Patients souffrant de troubles psychiatriques sévères suivis par une

L’Encéphale
(2012)
38,
201—210
Disponible
en
ligne
sur
www.sciencedirect.com
journal
homepage:
www.em-consulte.com/produit/ENCEP
CLINIQUE
Patients
souffrant
de
troubles
psychiatriques
sévères
suivis
par
une
équipe
mobile
:
impact
sur
leurs
familles
Study
of
the
impact
of
an
assertive
community
program
on
the
families
of
patients
with
severe
mental
disorders
P.
Huguelet,
V.
Koellner,
S.
Boulguy,
K.
Nagalingum,
S.
Amani,
L.
Borras,
N.
Perroud
Service
de
psychiatrie
générale,
département
de
santé
mentale
et
de
psychiatrie,
hôpitaux
universitaires
de
Genève,
rue
du
31-Décembre-36,
secteur
1,
Eaux-Vives,
1207
Genève,
Suisse
Rec¸u
le
16
mars
2011
;
accepté
le
2
aoˆ
ut
2011
Disponible
sur
Internet
le
5
janvier
2012
MOTS
CLÉS
Équipe
mobile
;
Fardeau
familial
;
Devenir
;
Facteurs
prédicteurs
;
Trouble
délirant
Résumé
Le
suivi
des
patients
atteints
de
troubles
psychiatriques
sévères
par
des
équipes
mobiles
a
démontré
son
efficacité.
Cependant,
les
familles
de
ces
patients
peuvent
présenter
d’importantes
souffrances
en
lien
avec
le
contexte
clinique
et
social
de
leurs
proches.
Le
degré
et
la
nature
de
l’aide
à
apporter
à
ces
familles
restent
donc
à
déterminer.
Une
équipe
mobile
de
psychiatrie
a
été
mise
en
place
à
Genève
afin
de
traiter
des
patients
présentant
d’importants
besoins
de
soins
et
de
soutenir
leurs
proches.
La
présente
étude
vise
à
rapporter
l’effet
du
suivi
mobile
sur
le
fardeau
des
familles.
Les
patients
suivis
par
le
programme
mobile
s’améliorent
par
rapport
à
la
plupart
des
paramètres
cliniques
observés.
Les
familles
voient
leur
fardeau
sou-
lagé,
avec
au
premier
plan,
une
diminution
de
la
gêne
financière
et
des
coûts,
de
même
qu’un
soulagement
des
besoins
d’aide
apportée
au
quotidien.
La
détresse
émotionnelle
est
égale-
ment
fortement
diminuée.
Cette
évolution
est
moins
caractéristique
dans
le
cas
de
familles
de
patients
souffrant
de
troubles
délirants.
Nos
résultats
suggèrent
qu’un
suivi
mobile,
par
l’aide
directe
qu’il
peut
fournir
aux
familles,
par
la
mobilisation
de
ces
dernières
vers
des
structures
de
soutien
et
d’entraide
et
par
les
conséquences
indirectes
de
l’amélioration
symptomatique
et
sociale
de
leur
proche,
amène
une
forte
amélioration
du
fardeau
subi.
D’autres
recherches
devraient
aider
à
déterminer
quels
sont
les
éléments
susceptibles
d’aider
au
mieux
les
familles
de
ces
patients.
©
L’Encéphale,
Paris,
2011.
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
(P.
Huguelet).
0013-7006/$
see
front
matter
©
L’Encéphale,
Paris,
2011.
doi:10.1016/j.encep.2011.11.006
202
P.
Huguelet
et
al.
KEYWORDS
ACT;
Family
burden;
Outcome;
Predictive
factors;
Delusional
disorder
Summary
Objectives.
Assertive
Community
Treatment
(ACT)
is
known
to
have
a
positive
impact
on
the
number
and
length
of
inpatient
stays.
Yet,
research
is
needed
in
order
to
help
understand
how
ACT
programs
may
ease
off
families’
burden,
e.g.
in
terms
of
economic
expenditures.
Indeed,
many
families
with
siblings
suffering
from
chronic
mental
illness,
who
disengaged
from
psychiatric
services,
report
needs
related
to
ACT.
This
paper
aims
to
describe
the
impact
of
a
new
ACT
program
in
Geneva
on
patients
and
their
families’
burden.
Methods.
Out
of
91
patients
consecutively
treated
by
the
ACT
program
for
at
least
3
months,
55
consented
to
participate
in
the
research.
Twenty-one
allowed
us
to
contact
their
families
(out
of
37
who
had
relatives
in
the
area).
Data
were
gathered
on
patients
and
families
before
and
after
a
6-month-follow-up.
Results.
For
the
patients,
after
adjustment
for
the
time
spent
during
follow-up,
most
of
the
studied
variables
evolved
favorably,
particularly
for
their
symptoms.
At
baseline,
most
of
the
family
members
felt
overburdened
by
the
financial
cost
(59.1%)
related
to
their
relatives
with
severe
mental
disorder
and
experienced
inconvenience
at
having
to
give
them
assistance
in
daily
life
(68.2%)
and
to
supervise
them
in
daily
activities
(54.5%).
Several
variables
evolved
favorably
during
follow-up.
Notably
the
best
changes
were
observed
for
the
inconvenience
relating
to
assistance
in
daily
life
and
relatives’
emotional
distress.
Families
of
patients
with
delusional
disorder
featured
less
or
no
improvement
during
the
ACT
follow-up.
The
best
correlate
of
improvement
in
familial
burdens
was
improvement
in
patient’s
positives
symptoms.
Among
those
patients,
being
a
female
and
suffering
from
a
schizo-affective
disorder
was
known
to
have
had
a
higher
impact
on
the
number
of
interventions
provided
by
families.
Discussion.
ACT
should
be
recommended
for
patients
who
feature
a
poor
outcome
when
trea-
ted
in
other
settings.
In
addition,
our
results
suggest
that
their
families
can
also
improve
considerably,
particularly
those
confronted
with
patients
with
persistent
and
enduring
distur-
bing
behaviors
related
to
positive
symptoms
which
do
not,
however,
warrant
hospitalization.
Clinicians
should
pay
particular
attention
to
patients
suffering
from
delusional
disorder
and
their
families,
as
this
disorder
does
not
appear
to
be
associated
with
improvement
in
family
burdens.
These
data
do
not
allow
definitely
disentangling
whether
the
improvement
of
families’
burden
is
directly
related
to
ACT
interventions
with
them,
to
the
implementation
of
support
by
other
structures
(such
as
peer
support
groups)
or
to
an
indirect
effect
related
to
patients’
improvement.
To
our
knowledge
no
similar
study
on
the
effect
of
ACT
on
family
burden
exists.
Hence,
such
research
needs
to
be
replicated
in
other
areas
with
different
clinical
and
cultural
backgrounds.
©
L’Encéphale,
Paris,
2011.
Introduction
L’«
Assertive
Community
Treatment
»
(ACT),
ou
suivi
inten-
sif
dans
la
communauté,
est
une
approche
visant
à
assurer
la
santé
de
patients
souffrant
de
troubles
mentaux
sévères
par
des
interventions
mobiles,
notamment
afin
de
réduire
le
besoin
en
lits
hospitaliers.
Dès
la
fin
des
années
1970,
la
mise
en
place
d’équipes
mobiles
s’est
avérée
bénéfique
[1].
En
effet,
malgré
un
impact
modéré
sur
le
fonctionnement
social
et
la
qualité
de
vie
des
patients,
les
programmes
ACT
se
sont
montrés
efficaces
dans
la
réduction
du
nombre
et
de
la
durée
des
séjours
hospitaliers,
dans
l’amélioration
de
l’autonomie,
de
la
stabilité
résidentielle
et
de
la
précarité
des
sujets
suivis
[2,3].
Récemment,
des
études
menées
en
Angleterre
et
aux
Pays-Bas
sur
des
patients
sans
critères
spécifiques
d’indication
aux
suivis
mobiles,
comparant
l’ACT
à
des
sys-
tèmes
ambulatoires
déjà
très
performants,
ont
remis
en
cause
le
principe
d’un
effet
significatif
de
ces
programmes
[4,5].
Toutefois,
en
comparaison
de
structures
ambulatoires
classiques,
il
reste
acquis
que
la
mise
en
place
de
suivis
mobiles
peut
jouer
un
rôle
spécifiquement
utile,
comme
en
atteste
l’étude
de
Bonsack
et
al.
[6]
à
Lausanne.
Celle-ci
montre
que
l’ACT
améliore
tant
les
taux
d’hospitalisation
que
le
devenir
social
et
clinique.
De
même,
l’étude
de
Zavra-
dashvili
et
al.
[7]
met
en
évidence
un
effet
très
bénéfique
de
l’ACT
dans
un
pays
en
voie
de
développement,
la
Géorgie.
Un
suivi
intensif
de
type
ACT
est
indiqué
pour
des
patients
qui
requièrent
de
manière
répétée
des
séjours
en
milieu
hospitalier
(revolving
door
patients),
des
patients
qui
res-
tent
à
domicile
dans
un
état
clinique
préoccupant,
mais
ne
requérant
pas
une
hospitalisation
d’office,
ou
des
patients
sévèrement
précarisés,
parfois
au
point
d’être
sans
abri.
De
telles
situations
entraînent
pour
les
familles
concernées
une
souffrance
et
un
fardeau
considérables.
Bien
que
l’aide
apportée
par
les
familles
à
leur
proche
soit
a
priori
valori-
sante,
cela
se
fait
au
prix
d’importants
coûts
financiers,
de
temps
passé
à
assister
le
proche
malade
et
d’une
implica-
tion
dans
la
gestion
de
crise
extrêmement
éprouvante
[8].
Hanzawa
et
al.
[9]
ont
ainsi
montré
que
l’aide
fournie
par
les
proches
se
paye
de
conséquences
lourdes
:
baisse
des
intérêts
sociaux,
résignation,
évitement.
Ces
auteurs
ont
Patients
souffrant
de
troubles
psychiatriques
sévères
suivis
par
une
équipe
mobile
203
associé
le
poids
de
ce
fardeau
vécu
par
les
familles
avec
les
fréquentes
hospitalisations
des
patients,
une
importante
altération
de
leur
fonctionnement
social
et
un
besoin
de
soins
important.
Assez
logiquement,
une
étude
japonaise
portant
sur
l’évaluation
des
demandes
des
familles
par
rap-
port
aux
programmes
ACT
met
en
évidence
de
grands
besoins
pour
le
présent,
mais
aussi
pour
l’avenir
[10].
Les
parents
de
patients
recrutés
dans
cette
étude
évoquent
un
besoin
d’aide
«
aussi
longtemps
que
nécessaire
»,
tant
pour
leur
proche
malade
que
pour
une
aide
directe.
Cette
étude
tra-
duit
l’inquiétude
de
parents
parfois
vieillissants
confrontés
à
un
enfant
souffrant
de
psychose
chronique.
L’aide
qu’ils
apportent
est
souvent
assumée
de
plus
en
plus
difficilement
avec
le
temps.
Une
équipe
mobile
de
psychiatrie
a
été
mise
en
place
à
Genève
en
2007
afin
de
traiter
des
patients
sévèrement
atteints
présentant
d’importants
besoins
de
soins.
Dans
ce
contexte,
il
a
été
prévu
de
fournir,
si
nécessaire,
une
aide
aux
familles
de
ces
patients,
celle-ci
faisant
l’objet
d’un
protocole
de
recherche
prospectif.
La
présente
étude
vise
à
rapporter
l’effet
du
suivi
mobile
sur
le
fardeau
des
familles.
En
particulier,
les
caractéristiques
des
patients
amenant
une
plus
importante
charge
pour
les
familles
sont
décrites,
de
même
que
les
facteurs
prédicteurs
d’une
évo-
lution
favorable
du
fardeau
familial,
tant
par
rapport
aux
caractéristiques
des
patients,
que
par
rapport
à
la
nature
de
l’aide
apportée.
Méthode
Contexte
Une
équipe
mobile
fonctionnant
sur
le
mode
ACT
a
été
mise
en
place
à
Genève
Suisse
dès
octobre
2007.
Ses
buts
sont
d’atteindre
des
patients
jusque-là
dans
l’incapacité
de
se
rendre
dans
des
structures
ambulatoires
ordinaires
et
de
leur
fournir
des
soins
aussi
longtemps
que
nécessaire.
Les
raisons
principales
motivant
le
suivi
de
ces
patients
souffrant
de
troubles
sévères
et
persistants
sont
les
suivantes
:
des
hospitalisations
répétées
ou
une
incapacité
à
adhérer
aux
soins
ambulatoires
;
le
fait
qu’ils
vivent
avec
leurs
proches
(en
général
les
parents)
la
plupart
du
temps
sans
suivi,
tout
en
restant
symptomatiques
sans
pour
autant
réunir
les
critères
per-
mettant
une
admission
d’office
en
milieu
psychiatrique
;
leur
grande
précarité,
les
conduisant
la
plupart
du
temps
à
être
sans
abri.
Une
large
information
est
régulièrement
donnée
aux
structures
médicales,
sociales
et
associatives
locales
afin
de
permettre
l’inclusion
de
patients
répondant
à
ces
critères.
Du
fait
du
caractère
particulier
de
ces
suivis,
qui
débutent
la
plupart
du
temps
sans
un
accord
explicite
des
patients,
la
personne
demandeuse
du
suivi
(famille
ou
profession-
nel
d’une
structure
sociale
ou
de
soins)
est
présente
lors
du
premier
rendez-vous
qui
a
lieu
dans
l’environnement
du
patient.
La
fidélité
au
modèle
ACT
de
ce
programme
a
été
éva-
luée
à
l’aide
du
Dartmouth
index
[11]
avec
un
score
de
3,82
correspondant
à
un
degré
de
fidélité
modéré.
L’équipe
mobile
est
composée
d’infirmiers
(3
ETP),
d’une
assistante
sociale
(1
ETP),
d’une
psychologue
(1
ETP)
et
d’un
psychiatre
(0,8
ETP).
Les
soignants
suivent
en
général
une
dizaine
de
patients,
cinq
jours
par
semaine
aux
heures
ouvrables,
potentiellement
extensibles
en
début
de
soirée.
Patients
Les
patients
inclus
ressortent
d’un
bassin
de
population
de
450
000
habitants.
Les
données
concernant
les
patients
et
leurs
familles
ont
été
collectées
prospectivement
dès
le
début
du
programme.
L’étude
a
été
approuvée
par
le
comité
d’éthique
des
hôpitaux
universitaires
de
Genève.
Les
sujets
(patients
et
familles)
qui
ont
signé
un
consentement
informé
ont
participé
à
la
présente
étude.
Selon
la
demande
du
comité
d’éthique,
les
proches
ont
été
contactés
seulement
après
l’accord
spécifique
du
patient.
Le
recrutement
a
eu
lieu
du
1er octobre
2007
au
20
août
2009.
Procédure
Tous
les
patients
ont
été
évalués
à
l’inclusion
par
leur
cli-
nicien.
Le
recueil
des
données
a
eu
lieu
dès
le
premier
rendez-vous
et
a
pu
s’étaler
sur
plusieurs
semaines
lorsque
les
patients
mettaient
en
avant
une
certaine
fatigabilité
à
la
passation
des
échelles.
Une
seconde
évaluation
a
pris
place
entre
six
et
huit
mois
après
le
contact
initial,
ou
à
la
fin
du
suivi
si
celui-ci
a
duré
entre
trois
et
six
mois.
Les
familles
étaient
contactées
après
le
consentement
des
patients
et
également
évaluées
tant
à
l’inclusion
qu’après
six
mois
de
suivi.
Pour
les
patients,
le
nombre
de
jours
d’hospitalisation
a
été
calculé
pour
l’année
précédant
celle-ci
et
pour
la
durée
totale
du
suivi.
Évaluation
Les
familles
des
patients
ont
été
évaluées
avec
le
FEIS
(Family
Experience
Interview
Schedule)
[12]
et
le
PSI
(Psychiatric
Symptoms
Index)
[13],
un
instrument
per-
mettant
d’évaluer
la
détresse
psychologique
des
proches
par
la
mesure
des
symptômes
de
dépression,
d’anxiété,
d’irritabilité
et
des
problèmes
cognitifs.
Les
coûts
directs
et
indirects
pour
les
familles
découlant
du
support
de
leurs
proches
ont
aussi
été
mesurés
[8],
de
même
que
le
temps
passé
par
les
proches
tant
dans
la
gestion
de
la
vie
quoti-
dienne
que
dans
celle
des
crises.
Les
activités
des
cliniciens
avec
les
patients
et
leurs
familles
ont
été
mesurées
par
le
relevé
quotidien
des
contacts
(RQC)
[14].
Cet
instrument
décrit
les
modalités
d’intervention
auprès
des
patients
:
pour
chaque
intervention
le
soignant
précise
le
lieu
et
la
durée
de
cette
dernière.
De
même,
tous
les
acteurs
pré-
sents
lors
de
l’intervention
sont
indiqués
(le
patient,
sa
famille,
un
tiers,
d’autres
intervenants
des
services
psy-
chosociaux
ou
juridiques
ou
encore
un
autre
membre
de
l’équipe
mobile
ou
du
service)
ainsi
que
les
domaines
sur
lesquels
l’intervention
a
porté
(santé
mentale,
santé
phy-
sique,
médication,
budget,
activités
de
la
vie
quotidienne,
logement,
travail
ou
école,
loisirs
et
socialisation,
relations,
justice
et
toxicomanie).
Les
symptômes
des
patients
ont
été
204
P.
Huguelet
et
al.
évalués
par
le
Brief
Psychiatric
Rating
Scale
(BPRS
[15]).
Le
fonctionnement
social
a
été
évalué
à
l’aide
du
Health
of
the
Nation
Outcome
Scales(HoNOS
[16])
et
la
qualité
de
vie
par
le
World
Health
Organization
Quality
of
life
(WHO-
QOL
[17]).
La
satisfaction
du
patient,
à
l’égard
des
soins
psychiatriques
rec¸us,
à
été
évaluée
par
le
Verona
Service
Satisfaction
Scale-54
items
(VSSS-54F)
[18],
questionnaire
évaluant
l’avis
des
patients
au
sujet
des
comportements
et
capacités
des
professionnels,
de
l’accès
aux
soins
et
leur
efficacité,
du
type
d’intervention
utilisé
par
les
soignants
ainsi
que
de
l’implication
des
proches
par
les
services.
Analyses
statistiques
Des
modèles
linéaires
mixtes
[19,20]
ont
été
utilisés
pour
évaluer
l’effet
de
l’ACT
sur
chacune
des
mesures
continues
avec
le
sujet
comme
facteur
de
groupe
pour
prendre
en
considération
les
valeurs
rapportées
à
différents
moments
de
l’évaluation
par
un
même
individu.
Ces
modèles
ont
été
ensuite
affinés
avec
un
effet
fixe
linéaire
et
quadratique
du
temps
et
ajustés
sur
l’âge,
le
genre
et
le
score
de
base
des
différentes
variables,
afin
de
mettre
en
évidence
les
facteurs
prédicteurs
de
réponse
à
l’ACT
et
permettre
la
comparaison
en
termes
de
réponse
entre
les
sujets
ayant
leurs
proches
participants
à
l’étude
et
ceux
ne
les
ayant
pas.
À
noter
que
pour
toutes
ces
analyses,
les
temps
de
suivi
réel
fut
ajoutés
comme
variable
d’ajustement
afin
de
prendre
en
compte
le
fait
que
les
participants
n’ont
pas
tous
le
même
intervalle
de
temps
entre
la
première
et
la
dernière
mesure.
Les
résultats
de
la
régression
sont
présentés
en
valeurs
standardisées
()
et
sont
comparables
aux
effets
de
taille.
Toutes
les
analyses
ont
été
effectuées
en
utilisant
le
logiciel
STATA
version
10.
Résultats
Données
démographiques
et
cliniques
des
patients
à
l’entrée
dans
l’étude
Cinquante-cinq
patients
pris
en
charge
pendant
la
période
d’évaluation
(sur
un
total
de
91
patients)
ont
accepté
de
par-
ticiper
à
l’étude.
De
ces
55
sujets,
22
ont
donné
leur
accord
pour
que
leur
famille
et/ou
leurs
proches
soient
contac-
tés
et
puissent
participer
à
l’étude
(sur
37
qui
avaient
de
la
famille
dans
la
région).
Toutes
les
familles
contactées
ont
accepté
l’étude.
Le
Tableau
1
décrit
les
sujets
ayant
accepté
que
leurs
proches
participent
et
ceux
qui
ont
refusé
ou
qui
vivent
sans
proche
dans
la
région.
La
plupart
des
partici-
pants
étaient
des
hommes,
d’un
âge
moyen
de
41,33
ans
(DS
=
12,45),
célibataires,
vivant
seuls,
sans
enfant
ni
travail
et
au
bénéfice
de
l’assurance
invalidité.
La
plupart
de
ces
sujets
souffraient
de
schizophrénie
et
présentaient
en
majo-
rité
une
comorbidité
de
l’Axe
I
ou
II
du
DSM-IV.
Les
sujets
dont
les
proches
ont
participé
à
l’étude
vivaient
significati-
vement
plus
souvent
en
famille
que
seuls,
en
comparaison
des
sujets
dont
les
proches
n’ont
pas
participé
à
l’étude
(p
=
0,031).
On
ne
notera
pas
d’autres
différences
entre
les
deux
groupes.
Données
démographiques
des
proches
à
l’entrée
dans
l’étude
La
grande
majorité
des
proches
étaient
des
femmes
(17/22
[77,2
%]),
étaient
le
père/mère
du
patient
(14/22
[63,6
%])
et
étaient
âgés
de
51
ans
en
moyenne
(SD
=
15,3)
(Tableau
1).
Si
aucun
des
patients
n’ont
quitté
l’étude
durant
le
suivi,
huit
proches
l’ont
abandonné
en
cours.
Le
meilleur
prédica-
teur
de
drop-out
était
le
fait
d’être
une
femme.
Évolution
des
patients
au
cours
du
suivi
L’évolution
des
patients
a
été
globalement
très
favorable
tant
pour
les
sujets
dont
la
famille
participait
à
l’étude,
que
pour
les
autres
(Tableau
2).
En
effet,
après
ajuste-
ment
sur
l’âge,
le
genre
et
le
temps
de
suivi,
tant
BPRS
totale
que
ses
sous-scores
ont
diminué
significativement
au
cours
du
temps
(BPRS
totale
:
de
76,1
(DS
=
24,7)
à
45,6
(DS
=
12,9),
p
=
5,74
×10—11 et
de
73,1
(DS
=
19,1)
à
51,9
(DS
=
19,8),
p
=
1,63
×10—7 autant
pour
les
sujets
ayant
leurs
proches
participant
à
l’étude
que
pour
ceux
dont
les
proches
n’y
participaient
pas).
Une
tendance
similaire
est
observée
pour
le
fonctionnement
social
(score
de
HONOS).
On
notera
que
si
tous
les
sous-scores
du
WHOQOL
(qualité
de
vie)
ont
augmenté
significativement
dans
le
groupe
de
participants
dont
la
famille
a
pris
part
à
l’étude,
ce
ne
fut
pas
le
cas
chez
ceux
dont
la
famille
n’y
a
pas
pris
part,
à
l’exception
du
WHOQOL
environnemental.
Toutefois,
cette
différence
n’était
pas
significative.
La
plupart
des
dimensions
du
VSSS-54F
ont
tendance
à
augmenter
significativement
au
cours
du
temps,
reflétant
une
augmentation
de
la
satisfaction
globale
des
patients,
qu’ils
aient
ou
non
des
proches
participant
à
l’étude.
De
fac¸on
non
surprenante,
les
sujets
n’ayant
pas
leurs
proches
participant
à
l’étude
ont
une
augmentation
plus
significa-
tive
du
VSSS-54F
«
implication
des
proches
»
et
VSSS-54F
«
implication
des
proches
2
»
que
les
sujets
ayant
leurs
proches
participant
à
l’étude
(p
=
0,05
et
p
=
0,017)
;
les
pre-
miers
ont
des
scores
de
base
nettement
plus
bas
que
les
seconds.
Évolution
des
familles
au
cours
du
suivi
Le
Tableau
3
montre
les
scores
de
base
et
de
fin
pour
les
variables
décrivant
l’implication
des
familles
dans
le
soin
au
patient.
Au
début
du
suivi,
la
plupart
des
proches
se
sont
dit
gênés
par
les
coûts
financiers
engendrés
par
le
patient
(13/22,
59,1
%)
et
souffraient
de
devoir
aider
et
superviser
ce
dernier
dans
la
vie
de
tous
les
jours
(15/22,
68,2
%).
La
plupart
des
variables
évoluent
favorablement
au
cours
du
suivi.
Les
changements
les
plus
spectaculaires
sont
observés
pour
le
dérangement
causé
par
l’aide
dans
la
vie
de
tous
les
jours
et
pour
le
PSI.
Corrélats
entre
l’évolution
des
proches
et
les
caractéristiques
des
patients
Un
diagnostic
de
trouble
délirant
chez
le
patient
est
pré-
dicateur
d’une
mauvaise
évolution
des
coûts
financiers
et
de
la
gêne
associée
à
ces
coûts
chez
les
familles
(b
=
1,12,
Patients
souffrant
de
troubles
psychiatriques
sévères
suivis
par
une
équipe
mobile
205
Tableau
1
Caractéristiques
sociodémographiques
et
cliniques
à
l’inclusion.
Sujets
dont
les
proches
participent
à
l’étude
(n=22)
Sujets
dont
les
proches
ne
participent
pas
à
l’étude
(n=33)
Moyenne DS Moyenne DS p
Âge
du
proche 51,8 15,4 NA NA NA
Âge
du
patient 38,4 10,9 43,3 31,1 0,16
N%N%p
Genre
du
proche
Femme 17 77,2 NA NA NA
Lien
de
parenté
Père/mère 14 63,6 NA NA NA
Frère/sœur 2 9,1 NA NA NA
Enfant 1 4,6 NA NA NA
Autre 4 18,2 NA NA NA
Aucun 1 4,6 NA NA NA
Genre
du
patient
Femme 8
36,4
16
48,5
0,37
Diagnostic
des
patients
Schizophrénie
paranoïde 6 27,3 11
33,3
Schizophrénie
simple
1
4,6
5
15,1
Schizophrénie
indiff
1
4,6
0
0
Trouble
délirant
5
22,7
6
18,2
Trouble
SZA
dépr
2
9,1
2
6,1
BP
type
1
4
18,2
5
15,1
Trouble
dépr
réc 3
13,6
2
6,1
TOC 0
0
2
6,1
0,81
État
civil
Célibataire
15
68,2
22
66,7
Marié(e)
4
18,2
1
3
Divorcé(e)
3
8
Veuf(ve)
0
0
2
6,1
0,144
Style
de
vie
Seul 9 40,9 25 78,8
En
famille 8 36,4 3 9,1
En
couple 3 13,6 2 6,1
Autre 2 9,1 2 6,1 0,031
A
des
enfants 5 22,7 13 39,4
0,197
A
un
représentant
légal
6
27,3
16
48,5
0,116
1 / 10 100%
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