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Mesdames, Messieurs les sénateurs,
Entreprendre. Créer. Innover. Travailler plus pour gagner plus.
La France semble parfois avoir peur de la concurrence, peur de la politique de
concurrence de la Commission Européenne. Pourtant, aujourd’hui plus que jamais,
la France a besoin d’une saine concurrence pour moderniser son économie,
favoriser sa croissance, améliorer le pouvoir d’achat de ses citoyens.
La France semble parfois avoir peur de la mondialisation. Et pourtant, ce pays
compte un grand nombre de champions mondiaux, et profite de l’ouverture des
marchés et de la demande des pays émergeants.
Mesdames, Messieurs les sénateurs, permettez-moi de profiter de votre invitation
pour vous encourager à combattre les préjugés sur la concurrence qui existent dans
ce pays. Je suis ici pour vous dire que la concurrence est un instrument de politique
économique, un instrument qui peut dynamiser encore votre économie pour que la
France continue à briller dans un monde en mutation.
Brisons les tabous : osons dire la vérité. La richesse d’un pays vient des
entreprises, du talent des hommes et des femmes qui donnent le meilleur d’eux-
mêmes dans des projets économiques. Mais pour que les gens aient la possibilité et
l’envie de créer, d’innover, d’entreprendre, encore faut-il que le marché soit libre et
ouvert et que chacun soit récompensé pour ses mérites, pour son travail. Dans ce
but, une politique de concurrence est essentielle.
Et pourtant, quand on parle de concurrence dans ce pays, on l’associe trop souvent
à des faillites, à des délocalisations, à des pertes d’emploi. On donne l’impression
que le marché ne fait que sanctionner les plus faibles et que l’Etat est le seul
recours possible. Quelle mythologie éloignée de la réalité ! Aujourd’hui, je vous
demanderais de regarder les faits. C’est la seule façon d’éviter la naïveté ou
l’idéologie aveugle. La réalité est que concurrence rime avec croissance, avec
confiance, avec opportunité.
Pour illustrer les effets bénéfiques de la concurrence, il suffirait d’examiner les
situations dans lesquelles elle est inexistante. Les Européens qui ont vécu sous
l'influence de l'économie soviétique pendant 40 ans pourraient nous dire ce qu'ils en
pensent. Mais là n'est pas la véritable question. Le modèle économique européen
est fondé sur le postulat selon lequel entre la jungle et la tyrannie, il existe une
réalité que nous appelons l'économie sociale de marché. La politique de
concurrence fait partie des instruments de régulation dont nous disposons dans ce
contexte. L’idée n’est pas de promouvoir le laisser-faire. Au contraire, c’est de
promouvoir la libre entreprise et l’efficacité. Je ne suis pas toujours d'accord avec
Daniel Cohn-Bendit, loin s'en faut, mais il a un jour affirmé que dans une économie
de marché, il préférait voir une concurrence non faussée plutôt que le pouvoir
économique confisqué par un monopole à son avantage exclusif. Je n'aurais pas pu
dire mieux.
Nous avons récemment essayé de mesurer l’impact de notre politique de
concurrence européenne Pour vous donner un seul exemple, le total des
économies directes que les consommateurs ont réalisé grâce aux actions que nous
avons menées au cours de la seule année 2007 dans le domaine des ententes, des
abus de position dominante, de la libéralisation et des concentrations, s'élève au
moins à 13,8 milliards d'euros. Mesdames, Messieurs les sénateurs, c’est plus que
le coût du paquet fiscal du Président Sarkozy.