b- La Métaphore
On peut signaler que la métaphore agit comme redescription, comme fiction et récit dans la conception de
l’architecture, elle étoffe le scénario et en alimente ses composantes. Elle ouvre des voix significatives dans
lesquelles on s’engage pour y trouver les réponses et des solutions appropriées à une problématique donnée.
D’ailleurs chez certains architectes comme Toyo Ito la métaphore guide la conception de bout en bout et conduit
vers les axes principaux du projet.
L’œuvre de Toyo Ito peut se diviser en trois grands thèmes métaphoriques qui se succèdent et parfois se
superposent
La première période concerne l’architecture domestique, dans laquelle Ito développe la métaphore du « jardin de
lumière » de 1971 à 1983. Le thème du jardin est utilisé par Ito pour montrer que ses projets sont foisonnants,
changeants…
La seconde intitulé le « Jardin des Vents » de 1984 à 1991 sera marquée par le caractère éphémère de ses
réalisations.
La troisième, qu'Ito nomme le « Jardin des Puces Électronique » de 1986 à1992, aura pour archétype la Tour des
Vents de Yokohama. Elle exploite au maximum les possibilités de l'électronique.
Définissant le rapport entre l'architecture et la ville, il utilise la métaphore de la rivière et dit : "Lorsque l'on regarde
un fleuve, on s'aperçoit qu'il est traversé par des courants contraires, qui n'ont pas la force de s'opposer à lui, mais
qui sont là. Cela génère des tourbillons, c'est-à-dire des zones à la fois distinctes et mobiles qui se déplacent dans le
sens du fleuve sans cesser d'être elles-mêmes. La ville est la matière même de la rivière. L'architecture consiste alors
peut-être à créer des tourbillons, éphémères, qui n'ont de forme que par leur mouvement ».
Cette utilisation permanente de la métaphore donne un caractère poétique aux écrits de Toyo Ito, caractère qui
transparaît également dans son architecture. Cette façon d’aborder les problèmes architecturaux nous aide à
percevoir une certaine dimension de l’architecture qui comme nous allons le voir peut guider une démarche de
conception mais aussi l’étoffer et la complexifier pour l’amener finalement à trouver les réponses, les plus
appropriées.
« Jardin des Lumières »
"Ce que j'avais envie de faire, c'était de m'éloigner le plus possible de la réalité et de créer un univers presque irréel
parce que la réalité était "décalée" par rapport à l'idée que j'avais de la société. Partant de cette réalité décalée, j'ai
essayé de créer une architecture uniquement de surface, comme l'image d'un écran, pour effacer la présence de la
matière de l'objet"
Le « Jardin des Lumières »
La Maison d’Aluminium Fujisawa
Cette réalisation se caractérise par une certaine opacité. La lumière, essentiellement zénithale, entre par deux
extensions en toiture. Ces puits de lumière, semblables à des cheminées d'usine, créent deux centres à l'intérieur de
la maison. Cette maison reflète aussi la dualité qu'Ito perçoit dans la ville de Tokyo, à la fois ville de science-fiction et
agglomérat de baraquements d'Asie du sud-est. La couverture extérieure faite de bandes d'aluminium la fait
ressembler à un vaisseau spatial alors qu'elle reste une hutte primitive semblable aux maisons de Tokyo avec leur
ossature en bois.