CHAPITRE 35. TRAITEMENT DE L’INSOMNIE
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Chloral
Synthétisé par le chimiste allemand von Liebig en 1832, le
chloral donna lieu au XIXesiècle à un usage toxicomaniaque,
proche de celui induit par les barbituriques.
Le chloral est actif comme hypnotique à des doses com-
prises entre 0,5 et 1 gramme chez l’adulte, mais perd rapide-
ment son effi cacité. Il a été conseillé pour traiter les insomnies
des sujets âgés déments, mais son administration expose à un
important rebond d’insomnie dès que le traitement est sus-
pendu. Les interactions médicamenteuses sont nombreuses.
Par ailleurs, l’usage du chloral est fortement irritant pour
la muqueuse digestive. Il induit, au plan neurologique, une
ébriété accompagnée de migraine, de troubles de la marche,
parfois d’une excitation paradoxale, de confusion mentale
voire d’hallucinations chez le sujet âgé. L’intoxication aiguë
évoque celle réalisée par les barbituriques. Elle s’accom-
pagne de signes hépatiques et digestifs aggravés allant jusqu’à
la nécrose gastrique. Des décès par arythmie cardiaque ont
été rapportés. De plus, le potentiel cancérigène du chloral
sur modèle murin (tumeurs hépatiques) a été démontré. Ce
médicament a été retiré du marché en France en 2000.
Benzodiazépines
Voir chapitre36 « Traitement de l’anxiété ».
Analogues pharmacologiques
desbenzodiazépines
Les cyclopyrrolones sont représentées par la zopiclone (Imo-
vane) et les imidazopyridines par le zolpidem (Stilnox). Ces
deux familles sont proches de celle des benzodiazépines, du
moins quant à leur mécanisme d’action et leur profi l pharma-
cologique. Ces médicaments plus récents respectent mieux
l’architecture physiologique du sommeil, comme l’attestent
les études hypnographiques. Elles sont également relati-
vement mieux tolérées : moins d’effets rebond, réveil plus
agréable, etc. Pour autant, il convient de toujours demeurer
prudent, leur prescription n’étant en rien anodine.
Mélatoninergiques
Commercialisée comme médicament, la mélatonine (Cir-
cadin) n’a pas d’action myorelaxante, anxiolytique ou pro-
amnésiante. Elle est indiquée dans l’insomnie idiopathique
avec sommeil de mauvaise qualité chez le patient de plus de
55 ans, sans que des données précises soient actuellement
disponibles quant à son usage chez l’insuffi sant rénal et/ou
hépatique.
Divers
D’autres composés sont indiqués dans le traitement des
troubles du sommeil, notamment des antihistaminiques H1.
On peut citer la niaprazine (Nopron), actuellement indiquée
dans le traitement des insomnies occasionnelles de l’enfant
(noyau pipérazine), la doxylamine (Donormyl, Méréprine), la
prométhazine (Phénergan) ou l’alimémazine (Théralène).
Le rapport bénéfi ce/risque des associations de principes
actifs (acéprométazine + carbamate de la Mépronizine ;
acéprométazine + acépromazine + clorazépate du Noctran)
(voir chapitre41 « Traitement de l’anxiété ») a été réévalué
par l’Afssaps en 2011. Ayant été jugé négatif, ces médicaments
ont été retirés du marché, fi n 2011 (Noctran) et début 2012
(Mépronizine).
Mécanisme d’action des hypnotiques
Le mécanisme de l’action hypnotique des benzodiazépines
comme celui de leurs analogues (et comme celui des barbitu-
riques) s’explique par une action sur la transmission GABA-
ergique, comme évoqué au chapitre36 sur le traitement de
l’anxiété. Les manifestations latérales de somnolence, d’apa-
thie et de ralentissement des réfl exes observées chez les usa-
gers d’anxiolytique trouvent leur pleine expression dans l’in-
dication spécifi que des insomnies.
Les composés les plus récents (zopiclone, zolpidem) ont
toutefois une action plus spécifi que sur certains récepteurs
aux benzodiazépines (récepteurs de type I), ce qui explique-
rait la moindre incidence de leurs effets indésirables et leur
meilleure maniabilité.
Hormone sécrétée par l’épiphyse (ou glande pinéale, une
glande endocrine située sous le plancher du 3e ventricule qui
traite l’information photopériodique et joue un rôle capital
dans la photosynchronisation circadienne et saisonnière), la
mélatonine est impliquée dans la régulation du rythme circa-
dien. Sa structure est voisine de celle de la sérotonine. Aug-
mentant dès la tombée de la nuit, la sécrétion de mélatonine
connaît un pic entre 2 et 4 heures du matin puis diminue
jusqu’au lever du jour: elle est corrélée à une action hypno-
tique induite par sa liaison aux récepteurs mélatoninergiques
centraux MT1, MT2 (plus secondairement MT3). Le tonus
mélatoninergique diminue avec l’âge, ce qui explique que les
sujets âgés dorment moins que plus jeunes: l’administration
de mélatonine exogène (Circadin) tend alors à régulariser
le sommeil chez les patients souffrant d’insomnie primaire
(c’est- à- dire d’une insomnie sans cause somatique, psychique,
toxique ou environnementale évidente).
Pharmacocinétique des hypnotiques
Benzodiazépines
Voir chapitre36 « Traitement de l’anxiété ».
Analogues des benzodiazépines
Les cyclopyrrolones (zopiclone, Imovane) et les imidazopy-
ridines (zolpidem, Stilnox) s’administrent per os, avec une
résorption satisfaisante, non infl uencée par les aliments. Ces
hypnotiques doivent être administrés immédiatement avant le
coucher car leur délai d’action n’est que de 10 à 15min. Le pic
plasmatique est atteint en environ 1heure pour la zopiclone
et 1,8heure pour le zolpidem. Les deux groupes de médica-
ments subissent oxydation, desméthylation et hydroxylation.