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que les différences de performances scolaires étaient dues aux différences culturelles et
non à des différences biologiques ou géographiques.
Malinowski pour sa part rejette l’affirmation selon laquelle les résultats inférieurs
des Africains aux tests de QI montrent avec évidence qu’ils étaient intellectuellement
inférieurs aux européens, faisant remarquer que les Africains avaient des résultats
inférieurs aux tests parce qu’on leur offrait une scolarité inférieure. Dans sa perspective
fonctionnaliste, il recommande aux éducateurs de préserver les cultures d’origine et de
n’enseigner une école formelle que pour les indigènes devant avoir des contacts avec
les Européens. Pratiquement, aucun des anthropologues de cette époque n'étudiait alors
l’éducation formelle d’un point de vue ethnographique.
Dans les années 50, quelques anthropologues commencent à étudier l’école. Un
de ces pionniers est Spindler à Standford qui participa à un projet interdisciplinaire
étudiant comment les enseignants et les membres de l’administration interagissaient
entre eux et avec les élèves «dans les cadres naturels (natural setting) de l’école et de la
communauté » (Spindler 63). Dans ces mêmes années 50, les autres pionniers étaient
Henry aux Etats Unis (57), Brameld à Porto Rico (58), Wylie en France (57), et Read en
Afrique (55). Les résultats de leurs recehrches étaient généralement publiés dans des
revues qui n’étaient pas des revues d’Anthropologie. A cette période, un facteur
important de promotion de l’établissement de relations entre Anthropologie et
Education fut la conférence réunissant A et éducateurs soutenue conjointement par
l’American Anthropologist Association, la School of Education et le département d’A
de Stanford. Le résultat de cette conférence fut la publication du premier recueil de
textes sur le thème A et éducation, Éducation and anthropology (Spindler 1955).
Dans les années 60 trois événements entraînent et l’engagement des
anthropologues dans les problèmes scolaires, et le développement d’une anthropologie
éducationnelle considérée comme un sous champ de l’anthropologie :
Le premier est la crise sociale et politique que les Etats Unis ont eu à affronter
dans les années 60. On fit alors appel aux anthropologues pour contribuer à la solution
des problèmes éducatifs de la nation, spécialement ceux affectant les pauvres et les
minorités. Quelques A commencèrent à s’interroger sur la place de l’éducation dans un
espace de crise sociale et politique, spécialement auprès des pauvres et des minorités
pour qui les écoles étaient des «institutions étrangères (alien)». Pour répondre à cette
question et d’autres qui lui sont reliées, Stanley Diamond initia le Culture of the School
Study Project en 1963. Un des objectifs de ce projet était de produire une critique
Anthropologique ainsi qu’une bibliographie de l’éducation ; un autre était d’organiser
des réunions sur des thèmes (issues) spécifiques concernant le rôle des écoles dans les
troubles sociaux et politiques. Les premiers résultats furent présentés au « United States
Office of Education » en 1966, et certains des résultats de cette recherche furent intégrés
avec des textes postérieurs et publiés sous le titre Anthropological perspective on
education en 1971 sous la direction éditoriale de Wax, Diamond et Gearing. Les auteurs
des textes de ce volume représentaient une section transversale (cross-section) des A.
Le second facteur encourageant l’AE dans les années 60 fut la nécessité de répondre
à la conception erronée de la culture défendue par les psychologues de l’education et
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@ J. Ogbu, Anthropology of education, trad. P. Clanché 3