
Mr Moutot a tenu à mettre à la disposition de tous les étudiants la réponse qu’il a donné à une 
étudiante lui ayant envoyé un mail. Nous vous transmettons l’échange qu’ils ont eu: 
 
 
« Dans la partie "les deux pôles de la vie morale",  vous parlez tout d’abord de la morale ( avec le 
deontologisme  et le conséquentialisme  ) puis vous parlez de l’éthique  ( perspective téléologique  et 
perfectionnisme ) , du coup quels sont pour vous les poles de la morale ? Le deontolgisme  et le 
conséquentialisme  ? Dans ce cas qu’est ce que represente la perspective théologique  et le 
perfectionnisme ? Ou alors ces quatre notions sont liées ? » 
« J’ai également deux autres petites questions en lien avec cette partie :  
-Parmis ces quatre notions  lesquels représentent l’éthique antérieur ? Toutes ?  
- Peut on parle d’éthique déontologique  et éthique conséquentialisme  ? (car dans la séance 13 du 
tutorat il y avait écrit «  éthique déontologique  » et l’item  était compté vrai ) » 
 
« Quelques  mots  très brefs,  car, comme  je l’ai  dit  en cours,  il  n’est  plus  question  de répondre 
aux  mails,  désormais.  Je le  fais  pour ne pas vous  laisser  dans l’embarras,  voire  dans 
l’angoisse,  mais  j’en  suis  très gêné.  Je vous  demande  de partager ces quelques  lignes  avec les 
tuteurs  (à qui  j’adresse  de toute  façon  ce message  en  copie) et je souhaite  que ceux-ci  les 
mettent,  d’une  manière  ou d’une  autre, à disposition  des autres  étudiants  (ils  peuvent  faire 
suivre  ce mail  à la promo, par exemple).  Sinon,  prendre la peine  de vous écrire,  à ce moment 
de l’année,  s’apparenterait  à une  rupture  d’égalité  entre  les  candidats.  De toute  façon,  je pense 
que les tuteurs  ont en réalité  toutes les informations  nécessaires  pour vous répondre et vous 
rassurer,  puisqu’ils  sont  en possession  d’indications  précises  en relation  avec  nos cours. 
 On peut, par convention, distinguer  les « deux  pôles de la vie  morale  » au moyen  des 
vocables  de morale  et d’éthique,  puisqu’après  tout, comme  le  note  Ricœur,  ils  nous 
sont  légués  par la  tradition.  Cela n’a donc rien  à voir  avec ce que sont  ces pôles « pour 
moi  » : je me sers simplement  de l’approche  ricœurienne  (que  d’autres  philosophes,  au 
reste, pourraient  tout à fait discuter,  voire rejeter). Disons  que celle-ci  s’accorde assez 
bien  avec les définitions  / distinctions  que je donne au début du cours : la morale, 
comme région  des normes,  cette réalité  objective  (sociale,  historique,  etc.) de la 
distinction  entre le permis  et le défendu  (dont la face subjective  est le sentiment 
d’obligation)  ; l’éthique,  que l’on  peut définir  comme  un  rapport réflexif  aux  normes 
(que l’on  rattache  celle-ci  à l’action  par devoir  — Kant, pour aller  vite  — ou à la règle 
cherchant,  du côté des conséquences  de l’action,  à maximiser  le bien-être  — collectif, 
notamment  : c’est  l’utilitarisme  ; dans le  cours, je me  suis  ensuite  essentiellement 
référé au modèle  déontologique,  kantien). 
 C’est au sein  de ce rapport que l’on  peut  à nouveau  distinguer  deux directions,  que 
Ricœur  repère comme  l’amont  et l’aval  des normes.  L’amont  : comment  les normes 
s’ancrent-elles  dans  nos vies  ? Qu’est-ce qui, pour le dire très vite,  nous  pousse à 
vouloir  agir  « moralement  », en suivant  des normes  ? Les deux grandes réponses 
déposées dans les principales  traditions  de la philosophie  morale  (déontologisme)  sont 
le devoir et la vertu (perfectionnisme,  vertuisme  : quelle  personne est-ce que je vise à 
être ? = le but, la fin, que je poursuis,  le telos, en grec,  d’où le  vocable  « téléologique  » 
— et non pas « théologique  » [theos = dieu]).  D’un  point  de vue  déontologique,  le 
« moteur » de l’action  morale  (son « mobile  », en termes kantiens)  apparaît comme 
étant le  respect (qui  s’adresse à la loi  morale  et aux personnes),  tandis  que le point de 
vue  téléologique  met  en avant  le  souci  d’agir  selon  la  « préférence  raisonnable  » 
(perfectionnisme  moral  : s’exercer  à agir,  dans chacune  de nos conduites,  selon  cette 
visée de la préférence raisonnable  — prohairesis, en grec). Sans doute notre vie 
morale  est-elle  nourrie  par ces deux impulsions,  ou plus  exactement,  peut-être, ces