Le score EPICES évalue le score de la précarité et de l’inégalité devant la santé à partir des
données recueillies dans les centres d’examen de santé. Les questions suivantes ne semblent
pas médicales ! Rencontrez-vous parfois un travailleur social ? Avez-vous une assurance
maladie complémentaire ? Vivez-vous en couple ? Vivez-vous seul ? L’isolement a des
répercussions importantes sur la santé. Etes-vous propriétaire de votre logement ? Faites-vous
du sport ? Allez-vous au cinéma ? etc… Onze questions sont ainsi posées. Les indicateurs de
santé des personnes dont le score dépasse trente points prennent une tangente défavorable. Ce
sont celles qui fument le plus, ne se sentent jamais en forme, consomment le plus de
médicaments, ont plus de diabète, sont plus grosses pour les femmes, pas forcément pour les
hommes, etc.
Dans les centres d’examen de santé, nous essayons d’accueillir les personnes les plus
sensibles. On fait appel à des facteurs psychosociaux, et pas simplement à des facteurs de santé
ou de ressources. On peut très bien être vulnérable, même en ayant des ressources financières !
A Lille, nous accueillons environ 15 000 personnes par an au centre d’examens de santé.
Pour ouvrir cette prestation à une très large population, nous avons dû entrer en relation avec
l’ensemble de l’écosystème médico-social du territoire, et avec beaucoup de partenaires
associatifs. La médecine du travail, par exemple, qui avait besoin de supports. Nous avons pu
aller à leur devant et orienter des travailleurs dits pauvres vers les examens de santé afin de les
faire bénéficier d’un diagnostic de prévention santé.
Nous avons des partenariats avec des structures d’hébergement social, des établissements
scolaires et universitaires, des missions locales, des centres de formation. Cela veut dire que
l’on doit tisser au niveau de la région une espèce de canevas avec les compétences de chacun,
au service de la personne.
Par rapport au score EPICES, nous avons en 2008 accueilli environ 3 % de personne en
situation de vulnérabilité. Nous en sommes maintenant à environ 50 %. C’est un service pour
tous. Chacun est écouté de la même façon.
Une observation est parue en 2011. On a vu que six mois après un examen de santé, dans
les populations en situation de vulnérabilité, 80 % avaient consulté leur médecin, 56 % avaient
mis à jour leurs vaccinations, 45 % avaient réalisé des soins dentaires.
Forts de ça, que faisons-nous à l’occasion d’un bilan de santé ? Dans le temps, on faisait du
somatique, par exemple une prise de sang pour dépister le cholestérol, etc... Aujourd’hui, cette
approche somatique est largement insuffisante.
Plusieurs diagnostics sont posés. Un diagnostic d’ordre social, qui n’est pas simplement basé
sur les revenus. Un diagnostic d’ordre comportemental : les gens sont interrogés sur leur
comportement par rapport à l’alimentation, au tabac, au sport, etc. Ils bénéficient de conseils
minimaux. Un diagnostic environnemental. Un diagnostic de santé mentale.
L’état motivationnel de la personne est à prendre en compte. Par exemple : a -t-elle envie de
s’occuper de son tabagisme maintenant ? Le soignant doit accepter qu’elle refuse... Si une
femme enceinte dit qu’elle ne peut pas arrêter de fumer pour l’instant, il faut que l’on puisse
entendre qu’elle ne puisse pas, à l’instant T, tout en l’informant bien des effets sur sa propre
santé et sur celle de l’enfant. Le tabac peut être simplement diminué, et il faut l’accompagner
dans la diminution pour que cela soit le moins toxique possible pour son enfant. C’est là une
approche extrêmement empathique, constructive ; soignant et soigné mettant chacun à leur tour
une petite pierre à l’édifice.
Aller à la rencontre de la personne. Nous nous sommes posés beaucoup de questions, parce
que lorsqu’on invite les personnes qui sont un peu vulnérables, on se rend compte que beaucoup
ne s’intéressent pas à leur santé.
Nous avons donc créé des dynamiques auprès des différentes institutions régionales, pour
intervenir par exemple auprès de structures caritatives. Le Conseil général et la CPAM ont ciblé
les requêtes et mis en place des bilans de santé délocalisés pour les personnes en situation de
vulnérabilité qui ont souvent du mal à se déplacer. Cela entraîne des frais auxquels on ne pense
pas. Nous avons organisé une antenne mobile, puis des équipes mobiles. Nous avons contacté
des élus.