KAMPEL Rafael Travaux Pratiques Chimie Organique IB Assistant : J. Jodry Projet n° 22 : Genève, le 30 janvier 1999 1. Introduction Cette expérience vise à produire le Phenyl-1-ethanol par réduction de l’acétophénone. Il s’agit ici d’une réaction de réduction classique d'une cétone par le borohydrure de sodium : O OH NaBH4 EtOH Acétophénone Phenyl-1-ethanol Le produit obtenu est largement utilisé dans l’industrie pharmaceutique et également dans la production des cosmétiques où il est utilisé dans des parfums. 2. Résultats et discussion Le mécanisme de cette synthèse se fait en deux étapes : 1. Le fixage d’un ion H- provenant de NaBH4 sur l’acétophénone. 2. Protonation de l’oxygène carbonylique par le solvant. O OH H OEt + + Na H3 + Na H3 B OCH2CH3 Ethoxyborohydrure de sodium B H Lors de ce genre de réactions, nous mettons à profit la nature électrophile du carbone carbonylique à l’aide d’un hydrure pouvant générer un H- auquel le carbone est sensible. Quant au produit secondaire de cette réaction, l’éthoxyborohydrure de sodium, il est encore capable d’attaquer trois autres molécules d’acétophénone jusqu’à ce que tous les hydrures aient été largués. Donc, un équivalent de borohydrure peut réduire quatre équivalents d’acétophénone en phenyl-1-éthanol. Le bore se retrouve finalement sous forme de tétraethoxyborate, B-(OCH2CH3)4. Le spectre RMN nous révèle qu’il ne reste plus aucun solvant dans l’échantillon et avec une analyse plus poussée nous arrivons aisément à reconnaître tous les protons présents dessus. Le rendement total de la réaction est de 57,2%. 3. Questions Comparez les réactifs LiAlH4 et NaBH4 dans les réactions avec RCOCl, RCHO, RCOR’, RCOOR’, RCOOH, RCN, RCONH2, C6H6, RCH=CHR. Afin de pouvoir comparer ces deux réactifs, nous nous devons premièrement de décrire les différences entre eux du point de vue réactionnel. L’hydrure de lithium aluminium est plus réactionnel que le borohydrure de sodium car ses hydrogènes sont beaucoup plus basiques. Ils sont alors violemment attaqués par l’eau et les alcools pour devenir des molécules d’hydrogène. Les réductions par LiAlH4 doivent alors se faire dans des solvants aprotiques tels que l’éther diéthylique. Dès lors, nous pouvons conclure que les composés solubles dans les solvants aprotiques réagiront mieux avec LiAlH4 et ceux solubles dans les solvants protiques réagiront mieux avec NaBH4. Ceci revient à dire que plus le produit est polaire, plus mieux il réagira avec NaBH4 et inversement avec LiAlH4. LiAlH4 NaBH4 RCOCl RCHO RCOR’ RCOOR’ RCOOH non non non non non oui oui oui oui oui RCN RCONH2 C6H6 non non oui oui oui non RCH=CHR oui non On constate alors que NaBH4 est le réactif le plus approprié dans la plupart des cas. 4. Conclusion Cette expérience se déroule sans problème particulier, et offre un très bon rendement pour une méthode plutôt simple à comprendre et à réaliser. La plus grande partie des pertes sont dues à un problème d’interprétation discuté plus loin en détail dans la partie expérimentale. La purification du produit est très efficace éliminant ainsi toute trace d’impureté dans l’échantillon. Il existent plusieurs autres alternatives de synthèse pour ce composé. Une méthode proposée est d’utiliser un réactif de Grignard (PhMgCl) avec Et2O dans THF1. Une autre méthode trouvée dans la littérature consiste en l’hydrogénolyse de la phenyloxirane avec du Ni-Raney, Pd/C dans une solution de Na2CO32. 5. Partie expérimentale 5.1 Mode opératoire Réactifs employés : • Acétophénone • Borohydrure de sodium • Ethanol 1 2 J. Org. Chem., 22 (1957), 1202-5. J. Org. Chem., 24 (1959), 1847. 9,95g (82,9 mmol) 3,44g (91,0 mmol) 40 ml L’éthanol et l’acétophénone sont placés dans un ballon à deux cols muni d’un réfrigérant et d’une ampoule à addition. Une solution de 3,44g de NaBH4 dans 20 ml d’eau et 0,5 ml de NaOH est ajoutée pendant environ 20 minutes. Le mélange est alors agité pendant 3h. Lorsque toute l’acétophénone est réduite (vérification par TLC), la réaction est refroidie à 0°C et 40ml de HCl 2N sont ajoutés prudemment. Le mélange est alors versé dans une ampoule à décanter dans 100 ml d’éther, mais on remarque alors que l’hydrolyse n’est pas tout à fait finie. Le mélange est alors laissé au repos pendant la nuit. Le lendemain, on constate la formation de sels dans l’ampoule à décanter, possiblement du NaCl. On continue toutefois l’extraction 3 fois avec 100ml d’éther et la phase organique est alors lavée avec une solution de 10% de NaHCO3 et de l’eau et finalement séchée sur MgSO4. L’éther est alors éliminé dans le rotavapor et le produit est finalement distillé sur 1g de K2CO3 afin d’éviter que l’alcool se déshydrate. On distille d’abord à pression ambiante afin d’éliminer toute trace d’éther dans l’échantillon par précaution. Une fois toute la fraction à 32°C passée, on distille à pression réduite. On distille alors à 115°C/27 mmHg. Le produit passe avant la température attendue, soit 105°C ; la plupart des pertes sont dues au temps mis pour se rendre compte qu’il s’agissait effectivement du produit. 5.2 Résultats On effectue alors une analyse par CPV pour vérifier la pureté du produit. Celle-ci est extrêmement longue (temps de rétention : ~45min et température d’abord à 120°C et puis augmentée à 180°C). Nous arrivons tout de même à conclure que l’échantillon est dépourvu d’impuretés et/ou produits secondaires. Le rendement est ensuite déterminé. Comme expliqué plus tôt, une molécule de borohydrure peut réduire jusqu’à quatre équivalents d’acétophénone. On en conclut que l’acétophénone est le réactif limitant. Le nombre de moles de phenyl-1-ethanol attendues est alors de 82,9 mmol. Nous avons récupéré 5,81g de phenyl-1-éthanol, soit 47,64 mmol. Ceci représente un rendement de 57,2%. 5.3 Analyse des spectres On commence l’analyse par le spectre IR. Etant donné que la référence ne nous donne pas les valeurs des pics avec précision, mais plutôt une idée de l’apparence du spectre, nous allons énumérer ceux-ci et les expliquer, basés sur la littérature. IR : 3604 ; 3435 ; 3020 ; 2978 ; 2890 ; 2464 ; 1952 ; 1881 ; 1811 ; 1758 ; 1603 ; 1493 ; 1452 ; 1377 ; 1225 ; 1076 ; 1008 ; 897 ; 747 ; 698 ; 674 ; 605 ; 540. Les principales fonctions se situent à : 3604 cm-1 : O-H stretching 2890 cm-1 : -C-H stretching 1603 cm-1 : noyau aromatique 1378 cm-1 : -CH3 déformations symétriques 1076 cm-1 : -C-OH, C-O stretching Le spectre RMN nous procure, comme toujours, des informations plus valeureuses à propos de la structure. Nous y distinguons tous les protons comme s’en suit : Premièrement, l’amas de protons situés aux alentours de 7,27 PPM proviennent inévitablement du noyau aromatique, dont les protons qui sont attachés ont comme déplacement chimique toujours 7,27 + …. On en conclut que tous les 5 protons appartenant au noyau aromatique s’y trouvent. Ensuite, d’après les tables, le déplacement chimique d’un groupement méthyle (CH3-CO) est d’environ 1,3 PPM. Ce qui nous permet d’attribuer les 3 protons de ce groupe aux valeurs voisines de 1,5 PPM. Il reste à présent distinguer entre les deux protons restants. Le proton attaché à l’oxygène a un déplacement chimique avoisinant 4,5 PPM, donc nous l’attribuons au pic situé aux alentours de 4,87 PPM. Finalement il reste le dernier proton, lié au carbone portant le groupement hydroxyle, situé à environ 2,17 PPM. Finalement on peut calculer les constantes de couplage pour chaque proton, plus particulièrement pour ceux se trouvant sur un carbone adjacent à celui qui porte le groupement OH. La constante de couplage pour les protons du groupement méthyle J = 6,42 Hz. Celle du proton attaché au carbone portant le OH est de J = 8,66 Hz. Finalement, le proton du groupement OH a pour constante de couplage J = 6,50 Hz. On en conclut donc qu’il existe un couplage entre les protons du groupe méthyle et ce dernier. 6. Références • • • • Vollhardt, Schore ; Traité de Chimie Organique, 2ème ed, 1995, ch 8. Dictionary of Organic Compounds, 5th ed. J. Org. Chem., 22 (1957), 1202-5. J. Org. Chem., 24 (1959), 1847.