Territorialités et développement
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apparaissent et s’interconnectent aux campagnes par des
échanges commerciaux, des routes, des chemins de fer ou des
réseaux de courant électrique et de distribution d’eau [Claval,
2003]. En un mot, le territoire s’humanise par toutes ces
infrastructures et ces pratiques que mettent en place ses
occupants. Son aspect reflète ainsi la culture, les choix de vie et
les moyens d’un groupe d’acteurs ou d’un peuple donné. La
multiplicité des milieux (villes, villages..), celle des acteurs, des
intérêts, des choix, des moyens, des histoires personnelles et des
stratégies en fait cependant une œuvre complexe qui nécessite la
mise en place d’un mode de régulation d’un espace
inévitablement instable et conflictuel. De 1945 à 1980, l’État-
nation s’impose en tant que cadre politique global de cette
humanisation de l’espace. Ayant sans cesse été le reflet du
changement de la société, cet État porte inévitablement la
marque de son temps. Issu de l’évolution de grand empires qui
lui laissèrent la place, en guise de reconnaissance, d’entités plus
petites et indépendantes, l’État devait à l’origine être fort pour se
défendre. Cette conception de l’État au sens absolutiste du
Prince de Machiavel (1469-1527) et du Léviathan de Hobbes
(1588-1679), sera supplantée par les idées révolutionnaires qui
donnent naissance à l’Etat-nation en Europe et dans ses colonies
[Yung-do A. Ducobu, 2005]. Au XIX
ème
siècle, des
considérations socio-économiques sur son rôle donnent
naissance à l’État marxiste contrôlé et instrumentalisé par la
bourgeoisie capitaliste. Ensuite, la théorie économique standard
consolida le rôle des États en s’inspirant des analyses de David
Ricardo (1772-1823) et d’Adam Smith (1723-1790) sur les
avantages comparatifs. Désormais, les États sont les moteurs
d’un système international d’échange où chacun d’eux se
spécialise dans le domaine et les produits où il est le plus doué et
donc, qu’il fabrique à plus moindres coûts que les autres.
2.2 Le rôle de l’État-nation dans le processus de
développement
L’humanisation de l’espace par la conciliation de stratégies,
parfois divergentes, des acteurs et la gestion des conflits qui