Regards croisées Environnement et Sociétés - CEPAM

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« Regards croisées Environnement et Sociétés :
de la recherche fondamentale à l’opérationnalité »
PROGRAMME
9h00 – 9h30
Accueil
9h30 – 10h15
Introduction pluridisciplinaire par Jean Marc LARDEAUX,
Vice Président du Conseil Scientifique de l’Université Nice Sophia Antipolis,
Institut Géosciences Azur
10h15 – 10h30
Pause café
10h30 – 11h00
Intervention 1 par Jean François BERGER,
CÉPAM
C e n t r e d ' É t u d e s
Préhistoire, Antiquité, Moyen âge
Centre d’Etudes de la Préhistoire, de l’Antiquité et du Moyen Age, CEPAM
La gestion du risque « incendie » par les sociétés agro-pastorales du passé peut-elle nous apporter des éléments de
réflexion pour mieux gérer la situation actuelle et prévoir la dynamique des écosystèmes forestiers ?
11h00 – 11h30
Intervention 2 par Thomas LEBOURG,
Institut Géosciences Azur
Elaboration d’une Méthodologie de gestion intégrée et d’évaluation de l’évolution temporelle Des risques mouvements de terrain en zone urbaine (commune de Grasse ; Alpes maritimes - France).
11h30 – 12h00
12h00 – 13h30
directrice de l’U.M.R ESPACE
Buffet
13h30 – 14h00
Table ronde, modérateur Christine VOIRON,
Intervention 3 par Toufik FTAÏTA,
Centre Interdisciplinaire Récits Cultures Langues Et Sociétés, CIRCLES
Les sociétés et leurs natures. Aridité, Irrigation et Développement Durable. Regard d’un ethnologue.
14h00 – 14h30
Intervention 4 par Christine VOIRON,
Etudes des Structures des Processus d’Adaptations et des Changements des Espaces, ESPACE
Démarche d’analyse des interactions de l’homme et du milieu physique : application au bassin du fleuve Var de 1860
à 2001.
14h30 – 15h00
Intervention 5 par Gilbert FERAUD,
Laboratoire de Radiochimie, Sciences Analytiques et Environnement, LRSAE
Etude des ressources en eau de la région de Nice: une collaboration entre chercheurs, industriels et acteurs locaux.
15h00 – 15h15
Pausé café
15h15 – 16h15
Table ronde, modérateur Didier BINDER,
directeur de l’U.M.R CEPAM
Intervention 1, Jean François BERGER
La gestion du risque « incendie » par les sociétés agro-pastorales du
passé peut-elle nous apporter des éléments de réflexion pour mieux
gérer la situation actuelle et prévoir la dynamique des écosystèmes forestiers ?
Le climat exerce un fort contrôle sur le régime des feux, hors emprise humaine, comme les études paléoécologiques sur le continent nord américain ou les études sur l’Holocène ancien-moyen de l’Europe l’ont
récemment révélées. Dans la longue durée de notre interglaciaire, les incendies sont un phénomène récurrent, voire cyclique. Le réchauffement climatique récent induit-il une augmentation du risque de déclenchement de feux de grande ampleur comme ceux qui ont marqué ces dernières années le bassin méditerranéen ?
Les études paléoenvironnementales développées dans le Sud Est de la France ont récemment pris
en compte les particules charbonneuses diluées dans les sédiments continentaux ou littoraux. Elles permettent tout d’abord d’obtenir une chronologie absolue, fondée sur la méthode du radiocarbone, et secondairement de restituer une histoire du feu. Les principales séquences d’incendie présentent des pics synchrones d’une région à une autre qui confirme que ces évènements écologiques se produisent au cours de
périodes bien précises où les conditions sont requises pour le développement de feux de très grandes extensions, dont les résidus sont alors transportés et piégés dans une grande diversités d’environnements sédimentaires qu’il nous est possible d’étudier (lacs, tourbières, pieds de versant, plaine alluviale, cônes
détritiques, lagunes, deltas…). A l’échelle locale, voir stationnelle, le développement de marqueurs pédologiques tels les rhizo-concrétions carbonatées confirment que les incendies coïncident au cours de l’Holocène ancien avec des épisodes d’évaporation, d’accroissement de l’évapo-transpiration et de fréquents bas
étiages dans les plaines alluviales. La comparaison des périodes d’incendie avec les principaux marqueurs
du climat en Europe occidentale et centrale (lacs, glaciers) confirme que le régime des feux s’intensifie
lorsque le climat est plus sec, et sans doute plus chaud. De plus elles correspondent presqu’exclusivement
aux périodes où le rôle du soleil sur la production de radiocarbone dans l’atmosphère est prédominante,
ce qui pourrait attribuer un rôle moteur aux cycles solaires dans le déclenchement des principaux feux.
L’ouverture de la forêt, sous contrôle naturel, apparaît d’ailleurs une opportunité majeure pour les
premières sociétés d’agriculteurs néolithiques. Elle leur ouvre de grands espaces, propices à l’extension des
terroirs agricoles et pastoraux, à moindre effort. Ce processus a pu ainsi favoriser la progression du premier front néolithique le long de la côte méditerranéenne septentrionale, au cours d’une période globalement
plus humide que l’actuel, favorable au développement de la chênaie caducifoliée. Probablement dès cette
période (le milieu de l’Holocène ?), les manipulations par l’homme de la canopée vont progressivement
modifier le rapport des paysans au feu. On va passer dans la seconde moitié de la période postglaciaire à
une phase où les sociétés ne vont plus seulement subir mais aussi modifier les dynamiques de leur environnement. Les hommes perturbent alors le régime naturel des feux par leur brûlis, qui introduisent des temporalités différentes dans l’évolution des écosystèmes et par les changements de végétation (introductions
de plantes exogènes, pâturage sous bois, extension de prairies ou de terres arables...). L’âge exact du début
de ces pratiques est difficile à connaître, d’autant plus qu’il diffère d’un point à l’autre du globe, selon les
pratiques, le degré d’évolution et le type d’économie des populations. Dans le Sud Est de la France, des
études interdisciplinaires indiquent que la manipulation des écosystèmes par le feu débute sans doute au
Néolithique moyen, il y 6000 ans. Elle aboutit à la construction de paysages anthropisés, proches des dehesas
ibériques. La gestion pastorale de ces forêts-parcs par les chasséens réduit en fait les risques de feux exceptionnels car les prairies qui poussent sous quelques bosquets de chênes sont peu inflammables.
Une seconde étape est franchie dans la régulation des feux par l’homme lors de la fixation des terroirs agricoles, un processus très probablement établie dès la fin de la Protohistoire. Associée à la pratique
de l’amendement et à des rotations de plus en plus courtes, elle va considérablement réduire la production
de combustible ligneux (les forêts et garrigues), la connectivité spatiale et donc le risque associé aux feux de
forte intensité. Les feux de faible intensité, associés à des brûlis pastoraux (prairies, landes…) se multiplient,
avec souvent des rythmes plus rapprochés (annuels à pluri-annuels…). Les enregistrements des feux sont alors
différents dans les archives sédimentaires continentales. Au cours des temps historiques, les charbons apparaissent d’abord plus dilués dans des séquences plus minérales témoignant de l’augmentation de l’érosion des
sols cultivés et sont donc à ce titre moins faciles à identifier. Touchant des associations à dominante herbacée,
ils apparaissent de moins grande taille et ne présentent pas de structure anatomique ligneuse, cette dernière qui
permet une meilleure résistance face au transport et aux processus post-dépositionnels complique encore leur
détection dans les archives sédimentaires.
Dans ce schéma bipartite de l’Holocène, seules les périodes de troubles économique et/ou politique,
associées à une dynamique de déprise agraire dans les campagnes, a semblé modifier le régime des feux au
cours des deux derniers millénaires en favorisant une reprise biologique (cf. les fortes déprises des VIIIe et
IXe s. AD et des XIVe-début XVe s. AD (peste noire, guerre de 100ans).
La période de désertification des campagnes à laquelle nous assistons depuis près d’un siècle s’inscrit
dans un schéma économique et paysagique nouveau : celui d’une intensification de la production agro-pastorale dans les plaines associée à une forte reforestation des espaces collinéens et montagnards, désormais
dévolus aux exploitations forestières, au tourisme et à la chasse. La restauration d’un stock de combustible
ligneux, qui avait pour ainsi dire disparu des paysages ruraux il y a un siècle, est aujourd’hui avérée. Elle s’associe à une reprise de la connectivité spatiale de la végétation sur les versants collinéens et à une reprise de la
continuité verticale du combustible depuis le sol, où s’accumulent les débris végétaux morts, jusqu’à la cime
des arbres. Cette situation est due au manque d’entretien des sous-bois par les troupeaux qui ont aujourd’hui
disparu de nos paysages méridionaux de basse altitude. Dans ces conditions, la répétition d’épisodes de sécheresse et de forte chaleur comme celui de l’été 2003, augmente fortement le risque de déclenchement de feux
de forte intensité dans les prochaines décennies comme les modèles climatiques actuels semblent le prévoir
et comme les exemples récents du Portugal et de la Grèce l’ont illustrés. Comprendre les changements dans
le régime des feux et sa relation au climat est un facteur-clé pour prévoir les futurs scénarios d’évolution de
la végétation méditerranéenne et les processus géomorphologiques associés. L’intégration de données sur la
longue durée dans la compréhension des processus écologiques est indispensable à l’élaboration des modèles
prédictifs actuels, notamment en incluant des cyclicités et des intensités non perçues par les enregistrements
climato-météorologiques et les études écologiques récents (la longue durée de la mémoire évènementielle et
des outils météorologiques).
Centre d’Etudes de la Préhistoire, de l’Antiquité et du Moyen Age, CEPAM
CÉPAM
C e n t r e d ' É t u d e s
Préhistoire, Antiquité, Moyen âge
Intervention 2 Thomas LEBOURG
Elaboration d’une méthodologie de gestion intégrée et d’évaluation
de l’évolution temporelle des risques mouvements de terrain en zone
urbaine (commune de Grasse ; Alpes maritimes - France).
La recherche présentée est extraite d’une thèse en cours et d’un projet de recherche ANR en cours
d’élaboration. Ce travail est principalement réalisé par Rozen Llop dans le cadre d’une thèse et d’une
collaboration triple entre géologues (Laboratoire Géosciences Azur), géographes (EDYTEM) et décideurs
locaux (commune de Grasse et CAPAP). L’objectif de cette étude est d’améliorer la politique de prévention
du risque mouvement de terrain en zone urbanisée et donc de contribuer à diminuer la vulnérabilité pour un
développement urbain futur durable. Il s’agit de se placer dans une démarche de géoprospective pour mieux
prévenir ce risque à long terme soit à l’horizon de 2050. Bien que la vulnérabilité soit inscrite dans les textes
réglementaires, sa formalisation dans la gestion opérationnelle des risques naturels, y compris à travers les
outils cartographiques reste faible.
Nous posons l’hypothèse qu’il existe un lien entre « susceptibilité de mouvement de terrain » et
développement urbain, c’est-à-dire que l’évolution des enjeux au cours du temps est à la fois facteur d’évolution
de la susceptibilité et variable explicative de l’évolution de la vulnérabilité des zones urbanisées. Cette étude est
fortement interdisciplinaire. La géologie/géophysique apporte sa connaissance sur la géométrie des formations
associée aux processus des glissements de terrain, les circulations internes des eaux par chenalisation, le temps
de résidence de l’eau ainsi que les processus d’altération liés ou non aux activités anthropiques. La géographie
intègre les résultats des géologues/géophysiciens avec l’ensemble des données anthropiques spatiales et
temporelles.
Les Systèmes d’Informations Géographiques sont le noyau central de cette approche et nous générons
des modèles de simulation de mouvements de terrain calés sur les résultats d’une observation en temps quasiréelle de variables physiques qui caractérisent l’aléa. Les sites d’études sont la ville de Vence et la ville de
Grasse dans les Alpes-Maritimes. Cette dernière cumule deux caractéristiques importantes (i) l’urbanisation
y a été faite sur des pentes supérieures à 10/20° dans un contexte géologique parfois défavorable (ii) une
expansion démographique importante passée et à venir. L’intérêt de ce travail réside dans sa dimension à
la fois fondamentale et appliquée co-pilotée par les décideurs et les opérationnels. Les premiers résultats
cartographiques ne sont pas encore disponibles mais les outils de surveillance mis en place sur site montrent
des premiers résultats sur les précurseurs aux mouvements de terrain. Si ces derniers sont validés comme
précurseurs, ils permettront de proposer une gestion en temps réel des moments de crise rupturel. Par ce
travail nous voulons répondre à différentes questions, car lorsqu’on travaille sur le risque et donc l’aléa, on
se place dans un contexte géologiquement fixe, temporellement stable, où de nombreuses variables peuvent
agir, indépendamment ou corrélativement. L’approche que nous adoptons vise à répondre aux questions suivantes :
Quelle sont les évolutions temporelles (quelques décennies) des variables (pente, propriétés mécaniques,
niveau d’eau dans les sols/roches altérés) utilisées pour la quantification de l’aléa ?
Quels sont les effets météorologiques (variation des ressources en eau et température) et leurs influences
dans les changements multi-physiques sur la stabilité des terrains ?
Quel est l’impact de l’urbanisation sur les variables permettant de quantifier l’aléa mouvement de
terrain ?
Une évolution de la susceptibilité induit-elle une évolution de la vulnérabilité et donc une évolution du
risque mouvement de terrain ?
Comment quantifier l’impact de ces effets spatiaux et temporels sur
des environnements urbains ? Institut Géosciences Azur
Intervention 3, Toufik FTAÏTA,
Les sociétés et leurs natures. Aridité, Irrigation et Développement
Durable. Regard d’un ethnologue.
Le séminaire des écoles doctorales intitulé « Regards croisés Environnement et Sociétés : de la
recherche fondamentale à l’opérationnalité », pose à mes yeux deux interrogations majeures. La première
consiste à analyser les rapports entre les sociétés et leurs environnements, rapports très complexes car «[...]
ce n’est pas tant la rencontre de l’Homme et de la Nature dans leur ensemble, et avec leurs majuscules, qui
suscite la tension que la connexion entre l’agencement des réalités naturelles (l’écologique) et l’agencement
des réalités humaines (le social)»1 . Par ailleurs, la question de décloisonnement disciplinaire est d’actualité
et l’approche pluridisciplinaire s’érige comme la seule manière permettant un dialogue fructueux entre nos
différentes disciplines. La deuxième question nous impose une réflexion générale sur l’opérationnalité de nos
recherches, en d’autres termes sur la professionnalisation de nos disciplines.
On a estimé nécessaire de procéder à un examen critique des théories et méthodes relevant à la fois de
l’anthropologie et de l’écologie humaine dans leurs approches des problèmes du développement durable. Si
parler d’une anthropologie appliquée au développement est communément reconnu2, il est en revanche mal
aisé de prétendre à une écologie du développement. Cependant, on ne peut que constater que des approches
écologiques sont aujourd’hui mises en œuvre par les spécialistes, techniciens et planificateurs, leur permettant
d’asseoir et de légitimer un modèle de développement3.
Au delà de cette distinction, l’anthropologie comme l’écologie humaine, malgré leur inégale contribution
scientifique aux questions de développement, ont néanmoins permis ces dernières années une compréhension
et une prise en considération des problèmes réels des pays en voie de développement. Ces deux disciplines
demeurent pourtant cloisonnées chacune dans son propre cadre théorique et épistémologique. Toutefois la
nature des recherches engagées, notamment par des organismes internationaux, tend de plus en plus à les
intégrer dans l’espoir de surpasser les querelles de clochers. Ce rappel de la question est indispensable, voire
fondamental dans l’état actuel d’un débat dont la toile de fond demeure l’interrogation sur les possibilités de
rapprochement des Sciences Naturelles et des Sciences Sociales4.
GUILLE-ESCURET. Georges,- Les sociétés et leurs natures -, Paris, Armand Colin, 1989, page 15.
L’anthropologie appliquée même si elle aujourd’hui admise ne peut prétendre à un statut clairement défini. Roger Bastide dans
son ouvrage démontre clairement sa position inconfortable. (C.f BASTIDE. Roger, Anthropologie appliquée, Payot, 1971, 244
pages. C.f SABELLI. Fabrizio, Recherche anthropologique et développement, Editions de l’institut d’ethnologie, Neuchâtel et
Editions de la maison des sciences de l’homme, Paris, 1993, page 12).
3
C’est à ce type d’approche écologique que nous nous sommes intéressé dans ce travail et non à l’étude de la genèse de l’écologie humaine en tant que discipline. GUILLE-ESCURET analyse la naissance et l’évolution de l’écologie ainsi que ses rapports
avec les sciences sociales (C.f, GUILLE-ESCURET. Georges,- Les sociétés et leurs natures -, Paris, Armand Colin, 1989).
4
Il est, en effet, rare de voir des ethnologues s’intéresser de près à la problématique des naturalistes et à franchir le pas alors que
ces derniers ne cessent de revendiquer leur rattachement aux sciences sociales. Désintéressement des uns ou prise de conscience
des autres, ce sont les questions qui agitent le débat actuel.
1
2
Afin de répondre à nos deux interrogations, on présentera les résultats d’une recherche s’inscrivant
dans la réflexion générale des rapports/apports des sciences de l’environnement et des sciences sociales en
l’occurrence de l’écologie humaine et de l’ethnologie pour appréhender les changements qui affectent nos
sociétés. L’exemple des communautés oasiennes du sud-ouest du Maroc vivant dans un milieu aride caractérisé
par un déficit en eau et en sol, une région où la mobilisation des ressources en eau s’avère indispensable pour
la survie des communautés rurales, offrira un cadre pour analyser les apports de ces deux disciplines à la
question de l’irrigation et du développement durable.
La question de l’eau et de ses enjeux actuels offre à l’anthropologie comme à l’écologie humaine un
domaine de compétence où variables écologiques et faits sociologiques peuvent être pris en considération dans
tout projet de développement. Mais si l’intégration des faits naturels et des faits sociaux dans une perspective
pluridisciplinaire du moins en théorie est prônée, elle reste en réalité très difficile à appliquer sur le terrain.
A travers cet exemple, on essayera donc d’appréhender la question de l’aridité, de l’irrigation et du
développement durable dans ce type d’écosystème. Peut-on concilier cette contradiction ? Comment les
communautés oasiennes composent avec un milieu hostile ? Comment les populations locales accèdent
et gèrent leurs ressources naturelles ? Quel projet de développement peut-on envisager ? Cette dernière
interrogation nous permettra d’aborder l’opérationnalité de cette recherche ouvrant ainsi la question de la
professionnalisation de notre discipline l’ethnologie.
Centre Interdisciplinaire Récits Cultures Langues Et Sociétés, CIRCLES
Intervention 4, Christine VOIRON
Démarche d’analyse des interactions de l’homme et du milieu
physique : application au bassin du fleuve Var de 1860 à 2001.
La recherche présentée est extraite d’une étude portant sur la modélisation du fonctionnement d’un
hydrosystème et d’un anthroposystème de montagne : le bassin du Var, réalisée par des géographes appartenant
à deux UMR de Nice, ESPACE et CEPAM ainsi qu’à l’ENGREF de Montpellier, dans le cadre du programme
interdisciplinaire Environnement, Vie et Sociétés du CNRS. Cette recherche avait un double objectif,
- d’une part, démontrer l’hypothèse selon laquelle l’érosion des bassins versants montagnards est
fortement corrélée avec l’organisation spatiale de la population et les activités de cette dernière.
- d’autre part, concevoir une démarche d’étude de la dynamique de cette relation au cours d’une longue
période, 1860-2001, et mettre au point un environnement de résolution de problèmes, réseau de logiciels
permettant le traitement des données et la réalisation d’un modèle dynamique d’évolution, qui soit reproductible
à d’autres espaces.
L’exposé sera axé sur l’organisation méthodologique et cognitive de la recherche. La méthode de
travail, inhérente à la science géographique, conduit à utiliser un ensemble de déductions et d’inductions
dans une méthode de type expérimental où la simulation remplace l’expérimentation sur le réel, impossible
dans notre domaine. De l’observation terrain opérée sur le bassin du Var depuis de nombreuses années, de la
vision de photos anciennes comparées à des clichés récents et d’un ensemble de travaux antérieurs, découle un
ensemble d’hypothèses sur la dynamique du bassin versant, au cours d’une longue période. Le cheminement
scientifique suivi pour valider ces hypothèses sera l’objet de cette présentation.
Les conclusions obtenues au cours des différentes phases d’acquisition et de traitement de la connaissance
permettent de comprendre que la dynamique du système étudié obéit à un ensemble de boucles de rétroaction
impliquant la prise en compte de causalités circulaires. Un modèle systémique, représentant la structure du
bassin versant et sa dynamique, a été conçu. Ce modèle organise dans un même système, l’ensemble de la
connaissance, aussi bien sur le milieu naturel que sur l’organisation spatiale des hommes et de leurs activités.
Par rapport à d’autres modèles, il a pour originalité d’intégrer non seulement la connaissance environnementale
et humaine mais aussi de l’information quantitative et qualitative. La possibilité de simuler de nombreux
scenarios aboutit à une connaissance de type prospectif rendant possible l’utilisation des résultats obtenus
dans la gestion pratique du bassin versant.
Etudes des Structures des Processus d’Adaptations et des Changements des Espaces, ESPACE
Intervention 5 par Gilbert FERAUD
Etude des ressources en eau de la région de Nice: une collaboration
entre chercheurs, industriels et acteurs locaux.
Les ressources en eau de la planète représentent une richesse d’importance croissante, en réaction aux
évolutions démographiques et climatiques. La vulnérabilité de ces ressources est particulièrement cruciale sur
le pourtour méditerranéen, qui voit le renforcement de longues périodes de sècheresse.
Cette problématique préoccupe les services de l’état et les collectivités territoriales qui ont en charge
la gestion des ressources en eau, mais intéresse également le milieu scientifique. En effet, afin d’anticiper les
problèmes quantitatifs et qualitatifs des ressources en eau, il convient de développer de nouveaux outils pour
mieux connaître les systèmes aquifères .
C’est dans ce cadre que des chercheurs du CNRS et des universités de Nice Sophia-Antipolis, d’Avignon
et de Toulon-Var ont initié un projet de recherche sur les eaux souterraines de la vallée du Var.
L’une des originalités de ce projet, organisé autour d’une thèse, est de développer de nouvelles approches
méthodologiques pour étudier le fonctionnement des systèmes d’eaux souterraines, tout en visant de fournir
aux acteurs locaux des données directement utilisables. Pour cela, une étroite collaboration se met en place
entre chercheurs, collectivités territoriales, l’Agence de l’eau et un industriel.
L’étude utilise l’outil de la chimie des eaux souterraines, avec en particulier les éléments trace et les
isotopes. Les temps de résidence sont évalués avec les isotopes du radium.
Laboratoire de Radiochimie, Sciences Analytiques et Environnement, LRSAE
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