Magazine Judaïsme Nord - Judaïsme du Nord Pas-de

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‫ב''ה‬
Magazine Judaïsme Nord
Chabbath Béhaalot’ha
24/05/2013
15 Sivan 5773
1
2
Table des matières
Editorial............................................................................................................................................... 4
Le Bon Equilibre................................................................................................................................. 4
Il était une Fois ................................................................................................................................. 6
Pour qui te prends-tu ? ...................................................................................................................... 6
Paracha ................................................................................................................................................ 7
Behaalote’ha - en Bref........................................................................................................................ 7
Réflexions sur la Paracha de la Semaine ............................................................................... 8
Parler positivement ........................................................................................................................... 8
Allumeurs De Reverberes ................................................................................................................ 10
Jamais Trop Tard .............................................................................................................................. 12
Le Midrash Raconte la Guéoula ............................................................................................... 14
Le Retour De La Menora .................................................................................................................. 14
Pirké Avoth ....................................................................................................................................... 15
Honorer son Prochain ..................................................................................................................... 15
Apprendre dans l’Effort ................................................................................................................... 15
A la place de l’autre .......................................................................................................................... 16
Les Mémoires du Rabbi de Loubavitch ................................................................................. 18
Faisons connaissance avec le Jeune Barou’h.................................................................................. 18
Mitsva Minutes ............................................................................................................................... 21
La Crainte de D.ieu ........................................................................................................................... 21
Questions .......................................................................................................................................... 23
Judaïsme ou Lennonisme ?.............................................................................................................. 23
3
Editorial
Le Bon Equilibre
Cette semaine, je voudrais partager avec vous une
petite histoire en espérant que celle-ci nous aide à
prendre de bonnes décisions dans notre vie de tous
les jours :
Un jeune businessman descend sur la côte basque,
près de Biarritz, pour un week-end de détente après
cinq longues années non-stop de travail acharné. Alors qu'il se balade dans le port de
pêche du village, il aperçoit un pêcheur qui prend des poissons énormes.
Le pêcheur est en train de plier bagage lorsque le businessman l'interpelle :
« Pourquoi ne restes-tu pas plus longtemps pour attraper davantage de poissons, il
est encore tôt ? »
Le pêcheur répond : « J’en ai pris suffisamment pour nourrir ma famille. Alors je
vais aller faire une grosse sieste, puis cet après-midi, je jouerai un peu avec mes
enfants. Ce soir, je ferai de la musique avec mes amis, et demain matin, après ma
grasse matinée, je reviendrai pêcher... »
Le jeune businessman demande alors : « Tu ne serais pas un peu fainéant, toi ? Tu
sais, j’ai fait HEC, et ce qu'il te faut, c'est un manager commercial. Tu es un bon
pêcheur, si tu restais plus longtemps, tu prendrais plus de poissons, donc tu
pourrais vendre le surplus. Avec l'argent, tu achèterais un bateau et tu en prendrais
encore davantage... »
Le pêcheur : « Ah bon ! Et après ? »
Le businessman poursuit : « Tu générerais de plus en plus de chiffre d'affaires, ce qui
te permettrait d'investir dans d'autres bateaux et, sans doute même, de développer
ta propre usine de conditionnement du poisson. Après, tu n'aurais qu'à monter ton
réseau de distribution et tu serais l'un des hommes les plus puissants de la région. »
Le pêcheur : « Ah bon ! Et après ? »
Le businessman continue : « Après ta société entrerait en bourse et tu pourrais
vendre tes parts de l'affaire et amasser ainsi une fortune personnelle colossale. En
vingt ans, un pêcheur aussi doué que toi pourrait amasser des dizaines de millions
d’euros ! »
4
Le pêcheur : « Ah bon ! Et après ? »
Le businessman conclut : « Après, tu pourrais gagner un repos bien mérité en te
retirant dans un petit port de pêche. Tu ferais la grasse matinée, tu irais pêcher un
petit peu. Tu ferais de grosses siestes. L'après-midi, tu jouerais un peu avec tes
enfants et le soir, tu pourrais même faire de la musique avec tes amis... »
Si cette blague fait rire, c’est certainement parce qu’elle contient beaucoup de vérité.
Nous nous reconnaissons dans les personnages de cette histoire. Êtes-vous le pêcheur
ou le businessman ? J’ai le sentiment que chacun de nous ne saurait répondre
facilement à cette question ; les choses ne sont pas aussi claires. Nous sommes tantôt
le pêcheur, tantôt le businessman. Peut-être sommes-nous, tout simplement, un
businessman dans lequel seraient tapis les rêves du pêcheur. Car même si nous nous
tuons à la tâche, qui parmi nous ne rêve pas d’avoir une existence paisible où
l’essentiel reprendrait sa place face au futile et où l’éternel s’installerait là où
l’éphémère est maître ?
Est-ce une utopie ? Certainement pas ! Nous venons de célébrer la fête de Chavouoth,
la commémoration du Don de la Torah. La Torah est appelée « Torath ‘Hayim ». Ses
enseignements ne se limitent pas à des injonctions et interdictions à caractère
purement spirituel ; c’est un enseignement pour la vie.
Le travail est un devoir, car il permet à l’homme de vivre aisément pour nourrir sa
famille et éduquer ses enfants, sans contrainte, selon la tradition. « Le confort
matériel ouvre l’esprit », précisent nos sages. Néanmoins, il est important de ne pas
confondre l’accessoire – le moyen – et le but à atteindre. Le travail ne doit donc pas
priver une famille de son guide, de son père.
Le Chabbath et les fêtes Juives sont là pour nous le rappeler. Profitons, alors, de ce
privilège.
Rav Eliahou DAHAN
5
Il était une Fois
Pour qui te prends-tu ?
Un ‘Hassid rencontra, un jour, une vieille connaissance qu’il
avait perdue de vue. Le ‘Hassid remarqua que son camarade
paraissait triste ; il en conclut que celui-ci devait
certainement avoir des problèmes qui l’incommodaient.
Souhaitant aider son camarade, le ‘Hassid s’empressa de
l’interroger sur son état de santé, sur sa situation familiale et
sur ses affaires. Après de longues investigations, il s’avéra
que tout allait pour le mieux.
Le ‘Hassid s’exclama alors : « Je ne comprends pas ! Ta famille est en bonne santé,
grâce à D-ieu. Les affaires vont bien. Dis-moi, donc, qu’est-ce qui te met dans cet
état. »
« Vois-tu, » répondit l’ami, « Je me suis efforcé toute ma vie de devenir ‘quelque
chose, quelqu’un’. Je voulais devenir professeur, écrire un livre, devenir célèbre. Les
années passent et je ne suis toujours rien du tout. »
Le ‘Hassid répliqua : « Oy ! Je suis tellement jaloux de toi ! Moi, j’ai consacré toute
mon existence à travailler sur mon ego, à tendre vers l’état du ‘Ayin Vééffes – du
néant et de l’insignifiant’ ; et pourtant, en dépit de tous mes efforts, je ressens tout de
même – et malheureusement – que je suis toujours quelque chose et que je me
prends pour quelqu’un. »
6
Paracha
Béhaalote’ha - en Bref
Nombres 8, 1 – 12, 16
Il est commandé à Aharon d’élever de la lumière dans les
lampes de la Ménorah, et la tribu de Lévi est initiée dans
le service du sanctuaire.
Un « second Pessa’h » est instauré en réponse à la
requête « Pourquoi serions-nous lésés ? » d’un groupe
de Juifs qui n’avaient pas pu offrir le sacrifice pascal en
son temps, car ils étaient alors rituellement impurs. Dieu prescrit à Moïse les procédures relatives aux voyages
et aux campements du peuple d’Israël dans le désert, et
le peuple en formations quitte le mont Sinaï auprès
duquel il avait campé pendant près d’un an.
Le peuple est mécontent du « pain céleste » (la manne) qu’il reçoit et exige à Moïse de
lui procurer de la viande. Moïse désigne 70 anciens, à qui il transmet une émanation
de son esprit, pour l’assister dans la pesante tâche de gouverner le peuple. Myriam
parle négativement au sujet de Moïse et est punie par la lèpre ; Moïse prie pour sa
guérison et la communauté toute entière attend son retour pendant sept jours.
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7
Réflexions sur la Paracha de la Semaine
Parler positivement
par Naftali Silberberg
Vers la fin de la Paracha de cette semaine, nous
lisons que Myriam, la sœur aînée de Moïse, reçut
comme châtiment la Tsaraat (une maladie de
peau communément mal traduite comme étant la
lèpre) pour avoir parlé négativement de Moïse.
Après la révélation divine au mont Sinaï, Moïse
s’était séparé de sa femme Tsiporah. Ignorant que
Moïse avait reçu pour cela le consentement de
D.ieu, Miriam exprima sa désapprobation à leur
frère Aaron. Bien que Miriam ne pensait pas à mal, elle se rendit coupable de
Lachone Hara (médisance), ce qui était d’autant plus grave eu égard à sa haute
stature spirituelle.
Le Lachone Hara fait beaucoup de mal et déchire les familles et les amitiés. La
gravité de ce péché est exprimée dans le fait que le Talmud considère « les diseurs de
Lachone Hara réguliers » comme une catégorie de gens qui ne méritent pas de
contempler la Chekhinah (la Présence divine) ! Heureusement, la conscience du
problème du Lachone Hara a augmenté au cours des dernières décennies, grâce
notamment aux écrits passionnés du « ’Hafets ‘Haïm » (Rav Israël Meïr Kagan, 18381933) sur le sujet.
Il existe deux façons d’aborder cette Mitsva. La méthode simple est l’abstinence et
l’autodiscipline. La tentation naturelle de se livrer aux commérages doit être
réprimée. C’est une tâche difficile, car la lutte est constante, mais l’esprit peut et doit
parvenir à contrôler les désirs du cœur.
Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi, l’« Admour HaZakène », propose une approche
alternative :
De ce fait, mes bien-aimés, mes amis, je vous supplie encore et encore de vous
efforcer de tout votre cœur et de toute votre âme d’implanter fermement dans votre
cœur l’amour de votre prochain. Et, dans les mots du verset, “Que nul d’entre vous
ne conçoive ce qui est mal pour son prochain”.1 Une telle pensée ne devrait jamais
1
Zacharie 8,17
8
apparaître en son cœur et, si jamais elle apparaît, on doit la repousser de son cœur
“tout comme la fumée est aisément dispersée”, tout comme s’il s’agissait d’une
pensée idolâtre. Car dire du mal [d’autrui] est aussi grave que l’idolâtrie, l’inceste et
le meurtre.2 Et, s’il en est ainsi pour la parole , [alors assurément penser du mal de
son prochain est encore pire] ; car quiconque possède la sagesse du cœur sait que la
pensée a un plus grand impact [sur l’âme] que la parole.3
Quelqu’un qui exerce l’autodiscipline sur sa parole est constamment impliqué dans
(le combat contre) la négativité – « Je ne dois pas dire ceci, je ne devrais pas raconter
cela, etc. » Une telle personne fait beaucoup de bien en ne communiquant pas aux
autres ses sentiments négatifs, mais son cœur n’est pas encore un sanctuaire pour la
Divinité. En revanche, une personne qui travaille sur soi pour respecter véritablement
chaque individu et éliminer toute négativité de son cœur devient une personne
naturellement aimante. Au lieu de combattre l’obscurité, elle la dissipe en faisant
briller une lumière dans son cœur.
Le Rav Naftali Silberberg est auteur et directeur du département des
programmes du Rohr Jewish Learning Institute. Il réside à Brooklyn
avec son épouse Haya Mouchka et leurs trois enfants.
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2
Talmud, Arakhine 15b.
3
Tanya, 4ème partie, épître 22
9
Allumeurs De Réverbères
« Parle à Aharon... Béhaalot’ha – Quand tu allumeras les lampes... »
(Nombres 8 – 1)
La Paracha de cette semaine commence par l’injonction adressée aux Cohanim
d’allumer quotidiennement la Ménorah dans le Temple. Nos sages nous font
remarquer que le terme de « Béhaalot’ha » ne signifie pas exactement « Quand tu
allumeras », mais plutôt « Quand tu feras monter » ; selon Rachi, la Torah tient ici à
indiquer à l’homme préposé à l’allumage qu’il maintienne la flamme près de la mèche
jusqu’au moment où celle-ci s’embrase par elle-même.
Nous devons, comme Aharon, jouer le rôle d’allumeurs de
réverbères. Nous avons la possibilité, chaque jour – et ce
dans divers domaines – d’inspirer, de soutenir et d’aider ceux
qui sont dans notre entourage. Alors, lorsque l’opportunité se
présente, nous ne devons pas nous suffire d’apporter une
aide superficielle qui ne garantisse pas que l’autre ne tombe à
nouveau dans la détresse ; à l’instar de Aharon, nous devons
maintenir la flamme – le soutien – jusqu’à ce que notre
protégé soit capable de se défendre seul.
Il est dit, un peu plus loin dans notre Paracha (Nombres 11 – 17) : « Je ferai émaner
de l’esprit qui est sur toi pour le faire reposer sur eux. » Dans ce passage, D-ieu
indique à Moché qu’il retirera de son esprit pour le faire partager avec soixante-dix
anciens. Pourtant, nos sages nous expliquent que Moché ne perdit rien de son
pouvoir prophétique par cet acte de partage. En effet, cela – disent-ils – peut être
comparé à une personne qui allumerait une multitude de bougies à partir d’une seule
flamme ; cette dernière ne perd rien de son pouvoir de lumière, de brillance et de
chaleur.
Il en est ainsi pour nous : le fait de nous engager pour aider et inspirer notre
entourage ne nous affaiblira pas. Au contraire, cela ne pourra qu’amplifier la lumière,
le bien et la justice.
Dans cet esprit, Maïmonide énumère dans son livre « Yad Ha’hazaka » les niveaux
différents dans la façon de donner la Tsédaka. La plus belle manière d’entreprendre
ce geste est de le faire de manière discrète et d’aider l’autre au point qu’il puisse « se
tenir seul sur ses pieds. »
L’âme est comparée à une flamme, à une lumière Divine. Aussi, nous devons nous
efforcer de raviver la flamme d’une autre jusqu’à ce que celle-ci puisse poursuivre son
10
élévation par elle-même. L’objectif doit être de faire découvrir l’indépendance à notre
prochain. Nous devons, alors l’encourager à développer ses propres talents et qualités
pour que sa lumière brille par elle-même, et pour, qu’à son tour, il ravive le potentiel
d’autres personnes.
Avant l’apparition de l’électricité, les villes étaient éclairées par des réverbères à gaz.
Les hommes en charge de l’éclairage étaient appelés « les allumeurs de réverbères ».
Certaines lampes étaient installées dans des lieux repoussés et difficiles d’accès ; il y
en avait même qui étaient négligées et recouvertes – avec le temps – de poussière.
L’allumeur consciencieux devait s’assurer que, dans son quartier, chaque lampe brille
de toute sa lumière.
Nous devons, nous aussi, nous efforcer de trouver ceux – parmi nos frères – qui sont
difficiles d’accès, ceux qui sont abandonnés et habituellement négligés, pour leur
offrir l’assistance matérielle et spirituelle.
Likouté Si’hoth Vol II
11
Jamais Trop Tard
La Paracha de Béhaalot’ha raconte l’histoire qui
mena à l’institution, par Hachem, de Pessa’h Chéni.
Lorsque tout Israël, un an après la sortie d’Egypte,
s’apprêtait à célébrer la fête de Pessa’h et se préparait
à offrir l’Agneau Pascal, dans le désert, certains
d’entre eux étaient dans l’impossibilité de s’associer à
leur frères, car ils étaient en situation d’impureté. Ils vinrent chez Moché et
réclamèrent : « Pourquoi n’aurions-nous pas le privilège d’apporter l’offrande ? » Dieu répondit que ceux qui ne seraient pas en situation permettant d’offrir le sacrifice à
la date initiale – la veille de Pessa’h – devraient, alors, différer le Korban d’un mois.
Cette séance de rattrapage est appelée Pessa’h Chéni – le deuxième Pessa’h.
Il existe de nombreuses différences entre le rite de Pessa’h et celui de Pessa’h Chéni :
1. A Pessa’h, nous ne pouvons pas consommer ni posséder tout produit
contenant du ‘Hamets, tandis qu’à Pessa’h Chéni ceci est permis.
2. Pessa’h se prolonge pendant sept jours – huit en diaspora – alors que Pessa’h
Chéni ne dure qu’une journée.
On pourrait s’interroger sur la pertinence de ces différences : Pessa’h Chéni n’est-il
pas la séance de rattrapage de Pessa’h ? Pourquoi sont-ils donc radicalement
différents ?
Ces deux fêtes s’inscrivent, en fait, dans deux cadres bien différents. Pessa’h suit
l’ordre normal et légal des choses : il est offert en temps et en heure. Pessa’h Chéni
découle d’une démarche qui se démarque de l’ordre habituel et de la légalité. Nous
trouvons là un parallèle avec deux états moraux : celui du Tsaddik – l’homme qui ne
s’est jamais éloigné de ce qui est juste – et celui du Baal Téchouva. Le Tsaddik sert Dieu en suivant l’ordre idéal de la Torah. Le Baal Téchouva – qui par définition a
dérogé à cette voie idéale – doit saisir l’opportunité de la séance de rattrapage.
Néanmoins, nos sages remarquent que le service du Baal Téchouva comporte des
avantages que l’on ne trouve pas dans la conduite du Tsaddik. L’existence de ce
dernier n’a pour champ d’action que ce qui est permis ; son expérience du mal
consiste à le subjuguer ou à l’ignorer. Par conséquent, le Tsaddik n’a pas la possibilité
de transformer le mal en Sainteté. Alors qu’un Baal Téchouva – dont la démarche
serait animée par l’amour – a le pouvoir de transformer ses anciennes iniquités en
mérites.
Ceci explique les différences entre Pessa’h et Pessa’h Chéni : Pessa’h – le stade du
Tsaddik – ne peut pas cohabiter avec le mal. Le ‘Hamets – symbolisant le mal – est
12
alors illicite. C’est pourquoi cette fête dure sept jours ; elle s’inscrit dans l’ordre
naturel des choses. Le Tsaddik va gravir progressivement toutes les étapes du cycle
temporel.
Pessa’h Chéni, pour sa part, représente le service du Baal Téchouva qui a le pouvoir
de transformer le mal en Sainteté ; les produits ‘Hamets peuvent, dans ce contexte,
cohabiter avec la Matsa, car ils peuvent être transformés en bien. En outre, la fête ne
dure qu’une journée, car le service du Baal Téchouva dépasse et transcende toutes les
limites et les divisions. Il transpire de l’Essence des choses – un jour – indivisible.
Pessa’h Chéni nous apprend :


Qu’il n’est jamais trop tard ! Toute personne a la possibilité, même s’il lui est
arrivé de quitter la voie de la Torah, de rectifier le tir et de réparer ses erreurs.
Un jour suffit ! Le Zohar affirme qu’il suffit, en fait, d’un instant, d’un élan,
pour faire Téchouva.
Likouté Si’hoth Vol XVIII
13
Le Midrash Raconte la Guéoula
Le Retour De La Ménora
« Parle à Aaron... Quand tu allumeras les lampes. »
(Nombres 8 – 1)
Rabbi Lévi Ben Rabbi nous apprend que lorsque D-ieu indiqua à Moché qu’il fallait
faire une Ménora – un chandelier – pour le Temple, Moché eut quelques difficultés
pour la mettre en œuvre. Hachem lui montra à différentes reprises les divers détails
de la fabrication du chandelier. Pourtant, Moché ne retint pas les indications de Dieu, il alla, alors, en parler à Bétsalel, le maître d’œuvre du Michkan, qui construisit la
Ménora sans aucune difficulté.
Moché fut étonné : « D-ieu m’a montré plusieurs fois la Ménora et je n’ai pourtant
pas réussi à la former. Toi, tu n’as pas le privilège de la voir et tu la formes
instantanément ? ! »
Moché interpréta alors le nom de Bétsalel – Bétsel Kel – tu étais dans l’ombre de Dieu pendant qu’Il me présenta le chandelier.
C’est pourquoi la Ménora fut cachée au moment de la destruction du Temple. Cinq
éléments furent enfouis avant la destruction : l’arche ; la Ménora ; le feu perpétuel ;
l’inspiration et les chérubins.
Lorsque D-ieu reviendra à Yérouchalayim, Il
construira Sa résidence – Son Temple – et Il
replacera Ses chers éléments, ainsi qu’il est
écrit (Isaïe 35 – 1,2) : « Que le désert et le sol
brûlé se réjouissent... Ils vont voir la gloire de
l’E-ternel, la splendeur de D-ieu. »
Midrash Rabba
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Pirké Avoth
Honorer son Prochain
Rabbi Eliézer disait : Que l’honneur de ton prochain te soit aussi
cher que le tien propre.
(Chapitre 2 – 10)
Rabbi Eliézer était connu pour la richesse des connaissances qu’il avait. On dit qu’il
dépassait par son savoir tous ses collègues. En effet, ses camarades l’appelaient
« Rabbi Eliézer le Grand » et il était même d’usage de le surnommer « Sinaï », car il
était le dépositaire de la Torah dans sa génération.
Cependant en dépit de toutes ses qualités et malgré sa grandeur, Rabbi Eliézer
soulignait la nécessité d’honorer les autres.
Sefer HaSi'hoth 5748
Apprendre dans l’Effort
Rabbi Yossé avait coutume de dire : Prépare-toi pour apprendre la
Torah, car elle ne t’est pas donnée en héritage.
(Chapitre 2 – 12)
Le Juif est, en fait, lié à la Torah de deux manières :

Par un lien inné dont jouissent tous les juifs, ainsi qu’il est
écrit (Deutéronome 33 – 5) : « La Torah que Moché nous
a enseignée est l’héritage de la Communauté de Yaakov. »
Ce rapport à la Parole Divine habite l’inconscience de
chaque Juif.

Par une relation consciente, un rapport qui dépend des
efforts personnels en matière d’étude.
C’est de cette dernière dimension que parle la Michna. Certes, le lien inné traduit la
dimension Divine qui habite la Torah et qui transcende la sagesse humaine.
Cependant, le lien établi par l’effort contient un avantage, car il transforme notre
mode de pensée et il nous permet de développer un lien personnel et profond avec
Hachem.
Likouté Si’hoth Vol IV
15
À la place de l’autre
Pirkei Avot 2:4
par Yanki Tauber
« Ne jugez pas votre prochain, enseigne le grand sage Hillel dans le
deuxième chapitre des Maximes des Pères, jusqu’à ce que vous ayez
atteint sa place. »
Une pensée qui vient à l’esprit lorsque l’on envisage cette déclaration est
qu’une personne ne peut jamais vraiment être à la place de son prochain.
Si tel est le cas, alors ce que dit Hillel en réalité, c’est : « Ne jugez pas
votre prochain. Jamais. »
Mais il y a aussi l’histoire des célèbres frères ‘hassidiques, Rabbi
Elimelekh et Rabbi Zusha. Les deux voyageaient de ville en ville et de
village en village dans le but de rapprocher les cœurs de leurs frères juifs
de leur Père Céleste. Habillés comme des voyageurs ou des mendiants
ordinaires, ils frappaient à la porte d’une maison juive et demandaient l’hospitalité pour la
nuit. Au beau milieu de la nuit, leur hôte était réveillé par le son de pleurs venant de la
chambre des frères. Collant son oreille à la serrure, il les entendait s’avouer l’un à l’autre les
fautes et les manquements de la journée : un peu de malhonnêteté par ci, un mot de malice
par là.
– Oh, ‘Mélekh, mon cher frère ! gémissait Reb Zusha. J’ai à peine pu ouvrir un livre juif
aujourd’hui... Qu’est-ce que la vie d’un Juif sans un mot de Torah ? Un désert aride !
– Oh Zusha ! disait son frère, déchargeant son cœur à son tour. Penses-tu que j’ai prié
aujourd’hui ? C’est à peine si j’ai marmonné les mots ! Est-ce là la façon dont un Juif parle à
son Père Céleste bien-aimé ?...
Le cœur brisé, l’hôte indiscret se rappelait alors ses propres petits manquements, ses
médisances, la faiblesse de sa propre étude de la Torah et ses propres prières sans âme, et il
prenait la résolution d’être un meilleur Juif le lendemain.
C’est peut-être ce que Hillel veut nous dire : vous ne pouvez pas juger votre prochain, mais
vous pouvez juger la personne à la place de qui vous vous trouvez, à savoir vous-même. Ainsi,
si vous voulez aider votre prochain à s’améliorer, critiquez-vous vous-même d’une manière
qui le fera réfléchir lui aussi.
Ensuite, il y a l’histoire racontée au sujet de Rabbi DovBer de Loubavitch. Une fois, lorsqu’il
recevait des personnes en ye’hidout (audience privé), Rabbi DovBer interrompit
soudainement la ye’hidout, verrouilla sa porte et refusa de voir qui que soit pendant plusieurs
heures. Les ‘hassidim devant sa porte entendirent leur Rabbi pleurer et prier. Suite à cet
incident, le Rabbi fut si affaibli qu’il dut demeurer alité pendant plusieurs jours. Plus tard,
l’un des vieux ‘hassidim osa demander au Rabbi ce qui s’était passé. Rabbi DovBer expliqua
alors : « Lorsqu’une personne demande mon aide pour guérir ses maux spirituels, je dois
d’abord trouver le même défaut – fut-ce sous la plus fine des formes – dans ma propre
16
personne. Car il ne m’est possible de l’aider qu’après avoir été confronté au même problème
puis avoir suivi le même processus de raffinement personnel. Mais, ce jour-là, quelqu’un est
venu me voir avec un problème terrible et j’ai été horrifié d’entendre à quel degré il était
tombé, à D.ieu ne plaise. Malgré mes efforts, je ne pouvais pas trouver en moi quelque chose
qui ressemblait, même de très loin, à ce qu’il m’avait dit. Mais la divine Providence avait
envoyé cet homme chez moi, et je savais donc que quelque part, d’une manière ou d’une
autre, il devait y avoir quelque chose en moi qui pourrait se rapporter à sa situation. Cette
pensée a secoué l’essence même de mon âme et m’a poussé à me repentir et à revenir à D.ieu
du fond de mon cœur. »
En d’autres termes, vous ne pouvez pas non plus vous juger vous-même. Si vous avez un
problème, alors vous êtes le problème : vous avez besoin de quelqu’un d’extérieur à votre
problème pour vous aider à le résoudre. Mais si cette personne est à l’extérieur de votre
problème, alors elle ne peut pas véritablement le connaître, et donc elle ne peut pas non plus
le résoudre. Ce dont vous avez besoin, c’est d’un Rabbi : quelqu’un qui est infiniment au-delà
de votre problème, mais qui sait que si vous avez ce problème, il l’a aussi.
Une autre histoire, celle-ci au sujet du petit-fils de Rabbi DovBer, Rabbi Chmouel, le
quatrième Rabbi de Loubavitch :
Rabbi Chmouel recevait des visiteurs en ye’hidout. Au bout d’une heure à peine, le Rabbi était
déjà exténué. Il annonça qu’il faisait une pause et demanda qu’on lui amène des vêtements
frais.
Le serviteur du Rabbi émergea de la pièce en portant les vêtements que le Rabbi avait
enlevés, tout trempés de sueur. « Maître de l’univers ! murmura l’homme. Pourquoi faut-il
qu’il se fatigue ainsi ? Chaque heure qui passe, il a besoin d’un nouveau changement de
vêtements. Pourquoi le Rabbi transpire-t-il tellement ? »
La porte du Rabbi s’ouvrit et Rabbi Chmouel se tenait sur le seuil. « Rentre chez toi, dit-il à
son serviteur. Je continuerai à payer ton salaire, mais je ne veux plus de tes services. Tu n’as
pas la moindre compréhension de mon travail.
« Ne comprends-tu pas ? Dans la dernière heure, vingt personnes sont venues me voir. Pour
comprendre le dilemme de chacun, je dois me départir de ma propre personnalité et de mon
propre vécu et me vêtir dans les leurs. Mais comme ce n’est pas eux-mêmes qu’ils sont
venus consulter, mais moi, je dois me vêtir de nouveau dans ma propre personne afin de les
conseiller.
« As-tu déjà essayé de changer de vêtements quarante fois par heure ? conclut le Rabbi. Si tu
le faisais, toi aussi tu serais épuisé et trempé de sueur. »
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17
Les Mémoires du Rabbi de Loubavitch
Faisons connaissance avec le Jeune Barou’h
Raconté par Rabbi Yossef Its'hak de Loubavitch
Nos annales commencent avec le Gaon Rabbi
Moshé qui habitait Posen, alors une sorte d’État
indépendant. Rabbi Moshé était connu pour son
savoir aussi bien que pour sa richesse. L’un de ses
fils se nommait Chnéour-Zalman (c’est son nom
qui fut plus tard donné à l’auteur du « Tanya »).
Chnéour-Zalman était entièrement différent des
autres fils de Rabbi Moshé. Il fut chétif et maladif
dès sa naissance, ce qui ne l’empêcha pas d’étudier la Torah nuit et jour. Il aimait
beaucoup la solitude. Tandis que ses autres frères s’exerçaient au commerce, il se
consacrait uniquement à l’étude de la Torah. Quand il eut vingt ans, il épousa la fille
d’un certain Barou’h, surnommé « le Batlane », probablement parce qu’il menait une
vie très retirée de ce monde.
Ce Barou’h était très vraisemblablement pauvre et Rabbi Moshé dut consentir à ce
mariage à cause seulement de ses belles qualités morales. Pendant les six ans qui
suivirent leur mariage, Chnéour-Zalman et sa femme vécurent dans la maison de son
père, au lieu de vivre aux dépens de son beau-père (comme c’était la coutume à cette
époque). Il semble que Rabbi Moshé et les frères de Chnéour-Zalman aient souhaité
le voir entrer dans les affaires comme eux, mais il refusa et préféra gagner
chichement sa vie en enseignant. À partir de ce moment-là, il repoussa toute aide de
son père ou de ses frères.
Sa famille aurait pu demeurer paisiblement à Posen si le mouvement de la
« Haskalah » n’avait surgi. C’était un véritable danger pour la foi juive. Rabbi Moshé
et quelques autres habitants juifs commencèrent à craindre de ne plus pouvoir
continuer à servir D.ieu et à étudier la Torah comme auparavant, et ils décidèrent de
s’expatrier, espérant atteindre la Russie blanche où se trouvaient de grands centres
juifs.
Ils errèrent ainsi de ville en ville jusqu’à ce qu’ils arrivent en Russie blanche. Rabbi
Moshé et l’un de ses fils s’installèrent à Minsk. Deux autres fils, Judah et Mardochée,
s’établirent à Orcha dans le district de Moghilev ; Chnéour-Zalman, sa femme et leur
fille Déborah-Léah accompagnèrent les familles de Posen qui l’employaient comme
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professeur. Ils s’installèrent tous à Vitebsk et Chnéour-Zalman continua à enseigner.
Trois ans plus tard, la femme de Chnéour-Zalman donna le jour à un fils et ils le
nommèrent Barou’h comme son grand-père « Barou’h Batlane », qui était mort à
Posen avant leur départ.
Le petit Barou’h était un enfant vigoureux et il se développait bien, physiquement et
moralement. Chnéour-Zalman habitait l’une des rues pauvres et étroites qui se
trouvaient dans les faubourgs de Vitebsk, non loin de la rivière Dvina. Au-delà
s’étendaient des jardins, des champs, des prairies et des vergers. La pauvreté était par
conséquent moins sensible dans cette partie de la ville où l’on était si près de la
nature. Chnéour-Zalman avait toujours aimé la nature. Il voulait toujours être près de
la création de D.ieu et il inculqua ce sentiment à son fils Barou’h dès sa naissance.
La majestueuse Dvina et les magnifiques jardins, les champs, les prairies et les
vergers, furent profondément gravés dans l’esprit du petit Barou’h dès son enfance.
Cependant, cela ne l’empêchait pas d’étudier la Torah. Car, alors qu’il n’avait encore
que quatre ans, son père l’emporta, enveloppé dans un tallith, chez un melameddardeki,4 alors qu’il était lui-même, professeur d’une classe plus avancée. Barou’h
avait besoin de suivre un cours préparatoire avant de devenir l’élève de son père.
Barou’h montra bientôt un grand attrait pour l’étude. Il étudiait depuis un an à peine
qu’il savait déjà parfaitement une grande partie du ‘Houmache.5
Très vite, Chnéour-Zalman le remit entre les mains d’un autre maître, qui enseigna le
Talmud au petit Barou’h. Quand Barou’h eut sept ans, Chnéour-Zalman le prit dans
sa propre classe et le plaça avec ses autres élèves. Pendant trois ans il étudia avec son
père et montra des dispositions remarquables. Il rattrapa et dépassa rapidement ses
compagnons qui étaient tous beaucoup plus âgés que lui. Outre le fait que ChnéourZalman instruisait son fils, il passait beaucoup de temps avec lui, en tête à tête. Il
emmenait son petit Barou’h faire de longues promenades sur les bords de la Dvina.
Ils marchaient à travers champs et prairies et Chnéour-Zalman lui parlait tout le
temps de la Torah, et lui contait toutes les merveilles de la création de D.ieu.
Ces promenades en plein air, avec le splendide monde de D.ieu sous les yeux, éveilla
dans le cœur de Barou’h un grand amour de la nature et le désir d’être seul avec la
nature, loin du monde.
Ainsi, dès sa prime jeunesse, Barou’h se montra enclin à la solitude. Quand il devint
Bar Mitsva, il était déjà parfaitement familier avec plusieurs Sedarim de Michnayoth6
4
Maître qui enseigne aux petits enfants
5
Le Pentateuque
La Michna est divisée en six “sedarim”, six “ordres” thématiques
6
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et connaissait par cœur plusieurs traités de Guémara.7 Barou’h pouvait maintenant
étudier tout seul sans l’aide d’un maître. Son père le lui permit, lui indiquant
seulement ce qu’il devait apprendre et comment il devait organiser ses études.
Maintenant qu’il n’était pas lié à un maître ou une école, Barou’h prenait sa Guémara
et d’autres livres recommandés par son père et s’en allait sur les rives du fleuve et là,
assis sur une pierre ou étendu dans l’herbe tendre, il se livrait sérieusement à l’étude.
Loin d’être une source de distractions, la beauté de la nature l’encourageait dans ses
études. Le clapotis de l’eau, le chant des oiseaux et le bourdonnement des abeilles
formaient un chœur naturel qui s’harmonisait avec son propre chant dont il
accompagnait son étude.
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7
Guémara = Talmud, discussion des Sages sur la Michna
20
Mitsva Minutes
La Crainte de D.ieu
Crainte, révérence et émerveillement
La crainte de D.ieu est une mitsva très libératrice.
On peut représenter les choses comme ça : il y a deux forces
qui dressent le décor de votre rôle sur cette terre, l’amour et la
crainte. Les plus petites choses dans la vie sont celles que vous
aimez et craignez le moins. Les plus grandes sont celles que
vous aimez et craignez le plus.
Avec l’amour, vous fixez vos objectifs. Avec la crainte, vous
fixez vos limites. Quelqu’un qui craint l’échec est destiné à ne
pas prendre de risques. Quelqu’un qui a peur des autres est
étranger à lui-même. Quelqu’un qui a peur de la vie n’a pas
d’espace pour respirer.
La Torah nous libère en déclarant qu’il n’y a qu’une seule chose digne d’être crainte et
ce n’est pas l’échec, pas les autres, pas même la mort. La seule chose à craindre est
Celui qui est au-delà de toute chose et à l’intérieur de toute chose, Celui que nous
appelons D.ieu.
Quelle est cette crainte ? Cela peut-être la simple peur que « Si je fais telle chose qu’Il
n’aime pas, les conséquences ne seront pas bonnes. » Ou bien, pour celui qui ressent
l’amour de D.ieu inné de son âme, c’est la peur de la séparation de cet amour et de
cette unité, comme un enfant qui craint d’être séparé de ses parents. Pour ceux qui
contemplent la grandeur infinie de D.ieu et les merveilles de Sa création, la crainte est
un sentiment de révérence et de saisissement, affectant spontanément tous les sens,
élevant la vie tout entière à un plus haut niveau.
Parfois le mot « révérence » convient mieux. Parfois c’est « émerveillement ». Mais
dans toutes ces formes de crainte, il y a un point commun : la conscience d’une réalité
au-delà de la vôtre qui définit et détermine tout ce que vous faites. Dès lors, chaque
forme de véritable crainte de D.ieu est un affranchissement des limites de votre ego
pour être absorbé dans un ensemble plus vaste. Un affranchissement que l’amour le
plus puissant ne peut pas procurer. Car l’amour est avant tout une expression de la
nature de celui qui aime, alors que la crainte, la révérence et l’émerveillement sont
exclusivement tournés vers Celui qui est craint.
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Et si vous ne ressentez pas cet émerveillement, ou pas même de révérence, voire pas
même de crainte ? Dans ce cas, vous pouvez consacrer un moment chaque jour à
méditer sur votre relation avec D.ieu, à devenir intensément conscient de Son
immense et aimante présence. Lorsque cette conscience aura trouvé une place fixe
dans votre cœur, tout ce que vous faites trouvera sa juste place, avec joie et plaisir.
Vous serez libre.
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Questions
Judaïsme ou Lennonisme ?
Lequel est le plus ouvert?
par Aron Moss
Question :
Je ne veux pas que mes enfants soient étroits d’esprit
ou fondamentalistes, c’est pourquoi je ne leur ai pas
donné une éducation juive. Ils ont été élevés sans
aucune religion ; ils sont libres de choisir les croyances
qui leur plaisent. J’essaie de vivre selon les paroles de
John Lennon :
Imagine there’s no countries,
It isn’t hard to do,
Nothing to kill or die for,
No religion too,
Imagine all the people
Living life in peace...
Imaginez qu’il n’y ait pas de pays,
Ce n’est pas difficile,
Aucune cause pour laquelle tuer ou mourir,
Aucune religion non plus,
Imaginez tous les gens,
Vivant leurs vies en paix...
N’est-ce pas cela la vie ?
Réponse :
J’admire votre passion et votre idéalisme. Vous avez manifestement réfléchi à l’avenir
moral de vos enfants, ce qui est tout à votre honneur. Vous êtes libre de croire ce que
vous voulez, et d’enseigner à vos enfants ce que vous jugez bon. Mais je ne vois pas
comment vous êtes moins fermé d’esprit que n’importe quel autre fondamentaliste.
Vous dites que vous avez élevé vos enfants sans religion parce que vous ne voulez pas
leur imposer vos idéaux. Mais par cela même vous leur imposez vos idéaux ! En
n’apprenant rien sur le judaïsme, ils n’ont pas le choix d’explorer leur identité au
moment de leur vie qui les influencera le plus : leur jeunesse. Ils n’ont pas choisi cela.
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Vous avez choisi pour eux. Vous avez décidé de leur religion pour eux. Ils sont
Lennonistes, que cela leur plaise ou non.
Et si cette chanson est votre bible, alors ils sont élevés dans une religion beaucoup
plus fermée d’esprit que le judaïsme.
Vous n’avez cité qu’un seul couplet. Mais je pense que le dernier couplet de la
chanson est le plus révélateur. Là, il apparaît clairement que la vision du monde de
John Lennon est aussi fermée que celle du plus borné des extrémistes. Il écrit :
You may say I’m a dreamer,
But I’m not the only one.
I hope someday you’ll join us,
And the world will live as one.
Vous pouvez dire que je suis un rêveur,
Mais je ne suis pas le seul.
J’espère qu’un jour vous nous rejoindrez,
Et le monde vivra comme un.
En d’autres termes, il y a « vous » et il y a « nous ». Vous êtes les non éclairés. Nous
avons trouvé la vérité. Mais j’ai espoir qu’un jour vous deviendrez l’un des nôtres.
C’est seulement alors que le monde pourra vivre « comme un ». Ça vous rappelle
quelque chose ?
Comparez cela avec le point de vue du judaïsme qui dit que tout le monde n’a pas
besoin d’être juif. Un non-juif peut vivre une vie parfaitement épanouie et pleine de
sens tout en restant un non-juif ; il n’a pas besoin de nous rejoindre. Ce qui peut nous
faire vivre « comme un », c’est de reconnaître que nous sommes tous créés par le
même D.ieu. Mais nous n’avons pas tous besoin de Le servir de la même façon.
Nous choisissons tous un système de valeurs sur lequel baser notre vie et que nous
enseignons à nos enfants. Que vous appeliez cela religion ou autre chose fait peu de
différence : c’est une manière particulière de considérer le monde. Mais pouvez-vous
imaginer une religion qui n’ait pas l’étroitesse d’esprit de croire que tout le monde
doive l’adopter ?
It’s easy if you try – C’est facile si vous essayez.
Rav Aron Moss enseigne la mystique juive, le Talmud et la pratique du
Judaïsme à Sydney en Australie et contribue fréquemment à
Chabad.org.
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