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FDB : Quels sont les scénarios envisageables à court, moyen et long terme ?
Gilles Artaud : Si le scénario déflationniste se confirme, le liquide et les produits à
taux fixe – comme les obligations et les supports en euro – sont susceptibles de
devenir très intéressants ; en revanche, une inflation même modeste devrait
orienter les investisseurs vers l'immobilier, en particulier l'immobilier de bureau
dont le niveau de valorisation est encore faible, ainsi que les matières premières
et les actions. Néanmoins, il faut prendre en compte le poids de la fiscalité dans
le cas des produits à faible rendement – 2 / 2,5% – dont la rémunération peut
descendre en dessous du niveau de l'inflation. Les enveloppes à fiscalité douce
comme l'assurance-vie ou le PEA sont à privilégier.
FDB : Pourquoi les marchés actions ont décroché ? Quelle attitude adopter dans cette situation ?
Christopher Dembik : Il y a de quoi être optimiste sur le court / moyen terme
mais une crise est inévitable à long terme en raison de la fragilité de la zone
euro – en l'absence de stratégie ambitieuse de la part de la BCE – et
l'apparition de bulles spéculatives sur plusieurs segments de marché, en
particulier les nouvelles technologies. Je suis plus pessimiste sur les marchés
émergents comme la Turquie dont le niveau d’activité dépend de la
politique monétaire américaine, mais je recommande – à condition d’être
conscient du risque – l'investissement sur les « marchés frontières » comme le
Koweït et le Nigéria dont le rendement est élevé, les fondamentaux solides et
l'économie en phase de diversification.
Henry Masdevall : Le prix des matières premières et la baisse de l'euro face au dollar constituent
des thèmes d'investissement prometteurs à condition d'être sélectif sur les actions européennes.
FDB : A-t-on toujours raison d’investir dans des contrats d’assurances-vie en euro ?
Gilles Artaud : S'agissant des contrats d’assurance-vie investis en euro, on peut s'attendre à la
poursuite de la baisse des rendements en comparaison avec le marché actions. Les investisseurs
doivent donc être attentifs à l’évolution des taux d’intérêt à moyen terme. En revanche, les fonds
multisupports apportent une grande liberté pour chercher un complément au rendement. Autre
point de vigilance : la solvabilité de la compagnie d'assurance si la performance du fond est
anormalement élevée par rapport à ses pairs ; parmi les « bons élèves », les fonds patrimoniaux
prudentiels ont eu une gestion particulièrement consistante par le passé du couple rendements /
risques. Autre alternative, les fonds en euro dynamiques – dont le capital est garanti avec un effet
de cliquet annuel mais dont l'allocation d'actifs est plus offensive avec jusqu'à 30% d'actifs à risque
– à condition d'accepter la forte variabilité du rendement au cours de l'année (6 / 7%).
Henry Masdevall : A ce titre, les fonds « Euro-Croissance » – dont la création est liée à la réforme
réglementaire Solvency II – constituent de belles opportunités d’investissement à condition de
conserver les contrats pendant 8 ans. Absente du projet de loi de finances pour 2015, la fiscalité de
l’assurance-vie est toujours dans le collimateur des pouvoirs publics qui réfléchissent à harmoniser le
traitement fiscal des contrats conclus entre 1989 et 1993.
FDB : Pouvez-vous faire un tour d’horizon sur l’immobilier en direct ou en pierre papier ?
Gilles Artaud : Si l'immobilier d'habitation atteind la fin de son cycle, l'immobilier commercial
propose de beaux rendements par rapport aux autres classes d'actifs – sauf si la déflation
provoque une baisse des loyers nuisant mécaniquement à la valeur des actifs. En revanche, il est
difficile d'y investir sans passer par un intermédiaire. Le dispositif Pinel ne devrait pas révolutionner le
marché qu'il faut appréhender dans l’optique de diversifier son patrimoine en tirant parti des