J`investis dans mon bien-être - Phobies-Zéro

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Guide pour démystifier,
comprendre et maîtriser
les troubles anxieux
Phobies-Zéro est un groupe de soutien et d’entraide
pour les personnes jeunes ou adultes, souffrant de
troubles anxieux. Les services s’adressent également
à la famille et aux proches.
Reconnu comme organisme national par le Ministère
de la Santé et des services sociaux depuis avril 2005
phobies-zero.qc.ca
5e édition
J’investis dans
mon bien-être
Phobies-Zéro
Case postale 83
Sainte-Julie (Québec) J3E 1X5
Téléphone: 450 922.5964
Télécopieur: 450 922.5935
Site internet: www.phobies-zero.qc.ca
J’Investis dans mon bien-être
1ière édition,1997, 2e édition 2002, 3e édition 2012, 4e édition 2013
Recherche et rédaction: Marie-Andrée Laplante, Micheline Lapalme Ph.D.
Révision: Ginette Gonthier, Louise de la Sablonnière, MBA.
Mise en page: Valérie Royle
© Éditions Phobies-Zéro
Tous droit réservés
ISSN 1488-2728
Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 1997
Dépôt légal - Bibliothèque nationale du Canada, 1999
Ce document a été réalisé grâce à la contribution volontaire de professionnels en santé mentale, de membres
et du personnel de l’organisme.
Services et coordonnées
Phobies-Zéro offre une multitude de services aux personnes, jeunes et adultes, qui souffrent de troubles anxieux,
ainsi qu’à leurs proches.
• Groupes de soutien et d’entraide
(consultez le site internet pour connaître les endroits où se tiennent les rencontres hebdomadaires)
• Ligne d’écoute
• Site internet informatif
• Visites de professionnels de la santé dans les groupes d’entraide
• Forum de discussion
• Groupes Volet Jeunesse
• Conférences et causeries
• Formations en collaboration avec les professionnels de la santé
• Soirées d’information et activités sociales
• Documentation – littérature – CD – DVD

phobies-zero.qc.ca
ligne d ’écoute 514 276-3105
sans frais 1 866 922-0002
du lundi au vendredi de 9h00 à 21h00
Administration

Phobies-Zéro
Case postale 83
Sainte-Julie (Québec) J3E 1X5
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
site inter net et forum de discussion
450 922-5964
450 922-5935 (télec).
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[email protected]
NOTE:
La forme masculine utilisée dans ce document désigne aussi bien les femmes que les hommes, lorsque le contexte s’y prête.
J’investis dans mon bien-être
phobies-zéro
Patrice Coquereau
Porte-parole
Bonjour,
C’est avec joie et émotion que j’ai accepté d’être porte-parole de l’organisme
Phobies-Zéro.
Ayant vécu de sévères troubles d’anxiété il y a plus de trente ans, je demeure très
sensible à la problématique, même si je me considère rétabli aujourd’hui. Au cours
de nombreuses années, je me suis débattu avec des crises majeures qui handicapaient mon quotidien et me freinaient dans plusieurs aspects de mon existence.
Mon parcours de guérison est singulier et atypique, et je suis convaincu qu’il existe
une multitude de chemins vers la santé et l’équilibre mental.
L’anxiété et les crises phobiques sont beaucoup plus courantes qu’il est socialement admis. Et le phénomène demeure largement tabou. Outre le poids énorme
qu’engendre cette maladie, une des choses les plus difficiles à traverser est de
briser le silence. Je considère essentiel et primordial de susciter et encourager des discussions et débats ouverts
et éclairés sur l’anxiété et les phobies.
Notre société, en apparence ouverte et tolérante, est dominée par une certaine tyrannie de la normalité. Les
déséquilibres et fragilités sont mal perçus et bien souvent stigmatisés. Il est donc urgent que des ressources
soient mises de l’avant pour briser certains cercles vicieux.
Phobies-Zéro représente concrètement un outil fondamental pour commencer à améliorer sa qualité de vie et
reprendre au mieux les rennes de son quotidien.
Il y a de l’espoir. Vraiment. Phobies-Zéro est exemplaire dans sa mission généreuse et altruiste. Je vous invite à
explorer le site de Phobies-Zéro et communiquer avec nous sans hésiter. Le premier pas est souvent le plus
difficile. Mais il peut vous mener sur un chemin plus fécond que vous n’auriez imaginé.
Chaleureusement,
Patrice Coquereau | comédien, conférencier, auteur, metteur en scène
J’investis dans mon bien-être
phobies-zéro
Table des matières
Section 1
L’Organisme
Mot de la Présidente du Conseil
Mot du Vice-président
Une infatigable femme de foi
Reconnaissances
Mission
Phobies-Zéro: où le pouvoir d’agir devient contagieux
Section 2
Démystifier
Les troubles anxieux
La mécanique de l’anxiété
Les conséquences de l’anxiété / Je suis une personne qui...
Attitudes fréquentes chez les personnes anxieuses
On gagne à se connaître
Anxiété chez les jeunes
Section 3
O1
O2
O3
O4
O5
O6 - O9
D1 - D2
D3
D4
D5
D6
D7
Comprendre
La gestion de l’anxiété
Camillo Zacchia Ph.D.
Le trouble panique et le trouble obsessionnel-compulsif
Micheline Lapalme Ph.D.
La névrose ou l’illusion d’amour
Henri Lavigueur Ph.D.
Les médicaments et l’anxiété
Denis Audet, médecin omnipraticien
Un nouvel outil à l’horizon. La réalité virtuelle
Stéphane Bouchard, Ph.D.
Quels facteurs sont à l’origine des troubles anxieux ?
Françoise Maheux, Ph.D.
J’investis dans mon bien-être
C1 - C7
C8 - C11
C12
C13 - C18
C19 - C21
C22 - C24
phobies-zéro
Table des matières
Section 4
Maîtriser
Antistress
Guide pour connaître une vie libre de peurs irraisonnées
Guide pour se libérer de ses obsessions et compulsions
Diminution du processus d’anticipation
Pensées utiles
Le graphique
Mon graphique
Consignes pour les exercices de respiration
Je garde contact
Section 5
Témoignages
Grâce aux réunions hebdomadaires
Grâce au site-web
Vivre
Patrice à New York
Le diable perché sur mon épaule
Phobies-Zéro, les phares de la nuit
Complètement démolie par l’anxiété
Phobies-Zéro, un soutien pour les proches également
Poème
Section 6
M1
M2
M3
M4
M5
M6
M7
M8
M9
T1
T2
T3
T4
T5 - T6
T7
T8
T9 - T10
T11
Annexes
Je suis sur la bonne route
Quand je te demande d’être écouté
Être
Phobies-Zéro m’a sauvé du désastre / notes
Je désire remettre ce que j’ai reçu / remerciements
J’investis dans mon bien-être
A1
A2
A3
A4
A5
phobies-zéro
Section I
L’Organisme
Mot de la Présidente du conseil
Mot du Vice-président
Une infatigable femme de foi
Reconnaissances
Mission
Phobies-Zéro: où le pouvoir d’agir devient contagieux
J’investis dans mon bien-être
O1
O2
O3
O4
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O6 - O9
phobies-zéro
Mot de la Présidente du Conseil
Pendant
des
années,
j’éprouvais
régulièrement un malaise, une peur
omniprésente et je ne comprenais pas; tout
semblait « normal » dans ma vie.
Un jour, quelqu’un m’a remis une brochure
sur laquelle on pouvait lire: « J’ai peur, j’ai
peur, mais je ne sais ni de qui ni de quoi ».
Cette phrase m’a figée, elle décrivait comment je me sentais depuis déjà longtemps.
Était-ce possible que d’autres personnes
vivaient la même chose que moi ?
C’est ainsi que j’ai connu Phobies-Zéro et
que j’ai participé à ma première rencontre
dans un groupe d’entraide en juin 1998.
Enfin, j’ai pu mettre un nom sur le problème qui m’affligeait. J’ai
rencontré d’autres gens qui souffraient de ces mêmes symptômes paralysants mais surtout, j’ai réalisé que je pouvais m’en
sortir. C’était pour moi le début de jours nouveaux.
Je me suis impliquée; je voulais démystifier, comprendre,
maîtriser cette problématique qui me hantait depuis un moment
déjà. J’ai animé le groupe de soutien de Saint-Jérôme pendant
plus de 5 années et j’ai occupé divers rôles au sein du Conseil
d’administration de l’organisme.
L’organisme, comme plusieurs grandes choses, a commencé très
simplement. Au moment où j’écris ces lignes, Phobies-Zéro est à
l’aube de ses 20 ans. Quelle aventure ! Je ne crois pas que MarieAndrée Laplante, fondatrice, croyait que Phobies-Zéro connaîtrait ce genre d’essor. Il va sans dire que sans l’implication des
bénévoles, des employés administratifs et des membres du
Conseil d’administration, Phobies-Zéro ne serait pas ce qu’il est
aujourd’hui.
Les troubles anxieux sont encore méconnus - voire tabous - et
c’est pourquoi plusieurs en souffrent toujours en silence. Posez
un geste pour vous libérer de l’emprise de l’anxiété.
Phobies-Zéro est là, pour vous.
2014 - 2015
LAPLANTE, Marie-Andrée
Présidente-Fondatrice et conseillère
Phobies-Zéro
ROYLE, Valérie
Présidente du Conseil d’administration
Responsable, développement des affaires
Bray, Larouche et Associés
ZACCHIA, Camillo Ph.D.
Vice-Président
Conseiller principal bureau d’éducation en Santé
mentale (BESM)
Président, Comité d’éthique clinique
Institut universitaire en santé mentale Douglas
GRENIER, Jasmine
Trésorière
Directrice
Rôtisserie St-Hubert Ste-Julie
ROBIDOUX LESSARD, Louise
Secrétaire
Préposée aux communications d’urgence
Service de Police de la Ville de Montréal
CHARLAND, Gaétan
Conseiller
Commerçant
LAFONTAINE, Lyne
Conseillère
Les Cercles de Fermières du Québec
Technicienne comptable
LESSARD, Michel
Conseiller
Directeur, gestion du savoir
SNC-Lavalin
PÉLADEAU, Daphné
Conseillère
Représentante des ventes
Groupe Lelys Inc.
BERTRAND, Claude
Conseiller
Retraité
Madame Isabelle PÉLADEAU (1958-2013)
∼ Administratrice honoraire ∼
Valérie Royle
J’investis dans mon bien-être
Membres du Conseil d’administration
O1
phobies-zéro
Mot du Vice-président
Camillo Zacchia Ph.D.
Vice-Président, Phobies-Zéro
Institut universitaire en santé mentale Douglas
Conseiller principal bureau d’éducation en Santé mentale (BESM)
Président, Comité d’éthique clinique
Chers lecteurs,
Au nom des bénévoles, des employés et des administrateurs de
Phobies-Zéro, c’est avec un immense plaisir que nous vous présentons la troisième version du guide pour démystifier, comprendre et
maîtriser les troubles anxieux « J’investis dans mon bien-être ».
Les troubles anxieux représentent l’un des problèmes de santé mentale les plus courants dans notre société ; ils
affectent non seulement la vie des gens qui en souffrent, mais également, celle de leurs proches. Phobies-Zéro
est un organisme qui a comme mandat principal d’assister les gens qui sont touchés par de tels troubles afin qu’ils
puissent briser l’isolement et en venir à vivre une vie libre de peurs irraisonnées. Pour se faire, l’organisme offre
une panoplie de services tels que : groupes d’entraide, ligne d’écoute, site internet incluant un forum, conférences, DVD, documentation, tel le présent guide...
La crédibilité et l’expertise de Phobies-Zéro se démontrent par sa capacité de collaborer et d’établir des partenariats avec des experts du domaine des troubles anxieux. C’est ainsi que nous sommes en mesure de fournir cet
outil riche en informations et contenu.
Dans ce document, vous pourrez lire l’article du chercheur de renom, Dr. Stéphane Bouchard, qui décrit son
approche novatrice qui utilise la réalité virtuelle pour traiter les phobies. Micheline Lapalme, Docteur en Psychologie, fournit un aperçu épidémiologique du trouble panique et du trouble obsessionnel-compulsif. Elle explique
également le mécanisme physique de l’anxiété et les comportements que l’on retrouve fréquemment chez les
personnes atteintes de tels troubles. Dr. Denis Audet, omnipraticien et coprésident de l’Association des Troubles
Anxieux du Québec (ATAQ), fait référence aux traitements pharmacologiques disponibles pour traiter ces
troubles. Dr. Henri Lavigueur, psychologue, traite des effets des relations interpersonnelles reliées à l’anxiété.
Françoise Maheu, Professeur-Chercheur en Psychiatrie, traite de l’origine des troubles anxieux, des facteurs
neurobiologiques, génétiques, psychologiques et environnementaux et autres qui peuvent avoir une incidence
sur le développement de ces troubles. Pour ma part, j’écris au sujet de certaines causes des troubles anxieux et
j’étudie ses principaux traitements.
Un des aspects importants du travail de Phobies-Zéro consiste à apprendre aux gens souffrant de troubles
anxieux, qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils peuvent surmonter leurs difficultés. Cette édition du guide « J’investis
dans mon bien-être » contient des témoignages de membres et de leurs proches qui, nous l’espérons, sauront
vous inspirer et vous encourager.
Les troubles anxieux ne doivent pas vous contrôler ou gérer votre vie, ils peuvent être surmontés. Je suis
persuadé que ce guide vous permettra de démystifier, comprendre et maîtriser cette problématique. La participation assidue aux groupes d’entraide de Phobies-Zéro a fait ses preuves. À ce jour, les résultats sont étonnants,
des milliers de personnes ont repris leurs activités après avoir été non fonctionnelles durant des mois, voire des
années. Au plaisir de vous y retrouver !
Bonne lecture !
J’investis dans mon bien-être
O2
phobies-zéro
Une infatigable femme de foi
Travaillant sans relâche à l’organisme qu’elle a fondé en 1991, après avoir rompu
un silence de 20 ans, dont 13 ans d’isolement sur les profondes souffrances que lui
causaient l’agoraphobie, Madame Laplante est plus que jamais fidèle à son
credo : « Si cela peut aider - ne serait-ce qu’une personne - je le fais ! ».
Ne suivant pas les sentiers tracés, elle a innové en ouvrant des groupes
d’entraide dans diverses villes du Québec. Non seulement aux personnes vivant
des troubles anxieux, elle a également apporté l’aide et le réconfort nécessaires à
la famille et les proches en les invitant à se prévaloir de nos services durant cette
période difficile à vivre.
Aujourd’hui elle visite les groupes de soutien et d’entraide et il lui fait toujours
plaisir de rencontrer les membres de l’organisme. Madame Laplante consacre
la majeure partie de son temps à des activités de sensibilisation, d’information et de formation pour convaincre
la population visée qu’il est possible à l’instar de son exemple de vivre une vie libre de peurs irraisonnées et de
recouvrer une existence normale et satisfaisante.
Personne ressource et conférencière recherchée, Madame Laplante est sollicitée par divers établissements de
santé hôpitaux, C.L.S.C., organismes communautaires, par les écoles, les cégeps et les universités de même que
par les représentants de l’industrie pour sensibiliser ces auditoires aux mécanismes phobiques et au vécu des
personnes souffrants de troubles anxieux.
Elle a été plusieurs fois invitée à la radio et à la télévision et a participé à l’élaboration de documentaires spécialisés
sur la problématique, notamment avec Radio-Canada, Radio-Québec, TVA, Canal Vie, TQS et TV5.
Auteure polyvalente, Madame Laplante a publié l’ouvrage « Les peurs, ce mal inconnu » et elle travaille actuellement à la préparation d’un autre volume.
Intarissable visionnaire, avec Madame Laplante, un projet n’attend pas l’autre. À court terme cependant, ses
priorités sont axées sur l’implantation au Québec du projet Zéro-ATAQ, programme d’auto-traitement du
trouble panique avec pairs-aidants et de la publication d’un livre de témoignages.
Madame Laplante s’est vue décerner la Médaille de l’Assemblée nationale en 1994, en reconnaissance de son
exceptionnelle contribution au mieux-être de la communauté et en avril 2000 elle recevait au nom de l’organisme,
le Prix Hommage Bénévolat-Québec. En avril 2005, Phobies-Zéro, l’organisme qu’elle a fondé a été reconnu
comme organisme national par le Ministère de la Santé et des Services Sociaux du Québec.
Grâce à la confiance que les bénévoles m’ont accordée et à leur engagement, grâce au dévouement des employés
de Phobies-Zéro et des membres du Conseil d’administration, grâce à l’implication des professionnels de la santé,
des milliers de personnes ont repris leurs activités après avoir été dysfonctionnelles durant des mois, voire même
des années.
À vous qui rendez ce travail possible, je dis merci du fond du cœur.
Marie-Andrée Laplante, Présidente-fondatrice
J’investis dans mon bien-être
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phobies-zéro
Reconnaissances
M inistère de la S anté et des S er vices S ociaux du Québec
Avril 2005, Phobies-Zéro a été reconnu comme organisme national par le Ministère de la Santé et des
Services Sociaux du Québec.
Médaille du Jubilé
Janvier 2003, monsieur Stéphane Bergeron, député de Verchères - Les Patriotes, remettait la Médaille du
Jubilé à Marie-Andrée Laplante. Cette reconnaissance, remise dans le cadre du Jubilé d’Or du règne de sa
majesté la Reine Élisabeth II, souligne les remarquables réalisations de la fondatrice de Phobies-Zéro.
Cer tificat de Mér ite
Novembre 2001, monsieur Stéphane Bergeron, député de Verchères - Les Patriotes, remettait un certificat
de mérite de la Chambre des Communes Canada à Phobies-Zéro en reconnaissance des dix années de
dévouement exemplaire consacrées au soutien, à l’entraide et à l’écoute apportés aux personnes souffrant de trouble panique, d’agoraphobie et de phobies.
Hommage Bénévolat-Québec
Avril 2000, dans le cadre des prix « Hommage bénévolat-Québec », Phobies-Zéro a été retenu à titre de
lauréat dans la catégorie « Organisme » dans la région de la Montérégie. Cet hommage est destiné à
honorer la contribution exceptionnelle au mieux-être de la communauté.
Fonds de l'Autoroute de l'Infor mation
Janvier 1997, dans le cadre d'un concours « Fonds de l'autoroute de l'information », le ministère de la
Culture et des Communications a reconnu l'organisme Phobies-Zéro pour la réalisation d'un site web
d'information et de thérapies pour les personnes vivant des troubles anxieux.
Médaille de l'Assemblée Nationale
Juin 1995, monsieur François Beaulne, député de Marguerite-d'Youville, remettait à Marie-Andrée
Laplante la Médaille de l'Assemblée Nationale pour sa contribution au mieux-être de la communauté.
Pr ix d'Excellence du R.R.S.S.S.
Janvier 1994, Phobies-Zéro recevait, dans le cadre des Prix d'Excellence de la Régie Régionale de la Santé et
des Services Sociaux de la Montérégie, une mention dans la catégorie : « Promotion-prévention-recherche ».
J’investis dans mon bien-être
O4
phobies-zéro
Mission
Phobies-Zéro est un organisme communautaire à but non lucratif venant en aide aux personnes, jeunes ou
adultes, souffrant de troubles anxieux. Les services s’adressent également à la famille et aux proches.
Phobies-Zéro a été reconnu comme un organisme national par le Ministère de la Santé et des Services Sociaux du
Québec en avril 2005.
Phobies-Zéro s’est donné comme principaux mandats :
1.
de briser l’isolement des personnes souffrant de troubles anxieux;
2.
d’assurer un service d’écoute anonyme et confidentiel;
3.
d’offrir un site internet informatif incluant 2 forums (troubles anxieux et jeunesse);
4.
de mettre sur pied des groupes de soutien, d’entraide, d’accompagnement et d’information;
5.
d’informer, aider et accompagner la famille et les proches;
6.
de développer des projets novateurs répondant aux besoins de la clientèle;
7.
de sensibiliser l’opinion publique aux problèmes reliés aux troubles anxieux;
8.
de former des bénévoles et pairs-aidants;
9.
de démystifier la problématique par des conférences, de la documentation et des journées de formation,
en collaboration avec des professionnels de la santé;
10.
de collaborer aux recherches dans le domaine.
J’investis dans mon bien-être
O5
phobies-zéro
Phobies-Zéro: où le pouvoir
d’agir devient contagieux
Louise de la Sablonnière, MBA
Groupe de Limoilou , Québec (2010)
La fondatrice
Phobies-Zéro fut fondé en 1991 sur la Rive-Sud de Montréal par madame Marie-Andrée Laplante, une dame
courageuse ayant souffert d’agoraphobie et de trouble panique pendant plus de 20 ans !
À l’époque de sa maladie, cette personne vivait un isolement total, ne parvenant plus à sortir de chez elle, ne
serait-ce que pour prendre l’air sur son balcon ! Sur le plan médical, les médecins posaient un diagnostic de
dépression et prescrivaient des « Valiums », le trouble panique ne faisant pas encore partie, semble-t-il, du
vocabulaire médical quotidien. Toujours à cette même époque, sur le plan psychosocial, les ressources autres que
traditionnelles se faisaient, elles aussi, plus rares qu’elles ne le sont actuellement. Fort heureusement, une amie
de madame Laplante viendra un jour lui tendre la main ; par sa compréhension, son écoute et le respect de celle-ci
dans ses souffrances, cette personne l’aidera petit à petit à sortir de son isolement et à reprendre ainsi une vie
active épanouissante.
Quelques années plus tard, madame Laplante est invitée, par un concours de circonstances, à prendre la parole et
à parler de son vécu auprès de femmes souffrant de trouble panique et d’agoraphobie. Elle réalise alors combien
grands sont les besoins sur le plan social, au regard de cette problématique, combien peu de services sont offerts
et comment sa propre expérience personnelle pourrait être mise à contribution, à titre d’accompagnatrice de
toutes ces personnes souffrantes en quête d’autonomie, de liberté, et d’un « pouvoir d’agir ». C’est ainsi que
naquit Phobies-Zéro. Madame Laplante mit sur pied un premier groupe d’entraide, réunissant quelques
personnes une fois par semaine, afin d’échanger et de favoriser l’entraide sur cette problématique d’agoraphobie
et du trouble panique.
Ainsi, est-il permis de conclure par ce bref historique que madame Laplante, de façon fort intuitive, avait alors
touché deux dimensions fondamentales aux groupes d’entraide : l’écoute des besoins collectifs et l’importance
des connaissances acquises dans certaines expériences de vie, même si elles doivent parfois se révéler
difficiles !
En juin 1994, madame Laplante devenait récipiendaire de la Médaille de l'Assemblée Nationale, pour sa contribution au mieux-être de la communauté.
Phobies-Zéro
Phobies-Zéro se définit aujourd’hui auprès de ses membres et sur toutes les tribunes médiatiques comme étant
un groupe de soutien et d’entraide pour les personnes, jeunes ou adultes, souffrant de troubles anxieux sous
toutes leurs formes (anxiété généralisée, trouble panique, agoraphobie, phobie sociale, phobies spécifiques,
incluant depuis quelques années le trouble obsessionnel-compulsif). Les services s’adressent également à la
famille et aux proches.
J’investis dans mon bien-être
O6
phobies-zéro
Phobies-Zéro: où le pouvoir
d’agir devient contagieux
La philosophie de l’organisme s’énonce comme suit : « Phobies-Zéro croit en la capacité des êtres et c’est pourquoi il travaille avec eux pour les aider à grandir, à comprendre la nature de leurs problèmes et à faire face aux
difficultés qui naissent des troubles anxieux. L’organisme offre le soutien nécessaire afin que les membres prennent conscience de leurs propres valeurs et apprennent à les utiliser. Le groupe fournit une réalité sociale vivante
qui favorise, privilégie et stimule la prise de conscience, l’ouverture d’esprit, l’identification et l’émergence du
vécu de chacun ».¹ « Phobies-Zéro se définit comme un mouvement d’action, un point de départ, permettant à
l’individu d’aller vers autre chose, une fois libéré de ses peurs irraisonnées. Ce n’est pas une fin en soi ».²
L’organisme travaille en étroite collaboration avec les milieux, tels les professionnels de la santé au sein des
hôpitaux et des organismes communautaires, par le biais des programmes d’aide aux employés (PAE) des
organisations publiques ou privées, se positionnant toujours tel un partenaire de tous ces acteurs en santé
mentale. Bien que n’ayant pas toujours existé, cette collaboration entre ces diverses instances prend aujourd’hui
la forme d’échanges fort constructifs. Ainsi, Phobies–Zéro invite ses membres à participer à des recherches
génétiques et études sur les troubles anxieux supportée par l’Hôpital Douglas, l’UQAM, l’Hôpital Sainte-Justine
et autres. On y reçoit aussi régulièrement des spécialistes de la santé afin de donner des conférences, ouvertes
alors au grand public lors des soirées de rencontres hebdomadaires. Des sessions de formation sont aussi
données aux bénévoles ou aidants naturels, afin de parfaire leur connaissance. À l’inverse, les CLSC et professionnels de la santé n’hésitent pas à référer l’organisme, à titre de ressource complémentaire auprès de leurs « clients
ou patients ».
Sur le plan légal, Phobies-Zéro est un organisme autonome en ce qui a trait à ses orientations et son administration. Il est dirigé par une assemblée générale et un conseil d’administration. Le support financier et moral de la
communauté contribue grandement à son fonctionnement. En 2005, par la qualité des services offerts, PhobiesZéro a obtenu la pleine reconnaissance et le statut d’organisme national en santé mentale communautaire,
par le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec. Il a aussi obtenu de nombreux prix au fil
des ans. Dans le cadre des prix « Hommage bénévolat-Québec », Phobies-Zéro a été retenu à titre de lauréat,
pour la région de la Montérégie, dans la catégorie « Organisme communautaire ». Cet hommage est destiné à
honorer sa contribution exceptionnelle au mieux-être de la communauté. En 1994, dans le cadre du Prix
d’excellence de la Régie régionale de la Santé et des Services sociaux (RRSSS) de la Montérégie, une mention lui
a été accordée dans la catégorie « Prévention, promotion et recherche ».
Les valeurs sous-jacentes
Les valeurs dominantes véhiculées au sein de Phobies-Zéro depuis les débuts sont les suivantes :
• la tolérance et l’ouverture d’esprit, reflétées par l’absence de jugements négatifs et le respect de l’autre dans
ses réflexions ou propos ;
• la liberté, l’autonomie et l’indépendance, via la valorisation de l’effort individuel et collectif, en vue d’une
reconquête des pouvoirs personnels de chacun (slogan souvent utilisé : Une vie libre de peurs irraisonnées);
• la compassion, la sollicitude, exprimées auprès de toutes ces personnes éprouvées par les multiples manifestations des troubles anxieux ;
• la solidarité, l’entraide, via le partage des expériences personnelles, où chacun n’hésite pas à afficher ses
propres vulnérabilités. Cette solidarité s’exprime aussi dans le fait d’encourager et de féliciter l’autre dans ses
actions pouvant le mener vers la guérison ; il y aussi une solidarité dans l’état ou la manière d’être, « Je ne suis
plus seul » étant un autre des slogans de Phobies-Zéro ;
1 http:// www.phobies-zero.qc.ca
2 Propos obtenu de la fondatrice, lors d’un entretien le 25 octobre 2007.
J’investis dans mon bien-être
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phobies-zéro
Phobies-Zéro: où le pouvoir
d’agir devient contagieux
• la reconnaissance sociale, véhiculée à la fois comme une valeur et un objectif à atteindre, plusieurs personnes
ayant perdu ou n’ayant pu atteindre un statut social au fil des ans, en raison de leurs troubles anxieux (perte
d’emploi, perte de conjoints, distances prises avec la famille immédiate, désengagement social, etc.). Les petits
rôles ou responsabilités dans lesquels les membres sont conviés à s’engager (réf. : le principe de l’entraidant)
constituent pour plusieurs des moments de révélation et de redécouverte d’eux-mêmes fort importants, sur le
plan personnel et social, avec l’espoir d’aller plus loin par la suite.
Phobies-Zéro et la santé mentale communautaire
Phobies-Zéro fut d’abord un agent de changement social au sein de son environnement. De façon forte intuitive,
sa fondatrice n’a pas hésité à s’inscrire dans un nouveau courant de pensée en psychologie communautaire, où le
pouvoir d’agir et de réfléchir ne devait plus appartenir qu’aux seules institutions traditionnelles, mais aussi aux
individus concernés et à la communauté. La création de Phobies-Zéro eut donc lieu à un moment où la
préoccupation centrale de la psychologie communautaire devenait « le changement social en vue d’un partage
des pouvoirs entre les divers groupes sociaux. »³ ainsi, dans cette perspective, l’organisme continue toujours son
œuvre. Par ses principes philosophiques et ses modes de fonctionnement, valorisant à la fois le pouvoir du
groupe et de la personne, à l’intérieur et en dehors du groupe, valorisant et outillant pour la reconquête de
l’ensemble des capacités mentales (cognitives, affectives et relationnelles)⁴, l’organisme ne déroge pas à sa
mission et à un idéal manifeste de support ou de prévention en santé mentale communautaire. On peut aussi
prétendre, sans risque majeur d’erreur, qu’un tel organisme exerce des fonctions préventives importantes au
regard de la dépression et du suicide, deux tristes résultantes aux troubles anxieux non traités ou non
accompagnés.
Un langage davantage connu
Depuis sa création en 1991, Phobies-Zéro a permis à un grand nombre de personnes de « mettre enfin un nom »
sur leur problématique, de par la qualité des informations et de la documentation transmise lors des rencontres
hebdomadaires, favorisant ainsi, via un diagnostic davantage compris et apprivoisé, les effets bénéfiques
suivants:
• la fin des incertitudes et des angoisses devant l’inconnu; la peur de devenir fou diminuant peu à peu;
• l’espoir de trouver enfin des voies de solutions (ne plus se sentir démuni, soumis à une sorte de fatalité);
• la fin du silence à partir d’une meilleure compréhension d’eux-mêmes, les gens se sentent davantage en
mesure de partager leurs difficultés avec leurs proches, la honte, la culpabilité et la peur du ridicule devenant
moins fortes que le besoin de se confier.
Phobies-Zéro et la notion d’empowerment ou le pouvoir d’agir
Phobies-Zéro a toujours misé, fondamentalement, sur le pouvoir détenu à la fois par l’individu et le groupe.
Continuellement, on encourage les personnes à découvrir leurs forces, leurs valeurs intrinsèques en vue d’utiliser
celles-ci, par la suite, à l’atteinte de leurs objectifs de vie. Phobies-Zéro se fait ainsi un environnement propice à
l’actualisation de cette vision collective d’enpowerment.
³ Dufort, F., (éd.) Guay, J. (Co-éd). (2001) Agir au cœur des communautés. La psychologie communautaire et le changement
social. Québec, Presses de l’Université Laval. P.125.
⁴ Gouvernement du Canada (1988). La santé mentale des Canadiens, vers un juste équilibre. Santé nationale et bien-être
social.
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O8
phobies-zéro
Phobies-Zéro: où le pouvoir
d’agir devient contagieux
Permettons-nous de citer ces phrases extraites d’un texte de Yan Le Bossé⁵ , comme autant d’expressions concordantes à la philosophie de l’organisme :
« Hier cantonnés dans des rôles secondaires, la communauté et les aidants sont devenus des partenaires
aussi précieux qu’incontournables dans un contexte(…) de désinvestissement de l’État »; « Le propos des
tenants de l’approche centrée sur l’empowerment des personnes et des collectivités consiste à
augmenter la capacité des personnes, individuellement et collectivement, à influencer leur réalité selon
leurs inspirations »; « L’exercice effectif d’un pouvoir d’action dépend à la fois des possibilités offertes par
l’environnement et des capacités des personnes à exercer ce pouvoir ».
Conclusion
Au cours de ses quelque 20 années d’existence, Phobies-Zéro a recueilli de nombreux témoignages de ses membres lui permettant de qualifier ses travaux et activités. Les bénéfices personnels, maintes fois exprimés par
ceux-ci rejoignent essentiellement ceux énumérés par Dufort⁶. Mentionnons: l’acquisition de nouvelles
connaissances et habilités, un sentiment accru d’espoir, une baisse d’un sentiment d’isolement ou de
marginalisation, la satisfaction d’aider autrui, une nouvelle vision de son problème et de son potentiel.
Sur le plan collectif, Phobies-Zéro continue d’innover par la valorisation des connaissances expérientielles et de
ses effets positifs sur le pouvoir d’agir. Il favorise de plus le renforcement des rapprochements des anciennes et
des nouvelles institutions.
En conclusion, on ne peut donc que s’incliner devant la réussite de Phobies-Zéro au regard de sa mission et
souhaiter que d’autres puissent emboiter le pas, pour le plus grand bienfait de nos collectivités en matière de
santé mentale communautaire.
⁵ Le Bossé, Y. (2003). De l’habilitation au pouvoir d’agir : vers une appréhension plus circonscrite de la notion
d’empowerment. Nouvelles pratiques sociales, 16(2), 30-51
⁶ Dufort, F., (éd.) Guay, J. (co-éd). (2001) Agir au cœur des communautés. La psychologie communautaire et le
changement social. Québec, Presses de l’Université Laval, p.172
Bibliographie
Dalton, J. H., Elias, M., Wandersman, A. (2001). Community psychology. Linking individuals and communities.
Belmont (CA) Wadsworth Thomson Learning. p.275.
Dufort, F., (éd.) Guay, J. (Co-éd). (2001) Agir au cœur des communautés. La psychologie communautaire et le changement social. Québec, Presses de l’Université Laval
Gouvernement du Canada (1988). La santé mentale des Canadiens, vers un juste équilibre. Santé nationale et bienêtre social.Grossman, C.L. (2004). Labels and language : implications for prevention of DSM definition of mental
disorder. Journal of primary prevention, 24, 4, 513-522.
Le Bossé, Y. (2003). De l’habilitation au pouvoir d’agir : vers une appréhension plus circonscrite de la notion
d’empowerment. Nouvelles pratiques sociales, 16(2), 30-51
www.phobies-zero.qc.ca
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phobies-zéro
Section 2
Démystifier
Les troubles anxieux
La mécanique de l’anxiété
Les conséquences de l’anxiété / Je suis une personne qui...
Attitudes fréquentes chez les personnes anxieuses
On gagne à se connaître
Anxiété chez les jeunes
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Les troubles anxieux
L’anxiété normale
La peur est une réaction physiologique, psychologique et comportementale (attaque ou fuite) normale, déclenchée chez un individu lorsqu'il est en présence d'un danger réel pour sa vie (p. ex. une tornade, un chien méchant,
un accident). Cette émotion est donc inséparable de notre condition humaine puisque la vie est faite de diverses
situations plus ou moins menaçantes auxquelles l’individu doit faire face pour s’adapter et survivre. La peur est
nécessaire, car elle exerce une fonction stimulante sur l’organisme et prépare l’individu à faire face au danger et à
prendre action (p. ex., vous vous sentez anxieux face à un examen, vous allez donc étudier davantage). L’absence
de peur ou d’anxiété serait néfaste car elle engendrerait une sorte d’indifférence affective.
Certains utilisent le mot peur pour désigner la réaction déclenchée par un danger réel par opposition à l’anxiété
qui serait déclenchée par un danger perçu ou imaginé. La plupart du temps toutefois, ces deux termes sont
utilisés de façon interchangeable, peu importe la nature du danger.
L’anxiété problématique
Les troubles anxieux sont des troubles psychologiques qui affectent le comportement, la pensée, les émotions et
le fonctionnement de la personne qui en est atteinte. L’anxiété est le dénominateur commun à tous les troubles
de cette catégorie. C’est la nature de la peur, ou la source de l’anxiété, qui varie d’un trouble à l’autre. On parle de
trouble anxieux lorsque l’intensité de la peur et les comportements d’évitement déployés pour y faire face ne sont
plus adaptés, nuisent au fonctionnement de l’individu et engendrent une détresse psychologique importante.
Les troubles anxieux les plus fréquents sont :
L’anxiété généralisée
Ce trouble se caractérise par la présence de soucis persistants et excessifs présents la plupart du temps et concernant un certain nombre d’événements ou d’activités de la vie courante (p. ex., s’en faire pour le travail, la santé,
les enfants, etc.). L’intensité, la durée ou la fréquence de l’anxiété et des soucis sont hors de proportion avec la
probabilité que l’événement redouté survienne et avec son impact réel.
La phobie spécifique
Ce trouble se caractérise par une peur persistante, intense et irrationnelle ou bien excessive, déclenchée par la
présence ou l’anticipation d’être confronté à un objet ou une situation spécifique telle que les hauteurs, la vue du
sang, les insectes et les animaux. On parle de phobies uniquement lorsque les objets ou les situations redoutés
perturbent de façon importante les habitudes de vie de l’individu, ses activités professionnelles (ou scolaires) ou
ses relations avec autrui.
J’investis dans mon bien-être
D1
phobies-zéro
Les troubles anxieux
La phobie sociale
Ce trouble se caractérise par une peur persistante et intense du jugement d’autrui lorsque la personne se retrouve
dans des situations sociales ou des situations de performance lors desquelles la personne est en contact avec des
gens non familiers ou est exposée à l’observation d’autrui (parler en public, manger ou écrire). La personne craint
d’agir (ou de montrer des symptômes d’anxiété) de façon embarrassante ou humiliante, de sorte que ces situations sont évitées ou vécues avec une détresse intense.
Le trouble panique
Ce trouble se caractérise par la présence d’attaques de panique soudaines et inattendues qui se manifestent
comme des crises aigües d’angoisse et de terreur. Ces attaques sont accompagnées de symptômes physiques
très intenses et pénibles (palpitations cardiaques, tremblements, impressions d’étouffement, douleur thoracique, etc.) au point où la personne croit être victime d’une crise cardiaque ou être sur le point de mourir. Après un
certain temps, la peur d’avoir une attaque de panique est suffisante pour en déclencher une.
L’agoraphobie
Ce trouble se caractérise par la peur, l’évitement et la fuite d'un certain nombre d’endroits et de situations où la
personne pense qu’il serait difficile ou embarrassant de s'échapper ou de trouver du secours en cas de difficulté
(être dans une foule, une file d’attente, sur un pont, dans un autobus, une voiture ou une rame de métro).
L’évitement progressif de tous les lieux publics réduit de plus en plus la liberté de la personne au point où celle-ci
demeurera chez elle à moins d’être accompagnée pour se déplacer.
Le trouble obsessionnel-compulsif
Ce trouble se caractérise par la présence d’obsessions et/ou de compulsions qui interfèrent de façon importante
avec le fonctionnement de l’individu. Les obsessions sont des idées, des pensées ou des images mentales persistantes qui sont perçues comme inappropriées et qui font intrusion dans la conscience de la personne malgré sa
volonté. Les obsessions les plus communes ont trait à la saleté, à la contamination, à des impulsions agressives
ou sexuelles, au sacrilège, à l’ordre ou encore à des doutes répétés. Les obsessions génèrent beaucoup d’anxiété
de sorte que la personne tente de les ignorer ou réprimer ou de les neutraliser par d’autres pensées ou actions
bien précises ou ritualisées. Ces rituels ou compulsions deviennent très invalidants et peuvent occuper plusieurs
heures par jour.
J’investis dans mon bien-être
D2
phobies-zéro
La mécanique de l’anxiété
Tel qu’illustré dans le schéma ci-dessous pour le trouble panique et le trouble obsessionnel-compulsif, la « mécanique » de l’anxiété est la même pour tous les troubles anxieux. La seule chose qui change d’un trouble anxieux à
l’autre, c’est la nature de la peur. Par exemple, peur d’avoir l’air ridicule, peur d’avoir une attaque de panique, peur
de ses propres pensées (obsessions).
Peu importe la nature de notre peur, celle-ci est déclenchée par un stimulus quelconque que nous interprétons de
façon menaçante. Comme toute menace réelle, cette menace « perçue » déclenche une réaction physique et
émotive intense qui prépare notre organisme à « combattre ou à fuir » le danger. Le soulagement de l’anxiété
engendré par nos comportements d’évitement confirme à notre organisme que nous avons bien fait de « fuir le
danger ». Plus j’évite, plus je confirme à mon organisme qu’il y a un danger, et plus je perçois du danger, plus
j’évite ! Il n’y a qu’une seule façon de briser ce cercle vicieux ; c’est de combattre notre peur en affrontant les situations que nous percevons comme dangereuses, et en démontrant ainsi à notre organisme qu’il n’y a pas vraiment
de danger !
Trouble Panique/Agoraphobie
Trouble obsessionnel-compulsif
Stimuli
Situations, lieux, sensations physiques ou
leur anticipation
Stimuli
Situations, lieux, pensées ou images mentales
Interprétations/Pensées
Interprétation négative, catastrophique et
irrationnelle des stimuli
Interprétations/Pensées
Interprétation négative, catastrophique et
irrationnelle des stimuli
Réactions physiques et émotives
Symptômes physiques, anxiété, peur,
détresse,honte et culpabilité
Réactions physiques et émotives
Symptômes physiques, anxiété, peur,
détresse, honte et culpabilité
Comportements
Comportements d’évitement
Comportements
Comportements d’évitement, compulsions,
rituels
Conséquences
Soulagement et réduction de l’anxiété
J’investis dans mon bien-être
D3
Conséquences
Soulagement et réduction de l’anxiété
phobies-zéro
Les conséquences de l’anxiété
à court terme
Anxiété d’anticipation
Les premières attaques de panique peuvent engendrer une peur persistante d’avoir d’autres attaques de panique
dans les mêmes endroits ou situations : au travail, dans les transports en commun, dans les foules, dans les
tunnels, sur les ponts lors de la conduite automobile, à l’épicerie, à la banque, etc. Cette peur se manifeste avant
même que la personne soit confrontée à la situation et celle-ci vit donc de l’anxiété par anticipation.
Détresse et inquiétude
Les attaques de panique peuvent engendrer de l’inquiétude quant aux conséquences possibles des attaques de
panique : peur d’avoir une crise cardiaque, de perdre le contrôle, ou de devenir fou.
Agoraphobie
Les attaques de panique peuvent engendrer des comportements d’évitement importants chez la personne.
Celle-ci se met à éviter de plus en plus les endroits ou les situations d’où il pourrait être difficile (ou gênant) de
s’échapper ou de trouver du secours en cas d’attaques de panique. L’agoraphobie désigne donc la peur et
l’évitement d’un ensemble de situations et lieux caractéristiques incluant le fait de se trouver seul en dehors de
son domicile, d’être dans une foule ou dans une file d’attente, sur un pont ou dans un autobus, un train ou une
voiture.
à moyen et long terme
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Usage et abus d’alcool et autres substances psychoactives;
Détérioration du fonctionnement;
Dépression et idées suicidaires;
Multiples consultations médicales (huit fois plus que la population en général, selon certaines études)
et passation de nombreux tests diagnostiques;
Absentéisme au travail;
Perte d’emploi et perte d’autonomie financière.
Je suis une personne qui...
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Souffre énormément, mais ne te laisse pas voir.
Rarement vous saurez ce que je pense et ce que je ressens.
Souvent dans un endroit public, je commence à suffoquer, mon cœur palpite et je m’enfuis.
Manipule pour éviter une sortie.
Invente des raisons pour taire ce que je vis.
Ai peur, mais je ne sais ni de qui ni de quoi.
Mon pouls s’accélère, ma respiration devient haletante.
Il m’arrive d’être prise de vertiges.
Mes mains deviennent moites, j’ai l’impression qu’un malheur va survenir.
Souvent ma vision s’embrouille.
La culpabilité est présente.
La peur de perdre le contrôle me vient à l’esprit. Il m’arrive de paniquer.
N’ai même plus confiance en moi.
A peur d’avoir peur…
J’investis dans mon bien-être
D4
phobies-zéro
Attitudes fréquentes ches les
personnes anxieuses
1.
Nous sommes des personnes secrètes. Il nous est souvent difficile de briser le mur du silence, car nous
craignons d’avoir l’air ridicule et d’être jugées. Nous vivons dans la honte.
2.
Il nous arrive d’être pris de vertiges, nos mains deviennent moites, nous avons l’impression qu’un
malheur va survenir. Souvent notre vision s’embrouille. La peur de perdre le contrôle nous vient à
l’esprit. Il nous arrive de paniquer, pourtant les résultats d’examens (électrocardiogrammes, prises de
sang…) sont normaux… nous sommes en excellente santé physique !
3.
Malgré notre grand potentiel, nous ne nous acceptons pas tels que nous sommes : « Je ne suis pas une
personne normale », « J’aimerais être comme les autres », « Je ne suis pas capable ». Également, nous
sommes en constant questionnement : « Que vont-ils dire ? », « Si tu n’es pas là et qu’il m’arrive quelque chose »...
4.
Nous sommes des personnes créatives. Notre imagination est riche et vive. Nous imaginons et entretenons des scénarios catastrophiques. Pour ces raisons, il nous faudra apprendre à utiliser notre imagination et nos pensées de façon positive plutôt que négative.
5.
Notre manière de vivre nos émotions est intense. Nous avons tendance à en faire trop, mais ce n’est
jamais assez…
6.
La culpabilité est omniprésente. On se sent coupable de tout et de rien.
7.
Étant perfectionnistes, il nous est difficile de tolérer que les choses ne fonctionnent pas exactement
comme nous l’avons prévu. Nous ne laissons aucune place à l’imprévu et essayons de tout contrôler.
8.
Nous sommes très sensibles aux stimuli environnementaux, tels que la température, le bruit et la
lumière, de même qu’aux stimuli interpersonnels. En raison de notre hypersensibilité, nous essayons
constamment de décoder ce que les autres personnes pensent, ressentent et vivent.
9.
Nous sommes des professionnels de l’évitement ! Nous avons de grandes aptitudes à trouver les
prétextes nécessaires pour fuir une situation qui nous fait peur.
10. Il nous est généralement difficile d’exprimer notre opinion, car nous avons besoin de
l’approbation des autres.
11. Depuis notre tout jeune âge, nous cherchons à faire plaisir aux autres en nous oubliant nous-mêmes.
J’investis dans mon bien-être
D5
phobies-zéro
On gagne à se connaître
Je suis une personne qui souffre possiblement d’un trouble anxieux si…
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J’ai peur d’être humiliée.
J’ai peur de devenir folle, de perdre le contrôle.
J’ai peur de mourir.
J’ai peur d’avoir une attaque de panique.
J’ai peur, j’ai peur, mais je ne sais ni de qui, ni de quoi. J’ai peur de tout et de rien.
Mon pouls s’accélère, ma respiration devient haletante.
Il m’arrive d’être prise de vertiges.
Mes mains deviennent moites.
Souvent ma vision s’embrouille.
Souvent dans un endroit public, je commence à suffoquer, mon cœur palpite …j’ai tellement
peur d’avoir un malaise ou d’autres symptômes physiques que je préfère quitter les lieux de
façon précipitée.
J’invente parfois des raisons pour éviter une sortie et pour dissimuler ce que je vis à mon entourage.
Je dis rarement ce que je pense et ce que je ressens, car j’ai peur de l’opinion des autres.
Je me sens coupable.
Je souffre énormément, mais je ne le laisse pas voir.
Je vis de l’isolement et de la solitude.
Je n’ai même plus confiance en moi.
Je suis une personne qui souffre possiblement d’un trouble obsessionnel-compulsif si…
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Je doute constamment, j’angoisse.
J’ai de la difficulté à prendre des décisions, j’ai peur de me tromper.
J’ai souvent l’impression qu’un malheur va survenir par ma faute.
Je crains de mettre mes scénarios catastrophiques à exécution.
Je perçois mes actions, comportements et pensées comme étant imparfaits et incomplets.
Je me sens responsable de tout et de rien (situations banales, entourage…).
Je souffre lorsque les objets sont en désordre.
J’accumule et ramasse des objets sans grande valeur de façon compulsive.
Je me sens obligée de vérifier, compter, laver ou exécuter d’autres rituels de façon excessive.
Plus je résiste à mes obsessions, plus elles s’intensifient.
Mes compulsions et mes rituels soulagent temporairement mon anxiété.
Je perds un temps considérable en raison de mes obsessions, de mes compulsions.
Je ne parle pas de ce problème à mon entourage, j’ai trop honte.
J’investis dans mon bien-être
D6
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Anxiété chez les jeunes
J‛ai souvent peur...
La peur m‛empêche de...
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d‛aller à l‛école
de prendre l‛autobus ou le métro
d‛être ridiculisé
de poser des questions en classe
de mes propres pensées, elles sont si
négatives
de rougir
de faire un exposé oral devant la classe
de mourir
Symptômes physiques
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J‛ai souvent l‛impression que...
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je suis différent
je vais devenir fou
je vais perdre le contrôle
je vais perdre connaissance ou être
malade
Attitudes fréquentes chez les
parents et les proches
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Je ne comprends pas ce qui se passe
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J‛ai l‛impression que c‛est de ma faute
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pratiquer des sports et autres activités
me faire des amis
partager mon opinion avec les autres
profiter de la vie
nausées
maux de tête
gain ou perte de poids
palpitations
vertiges
sensation de souffle coupé
essoufflement
rituels
compulsions
maux de ventre
Message aux parents et aux proches
Les jeunes ont besoin d‛aide lorsqu‛il y a…
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Comportement d‛évitement à la maison
ou à l‛école
Je me sens seul à vivre une telle situation
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Problèmes d‛apprentissage dus à l‛anxiété
J‛éprouve de l‛impuissance face à cette
situation
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Irritabilité
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Activités récréatives limitées
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Interactions sociales limitées
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Troubles du sommeil
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Peur, anxiété ou timidité importante
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Tristesse, détresse
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Parfois je vis de la colère…Comment dois-je
me comporter ?
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J‛ai tellement de peine… que puis-je faire
pour l‛aider et m‛aider ?
J’investis dans mon bien-être
D7
phobies-zéro
Comprendre
Section 3
La gestion de l’anxiété
Camillo Zacchia Ph.D.
Le trouble panique et le trouble obsessionnel-compulsif
Micheline Lapalme Ph.D.
La névrose ou l’illusion d’amour
Henri Lavigueur Ph.D.
Les médicaments et l’anxiété
Denis Audet, médecin omnipraticien
Un nouvel outil à l’horizon. La réalité virtuelle
Stéphane Bouchard, Ph.D.
Quels facteurs sont à l’origine des troubles anxieux ?
Françoise Maheux, Ph.D.
J’investis dans mon bien-être
C1 - C7
C8 - C11
C12
C13 - C18
C19 - C21
C22 - C24
phobies-zéro
La gestion de l’anxiété
Camillo Zacchia Ph.D.
Vice-Président, Phobies-Zéro
Institut universitaire en santé mentale Douglas
Conseiller principal bureau d’éducation en Santé mentale (BESM)
Président, Comité d’éthique clinique
Les raisons de l’anxiété
La douleur et les ours
L’un d’entre nous aime-t-il se sentir anxieux ? J’en doute. Tout comme
la douleur physique, l’anxiété est quelque chose de déplaisant. Elle sert toutefois à une fin importante : elle nous
tient en vie.
Tout comme nous ressentons de la douleur lorsque nous éprouvons un problème physique, l’anxiété est ce que
notre corps ressent lorsqu’il est menacé. L’anxiété nous dit : « Fais quelque chose ! Protège-toi ! ».
Cet instinct de protection est tout à fait logique dans la nature. Si vous marchiez en forêt et que vous croisiez un
ours, vous ressentiriez une très grande anxiété. C’est une bonne chose. La poussée d’adrénaline accompagnant
l’anxiété vous donnerait les meilleures chances de survie. Vous l’utiliseriez pour courir de toutes vos forces. Si
vous vous sentiez coincé, vous attraperiez une branche ou une pierre et vous l’attaqueriez. Il s’agit de la réaction
de lutte ou de fuite que l’on constate chez tous les animaux.
Dans notre monde moderne, l’anxiété nous empêche de conduire trop vite dans une courbe, de nous avancer
trop loin sur une falaise, ou de jouer imprudemment avec des lames de rasoir. C’est aussi ce qui nous pousse à
consulter un médecin pour faire examiner une bosse, ou à faire vérifier nos freins par un mécanicien. En fait,
lorsque nous nous inquiétons de quelque chose, nous avons tendance à être plus prudents et à éviter le danger.
L’ours imaginaire
Si l’ours n’est pas réel, mais que vous croyez qu’il l’est, votre corps réagira exactement de la même façon. Les gens
aux prises avec des troubles anxieux ont des réactions physiques plutôt normales. C’est leur interprétation du
danger qui est détraquée ! Leur corps réagit comme s’ils se trouvaient devant un ours, alors qu’en fait, l’ours n’est
présent que dans leur esprit.
Le danger résiduel
Quoi que nous fassions, nous ne pouvons jamais être totalement en sécurité. Il subsiste habituellement un
danger résiduel. Si je conduis dans les limites permises, je risque moins de perdre la vie que si je fais de la vitesse,
mais je ne peux jamais en être totalement certain. Si je peux m’accommoder de cette réalité, je serai capable de
conduire et de fonctionner normalement. Sinon, si je désire avoir une certitude absolue, je suis dans une impasse.
Je devrai alors m’abstenir complètement de conduire, ou trouver une autre façon de maîtriser la menace.
D’où cela vient-il ? Devrais-je remettre ma vie en question ?
J’investis dans mon bien-être
C1
phobies-zéro
La gestion de l’anxiété
L’une des erreurs que les gens commettent lorsqu’ils commencent à souffrir d’anxiété est de remettre leur vie en
question. Ils croient que quelque chose ne va pas dans leurs relations ou dans leur carrière et que c’est là la source
de leur anxiété. Bien que cela puisse être un facteur d’aggravation de l’anxiété et être effectivement la source du
problème chez certaines personnes, ce n’est habituellement pas le cas. Le stress de la vie est un facteur qui
accroît l’anxiété. Il peut même déclencher une première crise de panique, mais ordinairement, ce n’est pas la
cause réelle. La véritable cause réside dans la façon dont le corps réagit à un agent stressant (l’anxiété) et dans la
façon dont cette réaction est interprétée.
Ces réactions et interprétations ne découlent pas d’une seule source. Les êtres humains sont beaucoup plus
complexes que cela. Nous sommes le résultat de notre constitution biologique et de tout ce que nous expérimentons dans nos vies. Voici quelques-unes des principales sources de l’anxiété.
Votre instinct
Certaines peurs sont innées et logiques, à une certaine période de notre développement. De nombreuses peurs
ont assuré notre survie et sont devenues des instincts qui font maintenant partie de notre bagage génétique. Il y
a 10 000 ans, par exemple, il était bon d’avoir peur des hauteurs, car les branches d’arbre pouvaient casser et les
falaises rocheuses pouvaient céder. Les humains devaient se méfier des grands espaces à découvert, où ils
devenaient des proies faciles. Se trouver au milieu d’une foule entraînait la possibilité de se faire piétiner.
S’éloigner des lieux familiers rendait vulnérable à des dangers inconnus. Les serpents et les araignées pouvaient
être venimeux. Revérifier les choses réduisait les risques. Se soucier de ce que les autres pensaient de nous
augmentait les chances de se trouver un partenaire.
Aujourd’hui, nous pouvons déceler les racines de cet instinct de survie dans bien des formes de troubles anxieux,
tels que l’agoraphobie, la phobie sociale et le trouble obsessionnel-compulsif.
Il y a des millénaires, nous avions besoin de ces peurs pour survivre, mais dans notre société moderne, elles n’ont
plus beaucoup de sens. Aujourd’hui, les tunnels sont renforcés d’acier et risquent peu de s’effondrer. Et puis, il est
peu probable qu’ils abritent un lion.
Vous remarquerez également que bien des gens craignent les serpents, même s’ils ne se sont jamais fait mordre,
et que très peu de gens ont peur des cuisinières, alors qu’ils se sont brûlés plusieurs fois. Ainsi, nous présentons
beaucoup plus facilement des troubles anxieux dans des domaines liés à l’instinct que dans des domaines liés à
l’expérience seule.
Votre tempérament
Si vous avez plus d’un enfant ou si vous avez des animaux de compagnie, ou des frères et des sœurs, ou encore
des oncles, la première chose que vous constatez c’est à quel point ils sont différents, bien qu’ils soient issus des
mêmes parents. Ces différences se remarquent même en bas âge, car nous naissons tous avec notre propre
tempérament, notre propre variation génétique dans la constitution de notre caractère. Ces différences sont
présentes dès le berceau. Certains d’entre nous sont impétueux, d’autres plus passifs. Certains d’entre nous sont
animés d’une grande curiosité, alors que d’autres semblent désintéressés. Nous sommes tous différents. Et
certains d’entre nous sont simplement plus anxieux que d’autres. Nous sommes bâtis ainsi.
J’investis dans mon bien-être
C2
phobies-zéro
La gestion de l’anxiété
Le trait de personnalité commun aux personnes sujettes aux troubles anxieux est la façon dont elles pensent en
termes absolus. Elles ne lâchent pas prise facilement. Comme nous l’avons déjà vu, le danger résiduel subsiste
dans la plupart des situations génératrices d’anxiété. Ce fait est incompatible avec les personnes qui pensent en
termes absolus, et crée des troubles anxieux.
Votre environnement
Nous sommes influencés par tout ce qui se trouve dans notre environnement, y compris les choses que nous
observons, les choses qui nous sont enseignées et les choses que nous expérimentons. Cela a une incidence sur
ce que nous considérons comme dangereux et sur la façon dont nous interprétons les événements.
Notre attitude est grandement influencée par notre famille, notre milieu scolaire, nos amis et notre société. Nous
serions très différents si nous avions été éduqués dans d’autres pays, par des parents différents.
Prenons l’exemple des familles. Le rôle des parents est de nous protéger. Ils le font en nous enseignant ce qui est
bon, ce qui est mauvais, ce qui est sûr et ce qui est dangereux. Il n’est pas difficile d’imaginer les différents
messages qu’ils nous envoient. Par exemple, un parent peut envoyer à l’école son enfant qui a mal à la gorge,
alors qu’un autre peut se précipiter chez le médecin. Qui a raison ? C’est bien discutable. Néanmoins, le deuxième
enfant risque beaucoup plus d’être préoccupé par sa santé, une fois adulte, que le premier.
Il en va de même pour les expériences vécues à l’extérieur de la famille. Ainsi, l’enfant qui se fait tourmenter à
l’école risque davantage de devenir un adulte ayant une phobie sociale.
Les formes qu’elle peut prendre
Quand une peur devient-elle un trouble ?
Bien que l’anxiété soit normale, il en existe divers degrés. À doses normales, elle nous protège. À doses
excessives, elle nous emprisonne.
Les deux critères utilisés pour distinguer l’anxiété normale du trouble anxieux sont la souffrance personnelle et la
difficulté de fonctionner. Si votre anxiété est tellement forte qu’elle vous préoccupe constamment ou qu’elle
affecte votre capacité de fonctionner normalement, au travail, en société ou dans d’autres domaines, votre
anxiété est alors considérée comme un trouble.
Par exemple, vous n’aimez peut-être pas aller chez le dentiste, mais si cela ne vous empêche pas de vous faire
soigner les dents, il ne s’agit que d’une peur. Par contre, si vous perdez le sommeil deux jours avant le
rendez-vous, ou pire encore, si vous négligez complètement vos caries par crainte du dentiste, vous souffrez alors
d’une phobie. De même, vous n’aimez peut-être pas prendre la parole devant la classe, mais si cela vous mène à
abandonner vos études, vous souffrez d’un trouble anxieux.
La peur : les foules, les chiens, la maladie, les avions, les arêtes de poisson…
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C3
phobies-zéro
La gestion de l’anxiété
La liste des peurs semble sans fin. La peur peut avoir pour objet les autobus, le métro, les ascenseurs, les
serpents, les chats, les araignées, les crises cardiaques, l’étouffement, l’AVC, le rougissement, les centres
commerciaux, la transpiration, l’éloignement de la maison, se faire regarder, l’échec, le rejet… enfin vous voyez le
tableau.
Vous pouvez vous sentir assez découragé devant la multitude de vos peurs, mais en réalité, le tableau est assez
simple. En fait, toutes les peurs peuvent être groupées en trois grandes catégories :
1. La peur de la mort ou de la maladie : La première peur est celle de la mort ou de la maladie. Les gens qui
éprouvent cette peur peuvent craindre d’avoir une maladie comme le cancer, de subir une crise cardiaque, un
AVC, de mourir dans un accident d’auto ou d’avion, ou de se faire blesser.
2. La peur de l’aliénation mentale : La deuxième grande peur est celle de l’aliénation mentale, ou de ce qu’on
appelle communément « devenir fou ». Plusieurs personnes souffrant de trouble anxieux ont peur de perdre la
raison, de passer le reste de leur vie « enfermées » ou de faire quelque chose de terrible comme de blesser leurs
enfants ou de lancer leur voiture dans la voie inverse.
3. La peur d’être jugé : La troisième grande peur est celle de se ridiculiser en société. Les gens qui éprouvent
cette peur craignent de rougir, de s’évanouir au travail, de commettre des erreurs, de faire rire d’eux-mêmes, de
dire ce qu’il ne faut pas, ou simplement d’avoir l’air nerveux devant les autres.
Bien des gens éprouvent des peurs qui s’insèrent dans deux, ou même dans les trois catégories.
La peur de la peur : l’ours imaginaire revisité
Si nous revenons à l’image simple de l’anxiété dans l’exemple de l’ours, nous pouvons résumer la situation comme
suit :
Lorsque quelque chose me menace (un danger), mon corps a une réaction de protection (l’anxiété, aussi connue
comme la réaction de stress). Cela me fait faire quelque chose en réaction (m’enfuir, me défendre, ou maîtriser la
menace d’une façon quelconque).
Mais qu’arrive-t-il si j’ai peur de ma propre réaction ? Si j’ai peur d’avoir une crise cardiaque, par exemple ? La crise
cardiaque devient alors l’ours. Si j’entre dans une classe ou un wagon de métro où j’ai déjà eu des problèmes dans
le passé, j’aurai certainement peur que cela ne se reproduise. Étant donné que mon corps réagit à toute menace
par l’anxiété, cela augmente mon rythme cardiaque. J’en prends conscience et je crains qu’une crise cardiaque
soit imminente. Mon corps interprète cela comme une menace, ce qui fait encore augmenter mon rythme
cardiaque.
Dans cet exemple, la réaction d’anxiété devient le danger auquel le corps réagit comme à tout autre danger : par
une augmentation de l’anxiété. Il s’agit de la classique peur de la peur, que l’on constate chez la plupart des gens
qui souffrent de troubles anxieux.
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C4
phobies-zéro
La gestion de l’anxiété
Éviter, vérifier, contrôler… faire tout ce que cela exige
L’anxiété est une simple réaction. Lorsqu’une mauvaise chose menace de se produire, nous devons la contrôler.
Nos efforts pour contrôler la menace définissent le type de trouble anxieux dont nous souffrons.
Si une menace peut être physiquement évitée, la plupart d’entre nous le feront. Il s’agit d’une réaction phobique
type. Par exemple, les gens qui ont peur des ascenseurs emprunteront plutôt l’escalier. Ceux qui on peur des
microbes éviteront de toucher aux poignées de porte. Ceux qui ont peur de faire rire d’eux éviteront les situations
où ils sont le centre d’attention.
Parfois, il est impossible de nous échapper. Ainsi, les gens qui ont peur des microbes ne peuvent pas toujours
éviter de toucher à une poignée de porte. Dans ce cas, ils se laveront les mains pour supprimer la menace. Les
hypocondriaques consulteront leur médecin ou tenteront de se rassurer en parcourant Internet dès qu’ils
éprouvent un symptôme. En réalité, il s’agit d’autres formes d’évitement.
Parfois, les gens tentent d’éviter les menaces en contrôlant la situation. Par exemple, s’ils ont besoin de
provisions et ne peuvent éviter d’aller au centre commercial, ils tenteront de contrôler le danger en mettant en
place divers mécanismes pour se rassurer. Une femme peut donc transporter un petit flacon de gin dans son sac
à main, demander à une amie de l’accompagner, ne se rendre que dans des magasins qu’elle connaît bien, porter
des vêtements légers pour éviter de transpirer, etc.
Parfois, la menace réside dans ses propres pensées. Certaines personnes, par exemple, ont des pensées
horrifiques, une forme de trouble obsessionnel-compulsif selon lequel la personne est accablée d’images ou de
pensées non désirées. Étant donné qu’il est difficile de contrôler les pensées, ces personnes essaient habituellement diverses méthodes pour y parvenir, comme les exercices de « pensée positive ». Elles peuvent aussi passer
d’innombrables heures à se creuser les méninges ou à s’interroger sur leur situation, en quête de réponses
rassurantes.
Quelle que soit la menace, ceux qui souffrent de troubles anxieux feront toujours ce que nous faisons tous, soit
contrôler les menaces de toutes les façons possibles : éviter, prévenir, résister. Ces stratégies fonctionnent
rarement contre la peur, et jamais contre la peur de la peur.
Surmonter les troubles anxieux
Éviter les dangers réels est bien, mais éviter les dangers imaginaires ou exagérés ne l’est pas. Cela ne fait que nous
emprisonner et nous rendre misérables. En matière d’anxiété, il est inutile de tricher en tentant de l’éviter. Tout
ce qu’on finit par faire, c’est se confirmer qu’il existait un danger dès le départ. L’objectif est simple : se prouver
qu’il n’y a rien à craindre !
Affronter ses peurs
La plupart des gens qui souffrent de troubles anxieux savent très bien ce qui est véritablement dangereux et ce
qui est exagéré. Ce n’est peut-être pas facile, mais ils doivent apprendre à affronter les peurs qui ne sont pas
dangereuses. En affrontant leurs peurs, la plupart des gens souffrant de troubles anxieux réussissent à les
surmonter.
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C5
phobies-zéro
La gestion de l’anxiété
Cela peut se faire graduellement. Inutile de se torturer. Rappelez-vous simplement une chose : ne quittez
jamais une situation dans laquelle votre niveau d’anxiété est élevé ou croissant. Cela ne fera qu’accroître
votre peur. Si vous ne pouvez rester, alors reculez un peu et attendez. Lorsque vous vous sentirez mieux,
vous pourrez partir. Encore mieux, retournez à l’endroit où vous étiez lorsque vous avez eu votre attaque de
panique.
Affronter vos peurs, vous exposer aux sensations physiques qui vous effraient ou aux endroits où elles se
produisent habituellement, fonctionne presque toujours. Sinon, c’est probablement en raison de ce que vous
pensez. Certaines personnes peuvent penser qu’elles ont simplement été chanceuses de s’en tirer : « Dieu merci,
quelqu’un m’accompagnait, ou j’avais apporté de l’eau, ou mes pilules, ou une débarbouillette », ou simplement
que c’était un bon jour. L’objectif consiste à apprendre qu’il n’y avait rien à craindre et non que vous avez été
chanceux ! Vous n’avez pas échappé au danger, il n’y en avait tout simplement pas.
Rappelez-vous le chien de Pavlov : Il y a une chose qu’il importe de se rappeler lorsqu’il s’agit d’affronter ses peurs.
Si vous avez subi plusieurs attaques de panique dans certaines situations, votre corps acquiert un réflexe
d’anxiété. Tout comme le chien de Pavlov, après un certain temps, notre corps réagit fortement à des images, des
odeurs, des sons et d’autres sensations associées à nos expériences. Par exemple, même si vous ne craignez plus
d’avoir une attaque de panique dans un restaurant, l’ambiance, ou l’odeur du gril, ou le bruit des verres qui
s’entrechoquent peut déclencher une sensation de panique. Il peut être nécessaire d’y retourner plusieurs fois
avant que le réflexe ne s’atténue. Soyez patient et ne vous découragez pas.
Concentrez votre attention à l’extérieur de votre corps
Laissez votre corps et votre esprit agir d’eux-mêmes. Les gens qui souffrent de trouble anxieux craignent tellement les réactions de leur corps ou de leur esprit qu’ils se concentrent constamment sur elles. Cela ne donne rien,
à part empirer les choses. Comme nous l’avons vu plus tôt, si nous craignons nos réactions, l’anxiété apparaîtra
et ne fera qu’empirer notre état.
Songez à ce qui se produit lorsque vous montez un escalier en courant. Pendant quelques minutes, vous
ressentez de forts symptômes semblables à ceux d’une crise de panique : le rythme cardiaque accélère, vous
transpirez et vous pouvez même vous sentir chancelant. Et pourtant, quelques minutes plus tard, tout revient à
la normale. Qu’avez-vous fait pendant ces quelques minutes ? Rien. Votre corps a pris soin de lui-même. Il en va
de même pour l’anxiété. Ce qui fait durer l’anxiété, ce sont vos efforts pour la contrôler. En tentant de résister à
l’anxiété, vous l’alimentez par inadvertance.
Les pensées obsédantes agissent de la même façon que les sensations physiques. Nous avons tous des pensées
ou des images folles qui nous traversent l’esprit de temps à autre. Elles ne reflètent pas des « désirs secrets » ou
des « pulsions inconscientes ». Elles ne sont habituellement qu’un reflet de la peur. Ceux qui ne s’en font pas avec
ces idées les oublient rapidement. Par contre, ceux qui ont des tendances obsessionnelles tentent constamment
de contrôler ces pensées. Cela alimente l’anxiété et renforce les pensées effrayantes.
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C6
phobies-zéro
La gestion de l’anxiété
L’anxiété n’est PAS un signe d’aliénation ou de maladie. Laissez votre corps et votre esprit libres. Ils peuvent
réagir à certaines situations ou pensées, mais ils reviendront bien vite à la normale. Ne faites rien, et votre corps
prendra soin de lui-même ! Et votre esprit aussi.
Apprenez ce que vous pouvez et ce que vous ne pouvez pas contrôler
L’objectif final de la gestion de l’anxiété est de changer la croyance selon laquelle vous n’avez aucun contrôle. En
fait, vous avez tout le contrôle dont vous avez besoin, mais simplement pas autant que vous le voudriez.
Ultimement, vous devez apprendre que l’anxiété ne peut pas être entièrement contrôlée et qu’il est normal de se
sentir anxieux. Oui, des catastrophes se produisent. L’anxiété nous aide à contrôler les risques et à en réduire
l’occurrence. Malheureusement, il n’existe aucune garantie. Les gens qui n’arrivent pas à lâcher prise, ceux qui
recherchent le contrôle absolu, ont de la difficulté avec cette réalité. Leurs efforts pour assurer leur sécurité ont
l’effet inverse. Étant donné que rien ne peut être contrôlé avec une certitude absolue, les efforts n’atteindront pas
leur but et donneront l’impression que le danger se rapproche. Et cela accroît l’anxiété.
Rappelez-vous : s’il n’y a pas de danger, il importe peu que vous n’ayez pas le contrôle.
Une vérité simple
Il existe, à propos des troubles anxieux, une vérité simple qui a des implications profondes : les gens n’ont des
attaques de panique que lorsqu’ils ne le veulent pas, et ils n’en ont jamais dans des situations où cela importe peu.
C’est parce que la plus grande part de l’anxiété est créée par nos efforts pour la contrôler. En acceptant de se
sentir anxieux de temps à autre, la peur de la peur, qui constitue 95 % de la panique, ne survient jamais.
Un choix simple
Si on vous offrait le choix entre le cancer et la peur du cancer, que choisiriez-vous ? La plupart des gens
choisiraient la peur du cancer. De l’extérieur, il est facile de voir que l’un est une maladie véritable, et l’autre « rien
qu’une peur ». Mais qu’arriverait-il si vous éprouviez cette peur ? Comment vous sentiriez-vous ? Vous
sentiriez-vous aussi mal ou même pire que la personne qui souffre du cancer ?
Pour surmonter un trouble anxieux, rappelez-vous que l’anxiété est la peur d’une chose néfaste, et non la chose
néfaste elle-même. Il y a une différence entre le cancer et la peur du cancer. L’un peut vous tuer, l’autre ne fait que
vous rendre misérable. Ne la combattez pas et elle en fera autant.
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C7
phobies-zéro
Le trouble panique et le trouble
obsessionnel-compulsif
Micheline Lapalme, Ph.D.
Conseillère no. 1, Phobies-Zéro
Coordonnatrice scientifique, services sociaux
Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS)
Coordonnatrice projet pairs-aidants Zéro-ATAQ
Le trouble panique et le trouble obsessionnel-compulsif sont tous les deux des
troubles de la catégorie des troubles anxieux. La prévalence à vie pour
l’ensemble des troubles anxieux varie de 10% à 25% selon les études. Même si
ces troubles sont moins connus du grand public, ils affectent plus d’individus
que le sida, les accidents cérébraux-vasculaires ou l’épilepsie !
Que sait-on sur le trouble panique ?
Le trouble panique est un trouble anxieux relativement prévalent (environ 4.5%). Il affecte de 2 à 3 fois plus de
femmes que d’hommes et survient généralement vers la fin de l’adolescence et à la mi-trentaine. Le troublepanique se caractérise par la survenue soudaine et inattendue d’attaques de panique au cours desquelles
l’individu ressent une grande frayeur accompagnée de symptômes physiques intenses (palpitations cardiaques,
sudation, souffle coupé, tremblements, etc.). Les symptômes physiques vécus lors de l’attaque de panique
atteignent une amplitude maximale dans les 10 premières minutes et sont souvent décrits comme étant
similaires aux symptômes d’une crise cardiaque et sont responsables chaque année d’un nombre important de
visites à l’urgence.
Le tiers à la moitié des personnes aux prises avec un trouble panique développent aussi des comportements
d’évitement qui limitent de plus en plus leur capacité de fonctionner normalement. Selon le degré de l’évitement
phobique, le trouble panique sera classifié de trouble panique avec ou sans agoraphobie. On retrouve également
des personnes qui souffrent d’agoraphobie, mais qui n’ont jamais eu d’attaques de panique proprement dites. On
parlera dans ce cas d’agoraphobie sans antécédents de trouble panique. Il est à noter toutefois que plus de 95%
de tous les individus souffrant d’agoraphobie présentent un trouble panique ou en ont déjà souffert.
Comme un problème arrive rarement seul, la cooccurrence (aussi appelée comorbidité) du trouble panique avec
d’autres troubles anxieux est courante. En effet, de 15% à 30% des individus ayant un trouble panique présentent
aussi un trouble d’anxiété sociale, 25% un trouble d’anxiété généralisée, de 10% à 20% des phobies spécifiques,
et de 8% à 10% un trouble obsessionnel-compulsif. Les troubles de l’humeur demeurent néanmoins les troubles
comorbides les plus fréquents avec des taux variant entre 50% et 65%. Dans un tiers des cas, la dépression
précéderait le début du trouble panique alors que pour le reste des cas elle surviendrait simultanément, ou plus
fréquemment, après le début du trouble panique. La souffrance des personnes aux prises avec un trouble panique
est telle que celles-ci ont un risque de suicide et de tentatives de suicide 10 fois plus élevé que la population en
général. Ces personnes sont également à haut risque pour les troubles liés aux substances psycho-actives (p.ex.,
alcool, médicaments) dont elles font usage pour tenter de « contrôler » leur anxiété.
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C8
phobies-zéro
Le trouble panique et le trouble
obsessionnel-compulsif
Quelles sont les causes du trouble panique ?
Il n’y a pas de cause unique pouvant expliquer le développement du trouble panique ou de tout autre trouble
anxieux. Ces troubles sont le résultat d’un ensemble de facteurs et la combinaison de ces facteurs varie d’une
personne à l’autre. Ces facteurs sont d’ordre biologique, génétique et environnemental.
Les mécanismes biologiques susceptibles d’expliquer le trouble panique mettent en cause une interaction complexe entre divers systèmes de neurotransmetteurs tels que la sérotonine, la norépinéphrine et la dopamine,
lesquels sont connus pour leur rôle dans la réponse du corps humain au stress. L’activation du système nerveux
sympathique serait pour sa part à la base des symptômes tels que l’élévation du rythme cardiaque et de la pression sanguine, les tremblements, les palpitations, la transpiration, la respiration coupée, le vertige et les
engourdissements.
Du côté des facteurs génétiques, les études de familles indiquent que le risque de présenter le trouble panique est
de 3 à 7 fois plus élevé parmi la parenté au premier degré d’une personne atteinte de ce trouble, et de 2 à 4 fois
plus élevé parmi la parenté au second degré. Les études de jumeaux confirment également le caractère héréditaire du trouble panique et indiquent que l’héritabilité de ce trouble se situe autour de 40%. Bien que la nature
familiale du trouble panique soit bien documentée, il n’existe pas à ce jour d’études concluantes quant au mode
de transmission génétique impliqué et quant aux gènes qui confèrent une susceptibilité au trouble panique.
Certaines études suggèrent par ailleurs que le facteur héréditaire contribue de façon similaire au développement
du trouble panique chez les hommes et les femmes, mais que ce trouble serait plus prévalent chez les femmes en
raison de facteurs socioculturels qui encourageraient davantage l’utilisation de stratégies d’adaptation
d’évitement chez les femmes que chez les hommes. D’autres facteurs environnementaux ont également été mis
en cause dans le développement du trouble panique (stresseurs familiaux, style de vie, consommation de caféine,
etc.).
Qu’en est-il du trouble obsessionnel-compulsif ?
Le trouble obsessionnel-compulsif, tout comme le trouble panique, appartient à la catégorie des troubles
anxieux. Celui-ci est moins prévalent que le trouble panique (1.5% à 3%), affecte autant d’hommes que de
femmes, et débute généralement à l’adolescence bien qu’une survenue à l’enfance ne soit pas rare. Le trouble
obsessionnel-compulsif se caractérise par la présence d’obsessions et de compulsions. Les obsessions sont des
pensées, idées ou représentations mentales qui sont récurrentes, persistantes et indésirables et qui entraînent de
la détresse, de l’anxiété ou du dégoût. Il ne s’agit pas ici de préoccupations excessives concernant les problèmes
de la vie courante, mais bien de pensées qui font intrusion dans la conscience de l’individu contre sa volonté. Les
obsessions les plus fréquentes sont les obsessions :
•
•
•
•
De contamination : préoccupation excessive ou dégoût liés aux microbes, aux déchets, à la saleté, aux
sécrétions corporelles, aux produits chimiques;
À caractère agressif : peur de se blesser ou de blesser quelqu’un par négligence, peur de perdre le contrôle
de ses pulsions violentes;
À caractère sexuel : pensées perverses, représentations mentales et scénarios envahissants dont le
contenu est lié à l’inceste, la pédophilie, l’homosexualité ou autres pratiques sexuelles;
À caractère religieux : préoccupation excessive pour la morale, le blasphème, les sacrilèges, etc.
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C9
phobies-zéro
Le trouble panique et le trouble
obsessionnel-compulsif
La personne tente généralement d’ignorer ses obsessions ou de les neutraliser par d’autres pensées ou actions ce
pour quoi celles-ci sont souvent accompagnées de compulsions. Les compulsions sont des comportements répétitifs ou ritualisés, ou des actes mentaux (comme compter) que la personne se sent obligée de faire en réponse à
l’obsession ou selon certaines règles très strictes. Les comportements ou les actes mentaux sont destinés à
neutraliser ou à diminuer le sentiment de détresse engendré par l’obsession ou à empêcher un événement ou une
situation redoutée de se produire. Les compulsions n’ont pas de lien réaliste avec les obsessions qu’elles visent à
neutraliser ou à prévenir, ou elles sont manifestement excessives. Les compulsions les plus fréquentes sont les
compulsions de :
•
•
•
•
•
•
Nettoyage : se laver les mains, le corps ou son environnement;
Répétition : répéter un nom, une phrase, un geste ou un comportement;
Vérification : vérifier le four, les portes, qu’on n’a pas blessé ou écrasé quelqu’un;
Exactitude, ordre et symétrie : compléter dans un ordre précis, ou exécuter à la perfection une tâche
impliquant une série de gestes (faire la vaisselle, se vêtir, se rendre au travail), classer, ranger ou placer
des choses à la perfection par ordre de grandeur, en fonction des couleurs ou des formes;
Accumulation (« hoarding ») : collectionner des articles inutiles et sans valeur (p. ex., journaux, bouteilles
vides, etc.);
Comptage : tout ce qui implique le fait de compter (des chiffres, des lettres, des objets).
Dans les cas plus sévères, la répétition constante des rituels occupe la majeure partie de la journée, rendant par
le fait même l’exécution de simples tâches quotidiennes presque impossible. Dans plusieurs cas, le trouble
obsessionnel-compulsif envahit la vie des personnes qui en souffrent au point où celles-ci sont incapables de
travailler et d’avoir une vie familiale et sociale satisfaisante. Selon certaines études, les personnes souffrant d’un
trouble obsessionnel-compulsif auraient une qualité de vie plus pauvre que les personnes souffrant de dépendance à l’héroïne. En plus d’être aux prises avec ces rituels envahissants, les personnes atteintes du trouble
obsessionnel-compulsif souffrent énormément du fait qu’elles savent que leurs obsessions et compulsions sont
insensées. Elles en éprouvent de la honte et tentent de dissimuler leur condition à leur entourage de sorte qu’il
peut souvent s’écouler plusieurs années avant que l’entourage ne s’en aperçoive et encourage la personne à
consulter.
Comme pour le trouble panique, la cooccurrence du trouble obsessionnel-compulsif avec un autre trouble
psychiatrique est élevée. Les taux de cooccurrence entre le trouble obsessionnel-compulsif et la dépression sont
de 24% à 55%, de 23% à 40% pour la phobie sociale, autour de 20% pour les phobies spécifiques et l’anxiété
généralisée, et entre 10% et 15% pour la dysthymie, le trouble panique, les troubles de l’alimentation, et l’abus
d’alcool. La comorbidité entre le trouble obsessionnel-compulsif et le syndrome de Gilles de la Tourette (5% à
10%) et autres troubles caractérisés par des tics (20%) est fréquente. D’autres études ont indiqué que
l’hypocondrie, la trichotillomanie, la cleptomanie, le jeu et le magasinage compulsif, et certains comportements
d’automutilation seraient présents chez plus de 50% des personnes atteintes du trouble obsessionnel-compulsif.
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C10
phobies-zéro
Le trouble panique et le trouble
obsessionnel-compulsif
Quelles sont les causes du trouble obsessionnel-compulsif ?
Les mécanismes biologiques susceptibles d’être impliqués dans le trouble obsessionnel-compulsif mettent aussi
en cause les systèmes de neurotransmission de la sérotonine et de la norépinéphrine. Certaines études par
exemple, suggèrent qu’un dérèglement dans la transmission sérotoninergique au niveau du système nerveux
central joue un rôle majeur dans le développement du trouble obsessionnel-compulsif. D’autres études
suggèrent plutôt qu’une hyperactivité du cortex frontal et des fonctions noradrénergiques serait à l’origine des
symptômes caractéristiques du trouble obsessionnel-compulsif.
Comme pour le trouble panique, le caractère héréditaire du trouble obsessionnel-compulsif a été clairement
établi. La spécificité familiale du trouble obsessionnel-compulsif serait d’ailleurs plus forte que pour les autres
troubles anxieux. Les études de familles démontrent que le trouble obsessionnel-compulsif est de 5 à 10 fois plus
élevé dans la parenté au premier degré des personnes atteintes de ce trouble que parmi la parenté au premier
degré des personnes qui en sont exemptes. Certaines études de familles suggèrent également la présence de
facteurs génétiques communs entre le trouble obsessionnel-compulsif et le syndrome de Gilles de la Tourette. La
relation entre ces deux troubles demeure cependant obscure. Peu d’études de jumeaux rigoureuses ont été
effectuées sur le trouble obsessionnel-compulsif. Celles-ci supportent néanmoins l’implication des facteurs
génétiques dans le développement du trouble obsessionnel-compulsif. Encore une fois, et bien que la contribution
des facteurs génétiques ne puisse être mise en doute, ni le mode de transmission, ni les gènes de susceptibilité
au trouble obsessionnel-compulsif n’ont pu être identifiés.
En somme
En résumé, il reste beaucoup à faire pour comprendre les causes qui conduisent au développement du trouble
panique et du trouble obsessionnel-compulsif. Heureusement, il n’est pas nécessaire de tout comprendre pour
s’en débarrasser ! En effet, il faut savoir que peu importe les causes qui vous ont amené à développer un trouble
anxieux, ce sont les moyens et les comportements que vous avez adoptés pour y faire face qui sont inefficaces et
qui le maintienne. C’est donc sur les pensées irrationnelles, les comportements d’évitement et les compulsions
qu’il faut travailler si on veut s’en sortir ! De nombreuses études ont démontré l’efficacité de la thérapie
cognitive-béhaviorale, seule ou en combinaison avec de la médication, dans le traitement des troubles anxieux.
Cette thérapie consiste notamment à affronter ses peurs de façon graduelle au lieu de les éviter. Alors, allez-y,
exposez-vous !
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C11
phobies-zéro
La névrose ou l’illusion d’amour
Henri Lavigueur, Ph.D.
Je travaille depuis plusieurs années comme psychothérapeute avec un grand nombre de
clients anxieux et phobiques. J'observe chez eux un pourcentage important de
personnes ayant des traits de personnalité névrotiques. La névrose, un terme
psychologique un peu vieillot, mais fort utile, fait référence aux gens qui simultanément
nient leurs propres émotions et besoins en se dévouant aux autres. Cette tendance est
souvent apprise dans l'enfance. Voir sa famille comme indifférente ou peu aimante à son
égard sera insupportable pour certains enfants. Ainsi la renonciation de son propre
plaisir dans la servitude envers d'autres membres de la famille, souvent parents ou
fratries narcissiques et égoïstes, donne à l'enfant l'illusion d'une famille aimante. Son
abnégation et effacement créent un semblant d'harmonie dans la famille. Son comportement sage et très conciliant peut pallier aux tensions interpersonnelles. Des fois, il joue le rôle de psychothérapeute envers un ou quelques membres de sa famille, atténuant ainsi leurs frustrations. Dans d'autres cas,
son comportement attachant, aimable et / ou humoristique sert à éloigner les tensions familiales.
L'inceste psychologique parental est souvent en cause. Un parent peut confier ses problèmes à son très jeune
enfant. Les rôles parents-enfants sont alors inversés ; ce faisant, l'enfant devient le parent de sa mère ou de son
père. Le jeune enfant est conscientisé des problèmes et des dangers de la vie. Son innocence est perdue. La spontanéité et joie naïve de l'enfance sont noyées.
Pour mieux comprendre la névrose, laissez-moi vous familiariser avec les traits névrotiques qu'on trouve fort
souvent chez les gens anxieux :
· Le désir de faire plaisir, souvent au détriment de ses propres avantages;
· La difficulté de s'affirmer;
· L'humilité exagérée, le sentiment d'être imposteur;
· La naïveté, le romantisme, l'idéalisme;
· Une meilleure capacité à défendre les droits des autres, plutôt que ses propres droits;
· Le refoulement de colère, une peur exagérée de blesser les autres;
· La culpabilité;
· La difficulté de vivre le plaisir ou de se donner le droit au bonheur;
· Un malaise dans l'absence de performance (« workaholic »);
· La difficulté de recevoir;
· L'effet éponge: de faire siens les problèmes des autres.
En bref, la personne névrotique est conciliante, gentille, aimable, facile à vivre, dévouée aux autres. Malheureusement, ce comportement est en opposition à la loi de la jungle. Cet individu devient alors sujet à être exploité
et ainsi ignoré par autrui. Souvent, il s'efface à un tel point qu'il se sent invisible, perdu dans la foule. Une
conséquence fréquente est son retrait de la société (l'agoraphobie). Ses émotions refoulées peuvent être transférées dans les malaises physiques et même les crises de panique. Parfois l'individu associe ses symptômes
psychosomatiques à des situations (ponts, ascenseurs, files d'attente, métro), ainsi donnant naissance à des
comportements phobiques.
Le but d'une psychothérapie est de reconnecter l'individu avec sa propre identité et ses émotions refoulées ou
même dissociées. L'affirmation personnelle est le meilleur antidote à l'angoisse.
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C12
phobies-zéro
Les médicaments et l’anxiété
Dr. Denis Audet
Médecin omnipraticien
Professeur de clinique dans le département de médecine familiale
et médecine d’urgence, Université Laval
Membre fondateur d’ATHAQ
« Je souffre d'un trouble anxieux, est-ce que je devrais prendre une médication… ça me
fait un peu peur ? » La question est très souvent posée et dénote une préoccupation
tout à fait légitime, d'autant plus que la peur est en soi une manifestation
fondamentale de l'anxiété. Aucune réponse n'est valable pour toutes les personnes.
Examinons donc ici l'ensemble des considérations qui permettront à chaque individu
de prendre une décision éclairée.
Le cerveau : une bouillie chimique et électrique
De la même façon que le reste du corps humain, le cerveau dépend d'une myriade d'influx chimiques et
électriques pour fonctionner. Ce que nous ressentons comme des pensées, des désirs et des émotions résulte
d'une activité intense : des neurones transforment le courant électrique en substances qui contrôlent d'autres
neurones selon des circuits très complexes. Ces produits qui modulent l'activité cérébrale sont appelés
neurotransmetteurs. Il en existe plusieurs types, mais les plus connus sont la sérotonine, la noradrénaline et la
dopamine. On peut les comparer à des clés qui s'insèrent dans différentes serrures qu'on appelle récepteurs. Une
clé peut ouvrir, fermer ou bloquer un circuit selon la région du cerveau où se trouve un récepteur. La quantité et
la sensibilité de ces récepteurs s'adaptent à la stimulation qu'ils reçoivent et chaque circuit en influence un autre.
Au départ, les neurotransmetteurs et hormones qui modulent l'activité cérébrale sont produits par le corps
humain lui-même. D'autres substances chimiques psychoactives proviennent également de sources végétales
et animales qui font partie de l'alimentation et de l'environnement de l'humain qui s'y est adapté au fil des
millénaires. La substance psychoactive naturelle la mieux connue est sans aucun doute l'alcool. Les récits
bibliques décrivent bien les effets troublants du jus obtenu par la fermentation des raisins. Dès l'antiquité, le vin
a été reconnu pour augmenter l'interaction sociale et a ainsi été associé à toutes les festivités. On décrivait par
contre des effets déplorables sur le comportement de qui en abusait. De la même façon, l'humain a assimilé
l'utilisation de l'opium et du coca à des fins thérapeutiques avant de découvrir les conséquences désastreuses.
Vouloir soulager l'anxiété
Qu'elle soit normale ou maladive, comme c'est le cas dans les troubles anxieux, l'anxiété est toujours ressentie
comme quelque chose de désagréable dont on aimerait bien se débarrasser. Fuite, combat, évitement, résolution de problème sont autant de façons de le faire. Il suffirait donc la plupart du temps d'éliminer ce que l'on croit
être la cause de l'anxiété. Ceci n'est cependant pas toujours possible, sans compter qu'il arrive parfois qu'une
personne soit tout simplement incapable d'identifier la source de son anxiété. Il devient alors compréhensible de
rechercher des moyens pour éliminer non pas la cause, mais la sensation même de l'anxiété.
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C13
phobies-zéro
Les médicaments et l’anxiété
Différentes régions du cerveau sont impliquées dans la régulation de l'anxiété et reliées entre elles par des circuits
neuronaux. Si on simplifie énormément, on peut parler du système limbique et du cortex préfrontal. Le système
limbique est le plus ancien dans l'évolution du cerveau animal, c'est celui qui permet de ressentir et réagir immédiatement aux besoins primaires de protection, d'alimentation ou de reproduction. Il est directement relié à un
système d'alarme qu'il déclenche en quelques microsecondes dès la perception d'un danger. Il prend alors les
commandes, ici pas question de réflexion ni d'analyse d'une situation. Le cortex préfrontal est apparu beaucoup
plus tardivement au cours de l'évolution chez l'humain, c'est le siège du jugement. C'est lui qui compare différents
points de vue face à une situation, qui recherche des éléments comparables dans la mémoire et qui va favoriser
un comportement adapté. Ce processus est bien sûr beaucoup plus lent.
Les deux systèmes sont reliés et interagissent selon certaines règles. Le système limbique est en mode automatique, toujours actif, même durant le sommeil où il est important par exemple de réagir à une odeur ou un son
inhabituels. Face à un danger potentiel dans l'environnement, il est toujours activé en premier et prend le contrôle
des réactions physiques comme l'accélération des battements cardiaques. Une importante activation du
système limbique va jusqu'à déconnecter temporairement le cortex préfrontal. Ainsi, nous avons tous déjà réagi
inadéquatement dans une situation où nous avons été pris par surprise pour nous rendre compte ensuite que
nous savions très bien ce qu'il aurait fallu faire. En autres temps, les deux systèmes font bon ménage, de sorte que
l'on fonctionne de façon plus rationnelle ou plus émotionnelle selon le contexte. Chez les personnes souffrant de
troubles anxieux, on se rend compte que le système limbique tend à garder le dessus, vraisemblablement en
raison de facteurs génétiques, expérientiels ou environnementaux.
Ultimement, les traitements psychologiques et pharmacologiques de l'anxiété vont chercher à désensibiliser ou
atténuer l'activité du système limbique, ou encore renforcer les connexions du cortex préfrontal.
Les produits qui agissent sur l'anxiété
On avait mentionné plus tôt que l'alcool est une des plus anciennes substances connues pour avoir un effet sur le
cerveau. En fait l'alcool est toxique, suffisamment pour tuer quelqu'un en surdose ou le faire mourir de cirrhose
après plusieurs années de consommation élevée et régulière. L'alcool altère toutes les fonctions du cerveau, à
commencer par le jugement puis l'humeur, la coordination motrice et finalement la respiration. On le définit donc
comme un dépresseur du système nerveux central. Pourtant l'effet de l'alcool, consommé en quantité modérée,
est généralement perçu par la plupart d'entre nous comme agréable. Il enlève la peur, l'inhibition, l'inquiétude et
facilite l'induction du sommeil. Par contre il peut aussi rendre triste, agressif, défaire le caractère réparateur du
sommeil et créer une dépendance. En fait la plupart des substances qui agissent sur notre fonctionnement
peuvent avoir des effets salutaires à petite dose et être toxiques à haute dose, ceci s'applique même à celles qui
sont sécrétées par notre propre corps comme la cortisone, la thyroxine ou l'insuline.
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C14
phobies-zéro
Les médicaments et l’anxiété
Ce dont il est primordial de tenir compte c'est la différence entre la quantité utile et la dose toxique d'une même
substance. Dans le cas précis de l'alcool, la consommation dite normale est très proche de la zone toxique. Y
recourir pour soulager l'anxiété équivaut à exposer tout son organisme à des risques inacceptables à moyen et
long terme. On a cru, au début du siècle, trouver une alternative valable avec les barbituriques, plus acceptables
socialement, mais on s'est vite rendu compte qu'ils n'étaient aucunement moins toxiques, à preuve leur utilisation
fréquente pour la complétion de gestes suicidaires. La recherche continuait en vue de trouver des médicaments
qui diminueraient l'anxiété sans affecter d'autres fonctions mentales ou corporelles. C'est ainsi que les benzodiazépines ont été commercialisées il y a une cinquantaine d'années. On a connu la première sous le nom de
Librium, suivie du Valium. Plusieurs autres ont suivi, pour ne nommer qu'Ativan, Xanax, Lectopman ou Rivotril.
Elles n'avaient pas seulement un effet immédiat contre l'anxiété, mais aussi comme relaxants musculaires.
Certaines ont été commercialisées en tant que somnifères et antiépileptiques. D'un autre côté, on a fini par
découvrir qu'elles altéraient la mémoire et qu'elles pouvaient engendrer une dépendance. Fait intéressant, il
existe des molécules qui ont un effet inverse sur les récepteurs de benzodiazépines. Leur effet s'apparente alors
à celui d'un psychostimulant : elles augmentent l'anxiété et le risque de convulsions.
Il faudra plusieurs années pour qu'on découvre l'efficacité de certains antidépresseurs contre le trouble panique,
l'anxiété généralisée puis le trouble obsessionnel-compulsif. On a mentionné plus tôt les neurotransmetteurs que
sont la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine. C'est précisément sur l'activité de ceux-ci que les antidépresseurs agissent. Ceux qui augmentent en particulier l'activité de la sérotonine sont pour la plupart efficaces contre
l'anxiété mais cet effet, tout comme leur effet antidépresseur, n'est pas du tout immédiat. Il faut que la sérotonine ait le temps de stimuler la production de protéines qui favorisent le développement et la connexion des
neurones, ce qui prend quelques semaines. Cet effet de certains antidépresseurs contre l'anxiété a mené à une
meilleure compréhension des liens entre celle-ci et la dépression. D'ailleurs, ces deux conditions se manifestent
fréquemment chez les mêmes personnes.
Les médicaments prescrits
Les médicaments sont une option parmi d'autres qui doivent être considérées pour traiter l'anxiété. Les médecins vont aussi vérifier si l'anxiété n'est pas causée par autre une maladie ou un dérèglement, ou encore par une
substance, par exemple la caféine et les décongestionnants en vente libre, ou les drogues. Il est évident dans tous
les cas que l'approche logique est de supprimer la cause de l'anxiété. Si une médication s'avère nécessaire, les
médecins disposent de différentes classes de médicaments.
On a mentionné plus haut les benzodiazépines, elles étaient majoritairement prescrites dans les années 70 et 80.
Bien que beaucoup moins à la mode, elles sont encore couramment utilisées. Leur effet puissant et immédiat
contre l'anxiété ne s'est jamais démenti, par contre on avait sous-estimé initialement leurs effets sur la coordination motrice et la mémoire ainsi que leur risque d'accoutumance.
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C15
phobies-zéro
Les médicaments et l’anxiété
Celles qui ont une longue action augmentent la confusion et les chutes chez les personnes âgées. Ceci dit, elles
présentent très peu de risques pour la majorité des personnes à qui elles sont toujours prescrites.
Durant la même période, on découvrait les effets antipanique de certains antidépresseurs, en particulier ceux qui
agissaient sur la sérotonine. Les plus anciens étaient relativement peu prescrits en raison de la lenteur de leur
effet, de leur toxicité et du peu de connaissances qu'on avait à l'époque sur l'ensemble des troubles anxieux.
Depuis le début des années 90, l'arrivée des ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) a tout
changé. Ainsi on a vu apparaître dans l'ordre la fluoxétine (Prozac), la fluvoxamine (Luvox), la sertraline (Zoloft),
la paroxétine (Paxil), le citalopram (Celexa) et l'escitalopram (Cipralex). Non seulement ces antidépresseurs sont
beaucoup plus sécuritaires, mais l'efficacité de plusieurs d'entre eux a été démontrée dans l'ensemble des troubles
anxieux.
Il y a une autre catégorie de médicaments qu'on utilise de façon moins répandue pour le traitement de l'anxiété
et cela peut surprendre puisqu'ils ont initialement été développés comme antipsychotiques. Des combinaisons
d'anciens antidépresseurs avec des petites doses des anciens antipsychotiques, comme l'Étrafon, ont été très en
vogue il y a une trentaine d'années, mais l'arrivée des antipsychotiques de seconde génération, aussi appelés
atypiques, ont complètement changé le paysage en raison de leur faible risque d'entrainer des effets
neurologiques graves. Au Canada, on les a connus sous les noms de Risperdal, Zyprexa, Seroquel, et plus récemment Zeldox. À partir du principe qu'à petite dose, plusieurs antipsychotiques augmentent l'effet des antidépresseurs qui agissent sur la sérotonine, on les a tous testés dans différents contextes qui n'ont rien à voir avec les
psychoses. On sait ainsi maintenant qu'ils ont tous une efficacité dans la maladie bipolaire et que le cas de la
quétiapine (Seroquel) est très particulier : il suffit à traiter non seulement la dépression bipolaire, mais également,
à plus petite dose la dépression unipolaire et l'anxiété. Les principaux obstacles à son utilisation plus courante
sont un effet passablement sédatif chez certaines personnes et la peur suscitée par sa classification initiale sous
le vocable d'antipsychotique.
Les effets indésirables
Les substances qui agissent sur l'organisme, même celles produites par celui-ci, le font habituellement de plus
d'une façon et sur différents organes. Un mécanisme d'action favorable sur un système peut en affecter négativement un autre.
Les médicaments n'échappent pas à cette règle. Un des défis de la recherche dans ce domaine est justement de
développer des médicaments qui sont à la fois efficaces, sécuritaires et bien tolérés. On sait par exemple que les
effets indésirables, surtout ceux reliés à l'augmentation de la sérotonine constituent le principal motif d'abandon
des antidépresseurs en début de traitement, avant que l'effet bénéfique ne se manifeste. Par la suite il est
possible de voir apparaître des effets sexuels ou une prise de poids. De leur côté, certains antipsychotiques
peuvent modifier les taux de glucose et de lipides sanguins. Les benzodiazépines, pour leur part, vont surtout
affecter la mémoire et la coordination motrice, d'une façon subtile dont la plupart des gens ne se rendent pas
compte, mais réellement dangereuse chez les personnes âgées.
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C16
phobies-zéro
Les médicaments et l’anxiété
Pourquoi telle sorte de pilule plutôt que telle autre ?
Si la décision de prendre ou non une médication est tout à fait personnelle, le choix du médicament approprié
requiert des connaissances professionnelles. Le médecin devra tenir compte de plusieurs facteurs : le diagnostic
principal, les comorbidités (les autres maladies à côté du diagnostic principal), vos antécédents personnels et
familiaux, les autres médicaments que vous avez pris dans le passé pour le même problème, ceux que vous
prenez actuellement pour d'autres problèmes, vos attentes et vos craintes particulières. Il doit se tenir au
courant, en raison d'une incessante recherche scientifique, des connaissances qui évoluent très rapidement et qui
font qu'on connaît de mieux en mieux les forces et les faiblesses de chaque type de traitement.
Pour combien de temps les médicaments ?
Les recommandations sont plus précises dans le traitement de la dépression que dans celui des troubles anxieux.
On considère de plus en plus la dépression comme une maladie chronique, très récidivante. Les recommandations minimales sont de traiter un an un premier épisode dépressif, 5 ans s'il y en a un deuxième, à long terme si
un troisième survient. Les personnes qui ne présentent qu'un seul épisode dépressif au cours de leur vie sont
malheureusement une minorité, il peut donc être avantageux de maintenir le traitement initial plus longtemps
dans la mesure où il est bien toléré. On sait par ailleurs qu'il n'est pas bon d'arrêter et recommencer plusieurs fois
la prise d'antidépresseurs, ceci peut induire la perte de leur efficacité.
Dans le cas des troubles anxieux, il semble aussi y avoir une certaine chronicité. Ces derniers n'ont pas le même
genre de conséquence que la dépression, mais ils peuvent y conduire. Un des problèmes est qu'on remarque un
taux élevé de rechutes après l'arrêt de la médication, ce qui n'est pas le cas après un traitement psychologique.
Ceci signifie que, idéalement, on devrait d'abord favoriser le traitement psychologique des troubles anxieux,
lorsque cela ne semble pas fonctionner il faudrait introduire la médication, vraisemblablement à long terme. On
pourra essayer de la diminuer très lentement, possiblement en réintroduisant le traitement psychologique. La
présence d'un trouble anxieux et de la dépression chez la même personne rend le traitement plus difficile et on
recommande généralement d'appliquer les deux formes de traitement. Il est normal qu'éventuellement une
personne remette en question la pertinence de continuer de prendre une médication.
Il ne faut surtout jamais la cesser brusquement, car ceci risque de provoquer à court terme au mieux des symptômes de sevrage très désagréables et au pire moyen une rechute à moyen terme. Il faut consulter son médecin
ou son pharmacien pour connaître la façon d'éventuellement réduire ou arrêter le traitement en minimisant les
risques potentiels.
Les médicaments sont-ils compatibles avec le traitement psychologique ?
On pourrait croire de prime abord que les traitements psychologiques et médicamenteux de l'anxiété sont très
opposés alors qu'en réalité ils produisent des changements assez comparables dans le fonctionnement du
cerveau. Il faut cependant tenir compte qu'à l'arrêt d'une médication, le système tend à revenir graduellement à
son niveau initial d'équilibre ou de déséquilibre. Ce phénomène est beaucoup moins marqué après un traitement
psychologique réussi. Le principal problème qu'on relie à l'utilisation simultanée des deux types de traitement en
est un d'attribution.
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C17
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Les médicaments et l’anxiété
Ceci signifie qu'une personne qui observe des progrès peut difficilement distinguer si ceux-ci sont dus aux pilules
ou à la thérapie, ou aux deux et dans quelle proportion. Pour minimiser ce phénomène et s'il n'y a pas de dépression, on peut recommander de débuter avec le traitement psychologique et d'introduire la médication si la
réponse est absente ou laisse à désirer après quelques semaines. On peut donc certainement mélanger les ingrédients de base mais il n'existe pas de recette absolue qu'on pourrait appliquer sans discrimination à tout le
monde.
Attitude personnelle envers les médicaments
Nous avons tous une attitude personnelle face à un médicament prescrit. Certains y voient une solution à tous
leurs maux, une protection contre divers incidents de santé, d'autres y recourent in extremis quand ce n'est pas
trop tard. Plusieurs les considèrent comme des béquilles. Quelle que soit notre perception, elle est souvent plus
émotionnelle que rationnelle. Elle résulte de l'intégration d'expériences et de l'interprétation d'observations
accumulées au cours de notre vie. Ainsi, on confond facilement les effets d'un médicament avec ceux de la maladie qu'il traite, ou on ne veut pas s'identifier avec des personnes qui ont reçu par exemple des antidépresseurs ou
des antipsychotiques. N'hésitez donc pas à exprimer vos craintes à votre médecin ou à votre pharmacien.
L'acceptation et la compréhension d'un diagnostic ainsi que la relation de confiance avec le professionnel traitant
sont à la base l'adhérence thérapeutique.
En conclusion
Il existe des médicaments très efficaces pour traiter les troubles anxieux, mais aucun n'est parfait et efficace dans
100% des cas. La thérapie comportementale cognitive constitue la principale alternative thérapeutique, elle
comporte elle aussi ses avantages et ses inconvénients. Les deux sont tout à fait compatibles. Si vous choisissez
de recevoir une médication, assurez vous de bien savoir à quoi vous attendre et suivez fidèlement la prescription.
Si en cours de traitement, vous croyez qu'il est préférable de la cesser, ne le faites surtout pas brusquement et
sans consulter.
Enfin, nous vous encourageons dans votre recherche d'information, mais soyez prudents sur Internet, on y trouve
le meilleur et le pire, assurez-vous que les sites que vous visitez sont ceux d'organismes crédibles et officiels, ce
qui n'est pas toujours facile.
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C18
phobies-zéro
Un nouvel outil à l’horizon:
la réalité virtuelle
Stéphane Bouchard Ph.D.
Titulaire de la Chaire de Recherche du Canada
en Cyberpsychologie Clinique
Professeur régulier à l'UQO
Chercheur au Centre Hospitalier Pierre-Janet
Depuis quelques années, un nouvel outil fait son apparition pour le traitement
des troubles d’anxiété : la réalité virtuelle. La réalité virtuelle se définit comme
une application permettant à un utilisateur de naviguer et d’interagir en temps
réel avec un environnement en trois dimensions généré par ordinateur (Pratt,
Zyda, & Kelleher, 1995).
Il existe plusieurs technologies permettant de créer une réalité virtuelle, mais la
plus pratique pour le traitement de troubles d’anxiété s’avère sans contredit celle
qui utilise les casques virtuels. La photo (voir prochaine page) montre une
personne utilisant la réalité virtuelle pour apprivoiser sa peur des araignées. La dame porte des lunettes, avec à
l’intérieur un écran devant chaque œil, et un appareil qui capte les mouvements de sa tête. La photo montre aussi
que le psychologue peut observer à l’écran de son ordinateur les mêmes images en trois dimensions que ce que
voit la cliente dans ses lunettes. Pour « marcher » en réalité virtuelle, il suffit de peser sur un bouton de la souris
afin d’avancer dans la direction où on regarde. Ainsi, la cliente peut se déplacer à son aise dans l’environnement
recrée par ordinateur et s’approcher à son rythme des araignées virtuelles.
Pour sa part, le psychologue bénéficie de plus de contrôle sur ce qu’il va faire vivre à la cliente que s’il avait recours
à une araignée vivante. Ce contrôle accru de la part du thérapeute devient particulièrement utile lorsqu’on veut
apprivoiser la peur des vols en avion ou de parler en public, par exemple.
Les chercheurs espèrent que le fait d’apprivoiser progressivement ses peurs (ce que l’on nomme l’exposition) en
réalité virtuelle permettra de résoudre certains problèmes que rencontrent les thérapeutes lorsqu’ils font de
l’exposition en situation réelle par exemple,le manque de motivation du client à s’engager dans le traitement (p.
ex., l’exposition en réalité virtuelle peut sembler moins menaçante), le contrôle limité que le thérapeute peut
parfois exercer sur les variables entourant l’exposition (p. ex., dans le cas de la phobie des orages), les imprévus
(p. ex., des turbulences imprévues lors d’un vol d’avion, des bouchons de circulation lors d’une exposition pour
l’agoraphobie), les risques potentiels de violation de la confidentialité (p. ex., lorsqu’il faut recruter une audience
pour se pratiquer à parler en public) et, dans certains cas, les coûts associés à une séance d’exposition traditionnelle (p. ex., achats de billets d’avion pour une personne souffrant de la phobie de voyager en avion et défrayer les
frais du thérapeute pour se rendre à l’aéroport et prendre l’avion avec le client).
Sur le plan de l’efficacité, on peut dénombrer plus de 45 études scientifiques qui documentent l’efficacité de
cette forme d’exposition pour différents troubles d’anxiété (voir Côté et Bouchard, 2008 pour une recension
complète).
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C19
phobies-zéro
Un nouvel outil à l’horizon:
la réalité virtuelle
À titre d’exemple, Klinger et collaborateur (2003) comparent une thérapie cognitive-comportementale traditionnelle et une thérapie avec exposition en réalité virtuelle et rapportent une amélioration comparable pour 36
adultes souffrant de phobie sociale.
Barbara Rothbaum et son équipe à Atlanta ont effectué plusieurs études sur la phobie des vols en avion. Dans un
premier temps, 45 personnes souffrant de la phobie de voler en avion ont reçu soit une thérapie par exposition en
réalité virtuelle, soit une thérapie par exposition in vivo ou sont demeurées sur une liste d’attente. Les résultats
à plusieurs questionnaires montrent qu’au post-traitement les deux formes d’exposition s’avèrent aussi efficaces
et statistiquement supérieures à la liste d’attente. Lors de la relance de 12 mois, un peu plus de 90 % des clients
ont effectué un vol en avion de leur propre initiative. Ces résultats ont été reproduits dans d’autres études provenant de la même équipe, et par des chercheurs indépendants.
Les désavantages de la réalité virtuelle sont assez limités,
bien qu’à ne pas négliger. Premièrement, les coûts d’achat
du matériel pour les psychothérapeutes représentent pour
l’instant un désavantage important. Par contre, la technologie progresse rapidement, le prix des lunettes et des autres
périphériques baissent régulièrement et les logiciels se vont
de plus en plus abordables. Le second désavantage provient
des cybermalaises, c’est-à-dire que certaines personnes
ressentent de l’inconfort pendant ou après une immersion
en réalité virtuelle. Les cybermalaises se manifestent en
général par des symptômes temporaires chez les personnes
plus sensibles au mal des transports. En effet, comme pour
le mal des transports, la théorie explicative la plus populaire
suggère que les cybermalaises proviennent surtout de signaux
contradictoires en provenance des yeux, de l’équilibre et du tonus musculaire.
À titre d’exemple, supposons qu’on se déplace dans le monde virtuel (en appuyant sur un bouton de souris) et
qu’on tourne la tête pour tourner vers la droite. Pour la personne immergée en réalité virtuelle, le déplacement
vers l’avant et la droite est perçu, dans le casque de réalité virtuel, par les yeux. Pour sa part, les muscles
indiquent que les jambes ne sont pas en train de marcher, du moins pas de façon comparable à l’amplitude du
mouvement observé en réalité virtuelle. Cela crée un premier message contradictoire entre deux sens, les yeux
et le tonus musculaire. Les déplacements de la tête et ceux commandés par la souris sont aussi relayés à
l’ordinateur, qui adapte l’image en temps réel et la transmet au casque virtuel.
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C20
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Un nouvel outil à l’horizon:
la réalité virtuelle
Si l’ordinateur n’est pas extrêmement puissant, il peut y avoir un retard de quelques millisecondes entre les
déplacements du corps perçus par le sens de l’équilibre et ceux perçus par la vision. Ce décalage provoque lui aussi
un message contradictoire entre les sens. Toutefois, pour une personne qui n’est pas fragile au mal des transports, les cybermalaises ne représentent habituellement pas un réel problème. Pour l’instant, la réalité virtuelle
est surtout utilisée dans des laboratoires de recherche comme le Laboratoire de Cyberpsychologie de l’Université
du Québec en Outaouais à Gatineau (www.uqo.ca/cyberpsy) ou dans d’autres équipes de recherche, entre autres,
à Montréal, Sherbrooke, Trois-Rivières ou Saguenay. Peu de cliniques privées offrent des services en réalité
virtuelle (voir www.invirtuo.ca), mais on peut s’attendre à ce que cette technologie soit plus accessible dans les
années à venir.
Le nombre d’environnements de réalité virtuelle pouvant présentement être utilisés par les thérapeutes
estrestreint et a été développé pour les phobies spécifiques (la phobie des vols en avion, de parler en public, des
endroits clos, des hauteurs, des araignées), l’anxiété sociale et l’agoraphobie. Pour tous les autres troubles
d’anxiété, il faut compter des mois ou des années de travail afin de créer un environnement virtuel. Cette technologie représente donc une alternative prometteuse qui vient s’ajouter à la thérapie habituelle (et non pas la
remplacer) dans l’espoir de la rendre mieux adaptée aux besoins des clients.
Références
Côté, S. & BOUCHARD, S. (2008). Virtual reality exposure for phobias: A critical review. Journal of CyberTherapy and Rehabilitation, 1(1), 75-91.Klinger, E., Bouchard, S., Légeron, P., Roy, S., Lauer, F., Chemin, I., Nugues, P. (2005). Virtual reality therapy for
social phobia: A preliminary controlled study. Cyberpsychoplogy and Behavior, 8(1), 76-88.Rothbaum, B. O., Hodges, L. F.,
Kooper, R., Opdyke, D., Williford, J. S., & North, M. (1995). Effectiveness of computer-generated (Virtual Reality) graded exposure
in the treatment of acrophobia. American Journal of Psychiatry, 152(4), 626-628.Rothbaum, B. O., Hodges, L. F., Watson, B.
A., Kessler, G. D., & Opdyke, D. (1995). Virtual reality graded exposure in the treatment of acrophobia: A case report. Behavior Research & Therapy, 26, 547-554.Rothbaum, B. O., Hodges, L. F., Watson, B. A., Kessler, G. D., & Opdyke, D. (1996).
Virtual reality exposure therapy in the treatment of fear of flying: A case report. Behavior Research & Therapy, 34,
477-481.Rothbaum, B.O., Hodges, L., Ready, D., Graap, K., & Alarcon, R. (2001). Virtual Reality Exposure Therapy for Vietnam
Veterans with Posttraumatic Stress Disorder. Journal of Clinical Psychiatry, 62, 617-622.
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C21
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Quels facteurs sont à l’origine
des troubles anxieux ?
Françoise Maheu, Ph.D.
Professeur-chercheur, département de psychiatrie
Faculté de médecine, Université de Montréal
D’où proviennent les troubles anxieux ? Voilà une question qui retient
l’attention des chercheurs dans le domaine de la santé depuis de nombreuses années. Bien qu’il reste encore beaucoup à apprendre quant à l’origine
des troubles anxieux, les chercheurs s’entendent pour dire que ces troubles
ne peuvent être expliqués par un seul facteur. En effet, chez les jeunes
comme chez l’adulte, les troubles anxieux sont issus d’une combinaison de
facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux.
Quels facteurs ont été associés à l’émergence des troubles panique, trouble d’anxiété de séparation, trouble
d’anxiété généralisée, phobie sociale et phobies spécifiques ?
Une importante comorbidité existe entre l’ensemble des troubles énumérés ci-haut. La recherche a démontré
que ce sont généralement les mêmes facteurs qui sont liés à l’émergence de chacun de ces troubles. Les facteurs
discutés ici-bas sont donc associés à l’émergence de chacun de ces troubles.
Facteurs neurobiologiques
Facteurs neurochimiques. Le cerveau produit un ensemble de molécules chimiques appelées neurotransmetteurs. Ces molécules ont comme fonction de transmettre des informations entre les cellules du cerveau (les
neurones), nous permettant ainsi de lire, de réfléchir, de ressentir des émotions, etc. Des travaux de recherche
effectués chez l’adulte ont démontré que des dysfonctions au niveau de certains neurotransmetteurs, plus particulièrement au niveau des neurotransmetteurs sérotonine, noradrénaline, dopamine, glutamate et GABA, ont
été associées à l’émergence de symptômes anxieux (Charney, 2004; Keeley & Storch, 2009). Aussi, chez les individus anxieux, la consommation de cannabis, même sporadique, précipite fréquemment l’émergence du trouble
panique. Ceci est fort probablement dû à l’interaction entre le cannabis et les neurotransmetteurs liés à
l’émergence de l’anxiété (Hayatbakhsh & coll., 2007).
Fonctionnement des structures du cerveau. Des études d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle
(IRMf) effectuées chez des adolescents avec un trouble panique et/ou un trouble d’anxiété généralisée rapportent des dysfonctions de l’activité neuronale dans le cortex préfrontal ventral ainsi que dans l’amygdale et le striatum (qui comprend le noyau caudé et les noyaux accumbens; Monk, 2008; Guyer et al., 2011). Ces résultats sont
conformes aux observations faites chez les adultes anxieux à l’aide de l’IRMf (Etkin et Wager, 2007).
Génétique: études moléculaires. Chez l’adulte, des gènes spécifiques liés aux neurotransmetteurs noradrénaline, sérotonine, dopamine et GABA ont été associés aux troubles anxieux (Smoller & coll., 2008). Par contre,
chez les jeunes, très peu d’études de génétique moléculaire ont été effectuées. Des travaux récents ont toutefois
démontré une association entre des gênes liées à la sérotonine et au facteur BDNF (brain derived neurotrophic
factor), et l’anxiété (Pine, Ernst & Leibenluft, 2010).
Génétique facteurs héréditaires. Un tempérament inhibé, caractérisé par de la timidité, de la détresse et du
retrait face à des situations nouvelles, des comportements sociaux limités et la tendance à rester proche de
personnes réconfortantes - a été associé à l’émergence des troubles anxieux chez les enfants et adolescents
(Beesdo & coll., 2009; Rapee & coll., 2009).
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Quels facteurs sont à l’origine
des troubles anxieux ?
Facteurs psychologiques et environnementaux
Facteur cognitif Les jeunes comme les adultes anxieux sont plus vigilants et ont une plus grande sensibilité aux
informations négatives: c.-à-d., ils sont plus prompts à orienter leur attention vers les stimuli menaçants et à
interpréter des informations ambigües comme étant menaçantes (Craske & Waters, 2005). Ceci a été observé
pour tous les troubles anxieux, sauf pour l’anxiété de séparation.
Apprentissages associatifs Chez les jeunes comme chez l’adulte, un individu peut apprendre à avoir peur d’un
stimulus non dangereux lorsque ce stimulus est associé de façon répétée à un stimulus menaçant. Par exemple,
des expériences négatives (p. ex., impression d’être ennuyeux) vécues répétitivement lors de situations sociales
amènent un individu à craindre les interactions sociales avec autrui (Craske & Waters, 2005). Aussi, les apprentissages via l’observation de réponses de peur et de comportements d’évitement, ou via la transmission orale
d’informations, ont été liés à l’émergence des troubles anxieux chez les jeunes comme chez l’adulte (Craske &
Waters, 2005).
Styles parentaux La surprotection parentale, caractérisée par des parents contrôlants qui entretiennent la
perception d’un monde non sécuritaire duquel leurs enfants doivent être protégés, a été liée à l’émergence de
l’anxiété. De plus, le rejet parental, caractérisé par des parents froids, autoritaires et exagérément critiques, ainsi
que la difficulté chez certains parents à imposer des limites ont été associés au développement de troubles
anxieux. Enfin, la propension chez certains parents à entretenir des relations parents - enfants marquées par
l’insécurité a aussi été impliquée dans la genèse des troubles anxieux (Beesdo & coll., 2009).
Facteurs environnementaux Des difficultés familiales (maladie d’un parent), ainsi que la pauvreté et la violence
de la communauté dans laquelle vit un jeune peuvent aussi contribuer à l’émergence de troubles anxieux (Rapee
& coll., 2009).
Quels facteurs ont été associés à l’émergence du trouble obsessionnel-compulsif ?
Encore une fois, des interactions entre des facteurs biologiques, psychologiques et environnementaux ont été
liées à l’émergence du trouble obsessionnel-compulsif.
Facteurs neurobiologiques
Facteurs neurochimiques Chez les jeunes comme chez l’adulte, des dysfonctions au niveau des neurotransmetteurs sérotonine, dopamine et glutamate ont été liés à l’émergence de symptômes du trouble obsessionnel-compulsif (Cameron, 2007; Walitza & coll., 2010).
Structures et fonctionnement du cerveau Chez les jeunes comme chez l’adulte, des problèmes au niveau de la
structure et/ou du fonctionnement du cortex ornithofrontal, du cortex cingulaire antérieur, du striatum et du
thalamus ont été documentés (MacMaster & coll., 2008;Cameron, 2007).
Génétique
Études moléculaires Chez les jeunes comme chez l’adulte, plusieurs études ont lié des gènes spécifiques de la
sérotonine aux symptômes du trouble obsessionnel-compulsif (Walitza & coll., 2010). Des gênes spécifiques liés
à la dopamine, aux facteurs BDNF (brain derived neurotrophic factor) et COMT (catechol-O-metyl transferase),
ainsi que plusieurs gênes liées au glutamate ont aussi été associés aux symptômes du trouble obsessionnel-compulsif chez les jeunes et les adultes (Walitza & coll., 2010).
Facteurs héréditaires Chez les jeunes, être timide, faire preuve de peu d’émotivité et de sociabilité et avoir un
faible intérêt à entreprendre des activités sont liés à l’apparition de symptômes obsessifs-compulsifs. Ceci diffère
des observations faites chez l’adulte, où un tempérament peu aventureux et une faible capacité d’adaptation
sont associés aux symptômes du trouble obsessionnel-compulsif (Ivarsson & coll., 2004).
J’investis dans mon bien-être
C23
phobies-zéro
Quels facteurs sont à l’origine
des troubles anxieux ?
Facteurs psychologiques et environnementaux
Facteur cognitif Des études ont suggéré que les jeunes avec un trouble obsessionnel-compulsif entretiendraient
des idées obsédantes quant au danger que peuvent représenter des objets ou situations familières et quant à leur
bien-être et sécurité (ou celles des autres, p. ex., leurs parents). Ces idées les amèneraient à s’engager dans des
actions compulsives dans le but de prévenir et d’éliminer le danger. Les compulsions seraient des comportements
d’évitement qui maintiendraient les obsessions via un renforcement négatif (c.-à-d., via le retrait ou la réduction
de l’anxiété) et qui empêcheraient l’habituation aux objets ou situations induisant la peur (Cameron, 2007).
Apprentissages associatifs Être témoin de comportements de peur, de croyances à propos de la dangerosité de
certaines situations, ou de compulsions serait associé au développement du trouble obsessionnel-compulsif chez
les jeunes (Cameron, 2007).
Styles parentaux La surprotection et le rejet parental sont des styles parentaux associés à la perception que le
monde est un endroit dangereux, et associés au développement de compulsions visant à prévenir et à se protéger
du danger (Cameron, 2007).
Ce texte est adapté de Boileau, B, Maheu, FS, Marier, JJ et Simard, H. Troubles anxieux chez l’enfant, dans Lalonde, P et Pinard, G, Psychiatrie clinique :
approche psycho-bio-sociale, 4ième édition. Les éditions de la Chenelière-McGraw Hill. Montréal. En révision.
Références
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Guyer, A.E., Choate, V.R., Detloff, A., Benson, B., Nelson, E.E., Perez-edgar, K., Fox, N.A., Pine, D.S., Ernst, M. 2011. Striatal functional alteration during
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Rapee, R.M., Schniering, C.A., & Hudson, J.L. (2009) Anxiety disorders during childhood and adolescence: Origins and treatment. Annual Reviews in Clinical
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European Child and Adolescent Psychiatry, vol. 19, p. 227-235.
J’investis dans mon bien-être
C24
phobies-zéro
Section 4
Maîtriser
Antistress
Guide pour connaître une vie libre de peurs irraisonnées
Guide pour se libérer de ses obsessions et compulsions
Diminution du processus d’anticipation
Pensées utiles
Le graphique
Mon graphique
Consignes pour les exercices de respiration
Je garde contact
J’investis dans mon bien-être
M1
M2
M3
M4
M5
M6
M7
M8
M9
phobies-zéro
Antistress
1.
Faites-vous plaisir au moins une fois par jour.
2.
Sachez remettre au lendemain
3.
Apprenez à gérer votre temps en établissant des priorités.
4.
Renoncez à la perfection.
5.
Dites-vous que rien n’est irréparable.
6.
Cultivez votre sens de l’humour.
7.
Apprenez à ne rien faire.
8.
Apprenez à dire non.
9.
Laissez parfois votre cellulaire de côté.
10.
Réservez-vous des moments seulement pour vous.
11.
Parlez tous les jours avec quelqu’un que vous aimez.
12.
Laissez les autres régler leurs problèmes.
13.
Ne répondez pas au téléphone après 20 heures.
14.
Ne vous sentez pas obligé d’avoir vu le dernier film à l’affiche.
15.
Acceptez de chercher de l’aide au besoin.
16.
Vivez votre moment présent.
17.
Appréciez vos réussites et vos victoires.
18.
Respectez vos limites.
19.
Écrivez le bilan de votre journée.
20.
Remerciez la VIE.
J’investis dans mon bien-être
M1
phobies-zéro
Guide pour connaître une vie
libre de peurs irraisonnées
1.
Nous avons admis que nous n’étions pas en mesure de maîtriser nos comportements et nos
émotions, dans des situations de peurs irraisonnées.
2.
Nous avons décidé d’affronter nos réactions phobiques en nous exposant graduellement à nos
peurs.
3.
Nous apprenons à contrôler nos réactions phobiques en permettant et en acceptant que la panique et que l’angoisse surviennent.
4.
Quand les symptômes physiques se manifestent, nous les laissons se manifester et attendons qu’ils passent. Nous nous concentrons sur le moment présent et nous faisons des choses
simples.
5.
À l’aide d’un graphique, nous avons évalué nos peurs de 0 à 10 et nous avons observé leurs variations.
6.
Nous avons décidé d’agir même sous l’emprise d’une certaine peur et nous apprécions nos réussites et nos victoires.
7.
Il est important de nous rappeler que nous sommes en processus de réapprentissage et que nos
réactions de peur automatique, face aux produits de notre imagination, sont graduellement
remplacées par de nouveaux comportements.
8.
Nous comprenons le mécanisme de l’anxiété et nous nous attendons à ce que la peur puisse réapparaître et nous considérons cela comme normal.
9.
C’est maintenant nous qui contrôlons, nous ne sommes plus la proie de forces inconnues.
10.
L’attitude et les réactions plus réalistes que nous adoptons à chacune de nos interventions
deviennent de plus en plus spontanées et notre système nerveux commence à y répondre automatiquement sans peur. Nous savons qu’en persévérant nos Phobies seront à Zéro.
11.
Comme résultat de ce cheminement, nous sommes maintenant en mesure de tendre la
main aux personnes, jeunes ou adultes, vivant cette problématique, ainsi qu’à leur famille et à
leurs proches, en les invitant à briser la barrière du silence et en partageant notre évolution
personnelle avec eux pour qu’elles en viennent à vivre une vie libre de peurs irraisonnées.
J’investis dans mon bien-être
M2
phobies-zéro
Guide pour se libérer de ses
obsessions et compulsions
1.
Nous avons admis que nos obsessions et/ou compulsions et rituels sont non fondés ou exagérés.
2.
Nous reconnaissons que nos peurs ou obsessions sont irrationnelles et irréalistes.
3.
Nous sommes déterminés à vaincre notre problème.
4.
Nous apprenons à accepter nos obsessions au lieu d’essayer de leur résister.
5.
Nous réalisons que nos compulsions et rituels ne sont pas le SEUL et UNIQUE moyen de réduire
notre anxiété.
6.
Nous choisissons de remettre à plus tard nos obsessions et compulsions.
7.
Nous choisissons de laisser aller l’obsession, de modifier notre façon d’obséder de même que
notre façon d’exécuter nos compulsions et rituels.
8.
Nous confrontons nos peurs en nous exposant graduellement et volontairement.
9.
Nous évaluons nos progrès et nous savourons chacune de nos victoires.
10.
Nous n’avons plus besoin de tout contrôler et nous acceptons de prendre des risques.
11.
Comme résultat de ces étapes, nous sommes maintenant en mesure de tendre la main aux
personnes, jeunes ou adultes, vivant cette problématique, ainsi qu’à leur famille et à leurs
proches, en les invitant à briser la barrière du silence et en partageant notre évolution personnelle avec eux, pour qu’elles en viennent à vivre une vie libre de peurs irraisonnées.
J’investis dans mon bien-être
M3
phobies-zéro
Diminution du processus
d’anticipation
Les réactions douleureuses et désespérées provoquées par d’innombrables pensées et images terrifiantes générées par les crises de panique renforcent les réactions de peur et augmentent l'anxiété.
Prendre l'habitude de se concentrer sur le moment présent et de faire des choses simples permet de se
centraliser sur la réalité environnante et de diminuer le processus d'anticipation.
Conséquemment, cette pratique nous permet d'arrêter les pensées négatives (communément appelées la
« cassette »), de diminuer et même de faire disparaître les sensations physiques et de reprendre l'activité en
cours plutôt que de faire de l'évitement.
Lorsque la peur survient :
- Arrêtons les pensées négatives, concentrons-nous sur le moment présent, faisons des choses simples.
- Portons notre attention sur les éléments qui nous entourent.
- Écoutons attentivement les bruits et les voix autour de nous.
- Visualisons les membres de notre groupe de soutien et d'entraide.
- Faisons des choses simples.
- Prenons une bonne respiration : nous inspirons la confiance, nous expirons nos peurs.
- Parlons à un vendeur, nous regardons un enfant.
- Mangeons un fruit, nous buvons de l'eau...
- Ayons une pensée utile : j’évite.....l’évitement.
- Prenons un moment d’arrêt.
- Concentrons à lire un texte positif.
- Utilisons un des services de Phobies-Zéro : la ligne d'écoute, le forum, le site web...
En agissant même sous l'emprise d'une certaine peur, nous apprécierons nos réussites et nos victoires.
J’investis dans mon bien-être
M4
phobies-zéro
Pensées utiles
Pour faire face à l’anxiété
-
Je ne suis plus seul.
J’accepte le moment présent.
Je lâche prise.
J’évite…l’évitement.
J’inspire la confiance…j’expire mes peurs.
Je passe à l’action.
J’apprends à m’aimer.
-
Je fais des choses simples.
J’apprécie mes réussites et mes victoires.
J’apprends à me connaître.
Je respecte mes limites.
Je retrouve ma confiance en moi, je n’ai plus de masque.
J’affronte mes peurs au lieu de les fuir.
Pour faire face aux obsessions
-
Cette pensée n’est pas utile.
Ce n’est pas le temps maintenant de penser à ça. Je peux choisir d’y penser plus tard.
Je n’ai pas à être parfait. J’ai fait de mon mieux et c’est suffisant.
Il n’y a pas de faute à faire des erreurs. Je peux tolérer d’être dans l’erreur.
Je sais par mes expériences passées que ma peur n’est pas fondée puisque ce que je crains n’est jamais
arrivé.
Je dois prendre des risques si je veux être libre. Je suis prêt à prendre ce risque.
Ce n’est pas grave si j’ai eu cette pensée, ça ne veut rien dire et je n’ai pas à y porter attention ou à lui
donner de l’importance.
Je suis prêt à aller de l’avant.
Je ne mérite pas de souffrir comme ça. Je mérite d’être libre.
Je ne suis pas responsable, ce n’est pas mon problème.
J’investis dans mon bien-être
M5
phobies-zéro
Le graphique
NIVEAUX D’INTENSITÉ DE LA PEUR
Nous vous suggérons après chaque exercice de désensibilisation de noter les augmentations et les diminutions de votre peur ainsi que vos pensées, sensations, sentiments et actions, correspondant à chaque
étape du graphique (lors d’une sortie dans un restaurant, par exemple).
Pensées et émotions
Symptômes physiques réels
Je suis en état de panique.
Je vais mourir.
Je n’ai qu’une idée en tête... fuir
Je suis en train de devenir fou.
J’ai peur de perdre le contrôle.
Je suis incapable de tolérer cette situation.
Je pense à demander de l’aide.
Je ne m’en sortirai jamais.
Je crains que les gens remarquent mon malaise.
Je crois que je ne pourrai pas contrôler la situa-tion même si je sais qu'il n'y a aucun danger réel.
J'appréhende et j'imagine des scénarios.
J’investis dans mon bien-être
M6
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
Je suis épuisé je n’ai plus d’énergie.
Je suis en pleurs.
J’ai des serrements, des douleurs à la
poitrine, des palpitations cardiaques.
Je ressens de grandes faiblesses et j'ai
l'impression que je vais m'évanouir.
Je suis figé sur place.
Je suis agité, incapable de rester
sans bouger.
J'ai des frissons ou des chaleurs, des
tremblements.
Ma vision s'embrouille. J’ai le vertige.
Mes mains deviennent moites.
J'ai des papillons dans l'estomac.
Je ressens de légères tensions musculaires.
Je me sens inconfortable.
phobies-zéro
Mon graphique
Prendre conscience des différents changements et comprendre le mécanisme phobique.
Nous vous invitons à inscrire les augmentations (poussées) et diminutions (chutes) de l’intensité de la peur, tant au
niveau de la pensée (imagination) qu’au niveau des symptômes physiques réels que vous ressentez lors d’une
activité.
Activité prévue :
Plus nous esquisserons de graphiques, plus nous prendrons conscience de l’impact des événements internes et
externes pour en venir à comprendre le mécanisme phobique.
Nous constaterons que les diminutions (chutes) ont lieu quand nous restons en contact étroit avec la réalité
familière et rassurante en faisant des choses simples. Les augmentations (poussées) surviennent lorsque nous
laissons libre cours à nos pensées et aux scénarios qui sont le fruit de notre imagination.
Cet exercice nous amènera à devenir observateur (objectif) de nos pensées, sensations et sentiments : ainsi
nous serons en mesure de nous dire : « Ce sont des produits de mon imagination. Il n’y a là rien qui puisse
m’effrayer. Je vais faire ce qu’il faut pour rester en contact avec la réalité. Je vais m’attacher à “CE QUI EST”
plutôt que de me laisser envahir par les “QUE SE PASSERAIT-IL SI ?”. Je ne dois pas avoir peur, ni paniquer. Je
vais laisser ces sensations suivre leur cours et elles disparaîtront d’elles-mêmes ».
C’est maintenant nous qui contrôlons, nous ne sommes plus la proie de forces inconnues et nous allons vers un
processus de réapprentissage. Notre réaction de peur automatique face aux produits de notre imagination a
été remplacée par un nouveau comportement, une réponse nouvelle en rapport avec la réalité et non plus en
rapport avec des dangers imaginaires.
PENSÉES et ÉMOTIONS
J’investis dans mon bien-être
SYMPTÔMES PHYSIQUES RÉELS
M7
phobies-zéro
Consignes pour les exercices
de respiration
Assoyons-nous confortablement. Prenons une position détendue. Pour ceux et celles qui le désirent, fermez les
yeux. En premier lieu, nous allons expirer l’air de nos poumons pour en venir à prendre des respirations
profondes en gonflant notre ventre et en vidant complètement nos poumons.
RESPIRATION À FAIRE SEULEMENT QUAND LA PERSONNE EST DÉTENDUE.
1re respiration :
Inspirons lentement et profondément tout ce qui est :
bon - beau - juste - positif
Pause de 3 secondes
Expirons doucement et profondément tout ce qui est :
mauvais - laid - injuste - négatif
2e respiration :
Inspirons lentement et profondément tout ce qui est :
santé - joie - bonheur
Pause de 3 secondes
Expirons doucement et profondément tout ce qui est :
maladie - tristesse - souffrance
3e respiration :
Inspirons lentement et profondément tout ce qui est :
détermination - acceptation - courage
Pause de 3 secondes
Expirons doucement et profondément tout ce qui est :
anticipation - culpabilité - amertume
J’investis dans mon bien-être
M8
phobies-zéro
Je garde contact
De bonnes raisons pour garder contact avec l’organisme:
-
Je ne suis plus seul dans ce que je vis.
-
La confidentialité est assurée.
-
Un aidant naturel m’apporte du soutien grâce à la ligne d’écoute.
-
Le guide « J’investis dans mon bien-être » m’aide à démystifier, comprendre et maîtriser ma
problématique, je m’y réfère au besoin et j’utilise les services qui me sont proposés.
-
Les réunions hebdomadaires sont l’occasion idéale de me désensibiliser tout en respectant mes
limites.
-
Les « Parler pour parler » m’invitent à échanger. Je me sens accueilli et respecté.
-
En tant que proche, je viens chercher la compréhension dont j’avais besoin et les outils nécessaires pour aider la personne dont le bien-être me tient à cœur.
-
Les visites des professionnels de la santé dans les groupes d’entraide de Phobies-Zéro
m’assurent d’être informé des derniers développements sur la problématique.
-
J’apprécie les témoignages des membres lors des soirées d’information.
-
Avec le site web et le forum de Phobies-Zéro, j’ai une fenêtre sur l’extérieur !
-
La documentation et les DVD offerts par Phobies-Zéro m’aident dans mon cheminement.
-
Grâce à la formation des aidants naturels offerte par Phobies-Zéro, je réalise que je suis
« quelqu’un pour quelqu’un » je me sens utile et ainsi je transforme mes cicatrices en étoiles.
-
Un simple geste pour grandir…garder contact.
J’investis dans mon bien-être
M9
phobies-zéro
Section 5
Témoignages
Grâce aux réunions hebdomadaires
T1
Grâce au site web
T2
Vivre
T3
Patrice à New-York
T4
Le Diable perché sur mon épaule
T5 - T6
Phobies-Zéro, les phares de la nuit
T7
Complètement démolie par l’anxiété
T8
Phobies-Zéro, un soutien pour les proches également
T9-T10
Poème
T11
J’investis dans mon bien-être
phobies-zéro
Grâce aux réunions
hebdomadaires
Céline H., agoraphobe avec trouble panique
Hier soir, une brise
Est venue me caresser le visage.
J’étais bien assise à Phobies-Zéro
Parmi des gens qui me ressemblent
Par leurs émotions, leurs peurs et leur courage.
Une dame nous confiait
Que l’an passé, à pareille date
Elle ne pouvait de sortir de sa maison.
Moi, cette année en mars
J’étais en larmes et je demeurais entre mes quatre murs.
Cette femme peut maintenant jouir du dehors
Et peut conduire son auto sur de petites routes.
Moi, en août, quelquefois je réussis à prendre une marche
À certains moments de découragement,
J’ai les yeux noyés et rougis par l’anxiété.
Je ne vois que mes pas
Et j’aperçois surtout ce qui m’est interdit
Par l’agoraphobie.
Mais hier soir, cette femme m’a donné l’espoir,
Un baume sur mon cœur meurtri,
Que demain sera toujours meilleur
Et que j’irai encore un peu plus loin
Que la journée passée.
Merci à ce groupe d’entraide
Où je sais que je ne suis pas seule
Et à cette dame qui, sans le savoir,
Me fait grandir
Et me donne le goût d’affronter mes démons,
Un à la fois.
J’investis dans mon bien-être
T1
phobies-zéro
Grâce au site web
Pierre-André, phobie sociale
Québec
Bonjour,
Je tiens à féliciter les gens de Phobies-Zéro et plus particulièrement sa fondatrice madame Marie-Andrée
Laplante pour la création du site web.
Il y a trois ans, Phobies-Zéro s’est avéré être l’élément déclencheur d’une longue démarche afin de régler mes
troubles de panique et phobie sociale. Après plusieurs années et multiples rencontres chez des médecins, j’ai pu
enfin trouver un nom à mes malaises : « l’anxiété ».
C’est dans un CLSC de l’est de la ville de Montréal qu’on a décelé mon problème et conseillé d’aller à
Phobies-Zéro. Accompagné de rencontres chez une psychologue, le groupe de soutien m’a permis de sortir de
l’isolement et de rencontrer des gens vivant les mêmes problèmes que moi.
Ainsi, les multiples discussions m’ont amené à distinguer certains traits de caractère communs aux personnes
souffrant de troubles anxieux, notamment la peur de s’affirmer, la difficulté de dire non. Pour ma part, apprendre
à m’affirmer et à dire non fut un des principaux facteurs contribuant à diminuer de façon notable la fréquence de
mes crises de panique.
Aujourd’hui, je ne fais plus de crise de panique et je travaille toujours à l’amélioration de mon bien-être. Je crois
que toutes les personnes souffrant de ces malaises peuvent s’en sortir et s’améliorer si elles sont tenaces et ne se
découragent pas.
Mes démarches m’ont parfois paru longues. C’est à coup de petites victoires que j’en suis venu à vivre avec un
niveau d’anxiété acceptable. Ainsi, j’ai appris, j’apprécie davantage la vie et suis davantage motivé à faire une
multitude de choses.
Il y a deux ans, j’ai dû déménager dans la ville de Québec. Je trouve géniale la possibilité de discuter via votre site
et d’utiliser le « forum ». En terminant, je voudrais remercier de tout cœur les gens de Phobies-Zéro pour ce qu’ils
font.
Merci !!!
J’investis dans mon bien-être
T2
phobies-zéro
Vivre
Guy, bénévole, groupe Saint-Hubert
Comment continuer à vivre correctement en société lorsque l’on souffre d’anxiété, du trouble panique et
d’agoraphobie ?
De nombreux moyens s’offrent à nous, en commençant par nos rencontres hebdomadaires, nos exercices
physiques, nos thérapies, nos habitudes de vie, nos proches, nos médicaments, notre recherche intérieure.
Pour ma part, depuis deux ans, mon implication à titre de téléphoniste-bénévole de la ligne d’écoute de
Phobies-Zéro a été et demeure mon principal outil.
Écouter des gens en crise n’est pas chose facile. Cela demande de l’attention, de la disponibilité, et beaucoup
d’énergie. Sauf qu’en retour, nous comprenons que nous ne sommes pas seuls, que d’autres vivent des situations
semblables aux nôtres, que cette « maladie mentale » est réelle, et que nous pouvons nous y mesurer
adéquatement.
Presqu’à chaque semaine, je reçois un trophée. Lorsqu’une personne en crise a retrouvé le contrôle d’elle-même
à la fin d’une conversation téléphonique, il s’agit pour moi d’une victoire et d’une magnifique récompense. C’est
utile, c’est réel, c’est concret, c’est magnifique. D’autres crises surviendront probablement, mais celle de ce soir
est maîtrisée. Si nous avons réussi à retrouver nos esprits ce soir, pourquoi ne pas pouvoir faire de même
lorsqu’une autre crise apparaîtra demain ou après-demain ?
Tous les appels téléphoniques ne parviennent pas de personne en crise. Parfois, c’est une demande de renseignements au sujet des rencontres, des autres services disponibles, de la documentation, des questions de la part d’un
proche qui s’inquiète du comportement d’un ami, d’un membre de sa famille, et qui veut lui venir en aide.
Souvent, c’est une personne qui désire simplement parler, être écoutée, partager son quotidien, avoir un ami
temporaire au bout du fil.
Nous manquons tous de confiance. Nous devons la reconstruire peu à peu, et l’entretenir. Le bénévolat au
téléphone de Phobies-Zéro nous permet justement de garder la tête haute, d’écouter, de partager, de
reconstruire notre soi-même partiellement détruit. C’est dur, mais c’est positif. J’espère pouvoir continuer mon
engagement téléphonique longtemps. J’y tiens !
J’investis dans mon bien-être
T3
phobies-zéro
Patrice à New York
Patrice, membre, groupe Blainville
Je me nomme Patrice, je suis atteint d'anxiété spécifique marqué depuis 2005. Je l'ai su
seulement en 2006 que j’en étais atteint après
avoir consulté un psychologue. Mes phobies
spécifiques sont reliées ou dues au stress
financier et principalement à l'éloignement. Je
suis à Phobies Zéro depuis août 2010, très assidu,
j'ai rarement manqué une réunion. Donc dans
mon cheminement, je dois affronter graduellement mes déplacements éloignés (vacances) et
New York était une étape à mon cheminement.
Je devais affronter cette étape et cela fut un
succès grâce à Phobies Zéro et aussi grâce à
tous les participants. Je suis encore en cheminement et mon but ultime est de pouvoir retourner
dans le Sud et de pouvoir jouir de tous les bienfaits
comme avant. Avec de la volonté, du désir, du
courage, de la détermination et avec surtout de
l'aide: je réussirai !
En 2011, Patrice à New York affichant sa carte
de membre de Phobies-Zéro.
J’investis dans mon bien-être
T4
phobies-zéro
Le Diable perché sur mon épaule
Karim Z., groupe Phobies-Zéro, Montréal
Mon histoire est peu commune. Vous ne me croirez peut-être pas, mais un diable est perché sur mon épaule. Il me
chuchote un tas de mensonges dans l'oreille. Mon problème est que je l'ai cru pendant des années. J'ai énormément souffert, au point de devenir disfonctionnel. Mais j'ai rencontré, à travers mes années d'animateur chez
Phobies-Zéro, des gens qui l'ont vu et cru eux aussi.
Tout a commencé lorsque j'avais environ 25 ans. Je me suis mis à revivre, ce que je croyais être à l'époque, des
souvenirs. Je me souvenais de moments passés à l'école secondaire où j'avais été tabassé. Tous ces « souvenirs »
étaient toujours caractérisés par l'agression et j'étais le responsable et l'instigateur de tout conflit. Je vivais beaucoup de culpabilité. Cela me tracassait et prenait du temps dans ma journée. J'avais même fait part de cela à ma
mère qui essayait de me réconforter et me raisonner comme elle le pouvait. Le tout a culminé le jour où je me
rendais à Ottawa pour assister au mariage de mon ami. J'ai eu le « souvenir » d'un étudiant qui m'étranglait avec
une corde de guitare. Ma respiration était extrêmement saccadée. J'hyperventilais. Aujourd'hui, je sais que j'étais
en panique. Une fois à Ottawa, j'ai explosé, j'étais en pleurs. J'ai appelé ma mère d'un téléphone public du centreville. Ma mère, comme d'habitude, m'a aidé du mieux qu'elle pouvait. Toutefois, je ne lui ai dit mot du scénario qui
se déroulait dans ma tête.
J'étais complètement hypersensible : une chanson triste pouvait me faire pleurer comme une journée grise.
Toutefois, je ne manquais de rien. J'avais tout et n'avais aucune raison de me sentir comme cela. Suivant les
conseils de mes parents, j'ai consulté deux médecins en 1999. Toutefois, avec l'été qui revenait, je commençais à
me sentir mieux et je n'ai poursuivi aucun traitement.
La problématique a frappé très fort en 2000 suite au décès de ma sœur. Ma sœur a toujours été malade. Après 14
ans de maladie, elle a rendu l'âme. Cet incident m'a beaucoup ébranlé.
Peu après, un « souvenir » me hantait. Je me souvenais avoir insulté un étudiant du Cégep, de l'avoir tellement
insulté qu'il m'a attaqué chez moi avec un bâton de baseball. Cela me tourmentait tellement que j'ai appelé ma
mère en pleurs et lui ai fait part de ma hantise. Ma mère a sérieusement commencé à se poser des questions et
m'a dit que ça n'était jamais arrivé et que si c'était arrivé, elle s'en souviendrait. Il n'y avait pas de temps pour en
discuter davantage, car je devais partir le lendemain en voyage avec la compagnie à Miami Beach.
À Miami, tout le monde jouait et profitait de la plage, mais moi, je pleurais seul dans mon coin. Le scénario m'a
hanté tout le voyage et je pleurais toute la journée. Comme tous les scénarios, il ne s'arrêtait pas là et continuait.
Je croyais, et ce sincèrement, qu'à la suite de cet incident, une fois en prison, le jeune homme en question s'était
suicidé. Il avait laissé une lettre où il me blâmait pour avoir gâché sa vie. Ses parents avaient décidé de me poursuivre en justice, mais j'avais été acquitté du crime.
Je croyais vraiment être responsable de ce crime. Je me sentais tellement coupable. Je me prosternais souvent en
pleurs devant Dieu en lui demandant pardon pour ce que j'avais fait. Je voulais mourir. Je ne m'aurais jamais ôté
la vie, car cela est contraire à mes croyances religieuses, mais j'espérais que le Bon Dieu mette fin à ma vie.
J’investis dans mon bien-être
T5
phobies-zéro
Le Diable perché sur mon épaule
Lors du retour à Montréal, je me souviens qu'il y avait eu des turbulences dans l'avion. Je croyais que Dieu venait
me sauver et que l'avion allait s'écraser. J'ai eu un moment de sérénité et j'ai fait ma prière. J'étais prêt à mourir.
Toutefois, l'avion ne s'est pas écrasé et je me souviens d'avoir été déçu, une fois arrivé à Montréal. Aujourd'hui, je
me rends compte comment c'était égoïste de ma part de vouloir que l'avion s'écrase. Il y avait au moins une
centaine de personnes à bord. Je souffrais beaucoup.
Après cet incident, avec l'appui inconditionnel de mes parents, j'ai décidé de consulter. Je n'étais plus capable de
travailler. Je me cachais dans les toilettes pour pleurer. Fort heureusement, mon patron était un chic type. Je lui
ai fait part de mes problèmes et il fut très compréhensif à mon égard. Il m'a même offert une semaine complète
de vacances pour me reposer et aller à mes rendez-vous chez le médecin. Mon médecin m'a demandé de vérifier
si mes scénarios étaient véridiques. J'ai appelé un avocat et...bonheur total : je n'ai jamais été poursuivi en justice
ni moi ni ma famille. Tout était le fruit de mon imagination. Après plusieurs examens, on m'a diagnostiqué un
trouble obsessionnel-compulsif.
Malgré mon soulagement, les scénarios continuaient. Je m'imaginais souvent battre des passants dans la rue ou
des petits chiens. Je m'imaginais dans une cellule en prison. Heureusement pour moi, les traitements ont commencé à faire effet. La médication m'a permis de retrouver une certaine joie de vivre.
J'ai passé les années suivantes dans un calme relatif, mais en 2004, j'ai fait une rechute. Je me sentais toujours
triste. Quelques scénarios revenaient. Je pleurais souvent. J'étais totalement épuisé. C'est alors que je suis allé
chez Phobies-Zéro. Après quelques mois chez Phobies-Zéro, je me sentais mieux. J'ai réalisé que le trouble
obsessionnel-compulsif touchait beaucoup de gens. Voyant mes progrès et ma facilité à parler en public, la
personne qui animait avant moi, m'a demandé de la remplacer.
Il fut extrêmement difficile pour moi de distinguer les scénarios que je me faisais dans la tête de la réalité, mais
aujourd'hui, je sais faire la différence. Malgré ma détresse, j'ai vraiment été béni d'avoir de merveilleux parents à
mes côtés durant cette épreuve. En fait, tout le monde m'a aidé. Je n'ai jamais rencontré une seule personne qui
ait refusé de m'aider. Si on ne pouvait m'aider, on me référait à quelqu'un qui le pouvait. De mes parents jusqu’à
mon travailleur social, tout le monde s'est porté à mon secours. Aujourd'hui, je suis bien content de rendre la
pareille à ceux qui viennent chez Phobies-Zéro.
Le petit diable perché sur mon épaule me chuchote encore de temps en temps des mensonges, mais maintenant
je sais l'ignorer. Il ne me fait plus peur. Ce chapitre de ma vie est maintenant clos.
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T6
phobies-zéro
Phobies-Zéro, les phares de la nuit
Claude B., groupe de St-Hubert
phobie sociale et trouble panique avec agoraphobie
J’étais prisonnier d’un bunker, dont je ne pouvais sortir.
Personne ne pouvait y entrer.
Dans un ultime souffle de survie et d’un profond désespoir,
J’ai échoué chez Phobies-Zéro.
Je suis arrivé dans un état d’extrême anxiété et de nervosité.
Toutes mes pensées étaient confuses dans un épais brouillard.
C’était la tempête intérieure.
Les mots enfouis n’arrivaient pas à la surface.
Pendant quatre mois j’ai ramé.
Mais je n’étais plus seul.
Dans ma tempête, j’ai suivi la lueur du phare.
L’accueil, le respect, le non jugement et l’encouragement sont les forces du groupe d’entraide de Phobies-Zéro.
J’ai persévéré.
Graduellement des fissures s’ouvraient, laissant pénétrer l’espoir.
J’ai persévéré, persévéré et, encouragé par le groupe, j’ai quitté mon bunker.
J’ai bâti ma hutte pleine de vie, de lumière et ouverte sur le monde.
Sans Phobies-Zéro, je n’aurais pas fait ce chemin.
Maintenant j’existe, je vis, je fais partie du monde.
Phobies Zéro m’a fait renaître.
J’ai traversé la noirceur de la nuit pour vivre la lumière du jour.
Je fais aujourd’hui, maintenant, ce que je croyais impossible de faire.
J’agis avec plaisir, selon mes choix, dans le respect de mes limites.
Je continue d’aller aux soirées hebdomadaires, je continue de grandir.
Je m’implique comme bénévole pour tenter de remettre ce que moi j’ai reçu.
Je participe au relais de l’entraide.
Pour faire renaître à d’autres, une vie libre de toutes peurs irraisonnées,
Une vie avec des yeux de positifs, car tout est possible.
Merci à Marie-Andrée sans qui ces phares de la nuit n’existeraient pas au Québec.
Merci à Joëlle de tenir le phare de Saint-Hubert.
Merci à tous les bénévoles qui permettent de continuer à donner l’espoir aux personnes
prises avec des troubles anxieux.
Bon 20ième anniversaire à Phobies Zéro et longue vie, nous avons besoin de vous.
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T7
phobies-zéro
Complètement démolie par l’anxiété
Chantal, membre du groupe de St-Jérôme
Je suis arrivée à Phobies-Zéro en avril 2011, complètement démolie par l’anxiété. Ça faisait trois fois que je
recommençais une formation que je voulais pourtant finir depuis des années.
Ce n’était pas une question d’intelligence, ni de note d’école, mais plutôt une phobie sociale, la peur de devoir
parler et de faire des oraux devant ma classe. Ça me paralysait, je recommençais… la dernière fois que j’ai quitté
(pour la 3e fois) j’étais vraiment découragée de voir que je n’étais pas comme les autres, qu’à 48 ans j’étais loin
d’avoir trouvé une solution à mon problème que je vivais seule, car personne n’était au courant de ma situation.
Alors je suis allée sur internet et j’ai écrit Phobie, Peur de parler en public et il m’est apparu « Phobies-Zéro », j’ai
appelé la ligne d’écoute, la dame m’a très bien guidée. Le soir même il y avait à St-Jérôme une rencontre avec
comme conférencier le Dr Henri Lavigueur, psychologue, et j’y suis allée.
J’ai compris alors que depuis une trentaine d’années je fais des paniques à répétition, tous les symptômes je les
avais, mais au moins, j’avais mis le doigt sur le bobo et je n’étais plus seule - quel soulagement !
J’ai adhéré à ces rencontres, j’y vais régulièrement depuis 1 an je ne fais plus du tout de paniques, je suis en train
de finir mon cours et je fais même des exposés oraux. Bien sûr je fais toujours de l’anxiété, mais ce n’est rien à
comparé à il y a 2 ans…
Je serai toujours très reconnaissante, je crois que ça m’a sauvé la vie.
Merci à Phobies-Zéro.
J’investis dans mon bien-être
T8
phobies-zéro
Phobies-Zéro,
un soutien pour les proches également
Louise R., membre
J’ai toujours été le genre de personne à me soucier un peu plus qu’il le faut des gens qui m’entourent. Peut-être par
besoin de contrôle, par insécurité ou peut-être parce que j’ai un peu l’âme missionnaire. Je me dis même parfois
que j’ai sûrement un « faux complexe de supériorité » qui me laisse croire que je peux régler les problèmes des
autres à leur place.
Il m’arrive parfois, au plus profond de moi, de rêver que je deviens une personne indifférente, me disant que tout
le monde doit porter son fardeau et que j’ai bien assez du mien. J’envie les gens qui foncent dans la vie sereinement tout en étant conscients des malheurs qui frappent les autres.
Un jour, mon conjoint qui souffre de certaines phobies, a eu besoin d’aide. Je voyais bien que son quotidien était
perturbé et je me sentais bien impuissante à l’aider, malgré tout le programme que j’avais établi pour lui : exercices, relaxation, lectures sur le sujet, etc.
Comme beaucoup d’aidants, je mettais plus d’efforts que lui à trouver des solutions. Je m’inquiétais pour lui
quand nous n’étions pas ensemble et je commençais à développer moi-même une forme d’anxiété. Comme les
problèmes de santé mentale étaient encore très tabou, mon conjoint ne parlait de sa problématique à personne
sauf à moi et à un ami très proche.
J’avais vu à la télévision, quelque temps auparavant, Marie-Andrée Laplante et Claudia Benoit à l’émission de
Claire Lamarche. Ces deux personnes m’avaient vraiment touchée et impressionnée par leur cheminement. Je
voyais là deux femmes intelligentes, articulées, qui avaient souffert d’agoraphobie durant plusieurs années et qui
semblaient maintenant en plein contrôle de leur vie. Le nom de l’organisme Phobies-Zéro m’étant resté en
mémoire, j’ai pris contact avec eux. On m’a même informée que je pouvais accompagner mon mari aux groupes
d’entraide.
Je vais toujours avoir en mémoire l’accueil que nous avons reçu à la première rencontre. Claudia était là avec
toute son écoute, son calme et ses paroles réconfortantes, tout en demeurant très réaliste et sans promettre de
panacée. J’ai également rencontré ce soir-là des proches comme Roger, Yvon et Gilles entre autres, qui,
comme moi, accompagnaient une conjointe ou un fils dans leur démarche.
Après quelques semaines seulement, je sentais mon stress diminuer. Mon impuissance face à la problématique
de mon mari avait moins raison d’être, ayant lui-même trouvé chez Phobies-Zéro ses propres outils. Au fil des
rencontres, étalées sur plusieurs mois, j’ai aussi eu l’occasion d’échanger avec de nouveaux membres accompagnateurs. Ceci me permit de constater tout le bienfait que j’avais moi-même obtenu. J’ai pu prendre du recul
quant à ma propre façon d’agir face aux problèmes des autres. J’ai compris également que les proches qui
viennent à Phobies-Zéro, arrivent à la première rencontre avec autant de stress et de désespoir que la personne
qu’ils accompagnent.
J’investis dans mon bien-être
T9
phobies-zéro
Phobies-Zéro,
un soutien pour les proches également
Par définition, Phobies-Zéro dit offrir aussi du soutien à la famille et aux proches. Cette aide sert non seulement
à mieux accompagner la personne atteinte de la problématique, mais aussi à réconforter l’accompagnateur
lui-même.
Je pense que je ne serai jamais une personne indifférente comme je l’ai déjà souhaité. Mais je me rappelle maintenant une phrase que quelqu’un m’a dite. « Pourquoi se priver d’une belle qualité qu’est la générosité. Il suffit de
donner spontanément, mais d’être capable de connaître et d’accepter ses limites ».
Sans avoir changé ma nature profonde, je suis convaincue que mes rencontres avec les autres proches de
Phobies-Zéro m’ont donné des outils, non seulement pour mieux aider les autres, mais aussi pour mieux m’aider
moi-même. Et ça fait maintenant plus de douze ans que ça dure !
J’investis dans mon bien-être
T10
phobies-zéro
Poème
Johanne, membre, groupe de Limoilou
Au fils des jours qui s’écoulent
Avec la poussière qui retombe
La vie telle une source coule
La lumière fait place à l’ombre
Enfin je lève le voile sur mes peurs
Je les accueille je les identifie
La confiance efface la torpeur
La légèreté revient dans ma vie
J’avance, j’apprends à me reconnaître
Je me libère d’un énorme poids
Et pas à pas je me sens renaître
En prenant qu’un seul jour à la fois.
Malgré les moments difficiles
Il faut toujours garder espoir
Même si on se sent seul sur son île
De l’intérieur émerge notre pouvoir.
Peu à peu, je retrouve un équilibre
De plus en plus je m’aime
Je découvre que je suis une personne libre
Simplement en étant moi-même
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T12
phobies-zéro
Section 6
Annexes
Je suis sur la bonne route
A1
Quand je te demande d’être écouté
A2
Être
A3
Phobies-Zéro m’a sauvé du désastre / notes
A4
Je désire remettre ce que j’ai reçu / remerciements
A5
J’investis dans mon bien-être
phobies-zéro
Je suis sur la bonne route
Jean Monbourquette
Conférencier
Je rumine moins à l’intérieur.
Je suis moins vulnérable.
Je peux admirer les beaux paysages.
Ma pensée devient plus claire, mon jugement, plus sûr, mes sentiments, plus stables.
Je commence à éprouver de la joie à aller travailler.
Je découvre des aspects de la vie jamais perçus auparavant.
Je reconnais certains visages qui n’avaient plus d’expression.
Je prends davantage goût à la vie et à ses petites surprises quotidiennes.
J’ai déjà envie de partager ma joie nouvelle.
À travers moi, une vie insoupçonnée commence à poindre.
J’investis dans mon bien-être
A1
phobies-zéro
Quand je te demande
d’être écouté
Poème de Jacques Salomé
Quand je te demande de m’écouter et que tu commences à me donner des conseils, je ne me sens pas
entendu.
Quand je te demande de m’écouter et que tu me poses des questions, quand tu argumentes, quand tu
tentes de m’expliquer ce que je ressens ou ne devrais pas ressentir, je me sens agressé.
Quand je te demande de m’écouter et que tu t’empares de ce que je dis pour tenter de résoudre ce que
tu crois être mon problème, aussi étrange que cela puisse paraître, je me sens encore plus en perdition.
Quand je te demande ton écoute, je te demande d’être là, au présent, dans cet instant si fragile où je me
cherche dans une parole parfois maladroite, inquiétante, injuste ou chaotique. J’ai besoin de ton oreille,
de ta tolérance, de ta patience pour me dire au plus difficile comme au plus léger. Oui, simplement
m’écouter… sans explication ou accusation, sans dépossession de ma parole.
Écoute, écoute-moi. Tout ce que je te demande, c’est de m’écouter. Au plus proche de moi. Simplement
accueillir ce que je tente de TE dire, ce que j’essaie de ME dire. Ne m’interromps pas dans mon murmure,
n’aie pas peur de mes tâtonnements ou de mes imprécations. Mes contradictions comme mes
accusations, aussi injustes soient-elles, sont importantes pour moi.
Par ton écoute, je tente de dire , ma différence, j’essaie de me faire entendre, surtout de moi-même.
J’accède ainsi à une parole propre, celle dont j’ai longtemps été dépossédée.
Oh non, je n’ai pas besoin de conseils. Je peux agir par moi-même et aussi me tromper. Je ne suis pas
impuissant, parfois démuni, découragé, hésitant, pas toujours impotent. Si tu veux faire pour moi, tu
contribues à ma peur, tu accentues mon inadéquation et peut-être renforce ma dépendance.
Quand je me sens écouté, je peux enfin m’entendre.
Quand je me sens écouté, je peux entrer en alliance.
Établir des ponts, des passerelles incertaines entre mon histoire et mes histoires. Relier des événements, des situations, des rencontres ou des émotions pour en faire la trame de mes interrogations.
Pour tisser ainsi l’écoute de ma vie. Oui, ton écoute est passionnante. S’il te plaît, écoute et entendsmoi.
Et si tu veux parler à ton tour, attends juste un instant que je puisse terminer et j’écouterai à mon tour,
mieux, surtout si je me suis senti entendu.
J’investis dans mon bien-être
A2
phobies-zéro
Être
Marcel Gagnon, artiste-peintre
Beaucoup de personnes ont peur d'être eux-mêmes, ou de le devenir.
Ils ont peur de perdre des amis, des êtres chers.
Ils ont peur de perdre leurs femmes, leurs amis.
Si vous essayez d'être vous-mêmes, il y a des êtres qui vous entourent, qui partiront (peut-être).
Ceux là, ce sont les faux, ceux qui se collent à vous pour en tirer quelque chose.
Les vrais resteront eux, ils n'attendent rien de vous, ils se contentent de votre rayonnement, de
ce que vous êtes vraiment.
Si vous apprenez à être une personne qui se suffit, et qui ne s’accroche pas aux autres, ils resteront encore plus.
Car ils n'auront jamais peur d'être exploités par vous.
N'oublions pas aussi que, lorsqu'on enchaîne les autres, on s'enchaîne aussi.
Pour être nous mêmes, il faut d'abord laisser l'autre (être).
Confiez-vous à votre intuition, laissez la vous guider, elle ne vous trompera jamais, et si un jour
vous échouez dans une démarche, dites-vous que ces par cette expérience que vous deviendrez
encore plus vous-même..
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A3
phobies-zéro
Phobies-Zéro m'a sauvé
du désastre
Je lisais récemment la recommandation que vous faisiez à une lectrice de consulter l’organisme Phobies-Zéro
pour régler les problèmes de panique généralisée qui la handicapaient fortement depuis quelques années. Ma
lettre s’adresse à elle ainsi qu’à toutes les personnes figées dans le silence de leur maison et incapables de faire un
mouvement pour se sortir de leur torpeur. J’ai vécu cela il y a quelques années soit de l’âge de 24 à 28 ans. C’est
seulement quand mon mari m’a montrée la porte si je ne faisais rien pour moi, que j’ai pris mon courage à deux
mains pour vous écrire. Vous m’avez recommandé Phobies-Zéro. Ça m’a pris deux mois avant de les appeler, deux
mois avant de me résigner à m’y rendre et un autre six mois avant de commencer à sortir de mon trou. Merci pour
le conseil, car je revis depuis trois ans à cause de vous. Je ne prétendrai jamais que c’est facile d’en sortir, mais je
suis la preuve que c’est possible.
Une rescapée du désert de la panique
Merci de me confirmer que cet organisme répond aux attentes de celles qui s’y adressent. Le problème avec cette
maladie c’est que de poser le geste relève uniquement de la responsabilité du malade. Bravo d’avoir eu ce
courage.
Extrait du courrier de Louise Deschâtelets
Journal de Montréal, Votre vie, 30 juin 2011
Notes
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A4
phobies-zéro
Je désire remettre ce que j’ai reçu
Claire, bénévole, ligne d’écoute
Il y a plusieurs années, j’ai ressenti une angoisse très forte et inexplicable à première vue. Une travailleuse sociale
m’a recommandé d’aller aux rencontres de Phobies-Zéro.
J’ai reçu beaucoup de compréhension, d’ouverture d’esprit, d’empathie, de chaleur humaine et d’excellents
moyens pour aller mieux et ce magnifique slogan « ne jamais rester seul avec un problème ».
Parler, exprimer, se reconnaître mieux favorise l’évolution. Si je peux apporter ma contribution en écoutant à
mon tour, tout ce qu’une personne peut vivre, expérimenter, c’est ma manière de remercier Marie-Andrée et
toutes les équipes de Phobies-Zéro.
Sincères remerciements à tous nos
précieux partenaires et collaborateurs:
Rôtisserie Sainte-Julie
Fondation
Isabelle Péladeau
Gouvernement du Québec
Ministre de la Santé et des Services sociaux
Député de Marguerite d’Youville
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A5
phobies-zéro
Aujourd’hui
Aujourd’hui je fais confiance en la vie.
Je planifie ma journée, je ne la dirige pas.
Je n’anticipe pas, j’accepte les imprévus comme
un cadeau de la vie.
Je ne la fuis pas, je vis les réalités de cette journée seulement.
Aujourd’hui il n’y a pas d’erreur, ce sont des expériences de vie.
Je retrouve les forces qui m’habitent, la confiance revient.
Je profite de cette journée pour apprendre une chose nouvelle.
J’apprécie des moments de silence.
Aujourd’hui aucun être humain, aucune situation, ne peut
me faire vivre des peurs irraisonnées.
Je réalise que je peux faire des choix pendant cette journée.
Je peux rire ou pleurer, dire oui ou dire non.
Je vis les joies et les peines de cette journée seulement.
Aujourd’hui est à moi, je l’emplis de sorte que ce soir
je puisse apprécier avoir vécu mon aujourd’hui seulement,
non mes hiers ou mes demains.
Je ferai le bilan du positif et du négatifde cette journée seulement.
J’apprécierai avoir goûté aux joies de cette journée.
J’aurai confiance en demain.
Je remercie la vie d’avoir aimé, Aujourd’hui.
Extrait du livre « Les peurs, ce mal inconnu »,
Marie-Andrée Laplante
Présidente-fondatrice, Phobies-Zéro
phobies-zero.qc.ca
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