ORGANISATION DE LA PRODUCTION INFORMATIONS GÉNÉRALES Auteurs : Babiano, Jordi ; Isern, Xavier Catégorie : Travail, Commerce, Structure économique Tags : Andorre, Catalogne, Catalogne Nord, Clusters, Entreprise, Euram, PME, Secteurs émergents INTRODUCTION Cette partie porte sur l’analyse économique interne de l’Euram, notamment son modèle industriel et la typologie des entreprises. Il permet de conclure qu’il existe un modèle dynamique, compétitif et solide, reposant sur les PME, qui mise gros sur le secteur de l’innovation technologique, des TIC et de la R&D. ORGANISATION DE LA PRODUCTION 1. Typologie des entreprises et modèle industriel La structure industrielle de l’espace catalan transfrontalier repose sur un ensemble de PME - environ un million d’entreprises - qui appartiennent à ce qui pourrait être nommé la « production traditionnelle ». Le niveau de diversification est élevé et les produits élaborés sont de nature très différente. Le petit volume de ces entreprises, dont la production est peu sophistiquée mais à forte efficience, rend essentielle la concentration des efforts pour trouver les synergies permettant de réaliser des négociations collectives, tant au niveau des fournisseurs qu’au niveau de la distribution, de l’investissement en innovation et en R&D, etc. Dans la principauté d’Andorre et en Catalogne Nord, l’industrie est moins variée qu’en Catalogne. Il faut ajouter que la structure de la production en Catalogne permet d’intégrer plus rapidement les changements que dans les deux autres régions. Parmi les caractéristiques générales de la structure productive, citons une production peu sophistiquée et atomisée, des processus de production automatisés et une faible spécialisation dans certains secteurs où il n’existe pas de nette division du travail. Toutes ces caractéristiques font que la production d’un grand nombre d’entreprises participe à un marché à technologie moyenne-basse, dominé au niveau mondial par des pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Pakistan. La forte concurrence que représentent les produits en provenance de ces pays rend nécessaire le changement de stratégie concurrentielle des entreprises ; elles devraient se tourner vers la différentiation de produit (par la qualité et le design) et l’amélioration de la distribution, et tenter de se positionner sur les 1 segments du marché qui apportent une plus grande valeur ajoutée. Il existe néanmoins des secteurs de spécialisation industrielle qui, dans une certaine mesure, parviennent à surmonter ces faiblesses : il s’agit des clusters industriels ou pôles de compétitivité, c’est-à-dire des regroupements géographiques d’entreprises et d’organismes travaillant dans le même secteur d’activité. Ils deviennent alors une alternative permettant de concurrencer efficacement les multinationales. Une autre question importante porte sur l’évolution et la réponse du tissu entrepreneurial de l’Euram dans le contexte de la crise actuelle marqué par la hausse de l’euro, les forts taux d’intérêt, le coût élevé des matières premières, le durcissement de la concurrence internationale et la faiblesse de la demande intérieure. Ces facteurs provoquent une augmentation des dépenses liées au travail, à l’énergie et aux frais financiers des 2 entreprises. 1 Casas, J.B; Crespo, P. Euram: Centre o perifèria? Una perspectiva econòmica. Valence : Tres i Quatre ; Institut d’Économie et d'Entreprise Ignasi Villalonga, 2009. 2 Amat, Oriol; Crespo, Patrícia [coord.]. Llibre blanc de les empreses de l’Euram, Euroregió de l’Arc Mediterrani. Valence : Tres i Quatre ; Institut d’Économie et d'Entreprise Ignasi Villalonga, 2006 2 Tableau de la typologie des entreprises en fonction de leur nature juridique Source : Tomás Guajardo. Ecobachillerato.com 2. Modèle industriel : clusters Selon la définition de Porter (1990), les clusters sont des regroupements géographiques d’entreprises et d’organismes de la même branche d’activité qui deviennent par ce biais, une alternative efficace pour concurrencer les multinationales et les entreprises intégrées 3 verticalement. Cela s’explique par le fait qu’elles ont la capacité de créer des synergies et des effets externes positifs, car elles rendent possible l’utilisation de fournisseurs communs et donnent naissance à un flux d’informations et de connaissances entièrement utilisables par les entreprises. Il s’agit d’une situation dans laquelle la concentration d’entreprises similaires dans un même lieu, ne représente pas une menace mais plutôt une émulation de la concurrence des entreprises. La présence à un même endroit des industries participant à toutes les étapes de la production d’un produit (fournisseurs, fabricants, clients) ainsi que la présence d’organismes (instituts technologiques, universités, etc.) et d’associations (associations de fabricants, d’exportateurs, etc.) donnent naissance à une dynamique de système qui améliore la compétitivité des entreprises implantées et dépasse largement celles des entreprises de ces secteurs, isolées et installées en dehors 4 de ces agglomérats. 3 Observatoire statistique. IIVEE 4 Casas, J.B; Crespo, P. Euram: Centre o perifèria? Una perspectiva econòmica. Valence : Tres i Quatre ; Institut d’Économie et d'Entreprise Ignasi Villalonga, 2009. 3 Ces phénomènes de regroupement d’entreprises se produisent également dans l’Euram, à grande échelle et dans des secteurs aussi divers que celui de l’électronique ou celui du marbre. Ils constituent l’un des piliers de leur compétitivité. Source : European Cluster Observatory La meilleure compétitivité des clusters s’explique clairement : la présence d’un nombre élevé d’entreprises favorise la concurrence et la rivalité ; le flux d’information entre les entreprises encourage l’innovation et la diffusion des dernières avancées en matière de méthodes et de produits ; la présence d’une main d’œuvre qualifiée dans le pôle réduit les coûts de formation et de recrutement ; le soutien des organismes contribue à une meilleure exploitation des ressources des entreprises et facilite les tâches qui pourraient être difficilement réalisées en interne, telles que l’aide en matière de R&D et d’innovation. Cela favorise certains services de base comme la certification de produits et la disponibilité - par le biais des universités - de personnel formé et qualifié dans les procédés industriels à forte valeur ajoutée ; la proximité des fournisseurs facilite les relations et, par là même, les processus d'information et de collaboration, et permet aussi de réduire les coûts logistiques ; la présence de canaux de commercialisation et de distribution améliore les canaux d'information sur les tendances du marché, favorise les contacts commerciaux et réduits les dépenses de marketing. Tous ces atouts – entre autres – donnent une grande efficacité au modèle productif et représentent en même temps une partie très importante du tissu industriel, en contribuant très positivement à l’emploi de la zone d’étude. En conséquence, le résultat de l’intégration de tout ce qui a été décrit, est un système de relations qui améliore la compétitivité des entreprises et de leurs secteurs. Par ailleurs, la présence de la plupart, voire de toutes les entreprises nécessaires à la fabrication du produit, fait que l’ensemble des entreprises fonctionne comme s’il s’agissait d’une seule entreprise totalement intégrée, grâce à des relations informelles, tacites, qui permettent aux PME de fonctionner comme des maillons nécessaires à l’ensemble du processus. Ceci, associé à l’atomisation et à la forte concurrence de chaque processus, donne au système une grande flexibilité et un caractère compétitif. 4 Carte des clusters de Catalogne Source : Acc1ó Caractéristiques principales des clusters industriels de Catalogne Cluster Électronique grand public et professionn elle Bonneterie Maresme Bonneterie Igualada Industrie Compéti tivité Élevée Moyenn e-basse Moyenn e Élevée Nécessité de changement stratégique Problèmes principaux 5 Derniers changements stratégiques Performance (situation) Pour les éléments situés en fin de chaîne de valeur (canaux de commercialisation, conception et marketing), même s’il dépend du segment de l’électronique grand public, il est essentiel et contribue fortement à la R&D et à l’innovation du secteur, malgré le poids essentiel des décisions de multinationales Réfléchir à la diversification vers un segment technique ou confection haut de gamme. Possibilité d’intervenir comme distributeurs et de délocaliser - Concurrence asiatique ; recherche de segments à plus forte valeur ajoutée - Nécessité de collaboration - Spécialisation dans produits et/ou zones géographiques - Délocalisation, en réponse aux exigences des grandes marques d’électronique grand public - Efficience : en baisse mais reste élevée - Efficacité : stable - Résultats : instables, mais en légère hausse - Structure : nécessite une meilleure gestion sur le court terme - Manque de sophistication de l’activité ; recherche de segments à plus forte valeur ajoutée - Nécessité de collaboration - Concentration de la distribution - Concurrence asiatique - Manque de formation - Importation et commercialisation de certains produits - Efficience : au point mort - Efficacité : au point mort - Résultats : en hausse - Structure : nécessite une meilleure gestion sur le court terme Pour les éléments situés en fin de chaîne de valeur (canaux de commercialisation, conception et marketing). Réfléchir également à un changement de segment et concentration dans le prêtà-porter - Concentration de la distribution - Forte concurrence de la Chine - Manque de sophistication de l’activité - Centrés sur la production, faible culture de la commercialisation - Orientation vers le prêt-àporter Pour les éléments en fin de chaîne de valeur (canaux de - Concentration de la distribution - Intégrations verticales - Efficience : en légère baisse 5 Casas, J.B.; Crespo, P. Euram: Centre o perifèria? Una perspectiva econòmica. Valence : Tres i Quatre ; Institut d’Économie et d'Entreprise Ignasi Villalonga, 2009. 5 de la viande Cuir Machines agricoles Bijouterie Meuble Édition et arts graphiques Chimie commercialisation et marketing). Réfléchir à la spécialisation dans certains produits et en commercialiser d’autres. Plus forte présence et place plus importante dans la commercialisation. Investissements en R&D dans de nouveaux segments. Développement de la collaboration dans des segments plus sophistiqués où dominent les propriétés diététiques, de santé et étiquetage très détaillé - Centrés sur la production et faible culture de la commercialisation pour les entreprises de petite taille - Ne participent pas à la distribution chez les détaillants spécialisés - Actions communes pour participer plus activement à la distribution - Changement vers des produits light - Diversification dans d’autres produits contenant de la viande (pizzas, etc.) - Efficacité : en légère baisse - Résultats : au point mort - Structure : Aides en cours, mais nécessite plus de soutien Pour les éléments situés en fin de chaîne de valeur (canaux de commercialisation, conception et marketing). Désintégration verticale ; changer de segments. Mettre en œuvre des actions communes - Concentration de la distribution - Concurrence asiatique très forte - Manque de sophistication de l’activité - Mentalité traditionnelle et faible collaboration - Restrictions environnementales Commercialisatio n de produits importés - Délocalisation à l’Est - Diversification de produits - Efficience : très préoccupante - Efficacité : forte baisse - Structure : nécessite une meilleure gestion sur le court terme Changer de segment, vers l’agriculture et les loisirs. Commercialiser d’autres produits et se diversifier vers d’autres secteurs liés - Manque d’institutions - Concurrence européenne - Mentalité traditionnelle - Actions communes Commercialisatio n de produits d’autres fabricants internationaux - Diversification vers d’autres produits métalliques et mécaniques - Efficience : au point mort - Efficacité : stable - Résultats : en hausse très lente - Structure : En cours d’ajustement Moyenn e Adaptation de la commercialisation afin de répondre à d’autres segments. Aucun problème de concurrence extérieure, mais il convient de mettre l’accent sur la qualité afin d’éviter l’entrée de grands groupes européens. Automatiser et changer de mentalité, en incorporant plus de design - Il conviendrait d’entrer dans une politique de marques en mettant l’accent sur le design - Automatisation et changement vers une culture d’efficience opérationnelle - Intégrations dans le commerce de détail - Politiques de marque - Importations de produits - Efficience : élevée et en hausse - Efficacité : stabilisée - Résultats : en forte hausse - Structure : nécessite une meilleure gestion sur le court terme Moyenn e Pour les éléments situés en fin de chaîne de valeur (canaux de commercialisation, conception et marketing). Désintégration verticale ; changer de segments. Plus d’actions communes et soutenir les institutions et l’industrie annexe - Manque d’institutions - Concurrence asiatique - Mentalité traditionnelle - Actions communes rares - Faible sophistication de l’activité et concurrence des prix - Désintégration verticale - Actions communes - Intégration de plus de design - Efficience : élevée et en forte hausse - Efficacité : au point mort Résultats : en hausse - Structure : nécessite une meilleure gestion sur le court terme Moyenn e Sophistication du produit, plus d’interaction entre les distributeurs, rééducation du public ciblé - Actions communes - Quelques accords de distribution - Efficience : très préoccupante - Efficacité : en baisse - Résultats : inquiétants - Structure : en cours d’ajustement Élevée Poursuivre les efforts de R&D - Concentration de la distribution - Absence de marché sophistiqué et faible demande - Faible soutien institutionnel - Relations avec l’environnement - Secteur stable - Cluster assez - Efficience : préoccupante Moyenn e-basse Faible (pour les fabrican ts) 6 - Taille Secteur vitivinicole Élevée Il reste à participer à des segments haut de gamme grâce à des politiques plus sophistiquées de marketing et de commercialisation - Absence de marketing sophistiqué - Améliorer les politiques de distribution complet et avec de très bonnes contributions en matière de R&D et d’innovation - Améliorations du marketing - Efficacité : en baisse - Résultats : au point mort - Structure : équilibrée et bien gérée - Efficience : bonne - Efficacité : au point mort - Résultats : en hausse - Structure : très conservatrice mais avec une tendance à l’amélioration L’importance du modèle productif reposant sur les clusters est évidente si l’on observe la typologie industrielle de l’Euram. Environ 94 % de ses entreprises - un pourcentage qui se retrouve dans chaque région - ne dépasse pas les dix salariés. Il semble évident que seul un système intégré, dans le sens où cela a été défini dans la présentation des clusters, peut permettre qu’une économie reposant sur la typologie industrielle décrite soit ouverte, fortement exportatrice et donc, compétitive et devienne le premier centre économique du pays avec l’ambition de participer à l’Europe de pointe. L’importance de l’axe méditerranéen apparaît également évidente à la simple observation du poids des principaux secteurs industriels dans son économie par rapport à l’Espagne. Il est indiscutable que le corridor méditerranéen, de la Catalogne et du Pays valencien, est de loin, le grand pôle de développement de l’Espagne. Presque aucun grand secteur de l’économie espagnole n’a le poids significatif de l’Euram. La simple observation des données devrait conduire, grâce à une analyse économique rationnelle, à la définition de politiques, notamment en matière d’infrastructures destinées à le développer et à en faciliter le rôle de grand moteur économique du pays, pour le placer au niveau des grandes aires économiques européennes. Source : Casas, J.B; Crespo, P. Euram: Centre o perifèria? Una perspectiva econòmica. 7 3. Secteurs émergents Les secteurs émergents sont ceux qui ont la capacité de créer plus d’emploi. Ce sont eux qui se développent actuellement dans notre environnement économique et social. En règle générale, ils sont novateurs pour le marché et croissent à un rythme supérieur aux autres. Il s’agit donc de secteurs à fort potentiel qui nécessitent de la créativité et d’importants efforts afin d’offrir des perspectives d’emploi et débouchés commerciaux. Les principaux secteurs émergents sont actuellement : nouvelles technologies de l’information, R&D, services à la personne (service à l’enfance et au troisième âge et services à domicile). La Generalitat de Catalogne met en œuvre le plan de recherche et 6 d’innovation de Catalogne 2010-2013 , dans le but d’en faire l’une des communautés autonomes pionnières en matière de recherche et d’innovation. Ce plan de recherche et d’innovation répondra aux demandes de l’industrie, des entreprises des secteurs émergents et de l’administration et de ses services. Les stratégies de développement de la compétitivité en Catalogne et dans la région de Barcelone interviennent dans un environnement de durcissement de la concurrence au niveau mondial et de changement du modèle productif au niveau local. C’est dans ce 7 contexte qu’apparaissent des lignes d’intervention distinctes : Maintenir l’IED (Investissement Étranger Direct) traditionnel dans les secteurs matures, en misant sur les activités à valeur ajoutée et à fort savoir. Capter et consolider l’IED émergent dans les secteurs de la nouvelle économie et de l’entrepreunariat 4. Recherche et transfert technologique Le nouvel environnement économique, caractérisé par la tendance au changement et au processus de mondialisation, fait de la recherche, du développement technologique (R&D) et de l’innovation, tant sur le plan national que sur le plan régional, des instruments qui contribuent le plus à la consolidation de la compétitivité d’une économie à long terme. Il est donc essentiel de poursuivre les efforts dans les activités d’innovation et de R&D des 8 entreprises privées, avec la collaboration des administrations publiques et de l’université. La Catalogne et la région de Barcelone disposent d’un tissu d’entreprises de secteurs matures qui investit dans la R&D et l’innovation, la technologie et la logistique. Ces secteurs sont la base de l’attrait et de la consolidation de l’IED des secteurs émergents tels que la biotechnologie, les énergies renouvelables ou les TIC. 6 Plan de recherche et d'innovation de Catalogne 2010 - 13 <http://www10.gencat.net/pricatalunya/recursos/pri_2010_13_cat.pdf 7 La Inversió Estrangera a l’Àrea de Barcelona i Catalunya. Municipalité de Barcelone 8 Casas, J.B ; Crespo, P. Euram: Centre o perifèria? Una perspectiva econòmica. Institut d’Économie et d'Entreprise Ignasi Villalonga. Edicions 3 i 4. 2009. 8 La Catalogne fournit près d’1 % de la production scientifique mondiale (comme la Finlande et l’Écosse), 2,5 % de l’UE-15 et plus de 25 % de l’Espagne. Le nombre d’entreprises innovantes, entre 2005 et 2007, s’élevait à 10 470, sachant qu’il représentait 27,4 % du total des entreprises. L’un des facteurs négatifs pour l’Euram réside dans le fait que la plupart des entreprises sont de petite taille (PME) et ne peuvent pas faire face aux coûts de l’innovation et de la R&D. Consciente de cela, l’Union européenne, lors du sommet de Lisbonne, s’est fixée comme objectif qu’en 2010, 3 % du produit intérieur brut soit consacré à la R&D et à l’innovation. Malgré cet objectif, la situation dans les différents pays-membres était très différente en 2004. D’un côté, des pays comme la Suède (3,7 %), la Finlande (3,5 %) et l’Islande (3,0 %) dépassent l’objectif en question mais également la moyenne de l’UE (1,9 % du PIB). D’autres pays comme la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni dépensent entre 1,5 % et 2,5 % de leur PIB, ce qui les situe autour de la moyenne de l’UE. Enfin, les pays dits de faible intensité - l’Italie, le Portugal, la Grèce et l’Espagne consacrent autour d’1 % de leur PIB à la R&D et à l’innovation ; ils devront donc consacrer 9 de plus grands efforts pour rejoindre l’engagement de l’UE. Il est possible d’affirmer que les entreprises qui centrent leur activité sur l’économie du savoir, ont fait un effort important d’accumulation de capital grâce à un investissement continu au cours des dernières années. Celui-ci s’est de plus en plus matérialisé par des applications plus spécifiques à caractère intangible, un moyen d’améliorer la productivité et la compétitivité des entreprises. Le pari sur l’avenir lancé par les entreprises de l’Euram doit se concrétiser par le développement de la capacité d’innovation, en s’appuyant sur le progrès technologique et intégrant le savoir au développement de leur activité. Un processus d’innovation qui ne se cantonne pas exclusivement à des projets formels de recherche et développement portant directement sur les produits et les méthodes – projets qui définissent l’innovation technologique-, mais qui doit être envisagé dans un sens plus large et intégrer des améliorations de la stratégie et de l’organisation de 10 l’entreprise . Par ailleurs, la mondialisation, les délocalisations et le dynamisme croissant de certains pays d’Europe de l’Est, de la Chine, de l’Inde et d’autres pays en voie de développement, laissent à penser que l’avenir proche sera bien différent. 5. Pépinières d’entreprises Les pépinières d’entreprises sont des espaces destinés aux entrepreneurs qui souhaitent lancer leur propre activité dans un environnement favorable à son développement et à sa consolidation. L’objectif est de faciliter le début de l’activité de l’entreprise grâce à un ensemble de services annexes (formation, conseil et accompagnement), à des tarifs plus avantageux que ceux du marché. En règle générale, elles proposent les services suivants : Espaces modulaires pour s’installer et services technologiques de pointe Services logistiques et administratifs partagés (standard téléphonique, service photocopie, comptabilité...) 9 Observatoire statistique de l'IIVEE Amat, Oriol ;Crespo, Patrícia [coord.]. Llibre blanc de les empreses de l’Euram, Euroregió de l’Arc Mediterrani. Valence : Tres i Quatre ; Institut d’Économie et d'Entreprise Ignasi Villalonga, 2006 10 9 Assistance par du personnel expert en création d’entreprises (accompagnement, plan de consolidation, recherche de financement, formation...) Services d’information télématiques Réseau de chefs d’entreprise Ces équipements augmentent les possibilités de survie du projet d’entreprise et ils ne sont donc disponibles que les premières années suivants le lancement. Au terme du délai maximal fixé, qui est en général de 2 ou 3 ans, le chef d’entreprise devra chercher un nouvel endroit pour son activité. 11 En Andorre, la pépinière d’entreprises du Comú d’Encamp offre conseil et formation sur les questions économiques et financières, commerciales, fiscales et comptables ainsi que celles liées au droit du travail. Parmi les tâches d’accompagnement des créateurs d’entreprise, citons l’élaboration et le suivi d’un business plan adapté à chaque type de projet. En Catalogne Nord, c’est la Maison de l’Emploi de Perpignan qui sert d’incubateur aux 12 nouvelles entreprises de la région. 13 Depuis quelques années, le ministère régional du Travail , avec la collaboration de nombreuses municipalités met en place des expériences de pépinières d’entreprises en Catalogne. Les communes suivantes en sont dotées : Barcelone : Barcelonès, Barberà del Vallès, Castellar del Vallès, Cornellà de Llobregat, Igualada, Les Franqueses del Vallès, Manlleu, Mataró, Rubí, Sabadell, Sant Boi de Llobregat, Sant Joan Despí, Sant Joan de Vilatorrada, Santa Coloma de Gramanet, Terrassa, Torelló, Vic, Viladecans, Vilafranca del Penedès. Girona : Banyoles, Les Preses, Ripoll. Lleida : Lleida (ville), Les Borges Blanques Tarragone : Tarragona (ville), Baix Ebre, Reus, Valls, Vandellós et Hospitalet de l’Infant. 6. Analyse par zone géographique Analyse par zone géographique : Andorre La principauté d’Andorre, en tant que pôle de développement économique et social consolidé, redistribue largement ses richesses vers les régions voisines de l’Espagne et de 11 12 www.encamp.ad http://www.info- entrepriseslr.fr/toutes_les_actus/un_incubateur_social_en_languedoc_roussillon 13 www.gencat.cat/treball 10 la France. Parmi les mécanismes économiques de redistribution, vers ces pays, des revenus dégagés en Andorre, citons : le bâtiment (qui importe la plupart des matériaux utilisés), la consommation directe des Andorrans vivant hors d’Andorre, les achats d’électricité aux pays voisins, les étudiants andorrans à l’étranger, l’investissement direct des Andorrans hors d’Andorre, les envois d’argent des immigrants, les résidences secondaires d’Andorrans à l’étranger, la participation des visiteurs à la consommation des biens publics de l’Andorre et les travailleurs frontaliers. De plus, il existe d’autres canaux de redistribution, comme les dépenses de représentation de la principauté d’Andorre, la consommation de services d’entreprises étrangères, la rétribution de rendements du capital découlant de la participation d’entreprises étrangères à des entreprises andorranes, les primes d’assurances versées aux entreprises étrangères, les dépenses liées à l’entretien de biens immobiliers à l’étranger appartenant à des particuliers ou à des entreprises d’Andorre, dépenses au titre de services 14 touristiques et de télécommunications, etc. Source. Chambre de commerce, de l’industrie et des services d’Andorre 14 Andorra Bàsica (2008) Chambre de commerce, d'industrie et de services d'Andorre 11 Analyse par zone géographique : Catalogne Nord La plupart des entreprises installées dans les Pyrénées-Orientales se situent à Perpignan et dans son agglomération. Le marché du travail de Perpignan réunit 70 % des emplois industriels du département. Du fait de la situation frontalière, l’activité logistique et de transport se développe dans la zone de Grand Saint-Charles (800 entreprises et 7 000 15 emplois directs et indirects) , et le Pôle de compétitivité DERBI (Développement des 16 Énergies Renouvelables dans le Bâtiment et l’Industrie) . Les hypermarchés, les administrations, le secteur public et privé, EDF-France Telecom et enfin le secteur bancaire (Crédit Agricole) sont les entreprises qui concentrent le plus d’emplois du côté nord, dans l’agglomération de Perpignan. En dehors de la zone d’influence de Perpignan, les emplois sont répartis par spécialisation entre les petites villes. La zone de Céret concentre par exemple, les services du secteur public, ainsi que quelques industries (bouchons et papier à cigarettes) et profite du tourisme. Le secteur de Thuir quant à lui constitue le centre d’une microrégion industrielle entre la plaine du Roussillon et l’arrière-pays des Pyrénées-Orientales. Les centres de Cerbère, du Boulou (distriport) et de Port-Vendres (port maritime) donnent à cette région, un ancrage industriel au niveau international. Source : Livre blanc de l’Eurodistrict, pour un futur transfrontalier 17 En 2006, en Languedoc-Roussillon , 18 000 entreprises ont été créées, 2 % de plus qu’en 2005. 65 % d’entre elles étaient des créations pures, 24 % des reprises et 11 % des relances. La concentration la plus importante se situe dans le secteur des services qui représente 48 %, suivi du commerce (26 %), le bâtiment (19 %) et enfin l’industrie avec 6 %. Malgré ses chiffres, la grande différence par rapport aux autres régions de l’Euram réside dans le fait que le dynamisme le plus important de création d’entreprises est enregistré dans le secteur industriel, qui a augmenté de 5,4 % en données interannuelles, 15 Le pôle économique Saint-Charles à Perpignan. Études économiques. Chambre de Commerce et d'Industrie de Perpignan et des Pyrénées – Orientales 16 http://www.pole-derbi.com/ 17 Observatoire statistique. Institut d’Économie et d'Entreprise Ignasi Villalonga 12 devant les 3,3 % des services, ou la baisse d’1 % de la création d’entreprises exerçant une activité commerciale. En ce qui concerne la disparition des entreprises (2 190), 38 % d’entre elles étaient des entreprises du secteur des services, devant les 8 % des entreprises industrielles. Il est intéressant de signaler que le nombre de fermetures dans le Languedoc a diminué de 1,4 % par rapport à 2005, chiffre auquel a contribué la baisse des disparitions des 18 entreprises du secteur industriel (-13 %). Analyse par zone géographique : Catalogne En Catalogne, ce qui frappe, c’est une diversification territoriale plus importante quant à la localisation des entreprises. Pour les activités industrielles, on peut observer, comme résultante de l’amélioration du niveau de vie, un déplacement des activités primaires vers d’autres secteurs. Ainsi, le nombre d’exploitations et l’emploi ont diminué dans le secteur de l’agriculture, l’élevage et la pêche, même si cela a conduit à une augmentation de la productivité et de la valeur ajoutée de ce secteur du fait de la plus grande mécanisation et modernisation. Ces données donnent une idée de la spécialisation industrielle qui caractérise le territoire. Cependant, il existe des secteurs de spécialisation dans plusieurs régions, les fameux « clusters industriels ». En Catalogne, l’industrie est dominée par la métallurgie et la fabrication de produits métalliques (20 %), par le textile et la confection puis par l’industrie du papier et l’édition. 18 Observatoire statistique. Institut d’Économie et d'Entreprise Ignasi Villalonga 13 Distribution de l’industrie en Catalogne par secteur et par nombre d’établissements. 2006 Source. Observatoire statistique. IIVEE 7. Bibliographie Amat, Oriol ; Crespo, Patrícia [coord.]. Llibre blanc de les empreses de l’Euram, Euroregió de l’Arc Mediterrani. Valence : Tres i Quatre ; Institut d’Économie et d’Entreprise Ignasi Villalonga, 2006 Blanc Altemir, A.La cooperación transfronteriza en Europa: especial referencia al marco pirenaico, Revista CIDOB d’Afers internacionals, nº 17 (pp. 37-54), 1989 Boira, J. V., Euram 2010, la via europea. Edicions 3i4. Valence, 2002. Caparrós, P., Isern. X. (coord.) Llibre Blanc de les Infraestructures de l’Euram. Valence : Tres i Quatre ; Institut d’Économie et d’Entreprise Ignasi Villalonga, 2010 Casas, J.B ; Crespo, P. Euram: Centre o perifèria? Una perspectiva econòmica. Valence : Tres i Quatre ; Institut d’Économie et d’Entreprise Ignasi Villalonga, 2009. 14 Castells, M., La ciutat informacional. Alianza Editorial. Madrid, 1995. Lladós, J. (coord.) (2003) Les comarques gironines davant del repte de la nova economia global. Chambre de commerce de Girona. Llano, C. i Esteban, A., El comercio inter-regional en España.Análisis de la base de datos Cintereg sobre comercio de bienes (1996-2006). CEPREDE – Intereg. 2008. Ninyoles, R., El País Valencià a l’eix Mediterrani. L’Eixam Edicions. Valence, 1992. Université de Girona (2008). Llibre Blanc de l’Eurodistricte, per a un futur transfronterer Tremosa, R., Catalunya serà logística o no serà. Edicions 3i4. Valence, 2007. 8. Liens Accord stratégique pour l’internationalisation, la qualité de l’emploi et la compétitivité de l’économie catalane (2008 – 2011) <www.acordestrategic.cat> Andorra Desenvolupament i Inversió (ADI) <www.adi.ad> Chambre de commerce, de l’industrie et des services d’Andorre <www.ccis.ad> Conferedació Empresarial Andorrana (CED) <www.cea.ad> European Cluster Observatory <www.clusterobservatory.eu> Generalitat de Catalogne. Agence pour l’Emploi.<www.oficinadetreball.cat> Acc1ó. Generalitat de Catalogne <www.acc10.cat> Plan de recherche et d’innovation de Catalogne 2005-08 < www10.gencat.net/pricatalunya/recursos/PRI-llarg-CAT-2005-06-06.pdf> Les pôles de compétitivité. Gouvernement français <http://competitivite.gouv.fr> Atelier d’entrepreneurs. Gouvernement d’Andorre <www.emprenedors.ad> Maison de l’emploi de Perpignan <www.mde-perpignan.fr> 9. Glossaire ENTREPRISE : plus petite combinaison d’unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d’une certaine autonomie de décision, notamment pour l’affectation de ses ressources courantes. Une entreprise exerce une ou plusieurs activités dans un ou plusieurs endroits. Une entreprise peut correspondre à une seule unité légale. (Eurostat) CLUSTERS : il s’agit de regroupements géographiques d’entreprises et d’établissements d’un même secteur d’activité. Ils sont devenus une alternative pour concurrencer efficacement les multinationales et les entreprises intégrées verticalement. La raison en est qu’ils ont la capacité de créer des synergies et des effets externes positifs, car ils peuvent utiliser des fournisseurs communs et donner naissance à un flux d’informations et de connaissances totalement utilisables par les entreprises. Il s’agit d’une situation dans laquelle la concentration en un même lieu, d’entreprises similaires ne constitue pas une menace mais plutôt une émulation de la concurrence des entreprises (Porter, 1990). 15