Psychothérapie du Traumatisme et Réassociation, Gérald Brassine

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Institut Milton H. Erickson de Belgique
Gérald Brassine et Amélie Simon
Rue de la grotte, 7
1310 La Hulpe
+322 652 09 09
La PTR : Psychothérapie du Traumatisme et Réassociation
Présentation à l’usage des acteurs psycho-sociaux et médicaux
La PTR est une méthode intégrative de désensibilisation par imagerie des traumatismes
psychologiques. Elaborée par Gérald Brassine, psychothérapeute belge, elle s’inspire d’éléments
issus de paradigmes divers et complémentaires (psychanalyse, systémique, cognitivocomportementalisme).
Pratiquement, le thérapeute développe avec le patient souffrant d’un traumatisme un
état modifié de conscience (état hypnotique) à partir d’une ressource positive choisie par ce
dernier. À cette base d’imagerie solide sont progressivement incorporés des éléments
appartenant au traumatisme de manière transformée dans toutes les modalités sensorielles. Afin
d’éviter la reviviscence traumatique, la particularité de l’outil est de développer en séance les
différentes expressions de la dissociation péri-traumatique (protections offertes par l’inconscient
du patient et l’imagination conjointe de celui-ci et de son thérapeute).
Les syndromes visés par la PTR
Un syndrome de stress post-traumatique (ESPT — État de Stress post-traumatique1 —,
l’État de Stress aigu2 ou Traumatisme complexe3) constitue une affection fréquente et gravement
handicapante dont la symptomatologie varie au niveau interindividuel, mais peut également
s’exprimer de manières diverses et changeantes au sein d’un même patient (cauchemars,
angoisse, anxiété, maladies psychosomatiques, insomnies…). Si la clinique actuelle dispose de
différentes approches thérapeutiques, leur prise en charge se révèle toujours ardue et fait l’objet
de recherches controversées. S’intéresser à leur thérapie apparait comme un sujet d’importance
étant donné le nombre élevé de patients ayant vécu un événement traumatique ; 10 % d’entre
eux risquent en effet de développer un ESPT4. L’incidence de ce trouble est double chez les
femmes, notamment en raison des abus sexuels plus fréquents.
Si différentes approches thérapeutiques s’intéressent au traitement de ce trouble
spécifique, nous en avons étudié les écueils (thérapies interminables, absence de changement
cognitif, reviviscence douloureuse, exacerbation de l’anxiété…) et tenté d’y remédier avec
l’approche de la PTR. Celle-ci permet en effet de soigner les syndromes post-traumatiques de
manière douce et progressive, et permet une transformation des cognitions négatives posttraumatiques incontournable dans la clinique.
Description de la méthode PTR
L’état modifié de conscience
Plusieurs recherches scientifiques démontrent la perspicacité de l’utilisation de
l’hypnose dans le traitement du traumatisme à trois niveaux. Le principal est le lien démontré
entre traumatisme et état modifié de conscience via la dissociation5. Celle-ci protège
automatiquement le patient d’un excès d’excitation ingérable lors de l’événement traumatique,
et est à la base de la plupart des symptômes de reviviscence et de répétition post1
traumatiques. La dissociation peut également être induite en état modifié de conscience par le
sujet lui-même ou par le thérapeute. Deuxièmement, l’utilité de l’hypnose dans le traitement
de l’ESPT a été établie en tant que thérapie de soutien, moyen de remémorisation du
traumatisme, et abréaction « transformante »6. Enfin, l’hypnose est connue pour les capacités
spécifiques qu’elle développe chez le sujet en termes de perception sensorielle et d’inhibition
de la douleur7.
L’hypnose conversationnelle éricksonienne simple et active
Il s’agit de la mise en état modifié de conscience par un dialogue permanent entre
patient et thérapeute, en raison de la facilité de son apprentissage et de la perception
« naturelle » de cet état par le sujet (semblable à des états de conscience expérimentés dans la
vie quotidienne)8. Ce mode de travail fait intervenir la motivation, la croyance et un
comportement actif du sujet ; trois paramètres dont l’efficacité thérapeutique a été
démontrée. L’apprentissage d’un état modifié de conscience induit par le sujet lui-même plus
que par le thérapeute constitue en effet un élément non négligeable de la réussite
thérapeutique.
L’induction par la ressource personnelle et l’assurance de collaboration
Le patient choisit une situation lui provoquant des sensations et émotions positives ;
sensations qui seront développées et utilisées tout au long du travail. Le thérapeute, dans ce
contexte, insiste sur l’importance de la collaboration entre le patient et lui-même. Plus que
dans toute autre approche, il s’agit en effet ici de s’assurer de la pleine collaboration et activité
du patient dans son propre traitement. Durant toute la désensibilisation, sa propre imagination
ainsi que son propre langage symbolique seront davantage efficace que tout élément proposé
par le thérapeute pour y pallier.
La première spécificité de la PTR : la transformation des éléments traumatiques
Afin d’éviter la douleur de la reviviscence, le praticien propose de modifier les indices
traumatiques en suivant un schéma progressant du moins douloureux au plus douloureux, avec
retour à la ressource en temps utile. Dans ce cadre, la PTR peut être conceptualisée comme un
outil inspiré de l’hypnose conversationnelle, à laquelle ont été ajoutés certains ingrédients issus
de l’EMDR et de la désensibilisation par imagerie. Les transformations proposées le sont dans
les cinq modalités sensorielles, en raison des caractéristiques démontrées des reviviscences
traumatiques9.
La seconde spécificité de la PTR : l’utilisation des protections dissociatives
Les protections dissociatives, ou mécanismes de défense (anesthésies, amnésies,
dissociations, etc.), sont spécifiquement utilisées lors de la PTR au vu des trois acceptions
qu’elles revêtent : protections lors du traumatisme10 ; symptômes post-traumatiques11 ; outils
utilisables pour réduire la douleur émotionnelle et physique. Afin de mettre les émotions,
sensations et cognitions négatives à distance lors de la désensibilisation, le thérapeute recadre
positivement ces phénomènes. Il permet ensuite la restitution de leur maîtrise au sujet par le
biais d’analogies diverses issues de l’imagination conjointe du thérapeute et du patient. Ces
dissociations sont développées dans l’objectif d’éviter toute souffrance au patient, et de lui
restituer la maitrise de ce qui se présentait jusqu’alors comme des symptômes. Ceux-ci se
révèlent en effet utiles à la prise de distance émotionnelle lors de la confrontation traumatique.
2
L’objectif ultime de la PTR : changement des cognitions négatives post-traumatiques
Étant donnée l’importance démontrée des cognitions négatives, de la culpabilité et de la
honte dans la perception post-traumatique du monde du sujet12, leur diminution voire
éradication constitue un signe crucial de l’efficacité thérapeutique. Un dernier outil est utilisé
afin de vérifier leur changement de valence : l’objectivation. Elle consiste à visualiser
l’ensemble des scènes traumatiques mises à distance, et à poser au patient des questions les
plus ouvertes possibles concernant sa responsabilité dans les événements passés. Ce
changement de valence des cognitions post-traumatiques doit permettre à la victime de passer
d’un mode de vie dirigé par la culpabilité traumatique à un mode de vie où les libertés de
penser et d’agir ne se trouvent pas entachées de honte comme depuis l’événement.
La facilité de son utilisation et apprentissage
La PTR, en utilisant et en développant des capacités individuelles innées et
automatiquement activées dans certaines circonstances, se révèle être une méthode
thérapeutique particulièrement facile à appliquer pour la victime de traumatisme. De plus, le
côté ludique et créatif permet de soigner les pires souffrances dans un confort certain par
rapport à d’autres approches.
Ses principes de base et sa pratique clinique peuvent être compris et acceptés
rapidemment par des acteurs ayant l’habitude de travailler avec le trauma. Dès lors, la prise en
charge de ce genre de pathologie se révèlera également plus légère, évitant au passage le
développement de traumatismes vicariants bien connus de ces soignants.
Plasticité et utilisation culturelle de la PTR
Les imageries et moyens de mise à distance peuvent être nettement connotés
culturellement (utilisation de la symbolique de la télévision, de personnages connus de la
civilisation européenne, voire francophone, etc.). D’autres référents culturels peuvent les
remplacer et permettre une adaptation à des populations étrangères. Il fut par exemple adapté
à la population haïtienne par Gérald Brassine et ses collaborateurs locaux en novembre 2008,
et utilisé avec des Créoles et des bushinengués par Amélie Simon en Guyane française de
février à juin 2008. Les résultats obtenus, aussi bien en Belgique qu’en Suisse et à l’étranger,
semblent édifiants en terme d’efficacité.
Les acteurs de l’IMHEB
Gerald Brassine a développé la PTR en regard de son expérience clinique et de son
observation des besoins de victimes de traumatismes en thérapie. Les bases de sa formation,
qui ont précédé à la mise en place de la PTR, sont principalement la thérapie brève (au sein du
Mental Research Institute of Palo Alto), ainsi que l’hypnose clinique (avec pour formateurs
Thompson, Zeig et Rossi). Sa longue expérience dans la clinique des traumatismes civils et
militaires lui a permis de développer cet outil et de le remanier jusqu’à ce jour en fonction des
particularités individuelles des patients rencontrés. Il a notamment développé l’outil pour des
demandeurs d’asile ainsi que pour la population haïtienne.
3
Amélie Simon est psychologue formée en psychanalyse, systémique et sexologie à l’UCL,
et a rédigé un mémoire portant sur la théorisation de la PTR. Elle assiste régulièrement le
travail de Gerald Brassine depuis 2007 et a notamment développé la PTR en Guyane Française.
Contact
Institut Milton H. Erickson de Belgique
Rue de la grotte, 7
1310 La Hulpe
[email protected]
4
Références
1
ème
American Psychiatric Association (2003). Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (4 éd., texte révisé).
(Titre original : Diagnostic and statistical manual of mental disorders, 2002). Paris: Masson.
2
ème
American Psychiatric Association (2003). Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (4 éd., texte révisé).
(Titre original : Diagnostic and statistical manual of mental disorders, 2002). Paris: Masson.
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Lebigot, F. (2001). Répercussions psychiatriques et psychologiques immédiates. Dans M. de Clercq & Lebigot, F.
(Eds.), Les traumatismes psychiques (pp. 93-102). Paris: Masson.
5
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