Les étages de végétation
Par notre correspondante en Basse Terre,
Tina Ratrice.
Vieux
Habitants
Ballif
Bouillante
Pointe
Noire
Dehaies
Ste Rose
Lamentin
Baie-Mahault
Basse-Terre
Vieux-Fort
Trois-Rivières
Capesterre
Goyave
Petit-Bourg
Gourbeyre
St Claude
Fiche 7
Les étages de végétation… je ne vois
vraiment pas comment aborder ce
sujet. Tout ce que je sais, c'est que les
étages de végétation, ce sont les diffé-
rentes sortes de végétation que l'on ren-
contre quand on va de la mer jusqu'au
sommet de la Soufrière. Vous voyez les
cocotiers, les raisiniers bord de mer à la
plage, les arbres qui deviennent de plus
en plus grands et touffus quand on
monte la route de la Traversée et puis
plus d'arbres du tout lorsqu'on arrive
au pied de la Soufrière. Mais pour vous
expliquer pourquoi les choses sont
ainsi, je sèche !
"Bonjour, moi, c'est foufou ! Et vous ?
Je suis un colibri huppé ! Et moi, je
peux vous aider ! "
"Eh ! Bonjour, moi, c'est Tina.
Vraiment, tu crois que tu vas pouvoir
m'aider ? "
"Évidemment ! Je connais tout en
Basse Terre, j'ai de la famille partout !
Alors par quoi on commence ?"
1. Molécules de vapeur d’eau agglutinées
autour de poussières
2. Principe de formation des nuages
3. Molécules d’eau liquide et molécules de vapeur d’eau
2.
9.1.
3.
Chaleur du soleil
Condensation
Evaporation
"Eh bien, j'aimerais savoir pourquoi la
végétation change au fur et à mesure
que l'on monte de la mer vers la
Soufrière."
"Ah ha ! Eh bien tout simplement
parce qu'elle ne reçoit pas la même
quantité d'eau : plus on grimpe dans la
montagne et plus il pleut."
"Ben pourquoi donc ?"
"Ah, pour bien comprendre, il faut
faire un peu de météorologie. Est-ce
que tu sais comment se forment les
nuages ?"
"Oui, ils viennent de l'eau qui s'est
évaporée de la mer et des rivières !"
"Exactement.
Le soleil chauffe la surface de l'eau jus-
qu'à ce qu'elle se transforme en gaz ;
comme lorsque tu chauffes de l'eau
dans une casserole et qu'elle se trans-
forme en vapeur(3). Normalement, la
vapeur ne se voit pas, mais dans l'air,
les molécules d'eau rencontrent des
poussières(1) et s'y accrochent en for-
mant de microscopiques gouttelettes
qui constituent, ensemble, les nuages(2).
Et sais-tu d'où ils arrivent les nuages en
Guadeloupe ?"
"Oui, de la mer !"
"Mais oui, ils arrivent de l'Est, poussés
par les alizés, ce vent qui rend le climat si
agréable, ici. Quand ces nuages parvien-
nent au pied des montagnes de Basse-
Terre, le vent les entraîne vers le haut. Et
concernant la chaleur n'as-tu rien remar-
qué lorsque tu montes à la Soufrière ?"
"Si, il fait bien plus frais là haut qu'au
bord de la mer !"
"Eh oui, plus on monte en altitude et
plus il fait froid ; du coup les nuages,
en s'élevant le long des pentes, eux
aussi, se refroidissent. Les microsco-
piques gouttes d'eau qu'ils contiennent
se rassemblent. On dit que la vapeur
d'eau se condense en eau liquide.
Quand les gouttes d'eau deviennent
trop grosses, elles tombent en pluie."
"Et donc plus on monte dans la mon-
tagne, plus les plantes reçoivent d'eau.
J'ai compris !"
" Ah ha, tu vois bien que je pouvais
t'aider ! "
" Oui, foufou, merci !
Mais j'ai encore un petit problème à te
soumettre. Tu vois, en prenant la route
de la Traversée, j'ai remarqué que les
forêts qui se succèdent ne sont pas tout
à fait les mêmes quand on monte vers
le col des Mamelles et lorsqu'on redes-
cend vers Pointe Noire. J'ai l'impres-
sion que c'est plus sec du côté de
Pointe Noire. "
"Bonne observation, ma chère ! Eh oui,
il pleut beaucoup moins à Pointe Noire
qu'à Petit bourg. Pourquoi ? C'est
encore une histoire de nuages ! Comme
nous l'avons vu, les nuages arrivent de
l'Est. Ils rencontrent, donc, les mon-
tagnes de Basse Terre sur la côte au
vent, de Trois Rivières à Sainte Rose.
Au fur et à mesure qu'ils s'élèvent le
long des pentes, ils perdent leur eau
sous forme de pluie. Arrivés au som-
met, les nuages encore chargés de pluie
peuvent redescendre en côte sous le
vent, de Vieux fort à Deshaies. Mais en
descendant, ils rencontrent de l'air
chaud et les gouttes d'eau qu'ils
contiennent s'évaporent. Du coup, il
pleut beaucoup moins en côte sous le
vent qu'en côte au vent. C'est ce qu'on
appelle l'effet de Fœhn(4)."
"Ah d'accord. Mais pourquoi la végé-
tation en côte sous le vent a-t-elle l'air
si desséchée à une certaine période de
l'année alors qu'à une autre les arbres
sont tout verts ?"
"Ah, c'est à cause des saisons. Tu sais
qu'en Guadeloupe il existe une saison
sèche et une saison des pluies. En sai-
son sèche, le trajet des alizés au dessus
de l'océan Atlantique est court ; les
nuages se chargent peu en humidité.
Quand ils arrivent en Guadeloupe, il ne
pleut pratiquement que sur les hauteurs
de la Basse Terre. En saison des pluies,
les alizés parcourent un plus long trajet
et les nuages ont le temps de s'épaissir
au dessus de l'océan avant d'atteindre
la Guadeloupe ; ils sont alors assez
gros pour déverser de la pluie jusqu'en
côte sous le vent."
"Mais pourquoi les arbres perdent-ils
leurs feuilles ? Sont-ils morts ?"
4.
4. Illustration de l’effet de Fœhn
Savane d’altitude
Forêt rabougrie
Forêt humide ou hygrophile
Forêt moyennement humide ou mésophile
Forêt sèche ou xérophile
EST
Air humide
et chaud
Capesterre
OUEST
Vieux Habitants
Air
sec et chaud
Refroidissement
"Non, ils ne sont pas morts ! Comme
en saison sèche, ils manquent d'eau, ils
vivent au ralenti. Ils perdent leurs
feuilles pour diminuer, au maximum, les
pertes d'eau par transpiration ; et ils
stockent l'eau sous forme de sève dans
le tronc et les racines. Quand la saison
des pluies revient, ils fabriquent de nou-
velles feuilles et "reprennent vie"."
"Alors, si j'ai bien compris, chaque
étage de végétation est adapté à des
conditions de milieu particulières."
"Exactement. En bord de mer, le milieu
est sec car le sol sableux ou rocailleux
ne retient pas l'eau et la mer apporte
des embruns salés. Il se forme une forêt
littorale. A l'intérieur des terres, en côte
Sous-le-Vent, on trouve la forêt sèche
ou forêt xérophile dont une bonne par-
tie des arbres perdent leurs feuilles en
saison sèche. En côte au vent et lors-
qu'on monte en altitude en côte Sous-
le-Vent, il pleut un peu plus, la séche-
resse se fait moins sentir, on rencontre
alors la forêt moyennement humide ou
forêt mésophile. Encore plus haut, on
trouve la forêt humide ou forêt hygro-
phile où il pleut quasiment toute l'an-
née. Tu y es sûrement déjà allée, non ?"
"Oh oui, c'était super ! Avec ma classe,
on est allé des Bains jaunes jusqu'à la
Savane à mulets, au pied de la
Soufrière. Dans la forêt, il y avait
d'immenses arbres et toutes sortes de
plantes qui semblaient pousser les unes
sur les autres."
"Et tu n'as rien remarqué au fur et à
mesure que vous vous rapprochiez de la
Savane à mulets ?"
"Si ! Plus on montait et plus les arbres
devenaient petits et tordus et il y avait
beaucoup plus de vent."
"Bravo Sherlock Holmes ! En effet, le
sommet des montagnes est très souvent
dans les nuages, les arbres reçoivent
moins de soleil ; ils poussent donc plus
lentement. De plus, le vent souffle plus
fort et empêche les arbres de grandir
normalement. La forêt humide devient
alors une forêt rabougrie puis une savane
d'altitude où il n'y a plus d'arbres
mais des buissons et des herbes.
Au sommet de la Soufrière, il ne reste
plus que des mousses et quelques fou-
gères ; car le volcan est actif et ses
fumées sont toxiques pour les plantes."
"Eh ben, ça en fait des milieux diffé-
rents pour une si petite île !"
"Oui et c'est ce qui fait la richesse de la
Guadeloupe, la diversité de ses paysages,
de sa faune et de sa flore. Évidemment,
vous, les humains, vous êtes un peu enva-
hissants avec vos maisons, vos routes, vos
champs de canne et de banane…"
"Mais il faut bien qu'on vive, non !"
"Oui, bien sûr. Mais si vous continuez
comme ça vous allez finir comme Haïti !"
"Comment ça ?"
"Eh bien, Haïti est une petite île tropi-
cale et montagneuse comme la
Guadeloupe, située au Nord de la
Caraïbe. Pour cultiver la terre et se
nourrir, ses habitants ont défriché la
forêt même sur les fortes pentes de la
montagne. Avec les grosses pluies, la
erre, qui n'était plus retenue par les
racines des arbres, s'est écoulée en boue
vers la mer ; c'est ce qu'on appelle
l'érosion. Petit à petit, les champs sont
devenus des champs de cailloux où l'on
ne pouvait plus rien faire pousser ni
légumes ni arbres."
"Mais que peut-on faire alors ?"
"Les actions suivantes"
"Ce sont les racines des plantes
qui retiennent la terre et l'eau
de pluie, alors conservez un
maximum d'arbres autour de
vos maisons, le long des routes
pour vous donner de l'ombre.
Plantez des haies autour de vos
champs pour retenir l'eau de
pluie et réduire l'action du
vent. Et conservez vos forêts :
ce sont elles qui retiennent
l'eau de pluie lui permettant de
s'infiltrer dans la terre et de
rejoindre les rivières pour vous
fournir de l'eau potable. Les
paysages, les plantes et les ani-
maux de Guadeloupe sont
votre patrimoine naturel, ne le
dilapidez pas !"
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