Sécurité du travail et promotion de la santé
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d’une erreur de traitement ou d’une
défaillance technique (ex.: pompe à
perfusion qui provoque un surdosage
du médicament).
l
L’événement indésirable inévitable: cela
concerne les thérapies à haut risque
que les patients acceptent pour avoir
une chance de s’en sortir (ex.: compli-
cations de la chimiothérapie) ou en-
core les risques d’un traitement cou-
rant (ex. effets secondaires de
médicaments).
Toutefois, en pratique, il arrive qu’une si-
tuation présente simultanément les ca-
ractéristiques de plusieurs erreurs
comme ce cas tiré de la brochure «Com-
muniquer et agir après un incident –
Lorsque les choses tournent mal». «Une
patiente de 42 ans, traitée auparavant
pour un cancer du sein et redoutant une
récidive, écourte ses vacances pour se
faire examiner par son médecin. Ses
doutes s’avèrent fondés: elle a des métas-
tases hépatiques et accepte donc immé-
diatement de commencer un traitement
qui s’inscrit dans le cadre d’une étude cli-
nique. La première séance de chimiothé-
rapie se déroule sans aucun incident.
Trois semaines plus tard, lors d’une
deuxième séance, elle signale à son onco-
logue que son état s’est légèrement ag-
gravé. Le jour même, son oncologue re-
çoit l’appel du pharmacien de l’étude qui
l’informe que la patiente n’a reçu que le
diluant sans la substance chimiothéra-
peutique active. Le médecin s’empresse
d’informer la patiente de cette erreur en
se déplaçant à son domicile. Suite à la di-
vulgation de cette erreur et à l’honnêteté
des protagonistes, des mesures aussi bien
thérapeutiques qu’organisationnelles ont
pu être mises en place. La patiente n’a ja-
mais porté plainte pour cette erreur.»
D’après les résultats de l’enquête menée
en 2005 par la Commission européenne
auprès de ses vingt-cinq États membres,
40% des personnes interrogées se décla-
raient inquiètes de la possibilité de subir
une erreur médicale. Quant aux statis-
tiques 2012 allemandes qui ont été pu-
bliées en mai dernier par la Commission
d’examen médical de l’association natio-
nale des fonds statutaires d’assurance
maladie, sur 12 483 plaintes déposées
pour erreur de traitement, un tiers ont été
confirmées. Les domaines les plus
concernés sont la chirurgie traumatolo-
gique et la chirurgie générale, suivis de
près par la dentisterie, la médecine in-
terne et la gynécologie.
Les causes des erreurs
Le chercheur Charles Vincent (2000) a
répertorié sept types de facteurs à l’ori-
gine de survenue des incidents médicaux,
à savoir:
l
Le patient: son état de santé, sa per-
sonnalité, ses aptitudes de communi-
cation.
l
L’environnement du travail: horaires,
charge de travail, bruit, éclairage, élé-
ments de distraction, ergonomie.
l
Le matériel: accès à la documentation,
panne, maintenance du matériel, etc.
l
L’individu: son savoir, son savoir-faire,
sa santé, sa fatigue, sa formation, etc.
l
La tâche ou l’activité: instructions de
travail (clarté, exactitude, lisibilité),
conception des soins et leur planifica-
tion.
l
L’équipe: sa taille et sa composition,
assistance ou conflit entre collègues, la
qualité de la supervision.
l
Le contexte institutionnel et managé-
rial: politique qualité, gestion des
risques, formation et recrutement.
La prise en compte de tous ces paramè-
tres est indispensable à la compréhension
du problème et à son traitement adéquat
pour éviter une chasse aux boucs émis-
saires.
Que peut faire la victime?
Tout d’abord prendre rendez-vous avec
son médecin pour lui demander des ex-
plications et se renseigner sur les suites
de l’acte médical. Dans le cas où le méde-
cin admet une erreur, son assurance res-
ponsabilité civile peut la prendre en
charge. Dans le cas contraire, le patient
lésé peut demander un deuxième avis
médical en prenant le soin de se procurer
auparavant tous les rapports médicaux et
opératoires nécessaires pour cela. Une
expertise peut également être demandée
auprès de la FMH, dont le coût, pour un
cas relativement simple est d’environ 400
CHF, et plus s’il est complexe. Les répa-
rations escomptées pourront être obte-
nues auprès du médecin ou après un pro-
cès, à condition que le lésé puisse prouver
l’erreur médicale. Il est recommandé de
demander l’aide d’un avocat, mais égale-
ment celle des institutions compétentes
en la matière, dont la Fondation pour la
sécurité des patients fait partie.
Les conséquences juridiques de
l’erreur médicale pour son auteur
«La secrétaire d’un médecin généraliste
reçoit au cabinet l’appel téléphonique
d’un patient de 62 ans suivi régulièrement
pour une hypertension artérielle et un
diabète de type II. Ce dernier se plaint
d’une douleur thoracique gauche qui per-
siste depuis quelques heures. Après avoir
consulté le médecin, la secrétaire propose
au patient de reprendre contact en fin de
journée s’il n’y a pas d’amélioration de
symptomatologie. Mais en fin d’après-
midi, c’est l’hôpital qui contacte le cabi-
net. Le patient avait été admis aux ur-
gences, puis transféré dans l’unité des
soins intensifs pour un infarctus myocar-
dique avec choc cardiogène. Il décédera
quelques heures plus tard des suites de
l’infarctus.» (Bertrand & coll., 2009)
Les conséquences juridiques d’une erreur
médicale avérée se répartissent en trois
catégories, à savoir:
l
La sanction disciplinaire (procédure
administrative)
l
La condamnation pécuniaire (procé-
dure civile)
l
La condamnation pénale (procédure
pénale)
Du point de vue légal, la responsabilité
civile d’un soignant peut être engagée si
les trois conditions suivantes sont réu-
nies: il a commis un acte illicite fautif, le
patient a subi un dommage, et le lien de
causalité entre faute et dommage est
avéré (Werro, 1996). Dans le cas rapporté
ci-haut, la responsabilité du médecin est
évidente puisque, compte tenu des symp-
tômes invoqués par le malade et ses anté-
cédents médicaux, le soignant aurait dû
l’envoyer sans tarder à l’hôpital. Dans le
cas concernant la patiente de 42 ans at-
teinte de métastases hépatiques, il semble
bien, heureusement, que l’erreur n’a pas
entraîné de dommage. Le soignant qui
s’est trompé dans la remise de produits