IDENTITÉ DISCURSIVE DRAMATIQUE
Claire Despierres
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Introduction
Dans cette série de séquences nous allons tenter de cerner les particularités linguistiques
du texte de théâtre et ainsi de mettre au jour ce qui caractérise « l’identité discursive
dramatique ».
Notre première question concernera l’énonciation théâtrale.
Le couple émetteur / récepteur
Entrons au théâtre et prenons place aux côtés des spectateurs. La représentation peut
commencer. Observons un instant comment s’établit la communication. Dans cet extrait du
Tartuffe
de Molière, les personnages dialoguent entre eux sur le plateau, ils échangent un
message. On les désignera des termes d’
émetteur et récepteur intrascéniques
(de intra-
à l’intérieur) ou
intradiégétiques
.
La
diégèse
, c’est l’univers spatio-temporel du récit et les personnages appartiennent bien
à l’histoire racontée.
Cette pièce,
Tartuffe
, a été écrite par Molière en 1669, Molière qu’on peut appeler en
suivant Catherine KERBRAT ORECCHIONI le
scripteur
, pour bien le distinguer de l’
auteur
,
l’auteur en tant qu’individu particulier, c’est-à-dire une entité physique et psychique, dotée
d’une histoire personnelle, d’une famille etc. D’ailleurs l’auteur dans ce cas précis a choisi
un pseudonyme, un nom de plume, puisque pour l’état civil il se nomme Jean-Baptiste
Poquelin, ce qui souligne cet écart entre les deux instances de l’auteur et du scripteur.
Le scripteur, c’est la source énonciative du discours. On rencontre aussi le terme de
montreur et celui de présentateur car cette instance énonciative présente les intervenants
et présentifie leur discours.
Le destinataire de son énonciation, c’est bien un lecteur ou un spectateur virtuels qui
pourraient ne jamais s’incarner, si la pièce n’est finalement ni éditée, ni jouée.
Nous qualifierons le scripteur et le lecteur /ou le spectateur virtuel d’
émetteur et récepteur
extrascéniques ou extradiégétiques