
Les milieux innovateurs et la classe créative :
revue des écrits et analyse de leur application en milieu urbain
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Introduction
Cette note de recherche a pour objectif de comparer la thèse des milieux innovateurs
développée par Philippe Aydalot et celle de la classe créative développée par Richard
Florida quant à l’analyse des dynamiques économiques contemporaines et ce, en milieu
urbain. Nous visons par la revue des écrits et la présentation de chacune des thèses à
explorer deux points en particulier, soient l’origine de chacune de ces théories du
développement économique et leur application en milieu urbain.
Nous pouvons d’ores et déjà souligner que chacune de ces théories illustre une approche
spécifique quant à l’analyse du processus d’innovation en milieu urbain. La première
s’attache à identifier les mécanismes créateurs de l’innovation au sein d’un territoire en
particulier (ce territoire n’étant pas nécessairement un espace à caractère urbain), alors
que la seconde repose sur une analyse sociologique visant à déterminer les éléments d’un
environnement urbain susceptibles d’attirer, selon Florida (2005a, 2005b, 2002), un
groupe de personnes censées par leur présence et surtout leur occupation professionnelle,
constituer un facteur prépondérant de la dynamique de croissance économique urbaine.
Chacune des théories procède donc d’une approche différente de la génération de
l’innovation dans le contexte économique contemporain. La thèse des milieux
innovateurs se rapproche d’autres analyses en économie spatiale (district industriel,
technopôle, École californienne de géographie économique) qui procède à l’investigation,
dans un certain contexte, des dynamiques propres au territoire et génératrices
d’innovation. La thèse de Florida (2005a, 2005b, 2002) procède d’une approche en
quelque sorte inverse en analysant les caractéristiques des milieux qui interviennent dans
l’attraction d’une certaine catégorie de professionnels et de créatifs. Suivant cette
perspective, l’innovation, condition du développement économique, n’émane pas du
territoire mais de la concentration d’une certaine catégorie de professionnels et de
créatifs. Le territoire et les villes en particulier doivent donc s’adapter aux besoins de
cette catégorie de la main-d’œuvre que Florida définit en tant que «classe», ceci afin de
l’attirer, compte tenu du fait que celle-ci serait indispensable à la croissance économique.