
ÉNONCIATION THÉÂTRALE   
Claire Despierres 
 
 
3 
 
Les deux répliques suivantes exposent les liens entre Madame Pernelle et Elmire : ma bru 
/ ma mère (l’appellatif 
mère
 qui est employé aussi pour 
belle-mère
 qu’on trouverait en 
français moderne) 
Puis on est informé du statut social de Dorine : fille suivante  
Ensuite Madame Pernelle coupe la parole à Damis, et sa réplique multiplie les marques  de 
lien de parenté 
C’est d’abord    mon  fils  /  moi  qui  suis  votre grand-mère  /   et  quand  elle  introduit un 
personnage absent, c’est encore en indiquant sa place dans la généalogie familiale: mon 
fils votre père / 
Puis  c’est  une  adresse  indirecte  à  Mariane,  qui  tente  de  prendre  la  parole,  désignée 
obliquement par l’appellatif, 
sa sœur,  vous faites la discrète
 (donc Marianne  est la soeur 
de Damis).  
Elle se tourne à nouveau vers Elmire, on retrouve l’échange 
ma mère / Ma bru
. Dans la 
réplique, le syntagme 
leur défunte mère
 précise aussi qu’Elmire n’est pas la mère biologique 
de Mariane et de Damis, ce qui n’est pas sans importance pour l’action dramatique 
Puis la parole circule entre une nouvelle paire d’interlocuteurs : Madame Pernelle qui est 
prise à parti par Cléante   : 
mais Madame
  
Elle lui répond en usant à nouveau d’un procédé indirect 
monsieur son frère
 : Cléante est 
donc le frère d’Elmire, elle-même bru de madame Pernelle 
Et s’il en est encore besoin, madame Pernelle précise 
: Si j’étais de mon fils son épous
 
(c’est-à dire si j’étais Elmire qui est bien l’épouse du fils de madame Pernelle, Orgon) 
Un  peu  plus  loin  La  réplique  de  Damis  introduit  un  autre  personnage, un  personnage  
absent, celui-là, de la situation d’énonciation, le seul qui soit doté d’un nom propre,  et 
pour cause : il est le seul à ne pas appartenir à la famille, ce qui est essentiel sur le plan 
dramatique puisqu’il sera question d’argent, de mariage et d’héritage détourné.  
C’est aussi le personnage qui donne son titre à la pièce : 
Tartuffe.