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Le problème est double.Tout d'abord, ni
le système volontaire de réglementation en
place en Nouvelle-Zélande, ni même le
système de réglementation centralisé plus
strict des Etats-Unis, n'ont été capables de
garantir la conformité aux normes en matière
de publicité. Un pourcentage significatif des
publicités surestimaient l'efficacité d'un
produit particulier ou minimisaient ses effets
secondaires. De nombreuses publicités n'ont
fourni aux consommateurs de médicaments
que des informations partielles ou
incorrectes sur le produit.
Le second problème est que la publicité
directe ne donne pas une image équilibrée
des traitements disponibles. Les firmes
pharmaceutiques dépensent des milliards
de dollars pour le développement de
chaque nouveau médicament. Elles veulent
naturellement s'assurer une rentabilité
décente de leur investissement pendant
que le médicament est toujours sous brevet.
La publicité directe est le moyen le plus
efficace d'y parvenir. Elle garantit que les
nouveaux produits bénéficient d'une
exposition maximale et s'imposent
instantanément sur le marché. Et cela, aux
dépens des médicaments génériques plus
anciens, plus établis, qui peuvent être tout
aussi efficaces et qui sont certainement
beaucoup moins chers.
Non seulement la publicité directe engendre
une demande disproportionnée pour des
médicaments nouveaux encore assez peu
éprouvés et entraîne ainsi des coûts
prohibitifs mais elle encourage également
un excès de confiance par rapport aux
solutions pharmaceutiques. Elle encourage
la croyance qu'il existe une gélule pour
chaque situation.A l'heure actuelle, même
l'obésité et le vieillissement peuvent être
'traités' par des gélules.
Quelle est la réponse ?
Une option consiste à créer un centre
indépendant d'information des
consommateurs financé par les fonds
publics qui soit capable de produire sa
propre gamme de matériel d'information.
Cela garantirait l'accès à une source
d'information véritablement impartiale et
cohérente.
La mise en oeuvre d'un système de label
de qualité serait une autre option. Une
agence d'information des consommateurs
de soins de santé indépendante serait mise
en place par le gouvernement avec
l'autorité d'accorder des labels officiels aux
publications en matière d'informations de
santé. Cela permettrait au gouvernement
de se baser sur l'excellent travail éducatif
réalisé par la plupart des organisations de
bienfaisance et de patients.
Un tel projet, à condition qu'il bénéficie
d'une promotion adéquate et du soutien
du gouvernement, rencontrerait vite du
succès. La plupart des fournisseurs
d'informations fiables destinées aux
patients seraient impatients de soumettre
leurs publications à cette évaluation.
Afin de mériter le label de qualité, une
publication devra répondre à une série de
critères stricts liés à la précision, la
transparence, l'accessibilité et l'intérêt des
informations fournies. Les faits contenus
dans chaque publication devraient être
basés sur des études scientifiques et
renvoyer à des références détaillées.Toute
incertitude et les droits acquis devront
être clairement reconnus. Il sera demandé
à chaque publication d'expliquer les
avantages et inconvénients de toute la
gamme d'options de traitement
disponibles, y compris les traitements non
médicamenteux (par ex. la modification du
style de vie) ou l'absence de traitement.
Le style et le format de la publication
devraient également faire l'objet d'un
examen minutieux. Une bonne
présentation est essentielle. Une des
plaintes les plus fréquentes concernant les
dépliants informatifs en matière de santé
est qu'ils sont trop arides et trop prolixes
pour le lecteur moyen, et formulés dans un
langage complexe et impénétrable. D'après
moi, si le lecteur ne parvient pas à capter
les points principaux de la publication
dans les 30 premières secondes, celle-ci
ne devrait pas recevoir le label.
Accès et coût
Cela soulève également la question du
comment, et surtout dans quels délais, ces
publications certifiées seront accessibles.
Il est inutile d'investir du temps et de
l'argent dans la mise en place d'une agence
de certification si les gens ne parviennent
pas à localiser les informations au moment
et à l'endroit où ils en ont besoin. Je
proposerais que ces publications soient
disponibles sur demande via un service
d'assistance téléphonique 24h/24 et sous
format électronique sur le site Web de
l'agence.
La création d'une agence d'information
des consommateurs des soins de santé
impliquerait évidemment des coûts
importants. Cependant, je crois que les
avantages en termes d'amélioration de
l'information et de l'autogestion les
compenseraient largement. Cela
garantirait également la présence d'un
défenseur puissant d'une éducation des
consommateurs des soins de santé au
coeur même d'un service de soins de santé.
`Howard Stoate
Howard Stoate est médecin généraliste
et membre du Parlement pour Dartford,
Royaume-Uni.
Références
1. Les Toop et al. Direct to consumer
advertising of prescription drugs in New
Zealand: for health or for profit?
University of Otago, 2003.
Septembre 2003 Volume 48 Numéro 2
Diabète et société