Petite Leçon d’Economie appliquée à Chypre Une monnaie a deux prix, un prix extérieur (le taux de change) et un prix intérieur (le taux d’intérêt). Si le pouvoir politique bloque le taux de change avec un deuxième pays « plus productif », alors le commerce extérieur du pays le moins productif va commencer à se dégrader avec le temps et l’on assistera à une chute de ce qu’il est convenu d’appeler le taux de couverture des importations par les exportations. Dans une situation « normale » où le premier pays aura conservé sa souveraineté monétaire, on assiste à chaque fois à une lente montée des taux d’intérêts dans le pays le moins efficace, cette hausse du taux de l’argent anticipant en quelque sorte l’inévitable dévaluation qui clôt le processus et remet les pendules à l’heure, ce qui se serait passé si Chypre avait conservé sa souveraineté. Au lieu de cela, comme rien de tout cela n’est possible dans l’Euro, le pays le moins efficace voit son activité ralentir structurellement, mais ne peut rien faire pour corriger les déséquilibres. Activité en baisse veut dire déficit budgétaire en hausse (plus de dépenses, moins de rentrées, conséquences inéluctables de la perte de compétitivité). Ces déficits toujours croissants se financent sans difficultés, au moins au début, sur les marchés financiers. Malheureusement, les déficits accumulés se transforment petit à petit en dettes, et il arrive toujours un moment ou les marchés commencent à prendre peur sur la capacité de l’Etat du pays faible à rembourser sa dette dans ce qui est en fait la monnaie du pays fort. De ce fait, l’ajustement nécessaire ne se fait plus par la dévaluation, mais plus brutalement par la faillite de l’Etat qui a collé son système économique dans une situation d’infériorité. En Economie, comme le disait Bastiat, le meilleur économiste que la France ait eu, il y a ce que vous voyez, la possibilité de se balader en Europe et de payer partout avec les mêmes billets, et ce que vous ne voyez pas, l’inéluctable faillite des Etats Chypriotes, Italiens, Espagnols, Portugais que cette possibilité entraine. L’étape suivante est très facile à décrire. Tout le monde va se rendre compte qu’un Euro dans une banque Chypriote ne vaut pas un Euro dans une banque Allemande et tout un chacun va se précipiter pour transférer tous ses Euros des banques Chypriotes vers les banques Allemandes. En termes techniques, cela s’appelle une crise bancaire ou en Anglais, un « bank run » Ce mouvement est marqué par une chute rapide des dépôts bancaires dans les pays faibles et bien entendu par une hausse extravagante des taux d’intérêts dans ces mêmes pays faibles, l’argent devenant rare devient fort normalement hors de prix L’Euro est donc un Frankenstein financier qui ne peut pas fonctionner dans sa structure actuelle, ce que je ne cesse de répéter depuis des années. Hélas, trois fois hélas, tout se passe comme dans une tragédie Grecque, ou tout le monde sait ce qui va se passer et ou personne ne peut rien faire pour empêcher un dénouement dont tout le monde se doute qu’il sera tragique. Je suis donc profondément triste parce que je sais la masse des souffrances que l’explosion inéluctable de ce monstre va créer. Une partie importante de l’épargne Européenne va être détruite, des établissements financiers de renom vont se trouver en difficultés et leurs actionnaires seront ruinés alors même que les dirigeants n’ont fait que suivre les directives et les réglementations qui leur étaient imposées par les pouvoirs politiques à l’origine de cette monstruosité économique, le chômage va exploser comme constaté encore cette semaine avec les chiffres les plus désastreux depuis 1997. Tout cela était parfaitement évitable et n’est le résultat que de l’incompétence mâtinée d’arrogance d’une certaine classe politique ou administrative que j’ai appelé les « ignoramus » et à qui le désastre ne coutera rien mais qui voulait voir son pouvoir s’accroitre, un peu comme les généraux pendant la guerre de 14 qui envoyaient les poilus se faire tuer à Verdun pour « entretenir le moral des troupes ». Le Parti Communiste Chinois choisit le libéralisme pour assurer sa croissance économique A Hong Kong, où nous avons passé la semaine pour continuer à comprendre, après New York, l’ambiance des villes qui sont en pleine croissance, nous avons écouté avec beaucoup d’intérêt le programme de Li Keqiang le nouveau Premier Ministre chinois. Il est clair, c’est « le socialisme à caractéristiques chinoises » qui est en fait un ensemble de réformes qui se traduiront par une « transformation des relations du gouvernement avec le marché et la société ». La sphère publique va donc être réduite avec une diminution du nombre de fonctionnaires, une baisse des véhicules de fonction et l’arrêt de la construction de nouveaux bâtiments pour les administrations publiques. Il faudra en particulier dit le Premier Ministre « permettre aux capitaux privés d’entrer sur des marchés comme ceux de la finance, de l’énergie ou des chemins de fer ». Le premier parti communiste du monde choisit donc le libéralisme, ce qui ne fait pas en France l’objet de beaucoup de commentaires ! Né en Occident le capitalisme entrepreneurial est donc en train de changer progressivement de continent pour se développer avec le succès que l’on sait en Asie. L’ex Secrétaire du Parti Communiste Chinois, Xi Jiping, le nouveau président de la Chine , a néanmoins de nombreux sujets à traiter. Ils peuvent à tout moment déstabiliser l’économie chinoise : La migration des campagnes vers les villes. Depuis 30 ans, elle a concerné plus de 500 millions de chinois. C’est la plus grande migration de l’histoire. Ils seront 1 milliard en 2030. Ils vivent une vie de seconde classe. De nouvelles politiques sont urgentes pour rendre les villes vivables. Tom Miller de GaveKal Dragonomics vient de consacrer un livre au sujet « China’s urban billion » non traduit encore en français. Le statut de « Hukou » qui encadre très rigoureusement les migrations de la campagne vers les villes devrait être changé. Jusqu’à maintenant il a toutefois permis d’éviter la formation de bidonvilles à la périphérie des grandes villes chinoises. Le coefficient Gini qui mesure dans un pays l’écart de revenu entre les plus riches et les plus pauvres est passé de 0,41 en 2000 à 0,61 en 2010. Ce niveau est généralement considéré comme un niveau dangereux. La bulle du crédit fait toujours couler beaucoup d’encre… L’encours de dette au niveau des sociétés atteint 120% du PIB. Malgré tout cela, l’économie chinoise devrait rebondir vers la fin de l’année pense Stephen Roach ex Chairman de Morgan Stanley Asia. . Les entrepreneurs chinois ont confiance dans l’avenir selon le dernier indice de confiance publié. Alibaba prépare son introduction en bourse. On s’attend à ce que la capitalisation boursière du géant du e commerce chinois dépasse les 100Md$ lors du premier jour de cotation. La majorité des grands gérants mondiaux est en train d’investir plus d’argent à Hong Kong d’après le dernier sondage réalisé par Jeanny Yu du South China Morning Post. La hausse des valeurs chinoises devrait se poursuivre en avril et mai selon Agnès Deng la patronne de Barings Hong Kong. Un des investisseurs parmi les plus puissants du marché chinois est Jing Ning la gérante de BlackRock sur la Chine. Elle a indiqué qu’elle avait vendu au début de l’année ses titres de sociétés immobilières, car leur période de très forte croissance était selon elle terminée pour le moment. Elle a cédé aussi ses valeurs bancaires car leur « price to book ratio » (=rapport cours de bourse/valeur d’actif net) avait dépassé 1,3. Elle est en train de réinvestir dans les secteurs de l’industrie (acier, ciment, chimie) et de la santé. D’après le CLSA Feng Shui Index qui fait des prévisions boursières à partir de l’astrologie chinoise, le mouvement de hausse continuera jusqu’en juillet. Chypre : un accord qui inquiète les marchés En Europe, presque tout le monde pensait qu’après le sauvetage de son système bancaire en 2008, l’événement ne se reproduirait plus. C’était sans compter sans la lenteur et l’irréalisme des fonctionnaires de l’Union Européenne, du Fonds Monétaire International et de la Banque Centrale Européenne. Cela fait des mois que tout le monde sait que les banques chypriotes avaient des actifs qui représentaient 800% du PIB et qu’elles avaient été tuées par l’obligation de déprécier de 70% en octobre 2011 la valeur de leurs créances sur la Grèce. Le non respect de la garantie des dépôts instaure un virus de défiance dans tout le système bancaire. Charles Gave de GaveKal Hong Kong qui s’exprimait cette semaine devant les grands investisseurs chinois réunis au Cheung Kong Center de Hong Kong a annoncé qu’il conseillait de sortir progressivement des valeurs allemandes pour réinvestir sur le marché japonais. Si l’on veut réduire le niveau de risque d’un portefeuille, il faut avoir le courage d’en accroitre la volatilité. La Chine va continuer d’investir très sélectivement en Europe. Elle utilise le Luxembourg comme base principale de tous ses investissements en Europe. Selon China Economic Review on répertorie très peu d’investissements réalisés directement en France. Accord Renault : un bon signe car Arnaud Montebourg ne s’en est pas occupé En France, dans la rubrique des bons signes, il y en a de temps en temps, il faut reconnaître que l’accord de compétitivité signé par Renault et trois syndicats, dont Force Ouvrière et la CFDT va dans la bonne direction. L’équation est simple : augmentation du temps de travail, modération salariale, contre le non transfert à l’étranger d’usines. Il faut noter toutefois que ce qui apparaît aujourd’hui comme un succès, a été obtenu sans les caméras de télévision et surtout sans aucune intervention de l’Etat et d’ Arnaud Montebourg. D’ailleurs, si vous voulez faire rire aux éclats un chinois qui essaye de comprendre ce qui se passe en France, expliquez lui que chez nous, le temps de travail est limité par la loi à 35 heures et que la plupart des magasins ne peuvent pas ouvrir le dimanche ! La rubrique des mauvais signes est, comme d’habitude, toujours fournie cette semaine Pour la taxation des revenus, selon Le Figaro, le taux marginal serait plafonné à 49,6%. Comme les revenus du capital (intérêts et dividendes) sont déjà taxés à un taux marginal de 62% en cumulant la dernière tranche de l’impôt sur le revenu et la surtaxe Fillon corrigées de la déductibilité de la CSG (42,7% et 3,8%) et les 15,5% de CSG-CRDS il est impossible d’augmenter de plus de 4,6 points. Les revenus du travail étant un tout petit peu moins maltraités. L’imposition maximale étant de 54,5% avec une CSG-CRDS de 8%, l’imposition ne pourra pas dépasser les 60%. Il reste donc au gouvernement soit de frapper encore les ménages, soit de passer par une taxe sur les entreprises en abandonnant son idée de mettre à contribution les français les plus fortunés. Après des mois de polémiques pour une taxe inapplicable et contre productive en terme de créations d’emploi, il faudrait beaucoup mieux abandonner purement et simplement cette taxe. Un contrôleur général honoraire de la SNCF vient de se voir confier par Matignon « une mission sur le renforcement de l’accompagnement des mutations économiques…. ». L’intitulé de la mission est rassurant ! Le Président Henri Queuille, originaire de Corrèze aimait à répéter “Quand vous êtes embêtés, embrouillez tout” Retraite chapeau : Pierre Richard ancien président de Dexia vient de voir passer sa retraite chapeau de 600 000€ par an à 300 000€. La décision est assez surprenante, car la France et la Belgique ont été obligées de garantir ensemble pas moins de 85Md€ d’engagements pris par Pierre Richard pendant la période où il a été le responsable de cet établissement. Il avait vendu à l’époque à Dominique Strauss- Kahn, Ministre des finances, l’idée de fusionner le Crédit Local de France avec les établissements belges spécialisés dans le financement des collectivités locales. . Chez Aubade, les 66 licenciements qui avaient été réalisés en 2009 pour sauver l’entreprise ont été annulés par la Cour d’Appel de Poitiers. Ségolène Royal Présidente de Poitou Charente et numéro deux de la BPI s’est félicitée de ce jugement… L’arrêt « Baby Loup » de la Cour de Cassation sur le port du voile dans le secteur privé est en dehors du cadre de cette rubrique… La mise en examen de Nicolas Sarkozy aussi, encore que tout le monde semble avoir oublié que François Mitterrand travailla en 1945-1946 à « Votre Beauté », magazine féminin appartenant au groupe L’Oréal, fondé et dirigé alors par Eugène Schueller dont la fille a épousé André Bettencourt ami de longue date de Mitterrand et financier de ses nombreuses campagnes électorales… (voir « Une jeunesse française. François Mitterrand 1934-1947 » par Pierre Péan) Salaire Minimum et Chômage des Plus Défavorisés Les économies de la plupart de grands pays sont dirigés aujourd’hui par des gens dont la conviction profonde est qu’ils savent comment « améliorer » le fonctionnement « anarchique » des marchés. La tradition historique d’intervention dans les systèmes économiques est longue et glorieuse, depuis les édits de Dioclétien en 301 pour bloquer les prix, qui conduisirent à la fois à une explosion à la hausse des prix et à une pénurie totale de nourriture, en passant par le Colbertisme en France, en continuant par les « édits du maximum » de la Convention en 1793 (même résultat que pour Dioclétien) ou le blocus Continental de Napoléon qui garantit la maitrise du commerce internationale à la Grande Bretagne pour un siècle, en passant par l’annulation des traités de libre échange entre la Grande Bretagne et la France signés par Napoléon III par la Troisième République (Méline) et en terminant par toutes les politiques de stimulation Keynésienne qui partout ont toujours échoué (voir le dossier sur les politiques Keynésiennes sur ce site). En général, les Etats essaient de manipuler les taux d’intérêts, les taux de change , de bloquer certains prix, ou de fixer certains autres prix à un niveau qui n’a rien à voir avec celui qui permettrait au système d’être en équilibre, le but étant toujours le même: avoir à la fois de la farine chère et du pain bon marché. Dans cette dernière catégorie, la fixation d’un « salaire minimum » a une longue et prestigieuse histoire. Si le salaire minimum est fixé trop haut, les moins compétents et/ou les moins bien formés, c’est à dire souvent les plus défavorisés ne peuvent trouver un travail puisque leur « coût » pour les entreprises est supérieur à leur rentabilité. Si l’on combine un salaire minimum trop élevé avec des subventions étatiques payées à ceux qui ne travaillent pas, du style RSA, alors le résultat est certain: le chômage augmente et l’on voit apparaitre une espèce de « lumpen prolétariat » qui perd toute chance de jamais intégrer le monde du travail… En Grande Bretagne aujourd’hui, un enfant sur quatre est élevé dans une famille ou PERSONNE n’a jamais travaillé…Ce sous prolétariat pèse très rapidement d’un énorme poids sur le budget des Etats et rend le retour à une meilleure situation des comptes publiques quasiment impossible. Comme le disait Milton Friedman fort justement, « Si on paye les gens à ne rien faire , et si on monte les impôts sur ceux qui travaillent, il ne faut pas s’étonner si le chômage se met à monter » Nos amis Keynésiens, à ce moment du raisonnement, nous expliquent que la hausse du cout du travail va « stimuler la consommation » et permettre une reprise de la croissance, plombée par les excès d’épargne. Diagnostiquer un excès d’épargne dans un pays qui a des déficits des comptes publiques et des comptes extérieurs relève de l’exploit ,mais nos amis ne sont jamais vraiment intéressés par les chiffres et les réalités mais beaucoup plus par leur dogme. Dans l’esprit qui est celui de l’IDL, j’a pensé qu’il était utile de vérifier s’il existait une relation entre salaire minimum et taux de chômage dans les populations « défavorisées » . Pour arriver a un résultat , j’ai choisi l’exemple des USA, non pas que j’ai une quelconque préférence intellectuelle pour ce pays, mais simplement parce que les statistiques y sont disponibles (merci au passage pour les récentes lois française ne le permettant plus).Comme exemple de populations défavorisées, j’ai choisi la population noire et la population Latino Américaine. Encore une fois, il n’y a la AUCUN jugement de valeur, et je ne fais que reprendre des statistiques disponibles aux USA sur les catégories les plus défavorisées. J’aimerais simplement pouvoir faire les mêmes calculs sur la France, mais publier de telles informations en France sur l’origine ethnique des chômeurs est interdit par la Loi, ce qui constitue bien sur une entrave à la liberté d’information. Mais ceci est un autre débat… Voici les résultats pur les Etats-Unis La ligne noire, échelle de Droite , représente le salaire minimum en termes réels , base 100 en 1990. La ligne rouge, échelle de gauche, donne le taux de chômage en pourcentage de la population active des Latino-américains, tandis que la ligne en pointillés , échelle de gauche encore, donne le même taux de chômage, mais cette fois ci pour les citoyens d’origine Afro- américaine Les hachurages gris de haut en bas du graphique indiquent les périodes de récessions. Il semble bien que toutes les périodes de hausse du salaire minimum soient suivies assez rapidement par des fortes hausses du taux de chômage des populations les plus vulnérables, le seul cas discutable étant 1997 , les USA étant à ce moment là en plein boom économique liée à l’émergence de la bulle Internet. Les hausses du salaire minimum décidées par l’administration Obama semblent bien avoir déclenché un vrai cataclysme pour les populations défavorisées aux USA, mais qu’importe à nos Oints du Seigneur. Ce qui compte c’est la pureté des intentions et non pas les résultats.. Il semble donc bien que le salaire minimum fait partie de ces fausses bonnes idées comme le partage du temps de travail , le blocage des loyers ou le protectionnisme. Car, après tout, il y a un certain nombre de pays en Europe ou le salaire minimum n’existe pas , et ou le chômage est à un plus bas depuis très longtemps, tels la Suède ou l’Allemagne, mais bien sur chacun sait que dans ces deux pays, les jeunes des catégories défavorisées et les femmes seules ayant la charge d’enfants couchent sous les ponts et meurent de faim dans la rue tandis que leurs petites filles vendent des allumettes en grelotant sous la neige qui tombe. A ce point du raisonnement, le lecteur doit se demander: mais pourquoi donc nos élites suivent ils une politique dont ils savent qu’elle ne marche pas? La seule explication est la suivante: nos élites sont élues par une classe sociale (les bobos) qui veulent se sentir généreux et compatissants et qui en général travaillent dans la fonction publique. L’idée ne leur viendrait pas de créer une entreprise et d’embaucher des gens puisque bien sur ce serait entériner l’exploitation de l’homme par l’homme qu’est le capitalisme. Il est beaucoup plus simple de voter pour l’un des siens qui sera chargée de corriger cette exploitation par la réglementation, la taxation et la fixation arbitraire des prix du travail. Et le fait que rien de tout cela ne marche ne doit pas interférer avec le but numéros un: que EUX se sentent bien.Et bien sur, plus leurs actions amènent à des désastres, plus les classes défavorisées vont voter pour eux. Mais cela n’a rien à voir avec leurs décisions. Penser le contraire serait leur faire injure. Par Charles Gave Le choc de défiance contre François Hollande Si la question est de tenter d’inflechir un jour la courbe du chômage en France, peut être serait-il alors préférable de cesser de taper en permanence sur les chefs d’entreprise ? Ils sont quand même la seule solution apparente dans ce jeu à somme nulle. François Hollande pendant sa campagne électorale « n’a pas dit la vérité aux Français » écrit Denis Kessler, président de la SCOR dans Challenges. Le « retour à la normalité » allait contribuer à la reprise et surtout le nouveau cap présenté comme keynésien allait relancer la croissance. Dix mois après son arrivée à l’Elysée, rien n’a fonctionné comme le président le décrivait. L’objectif de réduction du déficit budgétaire ne sera pas tenu malgré une ponction fiscale très forte. Si le choc de confiance n’a pas eu lieu, le choc de défiance devient lui particulièrement violent. La seule solution pour retrouver de la croissance, c’est d’abord la réforme de l’Etat et des collectivités locales couplée à de la rigueur budgétaire. Hubert Jousset de la société de gestion GEFIP, dans sa dernière lettre, fait remarquer que la situation est encore plus menaçante qu’il ne paraît, car la dette de l’Etat a été multipliée par 3,5 depuis 1990, alors que la charge des intérêts n’a pratiquement pas augmenté du fait de la baisse des taux d’intérêts. Si les taux devaient rejoindre leur moyenne historique, il faudrait rajouter 100Md€ au déficit actuel soit 5% du PIB ! L’emploi dans le secteur marchand a perdu 100 000 postes en 2012. La prévision pour 2013 est de 175 000 ! Comme l’a constaté François Hollande à Dijon « C’est difficile, c’est dur d’inverser la courbe du chômage. C’est comme dans l’escalade… ». C’est peut être pour l’aider que Angela Merkel, la Chancelière allemande, l’a invité à diner avec de grands patrons pour lui expliquer ce qu’était la compétitivité des entreprises. Wolfgang Schaüble son Ministre des Finances pourra également rappeler que gouverner ce n’est pas distribuer des cadeaux… Rubrique mauvais signes pour l’économie française, particulièrement fournie cette semaine : En matière de pression fiscale, selon les calculs réalisés par Cyrus Finance, un contribuable imposé à 45%, redevable de la contribution exceptionnelle hauts revenus et de l’ISF à 1,50% doit obtenir un taux de rendement pour préserver son pouvoir d’achat de 9% dans l’immobilier de 6,09% pour des actions. Bernard Charlès directeur général de Dassault Systèmes, n°2 des éditeurs de logiciels européens, s’est exprimé très clairement dans Le Monde (et non dans Le Figaro). « Résider en France devient lourdement handicapant » écrit-il. Denis Kessler, président de la SCOR, et Patricia Barbizet, directrice générale d’Artemis, démissionnent du FSI. C’est vraiment dommage car ils apportaient une véritable compétence en matière d’investissement. Ils avaient même refusé d’investir dans le dossier Heuliez auquel Ségolène Royal était très attachée … Emplois à domicile. La majorité socialiste va supprimer un régime qui offrait des avantages aux ménages qui employait des salariés à domicile. Cette mesure va évidemment développer le travail au noir, ce qui fera un peu moins de cotisations retraites… Les syndicalistes français continuent d’être au dessus des lois. Après avoir obtenu l’amnistie pour fait de violence la semaine dernière, on apprend dans l’article du magazine Capital consacré à « L’incroyable dérive financière de la Mairie de Paris » qu’elle salarie une bonne trentaine de permanents de la CGT ! Chez Apple, le travail de nuit (= après 21h) est désormais interdit en France ! C’est une grande avancée due au syndicat SUD Commerce. Tous les étudiants qui ont besoin de travailler pour financer leurs études seront certainement très contents… Le projet de mesures relatives aux rapports locatifs pour « pacifier les relations bailleurs/locataires » est proprement surréaliste…Après avoir dissuadé les investisseurs institutionnels d’acheter de l’immobilier résidentiel destiné à la location, on va arriver au même résultat avec les investisseurs privés…. C’est vraiment stupide…. La fin du meublé touristique décidée par Bertrand Delanoë est une autre mesure idéologique, car prétendre que « cela permettra aux parisiens de mieux se loger » est une plaisanterie… L’ensemble de ces mauvais signes contribue à dégrader un peu plus l’image de François Hollande dans l’opinion publique. D’ailleurs, le dernier sondage réalisé pour Les Echos montre que 55% des français pensent que François Hollande ne sait pas où il va et que 35% pensent qu’il le sait, mais qu’il ne le dit pas ! En Europe le droit de regard de Bruxelles sur les budgets nationaux se met en place. Bien évidemment le parlement a rejeté le budget de l’UE. A suivre… Le Dow Jones à 15000 ? Aux Etats Unis, tout le monde se réjouit des niveaux record atteints par la bourse de New York. Les ventes de détail ont nettement progressé en février +1,1%, les derniers chiffres de l’emploi sont bons et IBM est au plus haut. Pourtant, si l’on tient compte de l’inflation depuis près de 30 ans l’indice Dow Jones et l’indice S& P 500 n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’il y a 13 ans. En terme réel Betrand Jaquillat d’Associés en Finance considère qu’on est même encore en dessous du niveau du 14 janvier 2000. Le Dow Jones pourrait finir l’année à 15 000, c’est ce que prédit Gene Epstein dans Barrons cette semaine. Il pense même qu’il y a 50% de chances pour atteindre 18 000 à la fin de 2014. Bob Doll, chief equity strategist de Nuveen Asset Management pense qu’il faut être optimiste sur les actions même si on ne l’est pas sur l’économie. Les investisseurs se préparent à la remontée des taux. François Chevalier de Banque Leonardo croit au krach obligataire. Il pense que les conditions sont réunies pour que les investisseurs vendent leurs obligations pour acheter des actions. En Chine, Xi Jiping le nouveau Premier Ministre est aux manettes. Il a en face de lui les représentants du peuple à l’Assemblée qui comptent dans leurs rangs pas moins de 83 milliardaires… La Chine, tout comme l’Inde et le Brésil marquent le pas. Les trois pays des BRICS font face à un ralentissement de leur croissance. Zhou Xiaochuan, le Gouverneur de la Banque Centrale, surnommé « le Alan Greenspan chinois » a indiqué qu’il fallait suivre l’inflation de près…. Le secteur du jeu vidéo pourrait s’activer Le marché du jeu video avait terminé l’année 2012 en forte baisse. Les consoles étaient en fin de vie, on assistait à une poussée du mobile et la nouvelle concurrence du « cloud gaming » devenait de plus en plus forte. En plus, de nouveaux acteurs arrivent. Les fabricants de téléviseur vont entrer dans le marché (smart TV connecté à internet). On n’aura plus besoin de boitier externe. Les fournisseurs d’accès internet proposent eux aussi des jeux sur leur box (SFR, Bouygues Telecom) Après Wii U de Nintendo, Sony a lancé Play Station 4, le 20 février dernier, Microsoft va bientôt lancer une nouvelle Xbox), Nvidia (Shields Project). Activision Blizzard (filiale de Vivendi) et Electronic Arts (bien placé sur smartphones et Facebook) se payent 17X les bénéfices des douze prochains mois, contre une moyenne de 23 et 28 sur les dix dernières années. Android devient le plus gros contributeur pour ces sociétés. Take Two Interactive a profité du succès de la formule « Free to Play » (F2P) qui permet de jouer gratuitement au départ …. Par Jean-Jacques Netter « Rien ne se perd, tout se transforme » de Woerth à Cahuzac On a reproché à Nicolas Sarkozy sa vulgarité, son coté outrancier et… son ministre du budget, Eric Woerth mais laisser ainsi sans pudeur ouvrir une instruction judiciaire contre un ministre du budget en exercice, la voila, LA vulgarité ultime. Mais qu’elle victoire à l’aube de la « République des justes ». Dans un état de droit comme le nôtre, la justice est tout d’abord une institution politique, avant d’être une vertu que l’on tenterait de s’approprier publiquement. Il n’appartient ni à un président, ni un parti, ni à un média, ni à aucun citoyen de dire ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. C’est une notion que nous avions aussi préalablement évoqué,entre ce qui est juste et ce qui est moral. Selon Abélard, il existait une distinction essentielle entre le crime et le péché. Le crime n’existait que s’il était reconnu par la loi, ce qui est le rôle de la justice. Nulla crimen sine lege (pas de crime qui ne soit reconnu par la loi) disait déjà le droit Romain et il est donc, du ressort de la puissance publique de le punir et de l’empêcher puisque tout crime est destructeur de l’ordre social. Le péché, en revanche, ressort de la morale privée et il revient à Dieu de le punir. Chacun doit s’en repentir tout en essayant d’en corriger les effets par ses actions ultérieures. Ceci est ce qu’il est convenu d’appeler la morale. Il revient par conséquent à l’Etat de punir le crime, mais en aucun cas de sanctionner le péché. Aux yeux de la puissance publique, une action peut être un crime sans représenter un péché, tandis qu’un péché aux yeux de l’Eglise peut ne pas être du tout un délit aux yeux de la société.Certes dans un monde idéal, les deux se recouperaient mais la morale est fluctuante d’une personne à l’autre alors que la justice, elle, doit être la même pour tous. Ainsi, je m’interroge, s’il s’agit de rétablir une république des « justes », chère en son temps aussi au grand ordonnateur, feu le président François Mitterand, qui aimait à rappeler la « force injuste de la loi », derrière quel paravent nos amis socialistes vont-ils s’abriter maintenant? Celui de la morale ? de la vertu ? Je me sentirais un peu serré aux entournures à la place de Monsieur Hollande de prôner une morale collective au nom de tous que semble-t-il les miens ne savent déjà pas comprendre…. Entendons nous, une république plus juste est en soit une feuille de route acceptable, mais encore convient-il de respecter les lois et les institutions de la République et non pas, comme l’induit Monsieur Hollande d’opposer la loi à la justice.Opposer la loi à la justice, c’est réintroduire au cœur de la démocratie la préférence pour une morale collective, voire une religion. A travers ce genre de discours, on perçoit bien que le socialisme n’est rien d’autre qu’une religion cherchant toujours, au nom d’une morale collective, à s’immiscer dans l’ordre de nos sociétés et mettre à mal un des derniers bastion de nos libertés individuelles : la loi. La morale n’est pas la Justice et Monsieur Hollande ne détient visiblement ni l’une ni l’autre. Les siens visiblement non plus. Chypre: Plus qu’un crime, une faute Tout le monde se souvient de l’assassinat « légal » du Duc d’Enghien par Napoléon. Le forfait accompli, Fouché, le redoutable ministre de la police de l’Empereur eut ce mot terrible : » C’est plus qu’un crime, c’est une faute » Je crois que l’on peut appliquer cette phrase à ce qui vient de se passer à Chypre. Les déposants dans les banques locales vont être taxés de 6.5 % de la valeur de leurs dépôts s’ils avaient moins de 100.000 Euros et de 10 % au dessus. Ceci devrait rapporter environ 10 milliards d’Euro, la Troïka avançant de son coté 10 milliards d’Euro également. La justification « morale » de ce qu’il faut bien appeler une expropriation serait que Chypre aurait servi de plaque de recyclage pour l’argent de la Mafia Russe. Une question s’impose: ou bien la BCE le savait depuis longtemps et n’a rien fait, et dans ce cas la, pourquoi? Ou elle ne le savait pas et c’est totalement inexcusable, surtout après ce qui s’est produit en Grèce. Dans les deux cas de figure la BCE a perdu toute crédibilité… Mais ce désastre de relations publiques n’est que mineur comparée aux implications de ce qui vient de se passer. Il est trop tôt pour essayer de juger des conséquences à long terme de cette décision, mais rien n’interdit de réfléchir à quelques conséquences logiques. Les voici. Une atteinte incroyable vient d’être porté par la Technostructure Européenne au Droit de Propriété. Entre l’Euro et le Droit de Propriété, garanti par toutes les constitutions en Europe, ils ont choisi l’Euro. Voila qui va avoir de fort lourdes conséquences à long terme. La route de la nationalisation des dépôts est ouverte. Cette même technostructure s’arroge le droit de lever des impôts sur la population Chypriote, ce que RIEN ne lui permet dans les Traitées. Les Eurocrates viennent d’inventer l’imposition sans représentation. Il s’agit ni plus ni moins que d’un coup d’Etat. Aujourd’hui Chypre, demain qui? Ayant échoué avec Monti en Italie, ils passent à l’étape suivante, la prise de pouvoir pure et simple et au diable la Démocratie. Cette décision montre à l’évidence que cette technocratie ne reculera devant RIEN pour maintenir cette imbécillité économique invraisemblable qu’est l’Euro, ce qui veut dire que ni la Liberté ni le patrimoine d’un seul Européen ne sont garantis tant que ces gens la monopoliseront un Pouvoir ou personne ne les a élu Les petits épargnants sont massacrés beaucoup plus que les gros. Les « gros » gardent peu d’argent en cash et sont investis en bunds, dans des fonds communs ou en actions. Les « petits » ont la plus grosse partie de leurs actifs en cash. C’est eux qui sont punis alors qu’ils n’ont rien fait de répréhensible. Voila qui est moralement insupportable. Les oligarques a Moscou doivent rire aux éclats Techniquement voici les conséquences financières que l’on peut tirer de ce coup d’Etat contre les Libertés. Les banques Chypriotes vont devoir vendre des actifs à hauteur de 10 % de leurs dépôts, ou les escompter à la BCE, pour payer cette amende. Voila qui ne va pas aider les marchés financiers à rester haussiers.. Il faut être complètement demeuré si l’on est Italien, Espagnol, Portugais, Grec ou Français , pour garder des dépôts dans une banque locale. La Loi de Gresham va se remettre en route de façon accélérée, la mauvaise monnaie chassant la bonne, et tous les dépôts des pays douteux vont filer au Luxembourg , en Allemagne ou en Suisse amenant a des effondrements des masses monétaires dans les pays faibles.. Les écroulements de masse monétaire préludent rarement à une bonne activité économique. La dépression en Europe du Sud va s’aggraver dramatiquement Les dépôts dans les banques vulnérables dans les pays vulnerables vont donc s’effondrer. L’embêtant est que ces dépôts ont DEJA été prêtés a des sociétés ou investis dans des obligations d’Etat, souvent l’Etat local. Les prêts aux entreprises locales vont donc non seulement complètement se tarir , mais les demandes de remboursement par les banques des prêts consentis par le passé vont exploser, tandis que les taux d’intérêts sur ces prêts vont monter très fortement ce qui veut dire que les trappes a dette dans lesquelles sont la plupart des pays du Sud de l’Europe vont se creuser encore plus. Parallèlement, il va falloir vendre les obligations des Etats locaux dans un marché ou les acheteurs auront disparu, le seul acheteur étant la BCE . Le bilan de la BCE va exploser de façon inouïe, et l’Euro va probablement s’effondrer. Pas une banque saine dans un pays sain ne va vouloir prêter le moindre Euro aux banques douteuses dans les pays douteux. Le marché interbancaire, en convalescence depuis quelques mois, va TOTALEMENT disparaitre, ce qui va entrainer un écroulement de la vélocité de la monnaie partout en Europe, toujours précurseur d’un effondrement économique. Bref, depuis que l’Euro a été crée je dis que ce Frankenstein financier ne PEUT PAS marcher et que tout cela se terminera mal. Cela devient de plus en plus évident pour tout observateur quelque peu intelligent. Devant cet échec patent, les concepteurs de ce monstre vont de coup de force en coup d’Etat, brisant tout ce qui avait été accepté dans les Traites Européens et s’arrogeant un Pouvoir que les Peuples Européens ne leur ont pas accordé. Déjà les Italiens ont fait part de leur mécontentement, et tous nos technocrates de dire que le vote Italien n’a aucune importance. Nous verrons La bonne nouvelle, c’est que nous arrivons à la fin de cette imbécillité Trichetienne ou Delorienne. La mauvaise est que comme ces redoutables incompétents sont sans scrupules, je n’ai aucune idée de ce qu’ils vont encore inventer pour retarder l’inévitable. . J’attends depuis prés de cinq ans la fin du Frankenstein. Elle se rapproche. Il faut se préparer à intervenir pour le jour ou la mise à mort aura lieu. Voila un jour qu’il faudra commémorer comme l’on devrait commémorer la chute du mur de Berlin Encore une fois, la disparition de l’Euro sera une bonne, une très bonne nouvelle. Accros au monétarisme : les gagnants et les perdants d’une économie américaine droguée par la FED Aux Etats Unis, le dispositif de séquestration qui gèle 85 Md$ de dépenses, combiné avec une reprise molle devrait inciter la Fed à poursuivre sa politique monétaire laxiste. C’est une bonne nouvelle pour le marché américain. Les investisseurs sont en train de retrouver le chemin de l’investissement en action, au moment où les coupes budgétaires automatiques vont peser sur la croissance. Il ne faut toutefois pas bouder le plaisir de retrouver le Dow Jones au plus haut, comme en 1999 et en 2007, même si c’est au prix d’une politique considérée par certains, comme du « dévoiement monétaire ». Les marchés aiment bien que Ben Bernanke président de la Federal Reserve achète des monceaux de papier émis par le Trésor américain. Cela revient à ce que le Financial Times décrit comme « droguer les marchés au Quantitative Easing », mais il faut reconnaître que cela a eu des effets jusqu’à maintenant limités sur la sortie de récession de l’économie américaine. La diminution des dépenses devrait stimuler la croissance aux Etats Unis Il est intéressant de noter que plusieurs économistes, notamment Michael Boskin de Stanford et Lawrence Kudlow de CNBC ont expliqué que la diminution des dépenses publiques aurait finalement un effet positif sur la croissance de l’économie. Cela devrait permettre de mettre fin à l’idée que le keynésiansime, interprété très librement par le monde politique, ne consiste qu’à dépenser toujours plus. C’est probablement pourquoi Robert Samuelson du Washington Post, rappelle qu’à l’époque de John Kennedy en 1963, sa politique de relance par la dépense publique n’a eu pour principal résultat que de faire passer le rythme d’inflation de 1% en 1960 à 13% en 1980 ! Pour Michael Hartnett Chief Investment Strategist chez BankofAmerica Merill Lynch, la grande rotation va se poursuivre. Les derniers chiffres de l’emploi pour février ont été biens meilleurs à ce qui était attendu. Les gagnants seront selon lui les actions, l’immobilier, les banques, les valeurs d’actif. Les perdants seront les obligations, le crédit, les matières premières, les valeurs de croissance. Le grand risque c’est soit un krach obligataire comme en 1994, soit une guerre des monnaies comme en 1987. Devant ses clients qu’il avait réuni à l’Hôtel Bristol Il a recommandé à l’achat notamment le marché américain, l’immobilier au Japon, les grandes sociétés européennes, les petites sociétés dans les marchés émergents. En Europe, tout le monde a compris que Mario Draghi le président de la BCE, était prêt à utiliser, notamment pour l’Italie, le dispositif OMT (Outright Monetary Transactions). Il s’agit du programme d’achats illimités de dette d’Etats en difficulté, que la BCE prévoit de mener pour soulager les pays de la zone euro attaqués. Le problème c’est que le programme OMT est soumis à une « conditionnalité stricte et efficace liée au mécanisme FESF/MES approprié », ce programme de soutien pouvant prendre la forme d’un plan de sauvetage à part entière sur les modèles grecs, irlandais ou portugais. Personne ne semble avoir apporté de réponse au fait que pour bénéficier d’une aide européenne, il fallait au moins approuver le fonctionnement de l’Union européenne, ce que l’Italie a rejeté très majoritairement. La France est prise au piège En France, le CAC 40 est encore 45% en dessous de son plus haut de 2000… Il va bientôt falloir expliquer de façon pédagogique que nous avons signé en mars 2012 le Traité sur la Coopération la Stabilité et la Gouvernance (TCSG). Négocié par Nicolas Sarkozy et signé par François Hollande, il est passé presque inaperçu sous son apparence purement technique. Pourtant l’histoire retiendra que ce traité baptisé « Pacte budgétaire » aura été une étape décisive de la politique économique européenne. Pour éviter la lourdeur des procédures statutaires de révision des traités communautaires, le Pacte budgétaire a pris la forme d’un traité intergouvernemental sous calendrier rapide… Il s’agissait de donner des gages à l’Allemagne sur la discipline des pays Etats membres impécunieux (les pays du sud de l’Europe plus la France) pour lui permettre d’accepter le Mécanisme Européen de Stabilité (MES). En clair cela signifie qu’il n’y a plus de couple franco allemand et que la politique économique de la France ne se décide désormais plus à Paris mais principalement à Bruxelles. Cette dépendance par rapport à l’euro est décrite de façon imagée par Marie France Garaud ex collaboratrice de Georges Pompidou de la façon suivante : « A la campagne quand un renard est pris au piège, il préfère sacrifier une patte pour continuer son chemin et ne pas abandonner sa liberté ». Dans la rubrique mauvais signes de la semaine dernière, nous n’avions pas bien compris que la loi d’amnistie votée pour les syndicalistes casseurs couvrirait aussi les malversations financières commises par les syndicats. Cela permettra au passage de mettre fin aux poursuites engagées contre les comités d’entreprise qui ont détourné, comme le rappelle Yves de Kerdrel dans Le Figaro des centaines de millions d’euros ! Parmi les faits qui vont vraisemblablement être amnistiés on peut retenir les trois exemples suivants : au comité d’Entreprise de la première société, selon un rapport d’expertise judiciaire, le trésorier du comité d’entreprise, dans une filiale du groupe, aurait détourné à son profit 230 747€ entre 1997 et 2006… ! Le comité d’entreprise de la deuxième société est soupçonné de fraudes. Il fait l’objet d’une enquête pénale. Au comité d’entreprise de la troisième société, les subventions et avantages accordés sont considérables. Des vacances aux restaurants d’entreprise, la facture s’élève à plus de 55M€. Au moment où le plan de réorganisation de sa recherche par Sanofi est annulé par la justice pour vice de forme en matière de communication et où de nombreux chefs d’entreprises sont traduits sans ménagement devant les tribunaux de la République, on a vraiment le sentiment que nous n’allons pas vers l’apaisement. Pourtant, François Hollande avait promis pendant la campagne électorale que « moi président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante »… ! Parmi les sujets économiques traités récemment par les télévisions françaises on préfère d’autres sujets : « Les Conti » sur France 3 retraçant « la lutte exemplaire des ouvriers de Continental à Clairvoix » ! ; « Les infiltrés » sur France 2 qui est un documentaire sur les laboratoires pharmaceutiques. Il montre que toute cette industrie, « c’est de l’or pour les labos et du poison pour les malades » ! ; « La malédiction du gaz de schiste » sur Arte, qui dresse la longue liste des dangers de l’hydrofracturation : accélération du changement climatique par la combustion de davantage de gaz, pollution de l’eau, accidents. Tout cela pour un bilan carbone proche de zéro ! Avec ces quelques exemples on ne pourra pas dire que les télévisions ne traitent pas sérieusement les sujets économiques ! Au Portugal on a vu 1,5M de personnes défiler dans la rue pour protester contre les mesures d’austérité prises par leur gouvernement. Le Japon reste toujours le marché le plus intéressant pour 2013 selon Chris Wood stratégiste de CLSA à Hong Kong. L’indice Topix est encore 65% en dessous de son plus haut historique. Il faudra suivre de près les propos de Haruhiko Kuroda, nouveau gouverneur de la Banque du Japon le 3 avril prochain. Il annoncera ce jour les détails de ses nouvelles interventions sur les marchés. Le déficit commercial a progressé de 10% en un an essentiellement à cause des importations d’énergie. Cela signifie que si le nucléaire n’est pas remis au moins en partie en marche le Japon pourrait entrer dans une phase de déficit structurel très longue. Dans son portefeuille type, Chris Wood a décidé de remplacer Canon par Sumitomo Real Estate car le rendement moyen de l’immobilier de bureau à Tokyo est proche de 4,8% contre 0,68% pour les obligations du gouvernement à 10 ans. Il surpondère la Thaïlande et les Philippines et réduit son exposition sur l’Inde et l’Australie. La Chine continue d’augmenter ses dépenses de défense. Elle y a consacré 106Md$, soit 15% du budget américain. Nous sommes en train d’assister à la plus grande course aux armements depuis la Guerre froide. Il y a une véritable ruée sur les sous marins. La tension entre la Chine et le Japon au sujet des iles Senkaku/Diaoyu n’étant qu’un des éléments qui entre en ligne de compte. Tout cela n’empêche pas les investisseurs de garder leur confiance dans l’économie chinoise comme le reflète la demande de Renminbi. Matières premières agricoles : trois maladies graves se développent L’Orange de Floride est menacé par le champignon Huanglongbing en provenance de Chine. Depuis huit ans plus de la moitié des orangers de Floride ont été touchés par l’insecte psyllid qui véhicule le champignon d’un arbre à l’autre. Si aucune parade efficace n’est trouvée rapidement les vergers de Floride pourraient être détruits. Le caféier Arabica est atteint par le champignon Colletotrichum kahawae, venant du Kenya. Il provoque une pourriture des fruits du caféier Arabica. Les pertes de récolte sont en moyenne de 40% à 80%. Le raisin est également touché par le champignon esca qui a fait son apparition dans les vignes en France entrainant un taux de mortalité annuel des pieds de 10 à 20%. Il y a également l’euypa et la botyosphaeria. Une partie de la solution se trouve dans les producteurs de semences qui peuvent au bout d’un certain temps arriver à produire des espèces résistantes à certaines maladies ou nécessitant moins d’eau. Tout cela ne se fera malheureusement pas en France, où au nom du principe de précaution il est interdit d’entreprendre des recherches sur les OGM mais pas d’importer des produits élaborés à partir de semences OGM ! Innovations de rupture : les gagnants selon le MIT et Forbes Chaque année le Massachusetts Institute of Technology publie le classement des entreprises qui sont à l’origine d’innovations de rupture. Parmi les valeurs cotées on trouve : ABB (coupe circuit haute densité pour les énergies renouvelables), Corning (nouveau verre pour écran tactile), Dow Chemical (tuiles avec des matériaux photovoltaique), GE (nouvelle turbine éolien-solaire/énergie classique), Philips (LED contrôlable par smartphone),Siemens (nouvelles batteries pour les énergies renouvelables), Facebook (corrélation online offline), Safaricom (M-Pesa au Kenya), Tencent (version chinoise de Twitter), Amazon (mise en place de la livraison dans la journée), Apple (développement de la technologie Retina), ARM Holdings (chips pour smartphones…), Google (logiciel de smartphone le plus utilisé), IBM (nouveaux circuits qui transmettent des données avec de la lumière),Intel (technologie superbe non reflétée par les performances boursières), Microsoft (Windows 8 va influencer le marché des PC et des mobiles), Nuance Communications (reconnaissance vocale), Smartphones (n°1 des smartphones), Xerox (gestion du prix des parking en yield management), VMware (cloud services). Heureusement, dans le classement des sociétés les plus innovantes réalisé par le magazine Forbes pour 2012, on trouve une société française : Pernod Ricard. La société a créé un « Breakthrough innovation Group- BIG », censé casser les codes de l’innovation. Il travaille plus sur des modèles économiques de rupture que sur des nouveaux produits. C’est une distinction qui a été bien peu reprise dans les média français ! Gaz de schistes : les équipementiers qui en profitent La France reste toujours stupidement à l’écart de cette révolution énergétique qui devrait permettre aux Etats Unis d’accéder dans la décennie qui vient à la quasi indépendance énergétique. Plusieurs sociétés développent des technologies nouvelles pour faire évoluer les procédés de fracturation hydraulique. Parmi les sociétés européennes figurent : Sulzer (gestion de l’eau/Suisse), Flowserve (pompes centrifuges/US), Weir Group plc (pompes/UK), Rotork plc (Valves/UK), Burckhardt Compression Holding AG (Allemagne). Vue de New York, des banques solides.. Jeudi dernier la Réserve Fédérale américaine a publié les résultats des tests « d’effort » auxquels sont soumis désormais chaque année les grands établissements bancaires, y compris ceux définis comme « systémiques », à savoir susceptibles par leur faillite de mettre en cause la stabilité des mécanismes de financement de l’économie mondiale. Selon les paramètres publiés, le superviseur teste les niveaux de perte que subiraient sur un horizon de temps de 9 trimestres un certain nombre d’institutions bancaires ou financières.. Trois types d’institutions sont concernés, avec recoupements : – 6 banques globales, Goldman, JP Morgan, Morgan Stanley, Bank of America, Wells Fargo et Citi. – 18 institutions soumises à l’exercice par la loi Dodd Frank, dont les 6 mentionnées ci – dessus. – de manière plus générale sont testées les institutions essentielles au financement de l’économie. Dans tous les cas de figure, l’objectif est de s’assurer que les banques pourront continuer à remplir leur mission avec le minimum de capital requis de 5%, dans 3 cas d’écoles, un scénario de base, un cas aggravé et une hypothese dite “severely adverse”. Le test d’effort ici evalue l’impact d’ une chute des marches boursiers de 50%, d’un chomage eleve à 12%, de l’immobilier commercial, de bureaux et residentiel baissant de 20%, et d’un taux annuel de croissance reduit de 5%. Non seulement aux Etats Unis mais egalement en Europe, au Royaume Uni, en Asie continentale et au Japon. Le resultat de ces tests fait certes apparaitre des pertes cumulees sur la periode concernee superieure de $460 milliards – dans l’hypothese extreme – , mais aucune institution sauf Ally Financial ne tomberait en dessous du seuil requis de 5% minimum.. C’est la troisieme fois que les banques americaines sont ainsi confrontees a un exercice transparent et largement commente ici dans les medias. Lors du premier essai, à un moment critique debut 2009, on s’était gaussé en Europe notamment d’une operation de relations publiques… Puis les tests ont été conduits deux fois en Europe et ont parfois, dans l’opacite, conforte l’opinion sur l’etat de bonne sante d’institutions qu’il a fallu ensuite renflouer avec le soutien des Etats, donc du contribuable. Consequence immediate, une frilosite face a des engagements nouveaux et une reduction significative relevee par la Banque des Reglements Internationaux de l’engagement international des banques europeennes notamment francaises.La realite est tout autre ici et conforte bien le sentiment que les banques americaines ont largement nettoye les sequelles de leurs erreurs et peuvent grace a de massives recapitalisations augmenter leurs encours. D’autres contraintes subsistent ou apparaissent, notamment de la part des regulateurs nationaux qui demandent maintenant que les banques etrangeres soient filialisees et capitalisees au niveau de leurs concurrents nationaux. Ce qui bien evidemment augmente le cout de financement et est repercute sur l’emprunteur. Cette balkanisation contribue à perenniser les problemes de financement de l’economie surtout en Europe ou les marches ne representent qu’ à peine un tiers des besoins en capitaux, les banques etant supposées faire le reste. Notre crise financiere est bien bancaire plus que monetaire et et l’embryon d’Union bancaire adoptee fin 2012 ne contribuera pas la regler.. Seules des recapitalisations massives y contribueront, mais qui souscrira ? Alors on joue la montre et on lisse.. En comptant que d’ici a 2019 – calendrier previsionnel de Bale III – les banques auront reconstitué leurs fonds propres par mise en reserve de leurs profits nets des prochains exercices.