15h15 – 16h15
Table ronde, modérateur Didier BINDER,
directeur de l’U.M.R CEPAM
Intervention 1, Jean François BERGER
La gestion du risque « incendie » par les sociétés agro-pastorales du
passé peut-elle nous apporter des éléments de réexion pour mieux
gérer la situation actuelle et prévoir la dynamique des écosystèmes forestiers ?
Leclimatexerceunfortcontrôlesurlerégimedesfeux,horsemprisehumaine,commelesétudespa-
léoécologiquessurlecontinentnordaméricainoulesétudessurl’Holocèneancien-moyendel’Europel’ont
récemmentrévélées.Danslalongueduréedenotreinterglaciaire,lesincendiessontunphénomènerécur-
rent,voirecyclique.Leréchauffementclimatiquerécentinduit-iluneaugmentationdurisquededéclenche-
mentdefeuxdegrandeampleurcommeceuxquiontmarquécesdernièresannéeslebassinméditerranéen?
Les études paléoenvironnementales développées dans le Sud Est de la France ont récemment pris
en compte les particules charbonneuses diluées dans les sédiments continentaux ou littoraux. Elles per-
mettenttoutd’abordd’obtenirunechronologieabsolue,fondéesurlaméthode duradiocarbone,etsecon-
dairement de restituer une histoire du feu. Les principales séquences d’incendie présentent des pics syn-
chronesd’unerégionàuneautre qui conrmequecesévènementsécologiquesse produisent aucoursde
périodes bien précises où les conditions sont requises pour le développement de feux de très grandes ex-
tensions,dontlesrésidussontalorstransportésetpiégésdansunegrandediversitésd’environnementssé-
dimentaires qu’il nous est possible d’étudier (lacs, tourbières, pieds de versant, plaine alluviale, cônes
détritiques, lagunes, deltas…).A l’échelle locale, voir stationnelle, le développement de marqueurs pédo-
logiquestelslesrhizo-concrétionscarbonatéesconrmentquelesincendiescoïncidentaucoursdel’Holo-
cèneancienavecdesépisodesd’évaporation, d’accroissement de l’évapo-transpirationetdefréquentsbas
étiagesdanslesplainesalluviales.Lacomparaisondespériodesd’incendieaveclesprincipauxmarqueurs
du climat en Europe occidentale et centrale (lacs, glaciers) conrme que le régime des feux s’intensie
lorsqueleclimatestplussec,etsansdoutepluschaud.Deplusellescorrespondentpresqu’exclusivement
aux périodes où le rôle du soleil sur la production de radiocarbone dans l’atmosphère est prédominante,
ce qui pourrait attribuer un rôle moteur aux cycles solaires dans le déclenchement des principaux feux.
L’ouverture de la forêt, sous contrôle naturel, apparaît d’ailleurs une opportunité majeure pour les
premièressociétésd’agriculteursnéolithiques.Elleleurouvredegrandsespaces,propicesàl’extensiondes
terroirs agricoles et pastoraux, à moindre effort. Ce processus a pu ainsi favoriser la progression du pre-
mierfrontnéolithiquelelongdelacôteméditerranéenneseptentrionale,aucoursd’unepériodeglobalement
plus humide que l’actuel, favorable au développement de la chênaie caducifoliée. Probablement dès cette
période (le milieu de l’Holocène ?), les manipulations par l’homme de la canopée vont progressivement
modierle rapport despaysans aufeu. Onva passer dansla secondemoitié dela période postglaciaireà
unephaseoùlessociétésnevontplusseulementsubirmaisaussimodierlesdynamiquesdeleurenviron-
nement.Leshommesperturbentalorslerégimenatureldesfeuxparleurbrûlis,quiintroduisentdestem-
poralitésdifférentesdansl’évolution desécosystèmes etpar leschangements devégétation (introductions
deplantesexogènes,pâturagesousbois,extensiondeprairiesoudeterresarables...).L’âgeexactdudébut
decespratiquesestdifcileàconnaître,d’autantplusqu’ildiffèred’unpointàl’autreduglobe,selonles
pratiques, le degré d’évolution et le type d’économie des populations. Dans le Sud Est de la France, des