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É
LÉMENTAÍRE
La relativité restreinte
2005, année mondiale de la physique, fut l’occasion de célébrer le centenaire
de quatre publications remarquables d’Albert Einstein. Parmi celles-ci figure
un article sur la relativité restreinte qui a bouleversé nos conceptions d’espace
et de temps, et qui continue d’être l’outil de travail quotidien de nombreux
physiciens, en particulier pour étudier les constituants élémentaires de la
matière. Mais pourquoi parle-t-on de relativité ? En quoi est-elle restreinte ?
Et quelle révolution Einstein a-t-il provoqué avec son article ?
Le principe de relativité
Pince-mi et Pince-moi sont dans un bateau... et jouent au basket. Le premier
envoie la balle au second, qui shoote et marque ! Vu de la terre ferme, nos
deux sportifs, ainsi que leur ballon et leur panier de basket, se déplacent en
même temps que le navire glissant sur les gouffres amers. Pince-mi et Pince-
moi doivent-ils adapter leur façon de shooter pour pouvoir marquer des
paniers malgré le déplacement du bateau? Ou bien la trajectoire du ballon
est-elle la même que s’ils jouaient sur la terre ferme ?
Imaginons qu’ils aillent jouer à l’intérieur du navire, dans une salle fermée,
sans hublot ni fenêtre, de sorte qu’ils ne puissent pas voir si celui-ci s’éloigne
du quai ou non. Peuvent-ils, en étudiant la trajectoire de leur ballon,
déterminer s’ils sont en mouvement et si, oui ou non, le navire quitte le port
? La réponse à cette question est : non, tant que le bateau se déplace en ligne
droite et à vitesse constante (on parle alors de mouvement de translation
uniforme). En pratique, cela suppose bien sûr une mer très calme !
En fait, aucune expérience de physique ne peut permettre de détecter un
mouvement de translation uniforme : si Pince-mi descend du bateau et réalise
une expérience de physique sur la terre ferme, tandis que Pince-moi réalise
exactement la même expérience sur le bateau, les résultats obtenus seront
identiques (aux incertitudes expérimentales près). Il est donc impossible de
dire de manière absolue si le bateau est en mouvement. Tout ce que Pince-mi
peut dire, c’est que le navire se déplace par rapport au quai. À l’inverse, Pince-
moi, resté sur le bateau et observant Pince-mi sur la terre ferme, estimera que
c’est le rivage qui est en mouvement par rapport au bateau. En bref, tout ce
que l’un et l’autre sont en mesure d’affirmer, c’est que la terre ferme et le
navire sont en mouvement relatif l’un par rapport à l’autre.
Cette observation fondamentale sur les lois de la physique est connue sous le
nom de principe de relativité. Il fut énoncé pour la première fois par Galilée :
les lois de la physique sont les mêmes dans tous les référentiels inertiels,
c’est-à-dire pour tous les observateurs en mouvement de translation uniforme
les uns par rapport aux autres. En fait, ce principe nous est très familier.
Par exemple, si nous allons au wagon-bar d’un TGV et si nous renversons
malencontreusement notre café, celui-ci ne tombe pas un mètre plus loin du
fait de la grande vitesse du train, mais bien sur nos genoux comme si nous
étions assis à la terrasse d’un café !
Galileo Galilei (1564-1642).
Principe de relativité
Selon ce principe, les lois de la physique
ne doivent pas privilégier un point
de vue – ou référentiel – particulier
plutôt qu’un autre pour décrire un
phénomène. Cette relativité n’a rien
à voir avec le relativisme, un point de
vue philosophique selon lequel toute
idée, concept, ou affirmation serait la
simple émanation de l’environnement
humain où elle est née, ce qui rendrait
impossible toute comparaison ou
discussion hors de ce dernier.
Référentiel inertiel (ou galiléen)
Un référentiel inertiel est un « point de
vue » dans lequel le principe de Galilée
s’applique : en l’absence de force
agissant sur lui, un objet se déplace à
vitesse constante, selon un mouvement
de translation uniforme. Un référentiel
se déplaçant à vitesse constante par
rapport à un référentiel inertiel est lui-
même inertiel.
Les référentiels ne sont pas tous
inertiels. Ainsi, le wagon d’un train
qui accélère et le cheval de bois d’un
manège en mouvement circulaire
n’ont pas cette propriété. Dans ces
référentiels, les trajectoires des objets
semblent affectées par des forces
supplémentaires, qui sont en fait des
artefacts dus au « point de vue » choisi
pour décrire la trajectoire. C’est le cas,
par exemple, de la force d’inertie, de la
force centrifuge, ou encore de la force
de Coriolis.
Référentiel
Un référentiel est l’équivalent physique
d’un « point de vue », à partir duquel
un observateur peut procéder à des
mesures physiques. On peut ainsi
définir le référentiel de Pince-mi (lié au
quai) et celui de Pince-moi (attaché au
navire).
Théorie
DR