William Shakespeare Mise en scène : Magali Tosato

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Hamlet
dans
les
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écoles
15
William Shakespeare
Mise en scène :
Magali Tosato
Projet
pédagogique
«Théâtre en classes»
Une création dans les écoles autours de «Hamlet» de Shakespeare.
Classes secondaires et post-obligatoires (à partir de 13 ans)
Notre projet consiste à présenter une pièce de théâtre dans des salles de classe durant les heures de cours.
Faire du théâtre dans les salles de classe permet d’intervenir dans le quotidien des élèves et de s’adresser
plus directement à eux. Pendant deux périodes successives, ce théâtre de proximité mêlera spectacle et
échange. La pièce comportera des éléments interactifs et sera suivie d’une discussion avec les élèves.
S’intéresser au théâtre ne va pas de soi. Beaucoup de préjugés y sont attachés. En allant à la rencontre
des élèves avec une forme simple et légère, nous voulons partager notre passion pour le théâtre et donner
envie aux jeunes d’y aller ensuite par eux-mêmes. Nous souhaitons partager avec eux cet art vivant dans
son immédiateté, sans le rituel lié à l’événement social, parfois intimidant.
Nous avons opté pour «Hamlet» de Shakespeare principalement pour deux raisons :
- le thème de l’émancipation: ce processus, difficile et nécessaire pour devenir un être autonome, est
caractéristique de l’adolescence. On ne s’émancipe certes pas une fois pour toutes, mais la première fois
qu’on franchit le pas marque une étape décisive de la vie.
- la théâtralité du texte: Shakespeare use de la métaphore «le monde est un théâtre» et multiplie les parallèles
entre l’univers du spectacle et la vie réelle. Dans Hamlet, c’est une scène de théâtre dans le théâtre qui
permet au jeune prince de confondre les meurtriers de son père. Par ailleurs, la folie d’Hamlet – qu’elle soit
symptôme ou stratégie – est le moteur intérieur qui le guidera vers la vérité et l’autonomie.
Le théâtre s’installe en classe spontanément (sans y amener décors excessifs, ni lourd appareil technique).
Il s’y déploie progressivement par le seul jeu des comédiens.
En résumé, nous proposons un Hamlet, condensé autour d’une thématique spécifique à l’adolescence,
un texte réduit à l’essentiel et porté par le jeu d’acteur – l’outil théâtral par excellence. Nous souhaitons
permettre aux élèves de se laisser surprendre, troubler peut-être, et de poser un regard neuf et étonné sur
le monde ; quelle place y prendre?
Parti pris
dramaturgique
Cette tragédie écrite par Shakespeare autour de 1601, relate l’histoire d’Hamlet, jeune prince du Danemark.
Suite à la mort suspecte de son père et aux noces précipitées de sa mère Gertrude avec son oncle
Claudius, Hamlet est saisi par le doute. Son défunt père lui apparaît, sous l’aspect d’un fantôme, et exige
de lui qu’il découvre la vérité sur sa mort afin de le venger. Débute alors pour Hamlet une remise en question
totale de la réalité qui l’entoure et une quête acharnée de la vérité. Pour la découvrir, il décide de jouer au
fou. Son comportement inquiète ses proches qui se mettent également à lui jouer des tours dans l’espoir
de le démasquer. Très vite, tous semblent se perdre dans ce jeu du chat et de la souris qui les conduira
finalement aux portes de la folie et de la mort.
Hamlet paie la vérité au prix de sa vie, mais l’ignorance ne protège pas non plus contre la mort.
Le personnage d’Ophélie, amoureuse d’Hamlet et symbole de l’innocence, se voit manipulée par les
adultes qui souhaitent à travers elle percer le secret d’Hamlet et ne survit pas à ce drame qu’elle paraît subir
passivement.
Il semble n’y avoir aucune heureuse issue possible pour ces jeunes gens en quête de vérité.
«Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark.»
Cette phrase devenue célèbre semble plus que jamais actuelle. Il y a quelque chose de pourri, on le sait
mais on sait également qu’il ne suffit pas de le savoir pour pouvoir agir.
Que faire? Quel est le pouvoir d’action de l’individu au sein d’un groupe? Quelles sont les responsabilités
qui lui incombent vis-à-vis de la société? Existe-t-il une forme d’individualisme qui ne soit pas le modèle
d’individu-consommateur – prototype contemporain, mais un individu émancipé et responsable? Quelqu’un
qui pose un regard critique sur l’ordre établi? Une personne qui défait une à une les illusions sur lesquelles
est construite la réalité et qui assume sa propre vision, son propre rêve du monde?
Monter «Hamlet» dans les classes, c’est donner la possibilité aux élèves de réfléchir activement à leur
position dans le monde; à la place qu’ils sont en train de s’y faire.
Der Auftrag, Bat-Studiotheater, Berlin 2013
Quelques pistes
de réflexion
autour
du texte…
La figure d’Hamlet ainsi que les principaux motifs de la pièce, connaissent une longue tradition en Europe:
le meurtre du roi par son frère, le mariage avec la reine Gertrude, la folie d’Hamlet.
Aux alentours de 1200 déjà, Saxo Grammaticus raconte l’histoire d’Amleth dans sa «Gesta Danorum» et
vers 1570, François de Belleforest adapte cette légende dans ses «Histoires tragiques». Il semblerait que
ce soit la version créée par Thomas Kyd pour la scène en 1594 qui ait directement influencé Shakespeare.
Cette tradition de réécriture sera poursuivie également après Shakespeare, notamment par BernardMarie Koltès qui écrit «Le jour des meurtres dans l’histoire d’Hamlet» en 1974 et par Heiner Müller qui
publie «Hamlet Machine» en 1977. En plus des nombreuses réécritures de la pièce, on compte un nombre
important d’adapations sur scène et à l’écran.
Ce phénomène littéraire nous intéresse autant que les motifs de la tragédie.
Dans le but de créer une représentation dense et percutante, nous avons choisi de mettre l’accent sur
certains de ces motifs.
Nous nous focaliserons sur les «scènes de famille» et réduirons les personnages au nombre de six: Hamlet,
Ophélie, Gertrude, Claudius, Polonius et le spectre.
Cette réduction nous permettra de nous concentrer sur les rapports parents-enfants. Le processus
d’émancipation consistant à faire le tri dans les « vérités » absorbées durant l’enfance, afin de se construire
son propre point de vue sur la réalité et d’agir en fonction de ses propres convictions.
Nous désirons également insérer le «monologue d’Ophélie» tiré du texte d’«Hamlet Machine» de Heiner
Müller. Ce choix naît premièrement de la volonté de donner une voix contemporaine à ce personnage féminin
et de proposer une alternative à sa mort désespérée. D’autre part, il nous paraît enrichissant de donner un
aperçu de ce phénomène de réécriture et d’appropriation du texte, ainsi qu’un point de comparaison entre
une écriture classique et une écriture contemporaine.
Ce projet s’adresse spécifiquement à des jeunes. Il permet une réflexion abordant des thèmes éthiques,
historiques et socio-politiques. Par ailleurs il permet une approche sensible de la littérature. La représentation
de textes classiques et contemporains; des scènes jouées dans le respect du texte et d’autres scènes
adaptées, donnent l’occasion de réfléchir à notre rapport à l’écrit.
Nous souhaitons inviter les élèves à s’approprier texte et histoire; les encourager à rêver et à donner corps
à leurs rêves.
Der Auftrag, Bat-Studiotheater, Berlin 2013
Réflexions
adressées
aux élèves
Durant ma scolarité je me suis demandé comment je réussirais à devenir moi, alors que j’étais toujours
obligée de tout faire comme les autres : me lever à six heures trente, étudier le français et les mathématiques,
essayer d’obtenir de bonnes notes.
Pour devenir moi; pour qu’on ne puisse plus me confondre avec une autre, il fallait que je développe ma
personnalité et mon style. Il fallait que j’accumule des expériences personnelles, que je développe des
opinions originales et uniques.
Au lieu de ça je passais mes journées à intégrer des règles, à appliquer des formules et à ressasser des
mots étrangers. Toutefois, de temps en temps, lors d’un travail de groupe, d’un exposé ou d’une rédaction
libre, je saisissais l’occasion de m’exprimer. Dans ces moments-là, je me demandais si ce que ce j’exprimais
me reflétait vraiment, moi.
Cette pensée en entraînait plusieurs autres : était-il possible que je ne devienne jamais moi? Etait-ce grave?
N’étais-je pas, sans le savoir, déjà moi depuis longtemps? N’aurais-je pas pu être beaucoup mieux?
Pourrais-je encore le devenir tout en restant moi?
Je pressentais que la réalité était insaisissable; la vérité un jeu.
Elle avait de nombreux visages et dépendait avant tout de celui qui la prononçait.
Il me semblait de plus en plus clair, que pour devenir moi, il fallait que je fasse des choix.
«Choisir» c’était de toute évidence une affaire de grandes personnes, un truc sérieux; parce qu’on ne peut
pas «déchoisir» et comme on ne vit pas deux fois, valait mieux ne pas se tromper.
J’aurais préféré avoir droit à quelques coups d’essai et même, avoir le droit de vivre plusieurs vies. Finalement
je n’étais pas tellement pressée de devenir moi. J’aurais voulu pouvoir toujours faire tout ce que faisaient
tous les autres.
C’est probablement pour cela que le théâtre a été l’un de mes premiers choix. Il m’offrait un espace-temps
magique où je pouvais faire des coups d’essai, emprunter des identités nouvelles et vivre pour de vrai des
histoires fausses.
S’essayer à l’histoire d’Hamlet, c’est faire un coup d’essai exemplaire.
En effet, le personnage d’Hamlet se retrouve justement à cette étape de la vie où il doit faire un choix
terrible: tuer le roi, désobéir à son père ou disparaître à lui-même. L’enjeu: devenir soi ou mourir.
Heureusement on peut mourir sur scène pour naître au monde. Au théâtre il est possible de douter de tout,
d’imaginer de nouveaux destins, de commencer à s’émanciper ou juste de s’essayer à cette idée.
Magali Tosato
Der Auftrag, Bat-Studiotheater, Berlin 2013
Eléments biographiques
des membres
de l’équipe
Magali Tosato
responsable artistique et metteur en scène
Magali Tosato, née en 1988 à Lausanne, y travaille plusieurs années comme assistante à la mise en scène
et dramaturge pour diverses compagnies romandes (notamment Cie Gianni Schneider, Cie Un Air de Rien,
Cie FullPetalMachine, Cie Pasquier-Rossier et Cie de l’Atelier E.T.).
En 2008 elle suit une année de formation d’acteur dans la section d’art dramatique du Conservatoire de
Musique de Genève et elle réalise en 2009 sa première mise en scène, «le Schmürz ou les Bâtisseurs
d’Empire» de Boris Vian au Théâtre de la Voirie à Pully.
Depuis 2010, elle est étudiante en mise en scène à la Haute Ecole de Theatre «Ernst Busch» à Berlin. Dans
le cadre de ses études elle a l’occasion de travailler notamment avec Thomas Ostermeier, René Pollesh,
Dimiter Gotscheff et Falk Richter, qui assure le Mentoring de son projet de troisième année: «La Mission» de
Heiner Müller, qui sera invitée en mai 2013 au «Heiner Müller Festival» au Residenztheater à Münich.
Au cours de ses études, elle présente plusieurs mises en scène à l’intérieur et à l’extérieur des murs de
l’école. «Wolfszeit» et «Fühler !», deux créations collectives au Bat-Studiotheater. «Messer und Brot», lecture
mise en espace au Maxim Gorki Studio, et récemment «la Mission» créée au Bat-Studiotheater.
Elle réalise également une performance en plein air de type théâtre documentaire avec des personnes
ayant déposé des demandes d’asile en Allemagne, «Wissen Sie, warum das Nilpferd im Wasser lebt ?»,
ainsi que la performance «In the middle of BAU city» à la biennale d’architecture de Venise.
La Première de son travail de diplôme est prévue en avril 2014 au Bat-Studiotheater à Berlin et sera suivi
d’une mise en scène autour de Faust II au Residenztheater de Münich en mai 2014.
Lydia Dimitrow
dramaturge et traductrice
Lydia Dimitrow, née en 1989 à Berlin, étudie la littérature comparée à l’Université Libre de Berlin (Freie
Universität Berlin). Elle y obtient son Bachelor en 2012 et y poursuit actuellement ses études de master.
Dans le cadre de ses études, elle fait un échange d’une année à l’Université de Lausanne. Là, elle découvre
le Centre de traduction littéraire (le CTL) et commence à traduire du français en allemand.
En 2012, elle est sélectionnée pour un programme d’encouragement de Pro Helvetia, le «Young-TranslatorsPartnership-Program» et bénéficie du mentorat de la traductrice professionnelle Claudia Steinitz. Elle traduit
le roman «Best-seller» (2011, Éditions Faim de Siècle) de l’écrivaine suisse Isabelle Flükiger («Bestseller»,
2013, Rotpunktverlag). À la suite de quoi, elle réalise plusieurs lectures avec Isabelle Flükiger (p.ex. à Zürich
ou au Festival International de Littérature à Loèche-Les-Bains).
De plus, elle collabore à différents projets de théâtre, particulièrement avec et pour des jeunes. Elle fait
notamment partie depuis 2008 de la rédaction du journal du festival «Theatertreffen der Jugend» qui se
déroule une fois par année à Berlin. En 2013, elle travaille au «Schultheater der Länder», un festival consacré
exclusivement au théâtre fait par des écoliers; dans le cadre de rencontres, elle s’interroge avec eux, de la
manière dont on perçoit une pièce de théâtre et comment on en parle.
Depuis 2011, elle travaille également comme dramaturge avec Magali Tosato. Après plusieurs petits projets
à la Haute Ecole de Theatre « Ernst Busch » à Berlin, elle réalise la dramaturgie pour la « La Mission » de
Heiner Müller et participe à la préparation de son travail de diplôme ainsi qu’au projet «autour de Faust II»,
prévu au Residenztheater de Münich en mai 2014.
Franziska Keune
costumière et scénographe
Franziska Keune née en 1985 à Potsdam, travaille d’abord comme assistante et stagiaire en scénographie
au «Deutsches Theater» et à la «Volksbühne» de Berlin ainsi qu’au «Hans Otto Theater» à Potsdam. À la
suite de cela elle étudie «scénographie et costumes» à l’Université des Arts de Berlin, où elle obtient son
diplôme avec mention en 2012.
Dans le cadre de ses études, elle réalise la scénographie et les costumes notamment pour «Two Pieces +2
– Preparation» au Monaco Dance Forum-Ballets de Monte Carlo, pour un opéra de la Compagnie «KO 12
Wachsfigurkabinett» à l’Opéra Comique de Berlin ainsi que pour l’opéra «Calisto» au Théâtre Uni-T à Berlin.
Elle réalise également des décors pour l’Académie de Cinéma de Berlin (DFFB) et celle de Potsdam (HFF),
notamment pour le court-métrage «Dunkelblau» réalisé par Samuel Perriard et produit par ARTE.
Suivent différents travaux pour le «Pathos Theater» de Münich, notamment sur «Carpma-Der Aufprall», une
coopération entre Münich et Istambul présentée dans le cadre du Spielart Festival de Münich en 2012.
Elle crée également les costumes pour «Ayla», une pièce destinée aux écoliers berlinois et axée sur le thème
de la migration, qui sera jouée dans toute l’Allemagne. En 2012, elle obtient le prix «Berliner Theaterpreis
Ikarus» du meilleur spectacle pour enfants et adolescents avec la pièce «Frau Holle» (mise en scène par
Kay Dietrich).
En 2013, elle travaille comme scénographe et costumière pour «Der Auftrag» (mise en scène Magali Tosato)
au Bat-Studiotheater à Berlin, ainsi qu’au Theaterhaus de Jena pour la production “80 über Nacht” (mise en
scène Kerstin Lehnhardt), un projet réunissant des jeunes, des retraités et des comédiens professionnels;
«Der kleine Wassermann» et «Heute wird gestorben».
La distribution, encore en cours, réunira quatre comédien(ne)s romands.
Technique
Moyens techniques :
Afin de produire un spectacle léger et mobile, les moyens techniques seront réduits au maximum.
Les quatre comédiennes seront aussi à même d’éclairer telle ou telle scène sur le vif, de baisser un store si
la lumière est trop forte dans la pièce. Bref, des comédiens capables de faire face aux imprévus, et qui sont
aussi à l’aise avec les aspects plus pratiques.
Planning :
Idéalement, ce spectacle sera joué dans chaque établissement une semaine, pendant 4 mois au total
Les répétitions dureront un mois.
Chaque représentation aurait lieu devant une à deux classes (25 à 50 élèves) deux fois par jour.
Les comédiennes joueraient le lundi, mardi, jeudi et vendredi, avec relâche le mercredi.
Messer und Brot, Maxim Gorki Theater, Berlin 2011
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