Petite Leçon d`Economie appliquée à Chypre,Le Parti Communiste

Petite Leçon d’Economie appliquée à Chypre
Une monnaie a deux prix, un prix extérieur (le taux de change) et un prix intérieur (le taux
d’intérêt).
Si le pouvoir politique bloque le taux de change avec un deuxième pays « plus productif », alors le
commerce extérieur du pays le moins productif va commencer à se dégrader avec le temps et
l’on assistera à une chute de ce qu’il est convenu d’appeler le taux de couverture des
importations par les exportations. Dans une situation « normale » où le premier pays aura
conservé sa souveraineté monétaire, on assiste à chaque fois à une lente montée des taux
d’intérêts dans le pays le moins efficace, cette hausse du taux de l’argent anticipant en quelque
sorte l’inévitable dévaluation qui clôt le processus et remet les pendules à l’heure, ce qui se serait
passé si Chypre avait conservé sa souveraineté.
Au lieu de cela, comme rien de tout cela n’est possible dans l’Euro, le pays le moins efficace voit
son activité ralentir structurellement, mais ne peut rien faire pour corriger les déséquilibres.
Activité en baisse veut dire déficit budgétaire en hausse (plus de dépenses, moins de rentrées,
conséquences inéluctables de la perte de compétitivité). Ces déficits toujours croissants se
financent sans difficultés, au moins au début, sur les marchés financiers.
Malheureusement, les déficits accumulés se transforment petit à petit en dettes, et il arrive
toujours un moment ou les marchés commencent à prendre peur sur la capacité de l’Etat du pays
faible à rembourser sa dette dans ce qui est en fait la monnaie du pays fort. De ce fait,
l’ajustement nécessaire ne se fait plus par la dévaluation, mais plus brutalement par la faillite de
l’Etat qui a collé son système économique dans une situation d’infériorité. En Economie, comme
le disait Bastiat, le meilleur économiste que la France ait eu, il y a ce que vous voyez,
la possibilité de se balader en Europe et de payer partout avec les mêmes billets, et ce
que vous ne voyez pas, l’inéluctable faillite des Etats Chypriotes, Italiens, Espagnols,
Portugais que cette possibilité entraine.
L’étape suivante est très facile à décrire. Tout le monde va se rendre compte qu’un Euro dans une
banque Chypriote ne vaut pas un Euro dans une banque Allemande et tout un chacun va se
précipiter pour transférer tous ses Euros des banques Chypriotes vers les banques Allemandes. En
termes techniques, cela s’appelle une crise bancaire ou en Anglais, un « bank run » Ce
mouvement est marqué par une chute rapide des dépôts bancaires dans les pays faibles et bien
entendu par une hausse extravagante des taux d’intérêts dans ces mêmes pays faibles, l’argent
devenant rare devient fort normalement hors de prix
L’Euro est donc un Frankenstein financier qui ne peut pas fonctionner dans sa structure
actuelle, ce que je ne cesse de répéter depuis des années. Hélas, trois fois hélas, tout se passe
comme dans une tragédie Grecque, ou tout le monde sait ce qui va se passer et ou personne ne
peut rien faire pour empêcher un dénouement dont tout le monde se doute qu’il sera tragique.
Je suis donc profondément triste parce que je sais la masse des souffrances que l’explosion
inéluctable de ce monstre va créer. Une partie importante de l’épargne Européenne va être
détruite, des établissements financiers de renom vont se trouver en difficultés et leurs
actionnaires seront ruinés alors même que les dirigeants n’ont fait que suivre les directives et les
réglementations qui leur étaient imposées par les pouvoirs politiques à l’origine de cette
monstruosité économique, le chômage va exploser comme constaté encore cette semaine avec
les chiffres les plus désastreux depuis 1997.
Tout cela était parfaitement évitable et n’est le résultat que de l’incompétence mâtinée
d’arrogance d’une certaine classe politique ou administrative que j’ai appelé les « ignoramus » et
à qui le désastre ne coutera rien mais qui voulait voir son pouvoir s’accroitre, un peu comme les
généraux pendant la guerre de 14 qui envoyaient les poilus se faire tuer à Verdun pour
« entretenir le moral des troupes ».
Le Parti Communiste Chinois choisit le libéralisme
pour assurer sa croissance économique
A Hong Kong, où nous avons passé la semaine pour continuer à comprendre, après New York,
l’ambiance des villes qui sont en pleine croissance, nous avons écouté avec beaucoup d’intérêt le
programme de Li Keqiang le nouveau Premier Ministre chinois. Il est clair, c’est « le socialisme à
caractéristiques chinoises » qui est en fait un ensemble de réformes qui se traduiront par une
« transformation des relations du gouvernement avec le marché et la société ». La sphère
publique va donc être réduite avec une diminution du nombre de fonctionnaires, une baisse des
véhicules de fonction et l’arrêt de la construction de nouveaux bâtiments pour les administrations
publiques. Il faudra en particulier dit le Premier Ministre « permettre aux capitaux privés d’entrer
sur des marchés comme ceux de la finance, de l’énergie ou des chemins de fer ».
Le premier parti communiste du monde choisit donc le libéralisme, ce qui ne fait pas en
France l’objet de beaucoup de commentaires ! Né en Occident le capitalisme entrepreneurial est
donc en train de changer progressivement de continent pour se développer avec le succès que
l’on sait en Asie.
L’ex Secrétaire du Parti Communiste Chinois, Xi Jiping, le nouveau président de la Chine , a
néanmoins de nombreux sujets à traiter. Ils peuvent à tout moment déstabiliser l’économie
chinoise :
La migration des campagnes vers les villes. Depuis 30 ans, elle a concerné plus de 500 millions de
chinois. C’est la plus grande migration de l’histoire. Ils seront 1 milliard en 2030. Ils vivent une vie
de seconde classe. De nouvelles politiques sont urgentes pour rendre les villes vivables. Tom
Miller de GaveKal Dragonomics vient de consacrer un livre au sujet « China’s urban billion » non
traduit encore en français. Le statut de « Hukou » qui encadre très rigoureusement les migrations
de la campagne vers les villes devrait être changé. Jusqu’à maintenant il a toutefois permis
d’éviter la formation de bidonvilles à la périphérie des grandes villes chinoises.
Le coefficient Gini qui mesure dans un pays l’écart de revenu entre les plus riches et les plus
pauvres est passé de 0,41 en 2000 à 0,61 en 2010. Ce niveau est généralement considéré
comme un niveau dangereux.
La bulle du crédit fait toujours couler beaucoup d’encre… L’encours de dette au niveau des
sociétés atteint 120% du PIB.
Malgré tout cela, l’économie chinoise devrait rebondir vers la fin de l’année pense Stephen Roach
ex Chairman de Morgan Stanley Asia. . Les entrepreneurs chinois ont confiance dans l’avenir
selon le dernier indice de confiance publié.
Alibaba prépare son introduction en bourse. On s’attend à ce que la capitalisation boursière du
géant du e commerce chinois dépasse les 100Md$ lors du premier jour de cotation.
La majorité des grands gérants mondiaux est en train d’investir plus d’argent à Hong Kong
d’après le dernier sondage réalisé par Jeanny Yu du South China Morning Post.
La hausse des valeurs chinoises devrait se poursuivre en avril et mai selon Agnès Deng la
patronne de Barings Hong Kong. Un des investisseurs parmi les plus puissants du marché chinois
est Jing Ning la gérante de BlackRock sur la Chine. Elle a indiqué qu’elle avait vendu au début de
l’année ses titres de sociétés immobilières, car leur période de très forte croissance était selon
elle terminée pour le moment. Elle a cédé aussi ses valeurs bancaires car leur « price to book
ratio » (=rapport cours de bourse/valeur d’actif net) avait dépassé 1,3. Elle est en train de
réinvestir dans les secteurs de l’industrie (acier, ciment, chimie) et de la santé.
D’après le CLSA Feng Shui Index qui fait des prévisions boursières à partir de l’astrologie chinoise,
le mouvement de hausse continuera jusqu’en juillet.
Chypre : un accord qui inquiète les marchés
En Europe, presque tout le monde pensait qu’après le sauvetage de son système bancaire en
2008, l’événement ne se reproduirait plus. C’était sans compter sans la lenteur et l’irréalisme des
fonctionnaires de l’Union Européenne, du Fonds Monétaire International et de la Banque Centrale
Européenne.
Cela fait des mois que tout le monde sait que les banques chypriotes avaient des actifs qui
représentaient 800% du PIB et qu’elles avaient été tuées par l’obligation de déprécier de 70% en
octobre 2011 la valeur de leurs créances sur la Grèce.
Le non respect de la garantie des dépôts instaure un virus de défiance dans tout le système
bancaire.
Charles Gave de GaveKal Hong Kong qui s’exprimait cette semaine devant les grands
investisseurs chinois réunis au Cheung Kong Center de Hong Kong a annoncé qu’il conseillait de
sortir progressivement des valeurs allemandes pour réinvestir sur le marché japonais. Si l’on veut
réduire le niveau de risque d’un portefeuille, il faut avoir le courage d’en accroitre la volatilité.
La Chine va continuer d’investir très sélectivement en Europe. Elle utilise le Luxembourg comme
base principale de tous ses investissements en Europe. Selon China Economic Review on
répertorie très peu d’investissements réalisés directement en France.
Accord Renault : un bon signe car Arnaud Montebourg ne s’en est pas occupé
En France, dans la rubrique des bons signes, il y en a de temps en temps, il faut reconnaître
que l’accord de compétitivité signé par Renault et trois syndicats, dont Force Ouvrière et la CFDT
va dans la bonne direction. L’équation est simple : augmentation du temps de travail, modération
salariale, contre le non transfert à l’étranger d’usines. Il faut noter toutefois que ce qui apparaît
aujourd’hui comme un succès, a été obtenu sans les caméras de télévision et surtout sans aucune
intervention de l’Etat et d’ Arnaud Montebourg. D’ailleurs, si vous voulez faire rire aux éclats un
chinois qui essaye de comprendre ce qui se passe en France, expliquez lui que chez nous, le
temps de travail est limité par la loi à 35 heures et que la plupart des magasins ne peuvent pas
ouvrir le dimanche !
La rubrique des mauvais signes est, comme d’habitude, toujours fournie cette semaine
Pour la taxation des revenus, selon Le Figaro, le taux marginal serait plafonné à 49,6%.
Comme les revenus du capital (intérêts et dividendes) sont déjà taxés à un taux marginal de 62%
en cumulant la dernière tranche de l’impôt sur le revenu et la surtaxe Fillon corrigées de la
déductibilité de la CSG (42,7% et 3,8%) et les 15,5% de CSG-CRDS il est impossible d’augmenter
de plus de 4,6 points.
Les revenus du travail étant un tout petit peu moins maltraités. L’imposition maximale étant de
54,5% avec une CSG-CRDS de 8%, l’imposition ne pourra pas dépasser les 60%. Il reste donc au
gouvernement soit de frapper encore les ménages, soit de passer par une taxe sur les entreprises
en abandonnant son idée de mettre à contribution les français les plus fortunés. Après des mois
de polémiques pour une taxe inapplicable et contre productive en terme de créations d’emploi, il
faudrait beaucoup mieux abandonner purement et simplement cette taxe.
Un contrôleur général honoraire de la SNCF vient de se voir confier par Matignon « une
mission sur le renforcement de l’accompagnement des mutations économiques…. ». L’intitulé de
la mission est rassurant ! Le Président Henri Queuille, originaire de Corrèze aimait à répéter
“Quand vous êtes embêtés, embrouillez tout”
Retraite chapeau : Pierre Richard ancien président de Dexia vient de voir passer sa retraite
chapeau de 600 000€ par an à 300 000€. La décision est assez surprenante, car la France et la
1 / 22 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans l'interface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer l'interface utilisateur de StudyLib ? N'hésitez pas à envoyer vos suggestions. C'est très important pour nous!