INSUFFISANCE CARDIAQUE HTAP ET INSUFFISANCE CORONAIRE F BAUER La réadaptation cardiaque Définition de l’OMS ’’La réadaptation cardiaque est l’ensemble des activités nécessaires pour influer favorablement le processus évolutif de la maladie, ainsi que pour assurer aux patients la meilleure condition physique, mentale et sociale possible, afin qu’ils puissent par leurs propres efforts préserver ou reprendre une place aussi normale que possible dans la vie de la communauté’’ HISTORIQUE • Le repos au lit a longtemps été préconisé dans l'insuffisance cardiaque et la cardiopathie ischémique • Rationnel: • diminution de la demande d'oxygène, • Une baisse des résistances artérielles périphériques • Une baisse du travail cardiaque L'exercice physique contre indiqué COMPLICATIONS • Atrophie musculaire • Escarres • Thrombose veineuses • Embolies pulmonaires • ..... Puis dans les années 80 .. • L'idée de faire réaliser des exercices physiques aux insuffisants cardiaques a d'abord été proposée pour lutter contre l'atrophie musculaire et les complications du décubitus. • Depuis de nombreuses études sont venues confirmer son efficacité et l'ont fait inscrire dans la plupart des recommandations des sociétés de cardiologie dans le monde. INSUFFISANCE CARDIAQUE REVUE DE LA LITTERATURE symptômes Kayanakis J, Presse Med, 1994; 23 : 121 Test de marche 6 min McKelvie R, Am Heart J 2002;144:23-30 Effets sur VO2 au maximum de l’effort McKelvie R, Am Heart J 2002;144:23-30 Effet de l’entrainement sur la FE ELVD - CHF débit cardiaque Coats A et al, Circulation, 1992 ; 85 : 2119-31 EFFET SUR LA MORTALITE CV ET READMISSIONS POUR IC • Belardinelli R et al. Circulation 99:1173-1182 OU PAS … • McKelvie RS et al. Am Heart J. 2002;144:23-30 ExtraMATCH méta analyse Piepoli M . BMJ 2004:1-7 HF-ACTION • N=2331 • Mediane de suivi= 2,5 ans • Multicentrique: • 67 aux Etats unis • 9 au Canada • 6 en France OBJECTIF PRINCIPAL Patients with left ventricular systolic dysfunction and New York Heart Association class II-IV symptoms who undergo exercise training in addition to usual care will have a 20% lower rate of all-cause mortality or allcause hospitalization (primary endpoint) over two years than patients who receive usual care alone. CRITERES D’INCLUSION • LVEF <35% • NYHA – Class II, III, or IV heart failure for 3 months – Minimum of 6 weeks of treatment • On optimal therapy according to AHA/ACC and HFSA HF guidelines, including ACEI and beta-blocker, or has documented reason for variation • Sufficiently stable, by investigator judgment, to exercise 2 GROUPES • PEC USUELLE: • Traitement médical optimal • Éducation thérapeutique • Appels téléphoniques • READAPTATION CARDIAQUE: • Traitement médical optimal • Éducation thérapeutique • Appels téléphoniques • Entrainement supervisé • Entrainement à domicile CLASSE NYHA QUALITE DE VIE Mortalité ou hospitalisations toute cause Mortatalité cardiovasculaire ou hospitalisations pour IC • Objectif: 120 mn d'activité par semaine • À 3 mois, 52 % des patients effectuaient les exercices durant 40 minutes au moins trois fois par semaine (durée médiane hebdomadaire à 76 minutes) • Ce taux s'est maintenu pendant la première année (74 mn) puis a chuté à 50 minutes par semaine. • • Au bout des 2 ans, 30% des patients suivaient encore le programme…. MODALITÉS PRATIQUES CHEZ L’IC Spécificité de la réadaptation cardiaque • Patients fragiles, sujets à décompensation • S’assurer de la stabilité de l’IC, d’un traitement médical • • • • optimisé Surveillance étroite cardiologique Formation spécialisée de l’équipe de réadaptation ( kinés en particulier) Prise en charge plus prolongée (40 séances) Intérêt des techniques de reconditionnement segmentaires, ESM Evaluation fonctionnelle par le test de marche de 6 minutes ou VO2 max Evaluation fonctionnelle: les tests de marche • Le plus utilisé est le test de 6 minutes • Simple à réaliser, reproductible, validé • Bon indicateur de l ’adaptation aux contraintes environnementales: autonomie de sécurité en milieu urbain = minimum de 322 m en 6 min. (54 m/min) Evaluation fonctionnelle: test de 6 minutes Après un repos de 15 min, le patient doit parcourir la plus grande distance possible en 6 min, sur un parcours plat balisé qu’il aura reconnu préalablement. Il est accompagné pendant le test (chronométré). Il est informé toutes les 2 min. Il peut s’arrêter en cours de test si mauvaise tolérance. Noter les signes cliniques (douleur, dyspnée, malaise, motivation…) ainsi que FC et TA en fin de test Test de 6 minutes Test de 6 minutes • Bon reflet des capacités sous-maximales endurantes (activités de la vie courante) • Bonne corrélation avec - la gravité de l ’ICC - les stades de la NYHA (sévère: 150m,picVO2>20:500m) - les capacités aérobies • Objective l ’efficacité du reconditionnement • Facteur pronostique de morbi-mortalité dans l ’ICC Les seuils ventilatoires - Correspondent au recours au métabolisme anaérobie lors d'un effort croissant entrainant des ajustements ventilatoires - Déterminés graphiquement - Exprimé par la valeur de la VO2 (mL.min -1) au moment du seuil - Pour l’entrainement en puissance ou FC développée au seuil Intérêt - Déterminer les niveaux de l’entrainement - Evalue la condition musculaire Les seuils ventilatoires 1er seuil ventilatoire SV1 accumulation lactique tamponnée = > adaptation ventilatoire = lactate [H+] + bicarbonate → H2O + CO2 → hyperventilation VE - Chez adulte sain à environ 55% de la VO2max - Anormalement précoce si < 40% de la VO2 max - Seuil retardé par l’entrainement, précoce chez le déconditionné VO2max normal SV1 normal ou non atteint SV1 précoce Normal - Déconditionnement - Compensation périphérique d’une mauvaise réponse cardiaque VO2max basse -Motivation insuffisante -Insuffisance respiratoire Insuffisance circulatoire 4 méthodes de détermination de SV1 Méthode de Beaver ou V-Slope point de changement de pente de la relation VCO2/ VO2 Ventilatory Threshold = SV1 4 méthodes de détermination de SV1 Méthode des équivalents respiratoires Augmentation de VE/VO2 isolé Première accélération de la courbe VE Les seuils ventilatoires 2ème seuil ventilatoire ou SV2 Accumulation lactique décompensé = > inadaptation ventilatoire ( tampon HCO3- dépassé → acidose lactique → hyperventilalation VE - QR ≥ 1 (croisement des courbes VO2 et VCO2) - Augmentation brutale de VE/VCO2 - Seconde accélération de VE Les seuils ventilatoires 2ème seuil ventilatoire ou SV2 - Augmentation brutale de VE/VCO2 - Seconde accélération de VE Les seuils ventilatoires 2ème seuil ventilatoire ou SV2 - QR = 1 (croisement des courbes VO2 et VCO2) voire >1 - Seconde accélération de VE Le test d’effort de ré-entraînement • Le plus souvent sur bicyclette • • • • ergométrique (Europe) Sous contrôle: cardiologue et infirmière Sécurité (défibrillateur, chariot d’urgence) Expliqué au malade Compte-rendu précis Le test d’effort de ré-entraînement • Sur tapis roulant (USA) • Protocoles divers faisant varier vitesse et/ou pente ( Bruce, Bruce modifié, Balke, Naughton…) Le test d’effort de ré-entraînement sur manivelle • Quand test MI impossible car pb orthopédique, vasculaire (amputation), trophique, neurologique associé • Quand sollicitation préférentielle MS (profession, loisir) • Protocoles discontinus pour recueil PA et ECG • Habituation RÉADAPTATION DU CORONARIEN L’entrainement physique a 6 bénéfices principaux Fonction endotheliale Progression de l’athérome Perfusion coronaire Bénéfices de l’entrainement physique SNA FEVG Correction des FDR Comment expliquer les bénéfices? 4) Amélioration de la fonction ventriculaire gauche Fig. 5. L’entraînement physique en post-infarctus antérieur n’augmente pas les volumes ventriculaires par rapport au groupe témoin. L’entraînement physique augmente significativement la fraction d’éjection, p < 0,001 Giannuzi P, JACC1993 Comment expliquer les bénéfices? Amélioration de la perfusion coronaire • Vasodilatation périphérique par stimulation de la sécrétion d’oxyde nitrique (No) par l’endothélium et le système nerveux autonome. • Augmentation de l’angiogenèse en stimulant le développement de la collatéralité des artères coronaires et favorise le pré-conditionnement myocardique Cela explique probablement l’augmentation de la perfusion myocardique démontrée dans l’étude PET [6] Comment expliquer les bénéfices? Ralentissement de la progression de l’athérome Fig. 4. Progression des lésions coronaires significativement supérieure dans le groupe témoin, p < 0,001. Régression des lésions coronaires quand les dépenses énergétiques dépassent 2204 kcal Hambrecht JACC 1993 Comment expliquer les bénéfices? Optimisation des facteurs de risque Entrainement physique et diabète • Amélioration équilibre glycémique par l’entraînement aérobie mais sans effet-dose [11] • Diminution hémoglobine glyquée de 0.66 % [12] • Prévention survenue DNID chez sujet à risque ( baisse de l’insulinorésistance) [13] Entrainement physique et HTA • Amélioration des chiffres tensionnels sous reconditionnement : • -7,4 mmHg Syst / -5,8 mmHg Diast[14] • Pas d’efficacité supérieure d’un entrainement intensif [15] • Effet = voire > Monothérapie [16] • Impact < chez sujets âgés[17] Comment expliquer les bénéfices? DYSLIPIDEMIES • Diminution triglycérides, augmentation du HDLCholestérol [18] retrouvé dans pratiquement toutes les études alors que certaines montrent un effet moins probant sur le LDL c • Mécanismes mal connus: ré-orientation métabolisme musculaire vers utilisation des lipides plutôt que glycogène? • Cet impact participe à la diminution de la mortalité [20] Sevrage tabagique • Sevrage facilité par l’activité physique [21] : Etude de Markus et Al etudes portées sur 280 femmes randomisées en deux groupes , un groupe interventionnel : 12 séances d’aides au tabac et 3 séances d’entrainement par semaines . A un an sevrage 11,9 % versus 5,4 % Comment expliquer les bénéfices? Entrainement physique et trouble de l’humeur • • • • Aggravent le pronostic après évènement cardio-vasculaire Le traitement de la dépression fait partie de la prise en charge globale en réadaptation Améliore l’anxiété et la dépression par remise en confiance [22] Mais pas d’impact sur la morbi-mortalité [23] Surcharge pondérale: • En association au régime: amélioration du contrôle [24] . • Personnes obeses actives et en bonne condition physique morbi-mortalité plus faible que les obeses inactifs et même que les personnes de poids nomale sédentaires [25] Buts • Améliorer le pic de VO2 • Recul Seuil ventilatoire, seuil ischémique • Fréquence cardiaque plus basse pour un même niveau d’effort • Meilleur équilibre système nerveux : Sympathique/ Parasympatique MODALITÉS PRATIQUES CHEZ LE CORONARIEN Déroulement de la réadaptation 1 Evaluation initiale du patient : [26 ] Evaluation clinique : avec un examen clinique complet : ATCDS cardiovasculaires , histoire de l’événement récent Examen complémentaires : • ECG • ETT • Holter ECG ou télémétrie • Epreuve d’effort plus ou moins VO2 Cette évaluation permet de déterminer le niveau de risque Le niveau de risque conditionnera le mode réentrainement : Faible : •Evolution clinique hospitalière non compliquée •Bonnes capacités fonctionnelles (> 6 METS) à distance (4 semaines de la phase aiguë) •FEVG conservée •Pas d’ischémie myocardique résiduelle au repos ou à l’effort • Pas d’arythmie ventriculaire sévère au repos ou à l’effort. Intermédiaire •Capacités fonctionnelles moyennes (5-6 METS) à distance •Seuil ischémique élevé •Fonction ventriculaire gauche systolique modérément altérée ; •Ischémie myocardique résiduelle modérée et/ou sous-décalage du segment ST inférieur à 2 mm test d’effort ou ischémie myocardique réversible lors des explorations isotopiques ou échocardiographiques •Arythmie ventriculaire peu sévère (classe I ou II de Lown) au repos ou à l’effort. Élevé •Evolution clinique hospitalière compliquée (insuffisance cardiaque, choc cardiogéniqueet/ou arythmie ventriculaire sévère) ; •Survivants de mort subite •Capacités fonctionnelles basses (< 5 METS) à distance (3 semaines ou plus) de la phase aiguë •Fonction ventriculaire gauche sévèrement altérée (FEVG < 30 %) •Ischémie myocardique résiduelle sévère (angor d’effort invalidant, seuil ischémique bas et/ou sous-décalage du segment ST > 2 mm •Arythmie ventriculaire complexe (classes III, IV et V de Lown) au repos ou à l’effort. 2- Déroulement des séances Multidisciplinarité -Interdisciplinarité • Cardiologue, Médecin Rééducateur, Nutritionniste, Lipidologue, Diabétologue, Addictologue... • Kinésithérapeute, IDE, Ergothérapeute, • Diététicienne, Ortho-prothésiste, Psychologue… • Assistante Sociale. Le plateau technique • Evaluation à l’effort: tests d ’effort, VO2, parcours de marche balisés, mesure force musculaire • Surveillance du patient: écho-Doppler cardiaque, Holter, télémétrie, • Ré-entraînement à l ’effort: Ergomètres, systèmes de poids-poulies, parcours extérieurs, piscine, matériel de gymnastique • Sécurité du patient: réa rapide si nécessaire . A quelle intensité : L’entrainement doit se faire à une intensité proche du seuil ventilatoire :60% de la VO2 Idéalement determiné par une EE avec analyse des échanges gazeux ; le seuil anaerobie survient un peu avant le croisement des courbes de VO2 et VCO2 . Sinon Formule de Karnonen.: FCE = FCR + 0,6 à0,8 (FCM – FCR). Après détermination de cette FCE, les sessions de reconditionnement. CI a l’effort. [29] . Angor instable Insuffisance cardiaque décompensée Troubles du rythme complexes HTA (retarder si TA de repos > 180/105 mmHg) HTAP > 60 mmHg Thrombus intracardiaque mobile Épanchement péricardique de moyenne abondance Myocardiopathie obstructives sévères RA serré et/ou symptomatique Thrombophlébite ou EP récente Affection inflammatoire et/ou infectieuse évolutive Réadaptation chez le patient stenté • Polemique a un moment sur le risque de thrombose de stent pour les efforts importants . Chez ces patients traités par angioplastie coronaire et mise en place de stents,Exceptionnels cas d’occlusion de stent après épreuve d’effort précoce et épuisante ont été rapportés. ( 0.08 % sur une dernière étude du registre français des complications de la réadptation en 2006) [31] Types d’exercices : Entraînement global Renforcement segmentaire contre résistance Electrostimulation 3) Education –Prevention Education thérapeutique • Compréhension de la pathologie , traitement et prise en charge • Autogestion • Meilleures observance et prise en charge • Diminution complications • Amélioration qualité de vie Sevrage tabagique = un objectif capital • Thérapies comportementales • Traitement de la dépression (psychothérapie, anti dépresseurs) • Diététique • Activité physique • Patchs, Gommes Inhaleur Comprimés nicotiniques Conseils diététiques • Proposer le modèle méditerranéen : huile d’olive en priorité (compléter par les huiles de Colza,tournesol,maïs,noix..), plus de poisson, plus de fruits et légumes, plus de féculents et pain. • Favoriser les régimes riches en stérols de plantes (protéines de soja,amandes…) Contrôle pondéral : • Réadaptation pas d’impact rapide sur le poids (IMC), mais par contre sur rapport masse grasse/masse maigre et tour de taille 4) Dernière Phase Fin du ré-entraînement • Autonomisation du patient, • Ne pas perdre les bénéfices acquis pendant la réadaptation • Rôle du médecin traitant, du cardiologue. • Intérêt des Clubs Cœur et Santé, du suivi paramédical, .Reprise d’activité professionnelle 50 à 90 % selon les études et les pays _ 60 à 85 % en France • Favoriser une bonne coordination entre les différents médecins intervenants Assistance sociale • Principaux facteurs responsables d’échec de reprise à 6 mois: 20% de facteurs médicaux - Angor résiduel - Faible capacité d’effort (< 4 METS). - Facteurs socio-économiques et psychologiques 80% Crainte du stress du travail (physique et émotionnel), Pénibilité, Dépression, anxiété, insatisfaction professionnelle, Réticence de l’employeur (principe de précaution), Restrictions législatives ou professionnelles, Système de prévoyance, Faible niveau d’éducation. [30] Conclusion Diminution de la morbimortalité Patient jeune Ambulatoire Reprise du travail Maintenir l’activité physique au décours de la réadaptation