GUIDE DE LA PRATIQUE
TRANSFUSIONNELLE
Chapitre 8: Épreuves prétransfusionnelles
https://professionaleducation.blood.ca/fr/transfusion/guide-clinique/epreuves-pretransfusionnelles
Date de publication: Samedi, 1 février, 2014
Avertissement important : Ce guide se veut un outil éducatif. Les lignes directrices qui y sont formulées à l’égard des soins à prodiguer aux
patients ne devraient donc pas être suivies rigoureusement. Leur application trop stricte pourrait en effet donner lieu à l’administration de
transfusions inutiles à certains patients, ou au contraire, occasionner des réactions indésirables chez des patients qui recevraient des quantités
insuffisantes de sang ou de produits sanguins. Ces lignes directrices visent principalement les patients adultes et peuvent ne pas convenir au
traitement des enfants. À la lecture des recommandations figurant dans le guide, il importe de garder à l’esprit la nécessité, dans certaines
situations, de consulter un spécialiste en médecine transfusionnelle afin d’offrir des soins optimaux aux patients.
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Debra Lane, MD, FRCPC
INTRODUCTION
Pour s’assurer que le sang du receveur et le composant sanguin à transfuser sont compatibles, il faut réaliser
des analyses de laboratoires appelées épreuves prétransfusionnelles. Le processus consiste à prélever et à
étiqueter un échantillon de sang du patient afin de déterminer son groupe sanguin et de déceler la présence
d’alloanticorps anti-érythrocytaires. Avant la transfusion de certains composants, il faut réaliser des épreuves
pour vérifier la compatibilité du sang du receveur avec celui du donneur. Le présent chapitre offre un aperçu
des différentes épreuves systématiquement réalisées avant toute transfusion de produits sanguins.
PRÉLÈVEMENT DE L’ÉCHANTILLON
La première étape consiste à prélever un échantillon du sang du receveur. Pour ce faire, il est essentiel que des
procédures explicites concernant l’identification des patients et l’étiquetage des échantillons1 soient mises en
place et respectées. On doit apposer sur l’échantillon deux identificateurs uniques, soit le prénom et le nom du
patient, ainsi que le numéro attribué par l’hôpital ou celui de la carte santé provinciale. Ensuite, l’échantillon
doit être étiqueté conformément aux politiques en vigueur immédiatement après le prélèvement et en présence
du patient.
Les échantillons de sang ne doivent pas être hémolysés. Ils peuvent être prélevés dans un tube contenant de
l’anticoagulant EDTA (de préférence) ou un activateur de coagulation, selon la politique de l’établissement. Les
résultats des épreuves de compatibilité n’étant valides que trois jours après le prélèvement de l’échantillon, de
nouvelles épreuves seront nécessaires après cette période pour s’assurer que le sang transfusé au patient est
toujours compatible. Cette exigence tient au fait que des anticorps peuvent apparaître chez les patients qui, au
cours de cet intervalle, ont été exposés à des antigènes érythrocytaires en raison d’une transfusion ou d’une
grossesse. En l’absence de transfusion récente ou de grossesse, les échantillons pourront être analysés à
l’avance, et les résultats des épreuves de compatibilité seront considérés comme valides au-delà de la période
de trois jours. Bien que les politiques en la matière puissent varier d’un établissement à l’autre, la période de
validité peut être prolongée dans le cas de patients qui, en attente d’une chirurgie, ont subi ces épreuves de
compatibilité sanguine plusieurs jours ou semaines avant la date prévue de l’intervention. Si ces patients ne
reçoivent pas de transfusion entre-temps, les résultats pourront être considérés comme valides, et le médecin
pourra utiliser ces unités de sang le jour de l’intervention.
ÉPREUVES PRÉTRANSFUSIONNELLES
Les épreuves prétransfusionnelles comprennent le groupage ABO et typage Rh des globules rouges du
receveur, ainsi que la recherche d’anticorps anti-érythrocytaires cliniquement significatifs dans son plasma. Les
anticorps les plus significatifs sur le plan clinique sont les immunoglobulines G (IgG), sécrétées lorsque le
receveur est exposé à des antigènes érythrocytaires étrangers au cours d’une transfusion ou d’une grossesse.
Outre le groupage sanguin et la recherche d’anticorps, une épreuve de compatibilité est effectuée avant toute
transfusion non urgente. Il peut s’agir d’une épreuve sérologique de compatibilité croisée ou d’une vérification,
par ordinateur, que le composant sélectionné pour le receveur est approprié. Cette dernière méthode est
connue sous le nom de compatibilité croisée électronique.
Groupage ABO
La détermination du groupe ABO consiste à détecter la présence des antigènes A et B sur les globules rouges du
receveur à l’aide d’antisérums anti-A et anti-B (épreuve globulaire). Lors des épreuves systématiques de
groupage ABO, on recherche également la présence, dans le plasma du receveur, des anticorps anti-A et anti-B
GUIDE DE LA PRATIQUE
TRANSFUSIONNELLE
Chapitre 8: Épreuves prétransfusionnelles
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Date de publication: Samedi, 1 février, 2014
Avertissement important : Ce guide se veut un outil éducatif. Les lignes directrices qui y sont formulées à l’égard des soins à prodiguer aux
patients ne devraient donc pas être suivies rigoureusement. Leur application trop stricte pourrait en effet donner lieu à l’administration de
transfusions inutiles à certains patients, ou au contraire, occasionner des réactions indésirables chez des patients qui recevraient des quantités
insuffisantes de sang ou de produits sanguins. Ces lignes directrices visent principalement les patients adultes et peuvent ne pas convenir au
traitement des enfants. À la lecture des recommandations figurant dans le guide, il importe de garder à l’esprit la nécessité, dans certaines
situations, de consulter un spécialiste en médecine transfusionnelle afin d’offrir des soins optimaux aux patients.
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en ayant recours à des hématies du groupe A et du groupe B (épreuve sérique).
Typage Rh
On détermine le type Rh (D) du receveur en exposant ses globules rouges à l’anticorps anti-D. Il est à noter que
chez un nombre important de personnes, les globules rouges ne sont pas porteurs de l’antigène Rh (D).
Néanmoins, chez 70 % des receveurs Rh négatif, des anticorps dirigés contre l’antigène D peuvent apparaître
en cas d’exposition à des globules rouges porteurs de cet antigène. Par conséquent, il est préférable de
transfuser du sang Rh négatif (D négatif) à tout receveur Rh (D) négatif. Plus particulièrement, les
femmes Rh (D) négatif en âge de procréer ne devraient pas recevoir de composants sanguins Rh (D) positif
étant donné que l’apparition d’anticorps anti-D chez elles pourrait contribuer à la survenue de la maladie
hémolytique du fœtus et du nouveau-né lors de grossesses ultérieures.
Recherche d’anticorps
Toute personne exposée, lors d’une grossesse ou d’une transfusion, à des antigènes érythrocytaires étrangers
dont ses globules rouges sont dépourvus, peut devenir porteuse d’alloanticorps dirigés contre ces antigènes.
Pour détecter ces anticorps, on met un échantillon du plasma ou du sérum du patient en présence de certaines
hématies du groupe O porteuses de la plupart ou de l’ensemble des antigènes cliniquement significatifs. Cette
épreuve dure habituellement de 30 à 60 minutes. Il existe actuellement de nombreuses techniques de détection
des anticorps. Certaines méthodes prévoient l’ajout de réactifs, tels qu’une solution saline, de l’albumine, une
solution de basse force ionique (LISS, en anglais) ou du polyéthylène glycol (PEG). Pour détecter plus
efficacement les anticorps, on utilise parfois des cartes-gel ou des plaques de microtitration (essai en phase
solide) comportant des puits auxquels sont fixés des antigènes érythrocytaires.
Identification des anticorps
On parvient généralement à identifier tout anticorps cliniquement significatif détecté dans le plasma d’un
receveur. Ce processus consiste à déterminer la réactivité de l’anticorps à l’aide d’un panel d’hématies du
groupe O dont les antigènes sont connus. L’identification peut nécessiter plusieurs étapes visant, par exemple,
à exclure certains anticorps, à déterminer la température optimale de réactivité de l’anticorps et à mesurer sa
réactivité autologue. En permettant de cerner les anticorps anti-érythrocytaires que le patient est susceptible
de développer, le typage des antigènes présents sur les globules rouges du receveur est également utile au
processus d’identification. On procède ensuite à la sélection d’unités de culot globulaire ne contenant pas les
antigènes correspondant à l’anticorps détecté chez le receveur. La dernière étape consistera à soumettre ces
unités à une épreuve de compatibilité croisée, qui permettra de confirmer qu’elles peuvent être transfusées. Si
aucune unité de sang compatible n’est disponible, le directeur médical du service de transfusion de l’hôpital
pourra autoriser la transfusion d’unités incompatibles si les avantages de la transfusion l’emportent sur les
risques associés à la transfusion de sang incompatible. Selon le nombre et la complexité des anticorps présents
dans le plasma du receveur, il faudra peut-être consacrer plus de temps à la recherche de sang compatible.
Dans la plupart des cas, on parvient à trouver des produits érythrocytaires allogéniques qui sont compatibles et
peuvent être transfusés sans danger. Il faudra cependant parfois consulter un laboratoire de référence
spécialisé dans la recherche d’anticorps, ce qui pourra retarder la transfusion du sang. Lorsqu’il est très difficile
d’obtenir du sang compatible, on pourra utiliser des unités de sang de phénotypes rares ou des unités
congelées. Dans certaines situations, il faudra peut-être avoir recours au don autologue ou à des dons dirigés
de membres de la famille proche pour disposer de quantités suffisantes de sang.
Épreuve de compatibilité croisée
On entend par épreuve de compatibilité croisée une méthode de confirmation de la compatibilité entre le sang
(plasma) du patient et les globules rouges du donneur. Cette épreuve vise principalement à déceler et à
prévenir une incompatibilité des groupes ABO. Elle peut consister soit à mélanger directement les globules
GUIDE DE LA PRATIQUE
TRANSFUSIONNELLE
Chapitre 8: Épreuves prétransfusionnelles
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Date de publication: Samedi, 1 février, 2014
Avertissement important : Ce guide se veut un outil éducatif. Les lignes directrices qui y sont formulées à l’égard des soins à prodiguer aux
patients ne devraient donc pas être suivies rigoureusement. Leur application trop stricte pourrait en effet donner lieu à l’administration de
transfusions inutiles à certains patients, ou au contraire, occasionner des réactions indésirables chez des patients qui recevraient des quantités
insuffisantes de sang ou de produits sanguins. Ces lignes directrices visent principalement les patients adultes et peuvent ne pas convenir au
traitement des enfants. À la lecture des recommandations figurant dans le guide, il importe de garder à l’esprit la nécessité, dans certaines
situations, de consulter un spécialiste en médecine transfusionnelle afin d’offrir des soins optimaux aux patients.
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rouges du donneur avec le plasma du receveur (épreuve sérologique de compatibilité croisée), soit à utiliser un
système informatique afin de s’assurer que les analyses du sang du receveur et du donneur ont été réalisées et
que les unités de sang sélectionnées pour un receveur donné sont compatibles. Cette dernière méthode est
connue sous le nom de compatibilité croisée électronique. Elle ne peut être utilisée que si l’on dispose d’un
système informatique validé capable de prévenir la mise en circulation d’unités incompatibles et que le test de
dépistage d’anticorps du receveur s’est révélé négatif.
GROUPAGE SANGUIN ET DÉPISTAGE D’ANTICORPS, OU ÉPREUVE DE
COMPATIBILITÉ CROISÉE?
Dans le cas des patients peu susceptibles de nécessiter une transfusion dans un cadre médical ou chirurgical
donné, l’une des approches habituellement adoptées consiste à déterminer le groupe ABO et le type Rh du
receveur et à procéder à la recherche d’anticorps. Si cette recherche aboutit à des résultats négatifs, aucun
autre test ne sera effectué, mais on pourra réaliser une épreuve de compatibilité croisée et fournir rapidement
les composants sanguins au besoin. Il n’est en effet pas nécessaire de soumettre des unités de culot globulaire
à une épreuve de compatibilité croisée lorsque l’expérience montre qu’une transfusion est rarement requise.
Par ailleurs, lorsque des anticorps sont mis en évidence, les autres tests décrits plus haut ainsi qu’une épreuve
de compatibilité croisée seront effectués pour que l’on puisse disposer rapidement de sang compatible.
Une épreuve de compatibilité croisée devrait être demandée dans le cas où a l’intention de transfuser du sang à
un patient ou qu’une transfusion est très probable. Cette demande devrait indiquer le nombre d’unités de culot
globulaire requises. Lorsqu’une telle demande est faite, le personnel du laboratoire procède à une épreuve de
groupage sanguin et à la recherche d’anticorps, de même qu’à l’épreuve de compatibilité afin de préparer et
d’étiqueter les unités de culot globulaire qui seront transfusées.
TRANSFUSIONS URGENTES DE SANG
Lorsqu’une transfusion est urgente et qu’il n’est pas possible d’attendre les résultats des analyses
prétransfusionnelles, on peut envisager de transfuser du sang non soumis à une épreuve de compatibilité
croisée. Si des épreuves de groupage ABO et de typage Rh ont été réalisées, on peut transfuser du sang
isogroupe non soumis à une épreuve de compatibilité croisée. Si aucune épreuve n’a été entreprise au moment
où le sang est requis, des unités de sang du groupe O- ou O+, non soumises à une épreuve de compatibilité
croisée, pourront être fournies. Un échantillon du sang transfusé devra alors être recueilli dès que l’état du
patient le permettra afin de le soumettre à des épreuves de compatibilité. On pourra alors utiliser du sang
isogroupe soumis à une épreuve de compatibilité croisée afin d’éviter l’utilisation excessive des stocks limités
d’unités de sang O-.
PROTOCOLE TRANSFUSIONNEL POUR LA COMMANDE DE SANG
Un protocole transfusionnel pour la commande de sang est un guide indiquant le nombre d’unités de produits
érythrocytaires qui devraient être soumises à une épreuve de compatibilité croisée en vue d’une intervention
chirurgicale donnée. Ce type de directive peut être mise en place au sein d’un établissement afin d’encadrer
l’utilisation des produits sanguins dans le contexte opératoire2. Le nombre maximal d’unités de sang est
généralement calculé en fonction du nombre moyen d’unités transfusées lors de ce type d’intervention et il doit
être accepté par le personnel médical chargé de la chirurgie, de l’anesthésie et des transfusions. Il est
recommandé de ne procéder qu’aux épreuves de groupage sanguin et de recherche d’anticorps pour les
interventions ne nécessitant que rarement le recours à des transfusions de sang. Grâce à un tel protocole, on
évite d’analyser et d’étiqueter inutilement des produits sanguins qui ne seront probablement pas utilisés, tout
en s’assurant que de disposer de sang en cas de besoin.
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TRANSFUSIONNELLE
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Avertissement important : Ce guide se veut un outil éducatif. Les lignes directrices qui y sont formulées à l’égard des soins à prodiguer aux
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RÉFÉRENCES
Société canadienne de médecine transfusionnelle. Section 5.2. Contrôle des processus – Requêtes1.
d’analyses prétransfusionnelles et de produits sanguins labiles et stables. Normes pour services
transfusionnels en milieu hospitalier. 3e édition, 2011. Disponible en ligne [SCMT]
Goodnough LT, Levy JH, Murphy MF. Blood Transfusion 1: Concepts of Blood Transfusion in Adults. Lancet,2.
2013. Vol. 381, pp. 1845–54. [PubMed]
Practical Guide to Transfusion Medicine, 2e édition. Bethesda, MD: AABB Press, 2007. [AABB]3.
Transfusion Therapy, Clinical Principles and Practice, 3e édition. Bethesda, MD: AABB Press, 2011. [AABB]4.
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