Laboratoire Magmas et Volcans – 5 rue Kessler – 63000 Clermont-Ferrand - Tél : 04 73 34 67 22
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de résoudre en reproduisant en laboratoire les conditions extrêmes existant à l’interface noyau/manteau. Ils ont
synthétisé des roches de composition chondritique (1) typique du manteau profond et primitif, en ont comprimé
de minuscules éclats de la taille d’un grain de poussière (soit une cinquantaine de microns) entre deux pointes
de diamant coniques, créant ainsi une pression de plus d’un million d’atmosphères. Un faisceau laser a permis
de chauffer les échantillons à des températures comprises entre 3000 et 4000 degrés Celsius, des températures
typiques de la couche la plus profonde du manteau qui s’étale sur 200 km d’épaisseur au dessus de l’interface
noyau/manteau. Les échantillons sont extrêmement petits par rapport aux phénomènes naturels se produisant
dans le manteau profond. Pourtant, les phénomènes de fusion sont reproduits de façon très satisfaisante et
l'analogie de l'échelle de quelques microns dans les expériences à l'échelle des kilomètres dans le manteau
profond est donc fiable.
Un faisceau ultra-fin de rayons X, d’un diamètre micrométrique, a été employé pour cartographier les
échantillons et identifier les régions où la roche avait fondu, en utilisant la méthode de la diffraction X. Une fois
les régions fondues identifiées, une autre technique d'analyse mise en œuvre à l’ESRF, la fluorescence X, a
permis de comparer la composition chimique des parties solides et celles ayant fondu auparavant. Le fer, dont le
comportement est décisif pour la densité, a un comportement d'élément incompatible, c'est-à-dire qu'il est
localisé préférentiellement dans le liquide. Pourtant, il n'est pas suffisamment incompatible pour contrebalancer
d'autres effets majeurs de la fusion qui tendent à réduire la densité du liquide, en particulier la perte de
compacité dans l'arrangement tridimensionnel des atomes. Ces résultats d’une grande précision ont permis de
montrer que la roche fondue dans ces conditions de température et de pression est en fait plus légère que le
solide.
Sous l’effet de la gravité, la roche liquide - plus légère - se déplace vers la surface de la Terre, où le panache de
magma forme un volcan. Cette étude montre que les points chauds peuvent effectivement se former dans la
région intermédiaire entre le manteau inférieur solide et le noyau extérieur liquide où la température passe en
moins de 200 kilomètres de 3000 à 4000 degrés.
Les résultats de cette expérience sont essentiels pour mieux comprendre la formation des points chauds qui,
comme en Islande ou à la Réunion, peuvent provoquer des éruptions volcaniques aux conséquences parfois
désastreuses pour les populations. Ils éclairent aussi l’histoire primitive de la Terre car ils peuvent expliquer
comment des éléments chimiques importants pour notre vie de tous les jours ont pu s’accumuler dans la croûte
terrestre, très près de la surface, alors qu’ils proviennent de l’intérieur profond de notre planète.
Contact chercheur
Denis Andrault
04 73 34 67 81
Presse Laboratoire Magmas et Volcans
Cécile Sergère
04 73 34 67 22
1)
Composition chondritique:
composition d’un certain type
de météorites qui sont
pressenties pour être à
l’origine de la formation de la