la valeur ajoutée dans l`industrie agroalimentaire au canada

Le 30 novembre 2000
omme les autres secteurs de l’économie, le développement de l’agriculture passe par la
croissance des marchés. Pour le Canada – dont le marché intérieur offre un potentiel
intéressant mais limité – la stratégie de croissance pour les prochaines années s’articule autour
d’exportations agroalimentaires à valeur ajoutée, qui devraient créer un effet d’entraînement
tout au long de la chaîne du système agroalimentaire.
Les exportations agricoles en 2005
Le Canada est traditionnellement un exportateur de
produits agricoles en vrac, notamment à cause de sa
grande capacité de production de céréales et
d’oléagineux. Toutefois, avec l’ouverture
grandissante des marchés suite à l’Accord sur
l’agriculture du cycle de l’Uruguay, on assiste à une
réorientation de la stratégie agricole canadienne.
Selon l’objectif établi par le Conseil canadien de
commercialisation des produits agroalimentaires
(CCCPA), un organisme consultatif formé de
représentants du secteur privé, le Canada devrait viser
une part de 4 p. 100 des exportations agroalimentaires
mondiales d’ici 2005. Cette part de marché pourrait
se traduire par des exportations totalisant entre 30 et
40 milliards de dollars.
Même si, depuis dix ans, les exportations canadiennes
de produits agricoles et agroalimentaires ont presque
doublé, dépassant 23 milliards de dollars en 2000,
l’objectif de 2005 demeure ambitieux et nécessitera
des changements importants à l’intérieur de la filière
agroalimentaire du Canada. À l’heure actuelle, les
exportations agroalimentaires canadiennes sont
composées de produits non transformés et de produits
avec valeur ajoutée dans des proportions de 60 et de
40 p. 100 respectivement. Selon le CCCPA, le
Canada devra inverser ces proportions pour atteindre
l’objectif visé.
La valeur ajoutée
Le prix d’un produit, agroalimentaire ou autre, est
influencé notamment par le capital et la main-d’œuvre
qui entrent dans sa production ou sa transformation et
qui ajoutent de la valeur à ce produit. Ainsi, le pain est
du « blé à valeur ajoutée », c’est-à-dire auquel on a
ajouté d’autres ingrédients – comme du sucre, de la
levure, de l’eau – et une forme de traitement, qui ont
tous exigé un apport de main-d’œuvre et de capital.
Essentiellement, la « valeur ajoutée » représente le
rendement total du capital et de la main-d’œuvre. Elle
correspond à la différence entre la valeur d’un bien à la
fin et au début du processus de production ou de
transformation et tient compte des matières premières
ou des services acquis et consommés pour le produire
ou le transformer.
La valeur ajoutée crée de l’activité économique à
chacune des étapes de la transformation d’un bien,
contribue au produit intérieur brut (PIB) et constitue
ainsi une mesure de l’état de santé ou de l’importance
d’une industrie ou d’un secteur.
C’est la demande qui dicte la valeur qu’on peut ajouter
à un produit. Comme les consommateurs exigent des
produits agroalimentaires toujours plus transformés,
souvent « prêts à servir », l’intrant primaire venant de la
ferme représente une part de plus en plus faible de la
valeur du produit final.
C
LA VALEUR AJOUTÉE DANS L’INDUSTRIE
AGROALIMENTAIRE AU CANADA
Capsule d’information pour les parlementaires
TIPS-28F
Bibliothèque du Parlement
Ce document est la version papier d’une capsule d’information Web consultable en ligne à
http://intraparl/36/map_sv_lib-f.htm
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De nombreux agriculteurs, qui se trouvent au tout
début de la filière agroalimentaire, ont donc
l’impression de ne pas recevoir leur juste part des
retombées de l’activité économique générée par une
valeur ajoutée croissante. Si la majorité d’entre eux
approuvent la stratégie canadienne et l’objectif fixé
pour l’an 2005, ils demeurent nombreux à s’interroger
sur l’importance des effets d’entraînement réels – ou
des répercussions – qui se feront sentir jusqu’à l’étape
de la ferme.
L’importance économique de la valeur ajoutée
dans le système agroalimentaire canadien
La filière agricole – de la ferme à l’assiette – contribue
de façon non négligeable à l’économie canadienne :
le secteur agricole primaire représente 400 000
emplois et 1,8 p. 100 du PIB;
le secteur de la transformation (l’industrie des
aliments et boissons) représente 200 000 emplois
et 2,5 p. 100 du PIB;
le secteur agroalimentaire (le secteur agricole
primaire et le secteur de la transformation)
représente donc 600 000 emplois et 4,3 p. 100 du
PIB, soit la moitié des chiffres pour l’ensemble du
système agroalimentaire;
le secteur de la distribution et des services
alimentaires représente 600 000 emplois et
4,2 p. 100 du PIB;
l’ensemble du système agroalimentaire fournit
13,2 p. 100 des emplois et représente 8,5 p. 100 du
PIB.
Il est intéressant de noter que le secteur agricole
primaire emploie plus de gens que le secteur de la
transformation, mais que sa contribution relative au
PIB est moindre.
La valeur marchande des produits transformés par
l’industrie agroalimentaire canadienne totalise
55 milliards de dollars par an, dont une grande partie
est écoulée sur le marché agroalimentaire intérieur.
Celui-ci s’élève à 95 milliards de dollars par an,
auxquels s’ajoutent des transactions de produits
agricoles non alimentaires de l’ordre de 9,2 milliards
de dollars.
Même si le marché intérieur des produits agricoles
transformés, qui devrait connaître une croissance
annuelle de 2,1 milliards de dollars, continue d’offrir
des possibilités intéressantes aux transformateurs
canadiens, les nouveaux accès au marché extérieur
offrent un potentiel bien plus important.
Vers une plus grande valeur ajoutée
en agroalimentaire
L’importance du secteur agroalimentaire varie
grandement d’une région à l’autre. Sa contribution au
PIB est :
de 5,8 p. 100 au Manitoba;
de 9,2 p. 100 en Saskatchewan;
de 3,9 p. 100 au Québec et en Ontario;
de 4,1 p. 100 dans l’ensemble du pays.
Le centre du Canada (Québec et Ontario) est à
l’origine d’environ les deux tiers de la valeur des
expéditions de produits agroalimentaires transformés
et comprend la majorité des usines de transformation
des aliments et boissons. Cette concentration
historique s’explique notamment par l’importance des
marchés locaux, l’accès à des infrastructures de
transport et la présence de la filière de la gestion de
l’offre.
Traditionnellement, les provinces de l’Ouest se sont
limitées à fournir des produits agricoles en vrac,
principalement des céréales. Jusqu’aux années 80, les
agriculteurs et des transformateurs de cette partie du
pays ne se préoccupaient pas outre mesure d’accroître
la valeur ajoutée de leurs produits.
Depuis, certaines ententes sur le commerce
international – comme celles de l’Organisation
mondiale du commerce et l’Accord de libre-échange
nord-américain – ont exercé une influence importante
sur le développement agricole et agroalimentaire.
Sur la scène nationale, l’élimination de la Loi sur le
transport du grain de l’Ouest – mieux connue sous le
nom de « subvention du Nid-de-Corbeau » – a
accéléré le renouveau de l’industrie agroalimentaire
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des Prairies. La subvention favorisait l’exportation
des céréales en vrac, et son abolition, motivée par des
obligations commerciales internationales, a remis le
principe des avantages comparés – ou de la
spécialisation – en perspective et forcé les
intervenants agricoles et agroalimentaires à réorienter
leur industrie.
On ne cherche plus simplement à produire, mais aussi
à diversifier la production et à la transformer en tenant
compte du marché. En conséquence, les
gouvernements fédéral et provinciaux tentent de
mieux cibler leurs programmes. Le Fonds canadien
d’adaptation et de développement rural d’Agriculture
et Agroalimentaire Canada est un exemple. De plus,
l’importance de l’investissement pour le
développement d’une industrie à plus haute valeur
ajoutée a incité les secteurs privé et public à établir
des partenariats stratégiques, comme l’ont fait la
Société du crédit agricole, la CIBC et Diversification
de l’économie de l’Ouest Canada. Si cette tendance
se poursuit, la production agroalimentaire des Prairies
pourrait atteindre 20 milliards de dollars en 2005, soit
le double de son niveau de 1996.
Bref, l’Ouest mise déjà sur des stratégies
agroalimentaires innovatrices, notamment en matière
de biotechnologie agricole, de produits agricoles non
alimentaires (l’éthanol, le chanvre, etc.) et de
nutraceutiques. Le centre du Canada, pour sa part,
continuera vraisemblablement à développer son
industrie agroalimentaire sur des assises déjà
solidement établies.
La transformation de produits agricoles en produits à
plus haute valeur ajoutée n’est pas une panacée,
puisqu’elle ne peut faire abstraction de la demande.
Toutefois, son avantage est de forcer les intervenants
du système agroalimentaire à être davantage attentifs
aux signaux du marché – de la ferme jusqu’à l’assiette
du consommateur.
préparé par
Jean-Denis Fréchette
Direction de la recherche parlementaire
Pour en savoir plus…
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