
les comportements d’automutilation. D’autres lui seraient
simplement associe
´s, comme les troubles de l’humeur, les
troubles anxieux et les troubles de la personnalite
´[13].
Les comorbidite
´s psychiatriques concerneraient 90 % des
patients MGT. Elles sont graves au niveau pronostique,
pourvoyeuses de troubles des apprentissages et d’e
´chec
scolaire chez l’enfant, et de de
´sinsertion socioprofessionnelle
chez l’adulte [10].
Nous proposons ici un expose
´clinique de ces comorbidite
´s,
les aspects du traitement pharmacologique de la maladie e
´tant
aborde
´s plus loin dans le cahier de FMC. La psychopathologie
de la MGT est importante a
`caracte
´riser en raison de ses
implications the
´rapeutiques.
1. LES TROUBLES OBSESSIONNELS
COMPULSIFS ET COMPORTEMENTS
RE
´PE
´TITIFS
Les TOC ou des sympto
ˆmes obsessifs et compulsifs sont
fre
´quents dans la MGT : 28 a
`66 % des cas [2]. L’analyse
phe
´nome
´nologique des TOC dans la MGT montre des
phe
´notypes particuliers [13]. Les sympto
ˆmes obsessifs et
compulsifs de la MGT comportent plus fre
´quemment des
tendances re
´pe
´titives au toucher, a
`la recherche de syme
´trie, a
`
l’he
´te
´ro ou autoagressivite
´. Les comportements de comptage
et de ve
´rification sont fre
´quents. Les patients pre
´sentant des
TOC et des tics expriment plus souvent des pense
´es a
`
caracte
`re violent ou sexuel, la crainte de dire des choses non
approprie
´es. Dans les TOC purs (sans tics), ce sont les
pre
´occupations de contamination et les comportements de
lavage qui dominent. E
´galement, a
`l’inverse des TOC purs, la
dimension affective et cognitive d’un comportement qui
soulage une anxie
´te
´est rarement retrouve
´e dans les TOC
associe
´s aux tics : la dimension sensorimotrice reste au premier
plan, l’anxie
´te
´est absente des comportements re
´pe
´titifs qui
semblent alors relever de l’impulsion.
Ces conside
´rations phe
´nome
´nologiques ame
`nent certains
auteurs a
`proposer l’existence d’un spectre de comportements
re
´pe
´titifs [1]. Ils e
´voquent un continuum en fonction des
expe
´riences subjectives associe
´es aux comportements re
´pe
´-
titifs, avec d’un co
ˆte
´du spectre une dimension cognitive et
affective (l’anxie
´te
´du TOC pur), et de l’autre une dimension
sensorimotrice correspondant aux phe
´nome
`nes pre
´monitoi-
res des tics complexes (de
´crits dans la partie du cahier FMC
consacre
´ea
`la clinique de la MGT).
Ainsi, si les manifestations obsessives et compulsives dans la
MGT sont parfois difficiles a
`distinguer d’un TOC classique, la
majorite
´des auteurs s’accordent a
`dire qu’il s’agit pluto
ˆt d’un
trouble du contro
ˆle des impulsions [1,4,5].
2. LES TROUBLES DU CONTRO
ˆLE DES
IMPULSIONS ET COMPORTEMENTS
D’AUTOMUTILATION
Les explosions de cole
`re sont retrouve
´es jusque dans 72 %
des cas, avec parfois he
´te
´roagressivite
´associe
´e. Il est de
´crit des
troubles du contro
ˆle des impulsions plus spe
´cifiques tels que
kleptomanie, pyromanie, trichotillomanie, jeu pathologique,
achats compulsifs, grattage compulsif, onychophagie.
Les comportements d’automutilation sont pre
´sents dans 4 a
`
43 % des cas de MGT [2,8,9,13]. Ces derniers constituent le
stade ultime de l’impulsion et du trouble du contro
ˆle pre
´sent
dans la maladie [3]. Ils sont plus fre
´quents en cas de tics se
´ve
`res,
de de
´sinsertion sociale, d’ante
´ce
´dent d’he
´te
´roagressivite
´ou de
TDAH, de traits de personnalite
´hostiles et obsessionnels
(Tableau 2). La se
´miologie des comportements d’automutila-
tion la plus souvent de
´crite concerne le cou, le visage, et plus
particulie
`rement la bouche et les yeux, fre
´quemment objets
d’autodestructions re
´pe
´te
´es [8,9]. Il s’agit de bru
ˆlures, de
coupure, de morsure. Des comportements violents tels que se
scier les dents sont possibles. L’œil est tre
`s fre
´quemment
atteint avec un risque re
´el de ce
´cite
´. Les he
´matomes sous-
duraux (en se secouant la te
ˆte ou en se la cognant contre les
murs) sont de
´crits.
3. LE TROUBLE DE
´FICIT DE L’ATTENTION
HYPERACTIVITE
´
La description de ce trouble dans la MGT de l’enfant est
aborde
´e dans un autre chapitre du cahier FMC.
Ce trouble reste encore me
´connu et probablement sous-
e
´value
´chez l’adulte en population ge
´ne
´rale : la pre
´valence du
TDAH sans tic y serait de 2,9 a
`4,4 % [12]. Il s’agirait du trouble
psychiatrique le plus fre
´quemment associe
´a
`la MGT, avec une
pre
´valence dans cette maladie de 33 a
`91 % [2]. Les sympto
ˆmes
cardinaux du trouble TDAH pre
´ce
´deraient souvent l’apparition
de la MGT. Il semble pourvoyeur de de
´sinsertion sociale et
d’autres troubles psychopathologiques (Tableau 3).
Chez l’adulte en ge
´ne
´ral, le tableau complet de TDAH est
rarement retrouve
´. Il s’agit le plus souvent de troubles de
l’attention avec une gestion du temps difficile et des
Tableau 1
Types d’association entre troubles psychiatriques et MGT
Troubles propres a
`la maladie du fait d’une origine ge
´ne
´tique commune :
TOC, surtout TDA/H
Troubles propres a
`la maladie et lie
´s aux TOC : comportements
autoagressifs
Troubles secondaires a
`une forme se
´ve
`re de MGT, c’est-a
`-dire
secondaires a
`d’autres comorbidite
´s psychiatriques : troubles de
l’humeur, anxie
´te
´, troubles du comportement, trouble de la personnalite
´
Lien multifactoriel (expe
´rience d’une maladie chronique socialement
stigmatisante, iatroge
´nie, secondaires a
`d’autres comorbidite
´s
psychiatriques, ge
´ne
´tique) : de
´pression, troubles bipolaires
Encore me
´connu : impulsivite
´
Tableau 2
Facteurs associe
´s aux comportements d’automutilation dans la MGT
Se
´ve
´rite
´des tics
Ante
´ce
´dents de comportement d’he
´te
´roagressivite
´
Existence d’une de
´sinsertion sociale
Traits d’hostilite
´et d’obsessionnalite
´sur les e
´chelles psychopathologiques
Ante
´ce
´dent de TDAH
F. Galland et al. / Annales Me
´dico-Psychologiques 166 (2008) 324–326 325