Document complémentaire sur l`immunité innée

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SVT Term S Enseignement spécifique
Claude Lizeaux • Denis Baude
Partie
Pour aller plus loin
4 - Chapitre 1
L’immunité innée,
une invention ancestrale
La réaction inflammatoire,
un exemple de réponse innée
p. 290
Dès la fin du XIXe siècle, on découvre que de nombreuses
espèces animales dont l’Homme possèdent un système
immunitaire reposant sur des cellules spécialisées et des
substances que l’on désignera sous le nom d’anticorps.
On montre alors que cette immunité, maintenant appelée « immunité adaptative », s’acquiert tout au long de la
vie et permet de conserver une mémoire immunitaire des
pathogènes rencontrés. Vers les années 1970, la découverte
des gènes gouvernant la synthèse des anticorps amène à
considérer que cette immunité est restreinte aux vertébrés.
Jusque vers la fin du XXe siècle, les laboratoires de recherche
consacrent l’essentiel de leurs travaux à cette immunité.
Hyalophora cecropia
Ce n’est que vers 1980, à la suite des travaux de Hans Boman et ses collègues à l’Université de Stockholm, que
les immunologistes s’intéressent à l’immunité innée. En effet, elle est pour près de deux millions d’espèces le seul
moyen de défense contre les microorganismes agresseurs.
Boman identifie dans le sang d’un papillon, Hyalophora cecropia, de puissants peptides antimicrobiens. Cette découverte bouscule l’idée largement répandue selon laquelle les insectes ont un système de défense plutôt rudimentaire.
Par la suite, la découverte du récepteur Toll chez la drosophile par Jules Hoffman, puis celle des récepteurs TLR
(Toll like receptor) chez les mammifères par Bruce Beutler permettent de comprendre comment se réalise la détection de l’agent pathogène et le déclenchement de la production d’antimicrobiens (voir page 294). Ces découvertes
révèlent aussi la forte homologie entre les mécanismes chez la drosophile et ceux présents chez les vertébrés dont
l’Homme. D’autres recherches montrent alors que ces peptides existent chez les autres êtres vivants, y compris les
plantes. Les principaux acteurs de l’immunité innée sont aussi présents chez les éponges et les méduses. Ces processus sont donc apparus précocement dans l’évolution du vivant. On peut même émettre l’hypothèse que les bactéries ont produit très tôt des peptides antimicrobiens.
© BORDAS 2012 • SVT T erm S Enseignement spécifique
Les plantes se défendent aussi activement contre les infections. Elles sont dépourvus de cellules mobiles mais la
reconnaissance des pathogènes est effectué par des protéines qui présentent une certaine similitude avec les TLR.
Leur activation conduit à la production de peptides antimicrobiens. Chez les champignons, il existe les « défensines »
qui ressemblent à celles présentes chez les insectes.
La réponse immunitaire innée a cependant évolué. Chez les mammifères, le nombre de récepteurs est supérieur
à celui de la drosophile : à côté des récepteurs TLR membranaires, on trouve des NLR (NOD like receptors) intracytoplasmiques qui reconnaissent les bactéries intracellulaires et des RLR (RIG-1-like receptors) qui identifient les
virus. Les mammifères fabriquent de nombreuses cytokines sécrétées par une variété de cellules qui reconnaissent
l’agent étranger : les cellules dendritiques, les granulocytes mais aussi les cellules tueuses naturelles NK et des lymphocytes T dits « gamma-delta » qui détectent les cellules tumorales.
Ce qui est remarquable, c’est que l’immunité adaptative n’a pas supplanté l’immunité innée : elle s’y est ajoutée.
Des connexions se sont établies entre les deux systèmes conférant au système immunitaire des vertébrés une efficacité particulière.
La similarité des systèmes de défense dans le monde vivant renforce encore l’idée d’une évolution qui a parcouru
l’histoire de notre planète.
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