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1. L’auteur et son oeuvre
1.1 Brève biographie
Fernand Braudel est né en 1902 à Luméville-en-Ornois, un petit village de Lorraine, où il
passe son enfance avant de rejoindre sa famille à Paris en 1909. C’est dans cette ville qu’il
passe et réussit son agrégation d’histoire en 1923 à tout juste vingt-et-un ans. Il enseigne
ensuite pendant treize ans à l’étranger, en Algérie puis à Sao Paolo, avant de rejoindre l’Ecole
pratique des hautes études, en 1937, où il entreprend une thèse sous la direction de Lucien
Febvre. Il soutient sa thèse, intitulée La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque
de Philippe II, en 1947. Elle est publiée en 1949 et est considérée comme sa plus grande
œuvre, représentant une approche de l’histoire par l’espace très novatrice pour l’époque. Entre
temps, Braudel a quitté l’Ecole pratique des hautes études pour prendre la direction des
Annales en 1947 puis du Collège de France en 1949 à la suite de son directeur de thèse. Dans
une optique toujours novatrice et convaincu de l’importance de ne pas cloisonner les sciences
humaines entre elles, Braudel est à l’origine de la création de l’École des Hautes Études en
Sciences Sociales (EHESS), fondée en 1962, qu’il installe dans la Maison des Sciences de
l’Homme, construite grâce aux capitaux de la fondation Rockefeller à Paris. Il publie son
second ouvrage d’importance Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe siècle –
XVIIIe siècle une trentaine d’années après La Méditerranée, en 1967. Il est élu membre de
l’Académie française en 1984, peu avant son décès en 1985. Son dernier ouvrage, L’identité
de la France, qui présente une approche géographique de l’histoire de la France, est publié à
titre posthume en 1985.
Fernand Braudel est considéré comme « le pape de la nouvelle histoire ». Il est l’un des
représentants les plus connus de l’Ecole des Annales dont il dirigea la revue de 1946 à 1968.
Selon Lucien Febvre, l’un des fondateurs de cette école, il s’agit de repenser le travail de
l’historien qui ne doit pas se contenter de raconter la « petite histoire » des évènements
politiques et diplomatiques mais doit croiser ses sources, utiliser l’ensemble des sciences
humaines - sociologie, économie - pour rendre l’histoire vivante :
« Entre l’action et la pensée, il n’est pas de cloison. Il n’est pas de barrière. Il faut que
l’histoire cesse de vous apparaître comme une nécropole endormie, où passent seules
des ombres dépouillées de substance. Il faut que, dans le vieux palais silencieux où elle
: «La dynamique du capitalisme » – Avril 2011