15e DIMANCHE A P. Dat (20605)

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15e DIMANCHE A
En utilisant des comparaisons, des paraboles, Jésus nous fait
comprendre beaucoup mieux ce que doit devenir notre vie spirituelle.
Rappelez-vous la parabole du fils prodigue, l’intendant malhonnête, la
perle et le trésor, le bon samaritain, le berger, la vigne, le figuier stérile.
Jésus était un rural dans son village de Nazareth. Il a beaucoup regardé,
observé la nature et à partir de là, il nous fait part de sa réflexion pour
faire grandir notre vie spirituelle, pour nous dire ce que doit devenir
notre conduite personnelle.
Le monde entier peut, si nous savons le déchiffrer devenir une
parabole et nous offrir un ‘’code de vie’’. Il suffit de transposer, de
réfléchir, de discerner. Si nous savions, nous aussi, à chaque
évènement qui nous arrive, en tirer la leçon spirituelle, nous serions
déjà différents…
Aujourd’hui, Jésus prend l’exemple et l’histoire des
semailles. Il a vu et observé l’histoire, le destin de chaque grain. Tout
dépend du terrain dans lequel cette semence va tomber. La qualité du
grain n’est pas en question puisqu’elle est lancée par Dieu.
Mais voilà ! Où va-t-elle tomber ? 3 mauvais terrains et un bon. Cette
semence est projetée à profusion : Dieu n’est pas avare. La semence
est abondante.
 Tout d’abord, les grains vont tomber sur le chemin qui
longe le champ. En Orient, il n’y a pas de haies, ni de limites bien fixes.
Les chemins ne sont pas rectilignes : pas de ligne de démarcation bien
tracée. Ils ne sont pas tirés au cordeau.
Ces grains, ce sont les hommes de la lisière, ceux qui frôlent la vie
spirituelle mais qui n’en font pas partie - gens de la frontière entre vie
mondaine, vie matérialiste - avec un petit air de messe parfois. Ils sont
inattentifs à tout ce qui est chrétien et à tout ce qui touche à Dieu. Ils
sont durs comme un chemin bien tassé, compacts et donc incapables
d’accueillir en eux quoi que ce soit. Par tout ce qui lui passe dessus, la
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terre du chemin est encroutée. La parole ne peut pas être saisie par ce
genre de personnes. Cette semence reste donc à l’extérieur, sur la
surface tassée et bientôt les oiseaux de l’égoïsme, de l’orgueil va les
avaler.
La grâce de Dieu est incapable de pénétrer dans une terre qui ne peut
accueillir parce que trop concentrée sur elle-même.
« Le bruit d’une musique de carrefour éteint les derniers échos du
sermon », chez une âme superficielle. Elle ne saisit pas, n’accueille pas.
On oublie, parce que ce n’est pas à l’intérieur, au-dedans de l’âme. On
vit avec des raisonnements purement naturels. L’âme n’est pas
évangélisée : ni charité, ni pauvreté, sagesse mondaine.
Ce sont les hommes de la lisière, incapables de labourer une terre trop
dure. La Parole de Dieu ne pénètre pas.
 2e mauvais terrain : la pierraille. Si vous allez en
Palestine, vous vous apercevrez qu’il n’y a pas d’humus dans les
champs, la couche de terre est trop légère. La roche, dessous, n’est pas
loin, si bien qu’avec la chaleur, la plante va lever rapidement et dans ce
cas-là, la racine ne sera pas bien profonde : elle reste à la surface. Le
soleil arrive et la plante va sécher. Au départ, ça pousse très vite… mais
ensuite, ça ne dure pas.
Combien, parmi nous, d’âmes superficielles, qui ne résistent pas à la
durée ? On sort, enthousiaste, d’une retraite, d’un pèlerinage, d’une
conversion, d’un mariage et quelques mois après, arrivent les
premières difficultés, les contradictions, les sécheresses, les routines.
Alors, il y a ceux qui tiennent et ceux qui lâchent. Tant que c’est facile,
ça va, on reste fidèle mais dès qu’il y a un coup dur, c’est la débâcle. On
laisse tomber la prière puis la messe puis le service. On laisse tomber
dès que ça devient un peu plus exigeant, difficile ou ennuyeux. C’est le
manque de fidélité, c’est le feu de paille : tout est grillé.
Relisez Matthieu chap 24 :
« ‘’Beaucoup chuteront. Ils se dénonceront les uns les autres. Le mal se
généralisera. L’amour se refroidira : de tiède, il deviendra glacé. Mais
celui qui tiendra bon jusqu’à la fin, sera sauvé’’ ».
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 3e mauvais terrain : les pierres, les chardons.
Ceux de Tibériade sont particulièrement vivaces. Ils étouffent toutes
les jeunes tiges environnantes. Ils font parfois plusieurs mètres de
hauteur avec des feuilles de 50 cm de large et des racines
extrêmement puissantes.
Jésus les a regardé, ces chardons, et il a pensé à quoi ? A tout ce qui,
pour nous, prend une importance démesurée et qui pourtant n’est pas
essentiel pour nous, non seulement inutile mais nuisible pour notre
développement.
Ces chardons, ce sont tous les soucis que nous nous faisons pour rien :
soucis matériels, soucis de notre réputation, soucis professionnels,
soucis du ‘’qu’en-dira-t-on’’, toutes nos jalousies, nos désirs de succès,
nos envies, notre prestige, notre susceptibilité, nos convoitises ; à tel
point que nous sommes comme prisonniers de cette façade à garder,
étouffés, encombrés par tout ce qui n’est pas essentiel mais que notre
société païenne regarde comme indispensable.
Cette semence de Jésus est comme asphyxiée, envahissant notre
espace vital et empêche, par l’extérieur, la croissance et l’essor de
notre vie intérieure.
Voilà de quoi nous interroger !
 Mais, n’oublions pas le dernier terrain : le bon ! Celui
qui doit devenir le nôtre !
Ce terrain-là va permettre de me valoriser parce qu’il est celui où la
grâce de Dieu va se trouver à l’aise. Il va mettre toute son énergie à
faire grandir la Parole de Dieu, sa vie.
Un grain : c’est tout petit ! Ce n’est rien du tout et cependant c’est lui,
celui à qui nous devons accorder tous nos soins parce que, malgré tous
les obstacles qu’elle rencontre, cette semence, elle est capable de
transformer toute vie.
Rappelez-vous les grands convertis : Saint-Paul, Saint-Augustin, le Père
Foucault, Frossard, Claudel. Pourquoi ? Parce que cette Parole a été
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prise au sérieux, considérée comme prioritaire par tous les saints. En
lisant l’Evangile, ils se sont dit : « cela me concerne », ce n’est pas
seulement pour ‘’les autres’’, savoir modifier la valeur de mon terrain,
me remettre en question pour accueillir ‘’la Parole’’, la ‘’recevoir’’ au
sens fort, réagir à ses exigences.
Mettez un grain de blé dans un sac de ciment ou sur une plaque de
marbre, ce sera l’échec. Non seulement, il ne produira pas – 30, 60 ou
100 pour 1 – mais il séchera sur place.
Stérilité assurée dans une terre qui n’accueille pas.
Vous savez comment Saint-Jean appelle ‘’la Parole de Dieu’’ ? Il la
nomme ‘’le verbe’’. Or, le ‘’verbe’’, c’est Jésus, Jésus la Parole du Père,
la parole incarnée, vivante, ressuscitée.
Le semeur est sorti pour semer, traduisez :
« Dieu a envoyé son fils pour fertiliser notre âme, lui faire produire une
moisson spirituelle qui sera au cœur de mon existence.
Dieu, capable, par Jésus, de multiplier ma vie pour sa joie et pour la
nôtre, pourvu que mon terrain puisse l’accueillir… »
AMEN
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