Hamlet
dans
les
écoles 14
15
William Shakespeare
Mise en scène :
Magali Tosato
Projet
pédagogique
«Théâtre en classes»
Une création dans les écoles autours de «Hamlet» de Shakespeare.
Classes secondaires et post-obligatoires (à partir de 12 ans)
Notre projet consiste à présenter une pièce de théâtre dans des salles de classe durant les heures de cours.
Faire du théâtre dans les salles de classe permet d’intervenir dans le quotidien des élèves et de s’adresser
plus directement à eux. Pendant deux périodes successives, ce théâtre de proximité mêlera spectacle et
échange. La pièce comportera des éléments interactifs et sera suivie d’une discussion avec les élèves.
S’intéresser au théâtre ne va pas de soi. Beaucoup de préjugés y sont attachés. En allant à la rencontre
des élèves avec une forme simple et légère, nous voulons partager notre passion pour le théâtre et donner
envie aux jeunes d’y aller ensuite par eux-mêmes. Nous souhaitons partager avec eux cet art vivant dans
son immédiateté, sans le rituel lié à l’événement social, parfois intimidant.
Nous avons opté pour «Hamlet» de Shakespeare principalement pour deux raisons :
- le thème de l’émancipation: ce processus, difficile et nécessaire pour devenir un être autonome, est
caractéristique de l’adolescence. On ne s’émancipe certes pas une fois pour toutes, mais la première fois
qu’on franchit le pas marque une étape décisive de la vie.
- la théâtralité du texte: Shakespeare use de la métaphore «le monde est un théâtre» et multiplie les parallèles
entre l’univers du spectacle et la vie réelle. Dans Hamlet, c’est une scène de théâtre dans le théâtre qui
permet au jeune prince de confondre les meurtriers de son père. Par ailleurs, la folie d’Hamlet – qu’elle soit
symptôme ou stratégie – est le moteur intérieur qui le guidera vers la vérité et l’autonomie.
Le théâtre s’installe en classe spontanément (sans y amener décors excessifs, ni lourd appareil technique).
Il s’y déploie progressivement par le seul jeu des comédiens.
En résumé, nous proposons un Hamlet, condensé autour d’une thématique spécifique à l’adolescence,
un texte réduit à l’essentiel et porté par le jeu d’acteur – l’outil théâtral par excellence. Nous souhaitons
permettre aux élèves de se laisser surprendre, troubler peut-être, et de poser un regard neuf et étonné sur
le monde ; quelle place y prendre?
Parti pris
dramaturgique
Cette tragédie écrite par Shakespeare autour de 1601, relate l’histoire d’Hamlet, jeune prince du Danemark.
Suite à la mort suspecte de son père et aux noces précipitées de sa mère Gertrude avec son oncle
Claudius, Hamlet est saisi par le doute. Son défunt père lui apparaît, sous l’aspect d’un fantôme, et exige
de lui qu’il découvre la vérité sur sa mort afin de le venger. Débute alors pour Hamlet une remise en question
totale de la réalité qui l’entoure et une quête acharnée de la vérité. Pour la découvrir, il décide de jouer au
fou. Son comportement inquiète ses proches qui se mettent également à lui jouer des tours dans l’espoir
de le démasquer. Très vite, tous semblent se perdre dans ce jeu du chat et de la souris qui les conduira
finalement aux portes de la folie et de la mort.
Hamlet paie la vérité au prix de sa vie, mais l’ignorance ne protège pas non plus contre la mort.
Le personnage d’Ophélie, amoureuse d’Hamlet et symbole de l’innocence, se voit manipulée par les
adultes qui souhaitent à travers elle percer le secret d’Hamlet et ne survit pas à ce drame qu’elle paraît subir
passivement.
Il semble n’y avoir aucune heureuse issue possible pour ces jeunes gens en quête de vérité.
«Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark.»
Cette phrase devenue célèbre semble plus que jamais actuelle. Il y a quelque chose de pourri, on le sait
mais on sait également qu’il ne suffit pas de le savoir pour pouvoir agir.
Que faire? Quel est le pouvoir d’action de l’individu au sein d’un groupe? Quelles sont les responsabilités
qui lui incombent vis-à-vis de la société? Existe-t-il une forme d’individualisme qui ne soit pas le modèle
d’individu-consommateur – prototype contemporain, mais un individu émancipé et responsable? Quelqu’un
qui pose un regard critique sur l’ordre établi? Une personne qui défait une à une les illusions sur lesquelles
est construite la réalité et qui assume sa propre vision, son propre rêve du monde?
Monter «Hamlet» dans les classes, c’est donner la possibilité aux élèves de réfléchir activement à leur
position dans le monde; à la place qu’ils sont en train de s’y faire.
Der Auftrag, Bat-Studiotheater, Berlin 2013
Quelques pistes
de réflexion
autour
du texte…
La figure d’Hamlet ainsi que les principaux motifs de la pièce, connaissent une longue tradition en Europe:
le meurtre du roi par son frère, le mariage avec la reine Gertrude, la folie d’Hamlet.
Aux alentours de 1200 déjà, Saxo Grammaticus raconte l’histoire d’Amleth dans sa «Gesta Danorum» et
vers 1570, François de Belleforest adapte cette légende dans ses «Histoires tragiques». Il semblerait que
ce soit la version créée par Thomas Kyd pour la scène en 1594 qui ait directement influencé Shakespeare.
Cette tradition de réécriture sera poursuivie également après Shakespeare, notamment par Bernard-
Marie Koltès qui écrit «Le jour des meurtres dans l’histoire d’Hamlet» en 1974 et par Heiner Müller qui
publie «Hamlet Machine» en 1977. En plus des nombreuses réécritures de la pièce, on compte un nombre
important d’adapations sur scène et à l’écran.
Ce phénomène littéraire nous intéresse autant que les motifs de la tragédie.
Dans le but de créer une représentation dense et percutante, nous avons choisi de mettre l’accent sur
certains de ces motifs.
Nous nous focaliserons sur les «scènes de famille» et réduirons les personnages au nombre de six: Hamlet,
Ophélie, Gertrude, Claudius, Polonius et le spectre.
Cette réduction nous permettra de nous concentrer sur les rapports parents-enfants. Le processus
d’émancipation consistant à faire le tri dans les « vérités » absorbées durant l’enfance, afin de se construire
son propre point de vue sur la réalité et d’agir en fonction de ses propres convictions.
Nous désirons également insérer le «monologue d’Ophélie» tiré du texte d’«Hamlet Machine» de Heiner
Müller. Ce choix naît premièrement de la volonté de donner une voix contemporaine à ce personnage féminin
et de proposer une alternative à sa mort désespérée. D’autre part, il nous paraît enrichissant de donner un
aperçu de ce phénomène de réécriture et d’appropriation du texte, ainsi qu’un point de comparaison entre
une écriture classique et une écriture contemporaine.
Ce projet s’adresse spécifiquement à des jeunes. Il permet une réflexion abordant des thèmes éthiques,
historiques et socio-politiques. Par ailleurs il permet une approche sensible de la littérature. La représentation
de textes classiques et contemporains; des scènes jouées dans le respect du texte et d’autres scènes
adaptées, donnent l’occasion de réfléchir à notre rapport à l’écrit.
Nous souhaitons inviter les élèves à s’approprier texte et histoire; les encourager à rêver et à donner corps
à leurs rêves.
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