mais, malheureusement, il y a un
manque de rigueur, quant à leur appli-
cation.
L’autre aspect préventif c’est, égale-
ment, de préserver l’environnement, de
contrôler l’utilisation abusive des pes-
ticides dans l’agriculture, qui sont des
produits chimiques toxiques et cancé-
rigènes…
Par ailleurs, en ce qui concerne le can-
cer du sein, ceci passe par l’examen
clinique de la sage-femme et du méde-
cin généraliste. Cet examen doit être
systématique, comme si l’on prenait sa
tension artérielle. Les seins de toutes
les femmes doivent être surveillés, pour
détecter, éventuellement, un nodule, ou
quelque chose de palpable. Faire, à ce
moment-là, une mammographie et que
la patiente rentre dans le circuit de trai-
tement; car, lorsque le diagnostic se fait
tôt, la femme guérit systématiquement.
En outre, il y a lieu de pratiquer le dépis-
tage, chez les familles à risque, car 10%
des cancers du sein surviennent dans le
terrain génétique. Ainsi, dès que le pre-
mier cas est noté dans la famille, il faut
faire des IRM, parce que la mammogra-
phie, chez les femmes jeunes, n’est pas
assez fiable, pour diagnostiquer, très
tôt, le cancer du sein et le guérir.
Un message ?
Je souhaiterai que lorsqu’on organise
des conférences de ce type et voir
tous les acteurs concernés; en parti-
culier, ceux du ministère du Travail et
de la sécurité sociale, pour qu’ils nous
expliquent les contradictions citées plus
haut et surtout, s’expliquer sur les non-
dits qui circulent; à savoir: «ils ont un
cancer et ils vont mourir; alors, à quoi
bon …»
A cet eet, cela fait, maintenant, 5 ans je
n’ai pas vu les représentants de ces ins-
titutions, dans les réunions de ce genre.
Donc, mon message est: qu’ils viennent
dans nos réunions, pour qu’ils nous
donnent les raisons du non rembourse-
ment des médicaments pour traiter le
cancer, ainsi que la radiothérapie; alors
que, a contrario, l’hémodialyse, la chirur-
gie cardiaque sont remboursées et heu-
reusement, d’ailleurs
* Pr K. Bouzid,
chef du service d’oncologie médicale au
Centre Pierre et Marie Curie (CPMC),
Hôpital Mustapha Bacha - Alger.
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Découverte de la mutation génétique
causant une maladie rétinienne
L'équipe du Dr David Stanek, de l'Institut
de Génétique Moléculaire, de l'Académie
des Sciences, a publié les résultats de ses
recherches sur la rétinite pigmentaire,
une maladie héréditaire de la rétine, qui
peut conduire à la cécité et qui aecte,
environ, une personne sur 4000.
Cette maladie, qui peut être détectée à
partir de l'âge de 10 ans, environ, ne pos-
sède, toujours pas, de traitement ecace,
bien qu'étant relativement courante.
RÉTINE
Nous percevons le monde extérieur,
principalement, à travers nos yeux,
grâce à des cellules photosensibles,
situées sur la rétine. Chez une per-
sonne atteinte de rétinite pigmen-
taire, ces cellules meurent au cours du
temps, jusqu'à disparition complète de
l'acuité visuelle. Les causes de la mala-
die peuvent être diérentes, mais sont,
principalement, dues à la mutation de
certains gènes impliqués dans la vision.
En fonction des gènes endommagés,
la maladie peut, ou non, se déclarer.
La maladie peut être, aussi, due à des
mutations présentes dans les gènes
impliqués dans l'épissage de l'ARN, un
des processus de base de la biologie
cellulaire. Cela représente la seconde
cause de rétinite pigmentaire.
Les chercheurs ont étudié les muta-
tions du gène SNRNP200, qui code
pour la protéine BRR2, jouant un rôle
essentiel dans le processus d'épissage
de l'ARN.
Ils s'attendaient à ce que la protéine
mutée s'intègre mal dans le sys-
tème d'épissage, mais il s'est avéré
au contraire que le mutant s'intégrait
très bien au système, agissant même
de manière plus ecace que la pro-
téine non mutée. Cependant, le mutant
générait en plus des erreurs qui provo-
quaient la mort des cellules photosen-
sible de la rétine.
Selon le Dr Stanek, il reste beaucoup de
travail à eectuer, pour décrire, correc-
tement, les problèmes provoqués par
la protéine BRR2 mutée dans les cel-
lules photosensibles de la rétine. Dans
le but de trouver un traitement ecace
à la rétinite pigmentaire, il est, en eet,
important de comprendre les proces-
sus aectés au niveau moléculaire
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