INFECTIONS NOSOCOMIALES
I - Définitions
La définition générale dune infection nososcomiale est la suivante : infection
contractée au cours dun séjour dans un établissement de soins.
Un délai de 48h au moins entre ladmission et lapparition de linfection est
généralement nécessaire pour déclarer une infection nosocomiale dans un service
donné.
Cas particuliers : infections post-opératoires, Légionellose.
Sont concernés :
1. les patients hospitalisés ou venant pour des soins en consultation
2. le personnel travaillant au contact de malades contagieux
Linfection nosocomiale peut être directement liée aux soins ou simplement survenir
lors de lhospitalisation indépendamment de tout acte médical.
Parmi les infections nosocomiales liées aux soins, on peut distinguer 3 sortes
dinfections :
- iatrogène
- nosocomial évitable
- nosocomial inévitable
En raison de la grande hétérogénéité inter-services en matière de score de gravité des
malades et des procédures invasives, il est très difficile détablir des comparaisons
entre services sans tenir compte des facteurs de risque liés au patient et liés aux
actes invasifs .
A côté du caractère nosocomial ou non, chaque site anatomique a sa propre définition
dinfection. On distingue deux situations distinctes dans le diagnostic dinfection :
soit il sagit dun site dinfection pour lequel les prélèvements à visée microbiologique
sont nécessaires et suffisants, soit la microbiologie nest ni nécessaire ni
suffisante ; le diagnostic repose alors surtout sur des critères cliniques et dimagerie
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médicale ainsi que sur leur évolution.
Globalement, le laboratoire de Microbiologie est un observatoire privilégié pour la
surveillance des infections nosocomiales ; on estime à 50 % la proportion des IN
quil serait capable de détecter à lui seul. Il a également un rôle prépondérant dans la
surveillance de l écologie bactérienne des services cliniques. La connaissance de
cette écologie doit permettre de mieux dégager la politique dantibiothérapie
probabiliste en fonction des spécialités. Dans le cadre de la lutte contre les bactéries
multi-résistantes, cest le laboratoire qui doit non seulement alerter les cliniciens de
la survenue de ces bactéries mais également participer activement aux enquêtes de
surveillance. Enfin, la participation du laboratoire aux enquêtes épidémiologiques est
grande autant par le dépistage des porteurs sains que par les prélèvements de
lenvironnement que dans le typage moléculaire des bactéries isolées.
II Principaux microorganismes impliqués dans les IN
Les chiffres données par les enquêtes de prévalence nationales ou régionales ainsi
que par les enquêtes beaucoup plus précises dincidence des IN montrent toujours
que les sites anatomiques les plus concernés sont globalement toujours les mêmes :
infections urinaires, respiratoires et post-opératoires.
En matière de bactéries responsables, si les bactéries sensibles sont toujours les
plus responsables, on note une évolution certaine vers la multi-résistance aux
antibiotiques.
Deux types de modes de contamination sont reconnus :
- origine endogène : flore commensale du patient, si acte invasif et/ou fragilité du
terrain
- origine exogène : transmission croisée par les mains ou par les instruments ou
par lenvironnement hospitalier.
III Prévention des IN et mesures de base
La prévention des IN est une des missions du CLIN et un des objectifs clairement
affichés par lANAES dans les critères de laccréditation des établissements de santé.
Cest la réunion des efforts de tous les acteurs de soins qui permettra daboutir à un
résultat de diminution dau moins 30% de ces infections.
La part dimplication du personnel dévolu à lhygiène est au premier plan pour faire
appliquer la politique dhygiène décidée et programmée par le CLIN.
Cette prévention repose quelle que soit la spécialité médicale ou chirurgicale concernée
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sur 4 grands types de mesures :
- mesures dhygiène de base
- mesures dhygiènes spécifiques en fonction du type dactivité
- prévention de la sélection des BMR par une politique rationnelle dutilisation des
antibiotiques, empirique et curative
- prévention de la diffusion des BMR le plus souvent impliquées dans les IN
Les mesures de base sont essentielles, logiques, normalement faciles à réaliser et
cependant leur observance sur le terrain est très difficile à obtenir.
Parmi elles, deux sont primordiales :
- le lavage des mains vient en 1ère position car la très grande majorité des
agents infectieux nosocomiaux sont transmis par voie manuportée.
Trois types de lavages des mains : chirurgical pour les chirurgiens, antiseptique
avant et après tout acte invasif et lors des soins dun patient infecté et enfin simple
dans tous les autres cas. Lutilisation dune désinfection des mains par friction avec une
solution hydroalcoolique est aujourdhui une alternative intéressante. Le port des
gants est ou non associé au lavage des mains suivant les circonstances mais les gants
seront impérativement retiré dès la fin de lacte.
- la tenue vestimentaire du personnel soignant est également très importante :
tenue stérile ou non stérile, comportant une blouse, les cheveux courts ou attachés
ou revêtus dune calotte, une surblouse, un masque dans certains cas. Les ongles
doivent être courts et sans vernis.
Les mesures de base qui doivent être appliquées de façon automatique par les
soignants se retrouvent dans les « précautions standard », précautions devant être
prises pour tout patient.
IV Maîtrise de la diffusion des bactéries multi-résistantes
La prévention de la transmission croisée des BMR entre patients doit être assurée
par :
- le dépistage des porteurs sains
- la décontamination dans certains cas
- les isolements à la fois géographiques et techniques
Un programme national de maîtrise de la diffusion des BMR élaboré par le CTIN ainsi
que des recommandations émises par des Sociétés Savantes comme la SFAR montrent
nettement les mesures à adopter en fonction des situations.
Parmi les différentes BMR identifiées de façon courante, deux sont reconnues comme
étant prioritaires : il sagit des Staphylococcus aureus résistants à la méthicilline
et, selon les situations épidémiologiques locales, les Entérobactéries sécrétant des
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BLSE. Limportance de ces BMR, SARM en particulier, en tant que reflet global de la
qualité des soins, est démontré car un taux bas de SARM est corrélé à un taux bas de
prévalence de patients infectés nosocomiaux.
En France, la situation épidémiologique de ces BMR, connues pour être des
marqueurs de lhygiène, est particulièrement mauvaise surtout en ce qui concerne les
SARM, comme le montrent différentes enquêtes.
Conclusion
Bien que lon ne connaisse pas vraiment la part respective entre la transmission croisée
et la pression de sélection par les antibiotiques dans lémergence des BMR, les deux
aspects de maîtrise de la diffusion et de politique dantibiothérapie sont
fondamentaux si lon veut faire diminuer la proportion trop grande des BMR et la
ramener aux valeurs de certains pays nordiques .
Les taux de BMR sont des indicateurs de qualité certains pour un établissement de
santé.
Les patients porteurs de BMR quils soient porteurs sains, colonisés ou infectés
représentent une source de dissémination potentielle.
On estime le nombre de porteurs dès leur admission dans un service quelconque à 25 à
40 %. La méconnaissance du portage asymptomatique de BMR constitue un réservoir
et donc un risque de diffusion augmenté.
Par ailleurs, un portage prolongé pouvant aller jusquà un ou deux ans a été montré et
serait responsable de diffusion extra-hospitalière.
La mobilité des supports génétiques serait également responsable de la diffusion inter-
espèces.
En situation épidémique, 50 à 75 % des porteurs sont asymptomatiques, doù lintérêt
du dépistage. Daprès les dernières recommandations à la fois du CTIN et du CCLIN
Paris-Nord, le dépistage sélectif à ladmission et en cours dhospitalisation est
indiqué dans les unités de court séjour à risque élevé chez les patients à risque de
portage cest-à-dire ceux qui sont transférés dun secteur à risque ou y ont été
récemment hospitalisés. Dans les autres unités à risque faible, ce dépistage nest
conseillé quen situation épidémique.
Les sites anatomiques de prélèvement sont différents selon le type de BMR : nez et/ou
cutané pour les SARM et rectal pour les EBLSE.
En cas de persistance dune épidémie à SARM malgré lapplication stricte des mesures
préconisées, il peut être utile de rechercher un portage nasal chez le personnel
soignant médical et paramédical. Une chimiodécontamination nasale pourra être
proposée.
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A côté du signalement des malades déjà connus comme porteurs de BMR dès leur
admission ou par le résultat des prélèvements effectués à titre diagnostique, les
résultats positifs du dépistage vont permettre lidentification précoce des patients
porteurs qui doivent alors être signalés. Leur signalisation doit être effectuée sur la
porte de la chambre, dans les dossiers médicaux et infirmiers, le compte-rendu
dhospitalisation, auprès des visiteurs, des consultants dautres services et des
intervenants médico-techniques. Le signalement lors de transfert dans dautres
établissements pose encore quelques problèmes tant quil ny aura pas de politique
unique au niveau régional.
Les précautions classiques disolement doivent être ensuite prises : isolement
technique et géographique, avec quelques spécificités suivant les services.
Le traitement des réservoirs humains par chimiodécontamination des portages de
BMR est conseillé avec une stratégie bien définie, limitée dans le temps et contrôlée
afin de limiter lémergence de résistance de haut niveau. Elle nest cependant quun
complément aux mesures indispensables disolements. Les sites à décontaminer sont
ceux qui sont prélevés lors du dépistage. Leur décontamination ne sera entreprise que
si les autres sites infectés ou colonisés sont également accessibles à une
décontamination.
Plusieurs raisons sont invoquées pour justifier la lutte contre les BMR :
- un certain degré de « virulence » supplémentaire
- un surcoût très net généré par les IN à BMR.
http://www.medecine.ups-tlse.fr/DCEM2/MODULE7/Item91_MRY/txt_pour_pdf.htm (5 sur 5) [03/12/2008 09:51:11]
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