bien disposés envers le nouveau système que ceux qui pourraient
vouloir le discréditer aux yeux de tous.
La Seconde introduction, à laquelle nous nous attarderons
exclusivement dans la suite, est ainsi au cœur du projet de Nouvelle
présentation. Cela est évident, tout d’abord, dans la manière dont Fichte
formule, dans les premières lignes de sa septième partie, les objectifs
qu’il poursuit : « décrire la démarche de la doctrine de la science et la
justifier face aux propos de certains philosophes4 ». Mais les
difficultés que pose la compréhension de la doctrine de la science
pour un public déjà formé à la philosophie sont tout à fait
particulières, et elles devront être prises en compte. C’est pourquoi
Fichte a prévenu ses lecteurs dès l’introduction du texte qu’ils
s’engageraient dans une discussion qui ne se ferait pas dans les termes
auxquels ils étaient habitués et qu’ils devraient apprendre « à se méfier
de leurs propres règles5 ». C’est qu’il existe une différence
fondamentale entre l’approche du philosophe de la doctrine de la
science et celle préconisée dans les philosophies antérieures, qui
réside selon Fichte en ceci : il ne prend pas pour point de départ un
concept, mais une activité ; il ne procède pas par construction ou
fabrication à partir d’une « masse morte », mais cherche l’orientation
d’une « vie » qui le précède et qu’il expérimente. Si pour le
dogmatique (celui qui n’a pas pris ou assumé le virage kantien), il
n’existe qu’une série d’agirs de l’esprit en philosophie, celle du
raisonnement philosophique en tant que tel – raisonnement par
lequel il construit son système de toutes pièces –, pour l’idéaliste, il en
existe deux : celle du Moi, susceptible d’être observée par le
philosophe, et celle des observations du philosophe à propos de
l’activité de ce même Moi6. La doctrine de la science ne saurait être
comprise par celui qui ne fait que raisonner à partir de concepts dont
______________
4 Fichte, J. G. (1999), Seconde introduction, p. 149 [p. 245].
5 Ibid., p. 121 [p. 209].
6 Fichte identifiera la première de ces séries, celle du Moi originaire, à
l’activité « réelle » et la seconde, qui appartient à la conscience finie, à
l’activité « idéale », et précisera que quoi qu’il en soit de la possibilité pour le
Moi fini d’effectuer un retour sur son principe, il en reste toujours
dépendant et ne peut entièrement s’y identifier : « [l’]activité idéale trouve
son fondement dans l’activité réelle, qu’elle a devant elle ». Fichte, J. G.
(2000), Doctrine de la science nova methodo, p. 113 [p. 49].